Angel marche dans la zone du Tartare depuis quelques jours maintenant, il suppose. Ses coéquipiers ainsi que lui-même sont tenu par une corde qui les relis tous les quatre. Ils piétinent sous la chaleur de l'enfer. Il ressent une douleur effroyable au niveau des pieds. Mais il a l'habitude de la supporter, il s'est entrainé pour toutes les situations, même celle-là. Elle n'est juste qu'un événement qu'il doit surmonter. Une autre mission dont il n'est pas forcément préparé, en ne connaissant pas sa durer, mais il sait qu'il peut y arriver. Il doit y arriver. Il était censé célébrer en rentrant, la fin de son entrainement. Devenir enfin un dieu et pouvoir rejoindre la ville. Pouvoir enfin retourner dans le monde des humains... Retrouver celle a qui il a fait la promesse de revenir. Mais il va devoir patienter encore un peu. Même s'il est élu l'un des meilleurs guerrier, sa maitrise ne permet de battre les cinq dieux qui les détiennent. Ses amis sont en mauvaise posture. La plupart sont blessé, non gravement, mais assez pour ne pas combattre dans de bonne situation. Ils arrivent devant une porte gigantesque qui ne peut-être que celle des enfers. Cerbère, le chien à trois têtes faisant plus de trois mètres de haut, dort sur le côté de celle-ci. Angel ne l'a vu qu'en photo. Il sait qu'il est terrifiant, mais l'aura qu'il dégage, l'est encore plus. Elle le tétanise sur place. Les autres l'ont ressenti aussi, quelques-uns en ont les jambes flageolantes.

- Regarde celui-là, dit un des dieux en pointant son camarade, il tremble de tous ces membres justes en voyant Cerbère. Ils ne vont pas faire l'enfeu dans le domaine d'Hadès. Je vous parie que demain on retrouve son âme dans la rivière.

Ils rigolent de plus belle. Angel n'a pas peur de ce qui les attend, du châtiment qu'ils leur réservent. Il veut juste vite en finir. Le seul bémol, c'est Hadès. L'affronter n'est pas une solution des plus rusés. Il va devoir trouver un moyen de fuir, sans avoir à le confronter. Les portes du domaine s'ouvrent. Le portail donne sur un simple et long pont. Mais en dessous se trouve un énorme lac, qui a été rempli grâce à la rivière des âmes dont parlaient le gardien tout à l'heure. Angel est tout aussi émerveillé, qu'apeuré. Si les âmes les plus ressentent sont ici, cela veut dire que le dieu de la mort n'est pas très loin. Surtout s'il est au courant qu'ils viennent d'arriver. Un vent violent vient fouetter son visage. Ses cheveux longs, non attaché, sont emportés avec. Il n'a pas le temps de voir qui fait son apparition, mais il se doute déjà de qui cela peut être. Thanatos. Le dieu de la mort. Il règne avec Hadès sur le Tartare. On peut le qualifier comme l'un des dieux les plus puissants. Il vient se poser devant eux à l'aide de ses ailes. Des papillons viennent s'approcher de lui, et d'eux. Il range sa faux qu'il détient dans la main. Thanatos n'est guère plus âgé que lui. Comme à peu près tous les humains qu'Hadès a récoltés. Ce sont tous des jeunes adultes. Il avance vers eux. Du moins c'est ce qu'il croit. Mais il se déplace à une rapidité, qu'en une seconde à peine, il se retrouve en face de lui.

- Intéressant, dit-il en touchant les mèches blondes de Angel.

Une atmosphère oppressante s'installe entre eux deux. Il sent son esprit puissant écraser le sien. Une goute de sueur lui tombe du front. Cette fois ci, il aurait pu avoir les jambes qui tremblent. Mais montrer ces émotions dans n'importe quel moment n'est autre qu'un moyen, de montrer ses faiblesses. Il faut être un mur face à ce genre de situation.

- Si tu pouvais déguerpir tes papillons venimeux Thanatos, ce ne serait pas de refus, lâche un des dieux.

Sa tête tourne vers l'homme qui lui adresse cette phrase. Il se positionne devant lui.

- Pourquoi donc ? As-tu peur de ces magnifiques et étranges créatures ?

- Bien sur que non, je ne veux juste pas mourir bêtement à cause de tes pulsions envers les nouveaux arrivants.

Angel ne comprend pas tout, il ne connait pas bien les dieux des enfers. Même s'il a beaucoup étudié les livres à la bibliothèque, ceux-ci ne parlent pas vraiment des pouvoirs des dieux au Tartare. Même Zeus ne les connait pas tous. Après tout Hadès choisit qui regénérer ou non. En tout cas l'information sur les papillons est importante à l'avenir. Il doit mémoriser chaque pouvoir de chaque dieu. Comme ça, quand il rentrera, il pourra tout noter dans un carnet et en faire par à Zeus et Anthéa. Thanatos claque des doigts, et tous les papillons présents, s'écartent en dehors du pont. Il regarde l'homme avec un sourire en coin. Le mouvement qui précède n'est pas suivable à l'œil nu. Puisque même avec son entrainement, la seule chose que Angel pu voir c'est la tête tomber par terre et atterrir près de ses pieds. Son corps ayant des pulsations provoquées par les nerfs, tombe, inerte. Laissant une flaque de sang grandir au fur et à mesure.

- Je déteste qu'on me donne des ordres... bredouille Thanatos en commençant à s'éloigner.

Avec un mouvement brusque du bras, il nettoie sa faux, laissant les autres dieux sans voix.

- Ils n'iront pas bien loin ses nouveaux arrivants... continue-t-il, sauf un.

Il pointe Angel du doigt sans même se retourner.

- Toi, toi je te veux, tu as l'air d'être un sujet intéressant à étudier.

Puis il repart en direction du grand château qui se présente devant eux. Il ne sait pas ce que Thanatos a repéré en lui, mais cela rajoute une tâche en plus dans sa mission. Le combattre est faisable. Il est surement moins puissant qu'Hadès. Mais son état va devoir s'améliorer s'il veut une chance contre lui. Le manque de repas pendant leur séjour de marche se fait ressentir. Son corps est à bout et puise dans ses dernières ressources. Ils traversent le pont, tous sur leurs gardes par peur qu'un autre dieu surgisse comme la fait Thanatos. Mais aucun ne sait montrer. On peut juste sentir la présence des esprits de la rivière, nous attirer un peu plus à chaque pas vers le château. Comme si les ténèbres les appellent. L'énorme porte s'ouvre sur le village du Tartare. Il est déserte. Aucun dieu ou demi-humain n'est présent. C'est comme-ci il était abandonné.

- Ils sont déjà tous parti au travail, rétorque un dieu, il faut qu'on se dépêche, sinon Hadès ne va pas aimer qu'on soit de retour de mission en retard.

Ils nous font accélérer le pas. Une des coéquipières tombe par fatigue surement. L'ennemi la rattrape de justesse pour la repousser. Ce qui la force à marcher. Angel n'avait pas remarqué, mais des murs d'au moins dix mètres protègent le village ainsi que le château d'Hadès. Une autre information importante. L'arrivé au château est l'épreuve qui a été le plus physique pour tous. Mais il est fier que tout le monde soit arrivé sain et sauf jusqu'ici. Il est content que ses amis ne soient pas mort. Les portes s'ouvrent, et l'on peut voir un grand escalier qui monte vers un amas de crâne humains. De quoi en couper le souffle. Hadès se trouve en haut, en train d'admirer un des crânes. Ils montent tous, et arrivent devant Hadès, le roi des enfers. Il les regarde, puis demande d'un coup de tête, aux cinq dieux, de partir. Ils s'exécutent. Hadès se lève de son trône. Et une aura surpuissante envahie la pièce. Angel ne s'y attend pas. Il n'imaginait pas que le pouvoir d'Hadès pouvait être aussi imposant. Les livres qu'il a lus ne peuvent en aucun cas l'aider actuellement. Hadès marche vers eux. Son esprit leur ordonne de se prosterner. Les autres membres de l'équipe ne résistent pas et s'agenouillent devant le dieu des enfers. Mais Angel tente de ne pas céder. Une grimace apparait sur son visage tellement la douleur le transperce. Son erreur a été fatal. Il a croisé le regard du roi, qui lui a envoyé à pleine vitesse la force de son esprit contre le sien. Il ne peut résister. Son genou touche le sol à son tour.

- Nous avons un costaud parmi nous, rétorque Hadès en se positionnant devant eux.

Il les dévisage un à un. Puis appelle un des cinq dieux pour lui ramener une sorte de lame.

- Pour survivre ici, c'est très simple. Votre sang déterminera votre rang. C'est moi qui, en goutant à votre sang, déterminerais où vous finirez.

Il demande à la première personne de tendre sa main, la lame coupe la paume, ce qui permet à Hadès de prendre une goute. Il l'amène à sa bouche, et après trente secondes, il pointe la droite avec son doigt. Un des dieux l'emmène vers un endroit assez sombre qui en donne la chair de poule.

- Ou est-ce que je vais ! Crie-t-elle, exténuer. Angel !...

Elle ne peut finir sa phrase qu'elle reçoit un coup sur la tête qui l'assomme direct.

- On ne t'a pas demandé de parler, marmonne le dieu.

Les deux autres s'en vont au même endroit. Ils ne disent pas un mot, mais lance un regard à Angel qu'il comprend directement. Il viendra les secourir. Il s'en fait la promesse. Il ne peut les laisser derrière.

- A ton tour, Angel, dit Hadès en lui prenant la main.

Il fait une entaille plus profonde qu'aux trois autres. Une petite douleur avec des picotements se fait sentir, mais il a vécu bien pire. Hadès goute à son sang. Une expression qu'il n'a pas encore fait, s'installe sur son visage. Il pointe cette fois ci la gauche. Un des dieux prend la corde relier à ses poigner et le tire d'un coup sec. Il ne sait pas où on l'emmène. Cette situation devient stressante pour lui. Ils descendent des escaliers qui ne font que tourner, et atterrissent dans un cachot. Il ouvre la première cellule pour le faire rentrer dedans. Le dieu attache la corde à un anneau en fer. Ce serait pour Angel, un des meilleurs moments pour attaquer et prendre la fuite. Mais ces conditions physiques ne permettent pas de bouger assez rapidement. Il reste mi-humain après tout.

- Tu as peut-être plus de chance que tes camarades, lui lance le dieu, ton sang est plus spécial que le leur.

- Comment ça ? Ou ont-ils été emmenés ?

- Ils sont là où les ennemis travaillent pour Hadès. Pour être honnête, personne ni survie plus d'une semaine. Soit heureux d'être un des chanceux.

Puis il referme la porte. Même si ses amis se sont retrouvés dans l'un des plus horribles endroits. Il pense qu'ils les sous estiment beaucoup. Certes ils n'ont pas forcément été assez entrainé pour cette situation. Mais leur entrainement de plusieurs années a déjà porté leur fruit. Si ça c'était produit il y a dix ans de cela, ils seraient tous morts au bout d'un jour de marche. La corde qui le retient n'est pas très solide, en un coup il réussit à la casser en deux et libère ses mains. Il guette l'endroit où le dieu l'a emmené. La pièce est éclairée par des torches. Celles-ci doivent surement être changées toutes les deux, voir trois heures. Il a l'air d'être le seul présent. Où du moins, au vu des traces qu'il peut voir dans la cellule d'en face, il est seul pour le moment. Il part s'assoir en tailleur dans le fond de la cellule. Il s'adosse contre le mur. C'est l'instant de reprendre un peu de force. Pour cela, il va avoir besoin de l'aide de son dieu. Il ferme les yeux, et plonge dans son esprit. Il les réouvre dans un champ de bataille, là où il a l'habitude de voir Arès le dieu de la guerre. Le dieu qui occupe son esprit, et parfois, cela a été assez compliqué pour ne pas céder à ses pulsions noires et négatives. Angel marche vers une épée plantée dans le sol. C'est son point de rendez-vous avec Arès, si on peut dire. Il l'aperçoit au loin, assis sur un tas de cadavres, dont eux deux ont du probablement tuer.

- Mon cher Angel, tu es dans un sale pétrin. Hadès ne t'a pas fait de cadeau. Néanmoins, tu avais la force de tuer les cinq dieux, tu me déçois.

- La vie de mes camarades ne te préoccupe pas plus que cela à ce que je vois, réplique Angel en s'accoudant sur l'épée. Tu sais tout aussi bien que moi, que si je les avais tué, tous mes camarades ne seraient pas encore en vie à l'heure actuel.

Arès laisse échapper un petit rire moqueur. Comme s'il loupe quelque chose d'important dans son raisonnement.

- Angel... Jamais ils ne survivront dans les ténèbres de l'enfer. Même Zeus ne pourrait vivre plus d'un an là-dedans. Parfois penser à soit même est plus important que penser aux autres. Si tu veux t'en sortir tu sais ce qu'il te reste à faire.

Il voit très bien ce dont il sous-entend. Pour avoir les pleins pouvoirs d'un dieu, il y a deux techniques. Ne faire qu'un avec son dieu, ou, laisser le dieu prendre possession de son corps. Mais il n'a pas assez confiance en Arès pour le lui laisser. Ses pulsions sombres peuvent le trahir d'un moment ou un autre.

- Je peux me débrouiller. Tes ondes négatives ne pourront que nous faire virer dans une mauvaise direction. Tout ce que je veux te demander, c'est qu'au bon moment toi et moi nous nous unissons. Comme on l'a toujours fait.

Il murmure deux trois mots inaudibles, puis se lève pour se rapprocher de Angel.

- Et cela va m'apporter quoi hein ? Tu vas aller aider tes « amis » mourant ? Au lieu de détruire la citée d'Hadès... Je n'en vois pas l'intérêt. Tu n'as pas besoin de moi pour cela.

Il prend son épée plantée dans le sol, et part sans même adresser un regard à Angel.

- Non, pas entièrement, je ne pourrais pas m'en sortir sans un duel contre un ou plusieurs dieux. C'est à ce moment là que j'aurais besoin de toi. Ce ne sera pas Hadès, mais forcément un dieu assez fort pour te réjouir de la victoire.

Arès s'arrête. Angel aurait aimé qu'il l'aide pour ses amis. Mais c'est le dieu de la guerre et non de la compassion. Il ne peut pas comprendre ce sentiment. Détruire fait presque parti de son langage courant.

- Si tu ne veux pas mourir avec moi, je te suggère d'accepter ce marché... Alors ?

Un sourire narquois apparait sur les lèvres de Arès.

- Marché conclut Angel, ne me déçoit pas...

Angel sent que quelqu'un le secoue de droite à gauche. Il réouvre ses paupières. Un gardien apparait en face de lui.

- Debout l'humain, tu es attendu dans le labo de Hadès..., son regard dérive sur la corde arrachée. Comment as-tu pu casser cette corde...

- Parce qu'il n'est pas humain, mais mi-humain, mi-dieu.

Une voix féminine et lourde réveille instantanément Angel à moitié endormi. Il tourne la tête et aperçoit une jolie femme. Ses cheveux bruns nattés tombent en dessous de ses seins. Elle porte une robe violet foncé, lui dessinant une taille fine et marquée. Toute personne dupe et innocente tomberait sous son charme. Mais pas Angel.

- Perséphone... bredouille l'homme en s'inclinant.

- Laisse-moi m'occuper de lui, la fille n'est pas vraiment utile.

Angel distingue la jeune fille derrière Perséphone, presque inconsciente, se faisant enfermer dans l'autre cellule. Perséphone donne un mouvement de main. Le corps de Angel se lève tout seul. Il ne le contrôle plus. Elle l'amène à lui sans aucun autre geste.

- Les morts m'obéissent... Jeune homme souvient toi de cela.

Il ne veut pas réfléchir plus longtemps sur cette phrase, il sait comment elle utilise ses pouvoirs. C'est un esprit qu'elle doit contrôler actuellement.

- Faites ce que vous voulez de la fille. Mais laissez-la-moi en vie. Quant à toi, mon cher, on m'a rapporté que tu étais surement un ange rare...

Il ne voyait pas ce qu'elle voulait insinuer par, ange rare, mais au vu du sourire malicieux qu'elle laisse apparaitre quand elle finit sa phrase, rien de bon ne peut s'annoncer.