Je descends les escaliers en discrétions. Mes pieds sont aussi légers qu'une plume. Personne ne remarque ma présence. Ma mère m'a interdit d'être présente dans le salon. Pour quelle raison, je ne peux vous le dire. Je penche ma tête entre les deux marches, je peux l'apercevoir parler avec des hommes armés sur le palier. Surement des policiers. Ils viennent quelques fois chaque année, pour une raison qui m'est inconnu. Un des deux rentre dans la maison pour venir attraper le bras de mon frère. Ma mère commence à hausser la voix. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je la vois pousser le policier en arrière et venir en ma direction. Je me dépêche de remonter le peu d'escaliers, mais elle m'entend. Elle sait que je ne suis pas enfermé dans le grenier. Ce grenier tout poussiéreux, qui regorge d'anciens objets. Je me précipite dans le coin de la pièce. Je me repli sur moi-même. Ma mère entre avec un regard noir. Plus noir que celui qu'elle porte quand moi et mon frère nous disputons, ou faisons une bêtise. Elle ferme la porte en la claquant. Puis part en ma direction pour m'attraper violemment le bras et me mettre à côté de mon frère, qui l'avait suivi.

- Je t'avais dit de ne pas sortir de cette pièce... me chuchote-t-elle. Tu as désobéi. Tu m'as désobéi sachant que tu savais très bien ce que tu faisais !

Elle faillit lever la main contre moi, mais se retient. Elle mit sa tête entre ses mains, pour les faire glisser dans ses cheveux.

- Dorénavant, vous ne bougez plus, le temps que je règle cette histoire.

Elle repart. Mon frère me regarde, et me serre dans ses bras. Deux, trois larmes coulent sur son visage. Je les sens sur mes joues. Elles sont froides et humides. Il me serre bien plus fort. Comme ci, c'était la dernière fois qu'on allait se voir.

- Je suis désolé, me dit-il, je suis désolé... Je te promets... je te promets que je changerais ce monde pour toi...

Je ne comprends pas pourquoi il me sanglote tout cela. Quel est l'intérêt de changer le monde. Surtout pour moi.

- Grand frère, je chuchote, je ne comprends pas... Qu'est-ce que si se passe ?

Il me regarde avec un sourire en coin.

- J'aimerais te le dire... Mais tu es encore trop jeune...

Il me glisse un papier dans la main. Un papier avec son prénom dessus.

- C'est pour être sûr que tu ne m'oublies jamais petite sœur... Je t'aime... Souviens-toi de ça.

- Grand frère...

Je ne peux finir ma phrase, qu'un policier arrive en ouvrant la porte d'un mouvement brusque et violent, que celle-ci faillit se décrocher. Il s'approche de mon frère, le prend par le col de sa chemise qu'il porte, pour l'emmener avec lui. La situation m'échappe. Qu'à fait mon grand frère pour qu'il l'emporte ? Je prends mon courage à deux mains, prend une grande inspiration, et me jette sur lui en le tapant de toute mes forces. Mais avec ma taille, c'est-à-dire, avec mon un mètre quarante-cinq, ainsi que ma force, je ne risque pas de lui faire grand-chose. Au contraire je l'énerve encore plus. Il m'attrape mes cheveux longs, et me projette contre le mur. Ma tête heurte en premier. Je sens une douleur me lancer au niveau du haut du crâne. Je touche mes cheveux, puis je regarde ma main. Du sang est étalé tout le long. Mon cœur s'accélère. Je lâche un cri de douleur ainsi que de stupeur. Ma main tremble, ma vision devient floue. J'aperçois mon grand frère se débattre. Je lis sur ses lèvres qu'il crie mon prénom de toute ses forces. Je ne peux plus rien entendre, juste le battement de mon cœur qui résonne dans ma cage thoracique. Ma mère arrive en courant. Quand elle se rend compte de la scène qui se passe sous ses yeux, elle se met à genoux et sanglote de tout son corps. Elle se révèle et vient me prendre dans ses bras.

- Pourquoi ! Hurle-t-elle. Pourquoi...

Mon ouïe revient petit à petit. Mais je voie tout de même flou. Des tâches noires commencent à apparaitre sur ma vision. Le policier fait descendre mon frère qui se bat de toute ses forces pour rester avec nous. Ma mère pleure. Les tâches noires s'agrandissent de plus en plus. Je commence à ne plus rien visualiser. Je peux entendre les moindres bruits, mais mon corps n'est plus apte à bouger. Je suis comme paralysée devant la scène qui se passe sous mes yeux.

- Je reviendrais petite sœur ! Dit mon frère dans un son lointain pour moi. Je te le promets !

Puis je peux sentir que maman court en dehors de la maison. Elle faillit tomber plusieurs fois tellement elle c'est mise à courir vite. Comme pour rattraper mon grand frère qui est parti, dont je ne sais pourtant toujours pas la raison. Au vu de la réaction de notre mère je ne pense pas que celle-ci sache quoi que ce soit non plus. Une portière de voiture s'ouvre. Elle me pose sur un siège, et je peux encore l'entendre dire qu'elle s'occupe de moi et m'emmène à l'hôpital. Mon corps commence à convulser, cette fois-ci je n'entends plus rien. Je ne sens plus rien. Tous mes sens sont partis. C'est le néant qui s'empare de mon esprit.