Cromlech
Ariel me passa un savon quand je revins au magasin. À la fin de ma première leçon avec le renard qui, quel impoli, avait complètement oublié de me donner son nom, il faisait déjà nuit. Pire encore, j'avais oublié le jambon que j'avais acheté au marché chez lui! Bref, Ariel m'a engueulé pendant une demie-heure non-stop. Je me sentais tellement misérable après! Et comme je détestais qu'elle m'engueule, je m'étais énervée et avait crié encore plus fort. Mais pour qui elle se prenait? Je n'étais ni son enfant, ni son animal de compagnie. Apres ça, elle avait fini par me jeter dehors. Tant pis, j'avais hâte de voir la réaction de Cornéliane quand elle allait apprendre que j'étais partie. Elle allait lui en vouloir.
Je n'avais pas besoin de dormir et de manger, alors pourquoi ça me dérangeait tant? Je décidai rester dans le coin, peut-être allait-elles me laisser revenir... Je me rendis donc au puit. Une partie de moi espérait que le garçon reviendrait, j'avais vraiment besoin de me changer les idées. Je regardai le reflet de la lune et imaginai ce qu'aurait été ma vie autour du monde. J'aurais vu des paysages plus différents les uns que les autres, j'aurais vu des lacs de feu et des terres de glaces. Mon regard se perdis dans le vague et je me mis à rêvasser.
Enfin, il arriva à la même heure que la dernière fois, au moment où le soleil se couchait.
- Dame blanche?
- Mon nom c'est Fatum, ronchonnai-je tout bas.
Dieu qu'il a la mémoire courte celui-là! Je me levai pour le laisser prendre son eau. Je n'avais pas le cœur à l'arroser. J'aimerais au contraire qu'il reste et non pas le faire partir. C'était le seul à date qui n'avait pas fait grand cas de mon apparence. Cornéliane me vénérait presque et je faisait peur à Ariel, mais, pour lui, j'étais juste la dame blanche, une personne comme toutes les autres. Bon, c'était vrai qu'il croyait que j'étais sainte, mais je le trouvais charmant.
- Fatum?
- Oui?
- Viens avec moi. Je vais porter ça et je, j'aimerais te, hm, te montrer quelque chose.
- Ok, je te suis, dis-je curieuse.
Il m'amena à travers la place publique à présent désert et tourna sur un chemin de terre secondaire qui se rendait à une vieille ferme. Elle était entourée de champs de blé et avait quelque chose de vieillot que je trouvais agréable. Le garçon du puit déposa ses seaux près de la grange et courut me rejoindre, car j'étais resté à l'orée de la forêt. Je ne voulait pas que la famille de ce garçon me voie, surtout quand j'étais "au naturel". Comme s'il me connaissait depuis toujours, il prit ma main et m'entraîna à sa suite. Sa poigne était ferme et sa peau, douce et sèche. Il sentais l'herbe fraîchement coupé. Nous continuâmes de nous enfoncer dans le boisé près du champs, les arbres se faisant de plus en plus haut. Je commençai à m'inquiéter, car je ne voyais plus le ciel, mais je me sentais bizarrement rassurée près de cet inconnu.
Enfin, les arbres laissèrent place à une clairière moins vaste que celle du renard. Elle était sombre mais, comme dans un rêve, des lucioles virevoltaient un peu partout, créant un atmosphère magique. De grandes pierres placées à des distances régulières et de différentes grandeurs étaient mises en cercle. Un cromlech.
- Pourquoi m'a-tu amené ici? demandai-je.
- Et bien, je supposais que ça pourrait t'intéresser. À ma connaissance, personne dans le village sait qu'il y a un cromlech dans la forêt. Tu sais comment l'utiliser?
- Non, mais je peux essayer.
Je ne savais pas pourquoi, mais cet endroit m'était familier. Je savais qu'au fond de moi, je savais comment l'utiliser. En principe, un cromlech était utilisé pour un rituel magique parce que cela augmentait considérablement la puissance magique. J'avançai au centre du cercle et le mystérieux garçon vint s'accoter sur une pierre pour m'observer. Rendue au centre, j'écartai mes bras spontanément. Rien ne se passe. J'essayai quelque chose, je relevai les bras pour former un demi-cercle et pointai mes doigts au ciel. En même temps, un dôme doré s'éleva. Sur les plus grandes pierres, des symboles s'illuminèrent. Au nord, il y avait un œil et, dans le sens des aiguilles d'une montre, il y avait aussi deux pics, une vague, une paire d'ailes et une boule de feu. De plus, une inscription dans une langue inconnue était inscrite sur le sol. Finalement, une étoile reliait sur le sol les cinq plus grandes pierres. [Voir média]
- C'est... magnifique, dit le garçon.
- Je te jure que je ne savais vraiment pas comment ça fonctionnait. C'est venu tout seul!
- Bah, peut-être que tu le savais déjà au fond de toi.
Je me retournai vers lui. C'était fou comment il m'intriguait. Je me demandai comment il connaissait cet endroit...
- Hey! m'exclamai-je. Tu ne m'as pas encore dit ton nom en passant.
- Tu ne peux pas le deviner? Tu es sainte, après tout.
- Non! Je te l'ai dit que je ne l'étais pas! En tout cas, je n'ai pas cette faculté.
- Bon, d'accord. Moi, c'est James.
- Ok. Es-tu déjà allé dans un cromlech?
- Oui, bien sûr, mais il n'était pas activer, dit-il avec malice.
- Non, sans blague? Tu m'étonnes. Aller, viens.
À mes mots, une fissure apparut dans le dôme juste devant lui. Sûrement cette paroi protégeait l'utilisateur des gens mal attentionnés qui souhaitait rentrer. Bref, James vint vers moi avec un naturel qui m'étonna. N'importe qui de sensé aurait un peu peur de cette atmosphère surnaturel. Comme pour le rassurer (ou pour me rassurer moi-même), je lui pris la main. Je ne savais pas si c'est mon imagination, mais il me sembla que les symboles brillaient plus fort maintenant. Doucement, je m'élevai vers la nuit. Le dôme autour de moi disparut, mais les inscriptions restèrent. Le garçon me suivit, comme si ma magie l'atteignait aussi. Arrivés en haut de la cime des arbres, je nous déposai sur un espèce de nuage recouvert d'une poudre dorée. Nous nous couchâmes dessus et observâmes le ciel. L'atmosphère était tout simplement féérique avec, au dessus de nous, le ciel étoilé et la lune pleine et bleue, et au dessous, à travers le nuage semi transparent, le cromlech illuminé.
- Ma mère me montrait les étoiles dans ce cromlech, dit-il doucement, mais jamais je les avais vus d'aussi proche. Nous restions au sol.
- Montre-moi les formes dans le ciel.
- Les constellations? Et bien, ici, c'est la petite ourse et en haut, il y a le dragon. Il y a aussi la grande ourse et le lion en dessous, le cancer à droite et le gémeaux. Oh! Et en bas de celui-là, il y a la licorne. Je sais que c'est enfantin, mais c'est ma constellation favorite.
- Moi aussi, murmurai-je. Je ne crois pas que c'est enfantin, au contraire.
- Tu en a déjà vu?
- Non.
Nous continuâmes de regarder les étoiles en silence. Jamais je m'étais autant sentie en paix avec l'univers. Quand mon nouvel ami s'endormit, je nous redescendis. Je le pris dans mes bras même s'il était un peu plus grand que moi et, à l'aide de ma force surnaturelle, je le ramenai chez lui. J'allai ensuite m'assoir sur le toit du magasin "Voyance et herbes magiques" et retombait dans mes pensées. Je me demandais ce qu'aurait été ma vie si j'avais eu, comme James, une famille bien à moi...
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