Attaque

À peine le soleil levé que j'entendis des cris provenant du magasin qui firent fuir les oiseaux. D'ailleurs, je faillis tomber de mon perchoir tellement cela me fit sursauter.

- QUOI?! Je pars UNE SOIRÉE rendre visite à ma sœur et TU LA VIRES DEHORS! cria Cornéliane. J'en reviens pas! Je sais que tu ne l'aimes pas, mais quand même! Tu aurais pu faire un effort pour moi au moins!
- Mais maman...
- TAIS-TOI c'est moi qui parle! Écoute, tu vas toute de suis aller la convaincre de revenir.
- Hein?! Mais pourquoi? Maman, si c'est bien un "ange" comme tu dis, elle allait de toute façon partir un jour ou l'autre!
- NON! J'ai un mauvais pressentiment...

Ariel sortit donc de la maison en claquant la porte pendant que je me roulais de rire. C'était fou à quel point elle avait l'air pitoyable après s'être fait engueuler! J'y pense, c'était peut-être ma part de démon qui me rendais heureuse de son malheur, mais bon, elle l'avait mérité. Je la regardai tourner en rond dans la place publique pendant une heure et je la vis ensuite se diriger dans les bois en criant mon nom. Commençant à avoir un peu pitié d'elle, je me laissai glisser de ma branche et me retrouvai perchée la tête en bas devant Ariel.

- Aaaaaaah! hurla-t-elle en sursautant.

J'en tombai de l'arbre tellement c'était drôle. Oh mon dieu, si vous aviez vu sa face! C'était hilarant.

- Ne refais plus jamais ça! Ça te tente de me tuer ou quoi?!
- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de ta part, répliquai-je en essuyant mes larmes de bonheur.

Elle me regardai d'un œil tellement mauvais que je manquai de m'étouffer, ce qui la rendis encore plus frustrée. J'arrêtai enfin de rire.

- C'est bon, je vais rentrer. Mais tu peux me dire au moins pourquoi tu me hais tant que ça?
- Hum, disons que je n'ai pas tendance à sympathiser avec des démons, lâcha-t-elle simplement.
- Ah! C'est super raciste! dis-je en faisant semblant d'être blessée.
- Hein? C'est quoi le rapport?
- Ben, je ne suis pas si mauvaise que ça. Je suis autant humaine que toi. À l'intérieur, en tout cas. C'est comme la peau ou l'homosexualité ou...
- Ok, ok, c'est bon je comprends! me coupa-t-elle visiblement agacée.

Nous étions en train de revenir sur nos pas pour se rendre chez sa mère quand j'entendis un crissement de branches. Je regardai la cime des arbres et je vis des oiseaux s'envoler au loin. Ils étaient effrayés par quelque chose. Quelque chose d'énorme.

- Euh, Ariel? Je crois que tu devrais vraiment t'en aller.
- Et pourquoi? dit-elle en me renvoyant un regard froid.
- Je pense que...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'une immense bête sauvage lui sautai dessus. Quand je dis immense, c'était vraiment immense : La créature avait la grosseur d'une petite cabane. Elle ressemblait à un chien complètement noir et ses yeux luisaient d'une lueur rouge démoniaque. Ses trois têtes étaient munis de chacune une bouche dégoulinante de bave avec des dents pointues. Sa salive devait être acide puisqu'elle laissait de larges trous aux endroits où elle touchait le sol. Si on regardait de plus près, on pouvait s'apercevoir qu'elle n'était pas vraiment recouverte de poils, mais plutôt de fines écailles qui ressemblait tellement à de la fourrure que ça ne se voyait presque pas.

- Un cerbère, soufflai-je en me demandant d'où je tenais ce nom.

Il retenait Ariel d'une seule patte aussi grosse qu'une baignoire. Paralysée comme une idiote, je le regardai observer la minuscule chose qui était coincée en dessous de lui. Il n'avait pas l'air de s'intéresser à moi, mais il continuait de grogner après Ariel. Je ne savais vraiment pas pourquoi il lui en voulait, mais je devais absolument trouver un moyen d'attirer son attention.

- Hé! Toi! Qu'est-ce que tu lui veux? Lâche-la tout de suite! dis-je en me transformant.
«Non, je n'ai pas d'ordre à recevoir d'une... Hein?! Vous n'êtes pas humaine?» dit une grosse voix rauque dans ma tête.
- Visiblement pas.

Ariel me dévisageai d'en dessous la patte du cerbère. Il semblait qu'elle ne l'entendait pas comme moi. Je me demandai si je pouvais communiquer par pensée moi aussi, sinon la fille de Cornéliane allait croire que je complotais avec la bête. Ça ne m'aiderait pas.

«Tu m'entends comme ça?» le questionnai-je.
«Pourquoi je ne t'entendrais pas?»
«Disons que je ne suis pas si expérimentée...»
«Hum! Pourtant, je n'ai pas pu sentir ton énergie démoniaque. Tu dois être très puissante, démon supérieur.»
«Peu importe. Qu'est-ce que tu lui veux?» lui demandai-je en montrant les crocs.
«C'est une humaine, qu'est-ce que ça peut te faire?»
«Répond!» criai-je en pensée en m'enflammant.

Ariel me regardait maintenant avec des yeux ronds. Elle devait croire que je passais enfin à l'offensive. Ou peut-être est-ce à cause de mes flammes.

«C'est bon. Visiblement, tu l'aimes bien, mais elle déteste les démons, ça se voit bien.»
«Et tu penses que c'est en attaquant les autres que tu aides leur réputation?» dis-je soudainement très énervée.
« NOTRE réputation.» me corrigea-t-il.

Je me décidai enfin à lancer une boule de feu bleue. Le cerbère se tassa pour l'éviter en poussant un jappement étonnée, mais il se reprit rapidement en se plaçant en position d'attaque et en grognant. Ariel pût se dégager et vint se placer derrière moi. Elle n'était pas blessée, mais, par contre, elle tremblait de tous ses membres.

«J'ai une idée. Je vais t'attaquer et tu vas t'arranger pour disparaître, compris?»
«Hé oh, ce n'est pas comme dans les livres, hein, je ne disparais pas dans une pluie de cendres quand on me tue!»
«Je sais, mais elle ne le sait pas.» dis-je d'un ton exaspérée.

Je n'avais pas aucune idée de si cela allait marcher, mais j'essayai quand même. Je levai mon bras qui portait mon bracelet-dragon et le pointai vers le ciel. Instantanément, les petits nuages des alentours se rassemblèrent pour en former qu'un seul immense et gris qui tourbillonna au dessus de nos tête. Le cerbère se mis à gémir, je trouvai qu'il exagérait dans son rôle de victime. Bref, je redescendis mon bras en le pointant et un éclair frappa l'endroit où il se tenait, mais il avait déjà disparu au moment de l'impact. Je remarquai du coin de l'œil une forme noire qui disparut rapidement dans les fourrés, mais Ariel ne sembla pas vraiment l'avoir remarquée. Elle était plutôt estomaquée. Le décor se mît à tourner et tout devint noir.

PDV extérieur
Au dessus de la forêt, des nuages se rassemblèrent. Ce n'était pas naturel. Peu de temps après, un long éclair frappa le sol. Comment était-ce possible? Il faisait beau il y avait quelques secondes! De plus, aucun coup de tonnerre ne vint.

Je le savais, je le ressentais au fond de mes tripes. C'était elle. Elle était de retour.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top