Apparence

Rien. Le noir absolu. Je flottais, je ne ressentais rien. Ah non! Pas encore! Le fait que je me souvenait encore de ce que j'avais fait depuis que je m'étais éveillée me rassurai, mais j'avais toujours peur d'être coincé dans cette endroit sombre, le même qui m'avais volé mes souvenir... Une mystérieuse voix résonna dans ma tête.

Fatum... Tu vas faire de grandes choses. Ton aventure ne vient que de commencer...

Je me relevai brusquement dans un endroit que je ne reconnaissais pas. Autour de moi, Cornéliane et Ariel me regardaient d'un œil inquiet. Minute, depuis quand elle était inquiet pour moi Ariel?!

- Où suis-je? demandai-je plutôt.
- Chez nous, au magasin, me répondit Ariel.

Je tournai la tête et vis un rideau au motif d'étoiles. Je devais me trouver dans leur chambre. J'étais allongée sur un matelas rembourré avec des plumes à même le sol. J'en vis un deuxième à ma droite recouvert d'une couverture de laine rose corail. La mienne était bleue.

- Ça fait combien de temps que je suis dans cet état?
- Deux jours, me répondit Cornéliane.
- QUOI?! m'exclamai-je en me mettant sur pied grâce à mon vent.
- Bien, tu as dû gaspiller beaucoup d'énergie en sauvant Ariel. Il fallait bien récupérer...
- C'est le lit de qui? demandai-je.
- Le mien, dit Ariel.
- Et... Ça ne t'a pas dérangé? Cornéliane ne t'a pas forcé?
- Non, pas du tout. Elle l'a offert elle-même, répondit Cornéliane avant que sa fille n'ait ouvert la bouche.

Je n'en revenais pas. D'accord, je l'avais sauvé et elle croyait que j'avais tué le monstre, mais quand même. Elle n'était pas supposée m'haïr?...

- Aussi, on a pensé qu'on devrait rendre officiel le fait que tu travaille ici, reprit Ariel.
- Ok, je comprends, mais tout le monde croit que je suis un fantôme! Et j'en ai même entendu m'appeler sainte! Alors me présenter au village... Sans oublier Marcus...
- C'est vrai... hésita-t-elle.
- Mais tu pourrais utiliser un charme pour changer d'apparence! reprit sa mère. Comme ça, personne te remarquera! Tu pourrais modifier la couleur de tes cheveux et de tes yeux de la même manière que tu fais disparaître ta queue!
- D'accord, je vais essayer. Et il me faudra de nouveaux habits.
- Entendu.

Je passai tout le reste de la journée à essayer de changer mon apparence, mais rien ne fonctionna. J'essayai de changer la couleur de mes cheveux, rien à faire. Quand le soleil commença à disparaître à l'horizon, j'eus enfin une idée. Le maître de la forêt pourra peut-être m'aider! Je courus avertir Cornéliane et me lançai à sa recherche. Je le trouvai facilement et rentrai sans même cogner.

- Hum? Qui est là? demanda-t-il de sa voix grave.
- C'est Fatum!
- On ne t'a jamais appris à frapper?
- Non, jamais, dis-je en riant.

Nous passâmes toute la nuit à essayer de me transformer en renard car, bien entendu, il était impossible pour un démon-renard normal de changer d'apparence, mais je n'étais pas un démon-renard normal. Je suivis quand même sa leçon avec attention, car je devinais que le processus devais être pareil.

- Pour se transformer, tu dois croire que tu es un renard. Il faut arrêter de penser que tu es une "humaine" et ne faire qu'un avec l'animal qui sommeille en toi. Il faut y croire profondément. Ait foi en ton pouvoir.

J'appris à me mettre en transe et, peu avant le lever du soleil, je parvins à me transformer et à redevenir moi-même comme si c'était une seconde nature. Mon maître était vraiment étonné que je réussisse si facilement, car la plupart y arrivait qu'après une année d'entraînement au moins.

Je quittai sa demeure le cœur joyeux et retournai me pratiquer au magasin "Voyance et herbes magiques". Les filles commencèrent leur journée de travail et remontèrent vers midi. Ce fut à ce moment que mon reflet changea pour la première fois devant mes yeux. Mon menton était maintenant plus pointu, mon nez était maintenant légèrement plus long et moins pointu et mon front s'était élargi. Bien que mes cheveux soient maintenant bruns, ma frange était toujours présente et ils étaient aussi long. Le seul truc qui n'avait changé en aucun point était mes yeux, toujours aussi immenses et mauves avec, heureusement, des pupilles bien rondes. Pas de queue et pas d'oreilles de renard non plus. Je rejoignis Cornéliane et sa fille qui mangeaient plus loin.

- Qui êtes-vous? demanda Ariel en me voyant.

Je me mis à pouffer de rire avec Cornéliane qui, elle, serait capable de me reconnaître entre milles.

- Mais qu'est-ce qu'il y a de si drôle? se fâcha Ariel
- Je pense que tu as bien réussi ton déguisement, Fatum, me dit Cornéliane en l'ignorant.

Un large sourire s'étala par la suite sur le visage d'Ariel qui me reconnaissait enfin. Je m'assis avec elles sans toutefois manger et je descendis au magasin pour continuer la journée avec elles. Je dus me présenter au moins une cinquantaine de fois en disant que je venais du village le plus proche et que je vivais avec Cornéliane et Ariel. Nous abois décidé de conserver mon nom, car personne ne le connaissait. Le village m'adopta et, en deux jours, tout le monde finit par me connaître. J'avais la bonne réputation d'être une fille serviable et charmante avec le sourire collé au visage. Même le vieux grincheux Marcus ne me reconnut pas, bien qu'il ne soit venu qu'une seule fois en ne m'adressant pas la parole.

Un jour, le moment que j'appréhendais le plus arriva. James rentra dans le magasin, venant sûrement acheter quelque chose, ce qui était logique vu que nous étions dans un magasin, mais je m'égare. Allait-il me reconnaître?

- Bonjour! Je cherche...

Il se tut en levant les yeux de sa liste d'achat. Je le fixai avec mes yeux mauves, le coeur battant à des kilomètres à l'heure. J'attendais avec angoisse sa réaction.

- En fait, dit-il, je te cherchais.

Il me pris le poignet et m'entraîna avec lui vers la sortie. Rendu dans la forêt, il me lâcha et se retourna vers moi. Nous restâmes planté là à s'observer pendant de longues minutes qui me donnèrent l'impression de durer l'éternité. Il prit finalement la parole.

- Une rumeur disait qu'il y avait une nouvelle à la boutique de voyance et comme elle se nommait Fatum, j'y suis allé.
- Et...?
- Arrête de jouer la comédie, je sais bien que c'est toi.

Je soupirai et je levai le charme. Il continua à me fixer. J'en avais marre. Au moment où je m'apprêtais à quitter, il reprit la parole.

- C'est très bien comme déguisement. En fait, j'avais peur que je me sois trompé.
- Merci, dis-je en rougissant.
- Qu'est-ce que tu fais?
- Ben, je ne sais vraiment pas quoi faire de ma vie alors je reste pour aider Cornéliane. C'est une longue histoire.
- Est-ce qu'elle sait?
- Oui.

Un autre long silence s'en suivit. Je crois que nous étions tous les deux gênés. Un bruissement me fit sursauter. Il y avait quelque chose dans les arbustes. Je me mis en position sous le regard inquisiteur de James et... un bouledogue me sauta dessus en me lichant le visage. Premièrement, d'où ça sortait?! Et deuxièmement, comment savais-je que c'était un bouledogue? Je parvins à le repousser et à me relever, mais il se colla à mes pieds.

«Je vous ai retrouvé!» cria une petite voix rauque dans ma tête.
- Hein?! Pardon, mais...
«J'aimerais devenir votre familier!» me coupa le chien. «Vous êtes si puissante! Aucun démon-renard ne peut faire tomber la foudre comme vous le faites. En plus, vous pouvez changer d'apparence! Incroyable!»
- Calme toi! Je peux savoir comment tu sais tout ça? lui demandai-je en me baissant à sa hauteur.

Depuis quand je pouvais comprendre les animaux, moi?! C'était fou à quel point cette voix me rappelait quelque chose, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Je remarquai enfin que James me regardait en se demandant ce qui se passait.

- Tu parles avec les animaux? me demanda-t-il.
- On peut dire...
«C'est qui lui? Je ne suis pas un animal pauvre idiot! Je vais lui montrer ma façon de penser...» dis le bouledogue en grognant.
- Pardon?!

James me questionna du regard, mais je l'ignorai. Je me repris.

«Je peux savoir si tu m'entends comme ça?» lui demandai-je.
« Mais bien sûr.» répondit-il en ronchonnant. «Je te l'ai déjà dit, tout les démons peuvent le faire
«Quoi?! Tu es le cerbère?!» m'exclamai-je.
«Tu sais, tu n'es pas la seule à être capable d te transformer.» dit-il en trottinant autour de moi.
- Ok, ok. Quel est ton nom? dis-je à voix haute.
«Luiz»
- James, je te présente Luiz. Luiz, voici James. Soit gentil avec lui.
«Ça marche

Je me transformai, puis nous retournâmes au magasin, mon nouveau chien nous collant aux talons. J'espérais seulement que ce nouvel habitant n'allait pas incommoder les filles...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top