1. Perdu dans le sang
Un vulcain trônait dans la salle de commandement. La nuit était avancée et les étoiles entouraient la Dame de Fer comme une feuille de route. Spock mourait d'envie de faire part de son ennui incommensurable mais il fallait avouer que ce n'était pas un comportement logique voir disons-le clairement, un comportement vulcain. Il gérait donc la situation comme elle venait : calmement. Il lisait les rapports qu'on lui apportait et c'était à peu près tout. D'un côté, ce n'était pas qu'il voulait qu'un évènement se produise mais si dans un futur proche, ils pouvaient découvrir une planète, une nébuleuse voire même un grain de poussière, il serait reconnaissant et pas très regardant !
Le reste du temps, son cerveau tournait à plein régime pour trouver une solution à leur impasse. A lui et à Jim. Il ne le sentait quasiment plus à travers leur lien. Jour après jour, il se désagrégeait progressivement et il ne restait pas longtemps avant qu'il ne disparaisse à jamais. Il devait agir et vite mais il ne savait pas comment. Jim était de plus en plus mal au point. Il passait la totalité de ses heures libres à se morfondre dans sa chambre, à hurler ou à pleurer. Il ne mangeait quasiment pas et buvait beaucoup. Il travaillait comme à son habitude pendant ses quarts et agissait normalement avec ses coéquipiers. Mais seul Jim pensait qu'il était assez comédien pour cacher son désarroi. Cela s'en ressentait sur l'équipage qui semblait marcher sur des œufs en sa présence.
Il se passa une main sur le visage en soufflant. Quand il reporta son attention sur la salle de commandement, il s'aperçut que toutes les personnes présentes le regardaient. Sa réaction avait été un peu trop humaine. Il reprit un air vulcain et se leva pour se rendre au turbo lift. Mais à peine eut-il le temps de se rendre dans le turbo lift qu'un agent l'interpela.
« - Commandeur !
- Agent Jonhson ?
- Je crois que nous avons un problème. Je viens de reprendre les calculs de la feuille de route et il y a des erreurs qui sont irréversibles ... »
Le jeune semblait affolé.
« - Montrez-moi les calculs. »
Il saisit le PAD et passa en revue l'ensemble des calculs de la semaine. Au fil de sa lecture, il blêmit davantage. L'erreur datait d'il y a deux jours.
« - Savez-vous qui était en poste à ce moment-là ?
- Oui Commandeur, c'est le Capitaine qui a rempli la feuille de route et les calculs de transfert d'énergie. »
Spock commençait à s'inquiéter.
« - Bon, vous ne dîtes rien sauf si vous y êtes expressément obligé. Je vais essayer de trouver une solution.
- Bien. »
L'agent retourna à son poste plus blanc encore que quand il avait abordé Spock. Il appuya sur le bouton et le turbo lift descendit. Direction la salle des machines. Les salles étaient plongées dans une semi-obscurité et elles ne semblaient abriter aucunes âmes. Spock arpentait les couloirs à la recherche de Montgomery. Soudain, il tomba sur une paire de jambe qui dépassait de dessous une machine.
« - Excusez-moi. »
Les jambes cessèrent de gigoter et un corps féminin aux formes plus que généreuses dans un uniforme de travail blanc émergea. Elle se releva et remonta ses lunettes de protection tout en ôtant ses épais gants de cuir marron.
« - Commandeur, puis-je vous aider ? demanda-t-elle sortant une cigarette. »
Les cigarettes étaient interdites dans le vaisseau à l'exception de certaines zones. Mais au fil des années que composaient cette mission, il était préférable de desserrer les brides pour le bien de la communauté. C'est ainsi que cette enseigne, clope au bec et passant une main dans ses cheveux courts bruns foncés, se tenait devant le commandant en second et attendait que ce dernier lui indique l'objet de sa requête.
« - Sauriez-vous en se trouve l'officier Montgomery ?
- Oui et non, je l'ai aperçu dans son bureau accompagné de d'un lieutenant et d'un enseigne il y a de cela une heure à peu près. Mais je crois que son quart est terminé à présent. »
Spock porta sa main au menton et réfléchit un instant. Il l'aurait bien appelé sur son communicateur mais il avait oublié le sien dans sa chambre avant de prendre son quart et cela prendrait trop de temps de s'y rendre. Il reporta son intention sur la jeune femme.
« - Je vous remercie. » dit-il simplement.
L'enseigne le salua d'un hochement de tête avant d'écraser sa cigarette sous sa botte et de retourner sous la machine. Il continua sa recherche dans les profondeurs de la machinerie. Mais là encore, il ne trouva personne. En arrivant au niveau des portes menants aux réacteurs, le silence régnait. Il en fit le tour rapidement. Pour autant, il eut le présentiment de ne pas être seul. Cela fit remonter l'angoisse née de leur dernière mission. Il entendit un bruit de pas de derrière une colonne de refroidissement. Rapidement et silencieusement, il s'en approcha et la contourna mais rien ne se cachait derrière. Il expira lourdement et sourit légèrement. Décidemment déteignait incontestablement sur lui ...
Un « clong » retentit juste dans son dos. Il vit volte-face et assena une prise vulcaine à l'endroit stratégique estimé. Mais la personne le bloqua et repoussa Spock. Seul un Augment pouvait rivaliser avec un vulcain.
« - Commander ... on vous voit rarement ici. Je peux peut-être vous aider ? demanda Khan avec toute la neutralité qu'il pouvait.
- Je recherche l'officier Montgomery. Sauriez-vous où se trouverait-il ?
- Je l'ai croisé en effet. Il se rendait à l'infirmerie.
- Pour consulter ? demanda Spock curieux et véritablement étonné que Scotty se rendent dans un tel lieu.
- Je crois qu'il devait parler au Docteur McCoy au sujet du capitaine. Puis-je vous proposer de vous y accompagner ? ».
Khan avait enfin un motif légitime pour se rendre à l'infirmerie. Spock ne répondit pas mais invita Khan à le suivre. Sa cervelle tournait de nouveau à plein régime. Pourquoi Scotty voulait parler de Jim à Léonard ?
« - Vous a-t-il dit pourquoi il souhaitait voir le docteur ?
- Non, il n'a pas précisé le pourquoi de sa visite. Tout ce que je sais, c'est que le lieutenant japonais et l'enseigne russe sont venus le voir pour parler du capitaine à peu près une heure avant. »
Sulu ? Chevkov ?
« - Vous les avez vu ? demanda Spock.
- Non, je les ai entendus de loin. Le russe a un accent très prononcé. »
Globalement, les gens avaient tendance à oublier ses super-sens. Quand ils arrivèrent à l'infirmerie, c'est Léonard qui les accueillit. Il venait de fermer son bureau et l'autre médecin qu'il dirigeait allait arriver pour prendre son quart.
« - Si l'un de vous est malade, il va devoir attendre le docteur M'Benga. D'ailleurs Spock, vous passerez me voir les jours prochains, je dois vous parler concernant ce dont vous m'aviez donné. »
Spock se saisit du bras de Léonard et l'entraina dans le fond de la salle. Khan fit un pas en avant pour protester mais le médecin lui intima de ne rien faire. De toute façon, rien était hors de portée de l'oreille de l'Augment. Léonard ôta son bras de la poigne vulcaine et plongea ses yeux bleus dans ceux noisettes de Spock.
« - Si c'est à propos de votre Pon' ...
- Il ne s'agit pas de cela, Docteur. Je sais que Mr Montgomery est venu vous voir.
- Vous savez ...
- Je le sais.
- Non d'une gorne, ça a été rapide et c'est sur moi que ça tombe ... Je prends la responsabilité de ce qu'ils ont fait. Ils ont vraiment essayé de l'aider mais ...
- De quoi parlez-vous McCoy ! s'énerva Spock. »
C'était la première fois qu'il l'appelait par son nom et cela scotcha Léonard.
« - Sulu et Chekov, ils ont voulu réparer les erreurs de Jim.
- Je suis au courant. Ce que e veux savoir c'est de quoi avez-vous parler concernant Jim. »
Mais Spock se mit à tituber. Il se plia, le souffle coupé et se rattrapa au corps de Léonard. Ce faisant il entraina Léonard dans sa chute.
« - Spock ! Qu'est-ce qui vous arrive ! Mlle Chapel ! apportez-moi mon tricordeur ! Vite ! »
Puis les yeux du vulcain s'agrandirent.
« - Jim ... ».
Ce fut les seuls mots qu'il prononça mais Léo comprit directement que le lien dont lui avait parlé Jim une fois avait averti Spock. Quelque chose était arrivé. Son cœur se retourna. Il tendit le bras qu'il avait de libre dans la direction de Khan qui les regardait inquiet.
« - Va dans la chambre de Jim, vite ! ».
Le regard suppliant de Léonard en disait long. Ni une, ni deux, Khan se retourna et couru jusqu'à la porte de la cabine du capitaine qui était verrouillé. Il tapa les codes de sécurité pour ouvrir la porte en urgence mais u ordre d'une autorité supérieur était déjà enclenché. Qu'est-ce que foutait Jim ! Le temps manquait. Khan se saisit des portes par le milieu. L'espace était infime mais suffisant pour avoir un point d'adhésion. Puis il les poussa pour les séparer. Plus fort. Encore plus fort. Puis dans un hurlement de rage, il réussit à ouvrir un passage suffisant pour entrer dans l'habitacle. La lumière était éteinte mais la vue de l'Augment s'habitua très rapidement à l'obscurité. Personne ne s'y trouvait. Le lit était défait. En vérité, un véritable bordel donnait à l'endroit une atmosphère chaotique. Soudain, Khan remarqua la lumière sous la porte de la salle de douche. Mais autre chose planait : une odeur de fer : le sang. Il sauta littéralement sur la porte et pressa l'interrupteur, ce qui fit coulisser le panneau de métal. Un véritable spectacle d'horreur. La vitre au-dessus du lavabo avait été brisé. Le verre était éparpillé au sol et se mêlait à du sang. Du regard, il suivit la coulée rouge jusqu'au poignet de Jim qui était entaillé à la verticale sur au moins quinze centimètre. De son autre main, Jim tenait le bout de verre. Son visage était livide. Il avait les yeux fermés et la sueur collait des mèches de cheveux sur son front. Ses lèvres bleuissaient et sa respiration devenait chaotique.
Merde ! pensa Khan.
Il se jeta au sol et se saisissait du morceau de verre qu'il jeta au loin. Il chercha du regard de quoi faire un garrot mais ne trouva rien d'autre qu'une serviette qu'il découpa à la seule force de ses dents. Puis il se tourna vers un officier de la sécurité qui l'avait suivi pour l'aider.
« - Faite vider les couloirs, personne ne doit le voir jusqu'à l'Infirmerie. »
L'homme acquiesça et repartit en sens inverse. Khan pris doucement Jim dans ses bras et le porta avec aisance. Les couloirs étaient vides, ce qui lui permit de transporter le capitaine en toute discrétion. Quand il arriva à l'infirmerie, Spock avait déjà été installé sur un lit. Léonard s'en occupait et tournait le dos à la porte. Mais Spock émergea et vit Jim en premier.
« - Jim ... » s'horrifia-t-il.
Cela eut pour effet de se faire retourner le médecin qui se figea en voyant son meilleur ami et ex-premier amour dans un état s'approchant de la mort pour la seconde fois.
« -Léonard. » gronda Khan pour le réveiller.
Cela eut l'effet escompté car il se remit à bouger dans tous les sens. A demander des poches de sang et divers instruments. La nuit allait être longue mais le temps était compté.
Léonard s'assit sur son lit. Cela avait été dure mais Jim était sauvé. Le plus difficile avait été de recoudre le poignet et les nerfs coupés à la verticale. Pourquoi ne s'en remettait-il pas ? Le cœur de Léonard se serra et ses yeux s'embrumèrent mais il refoula son envie de pleurer. L'heure était grave. Il se leva et ôta son haut d'uniforme taché de sang. Il le jeta dans le conduit et se retourna quand la porte de la salle de bain s'ouvrit sur Khan nu qui sortait d'une douche. Le sang coulait tellement qu'il en avait reçu énormément sur l'ensemble du corps. Léonard ne put s'empêcher de littéralement reluquer le corps de l'Augment qui s'en rendit compte. Il le dévorait du regard, ce corps puisant et plein de beauté. Son torse musclé, ses épaules larges, ses longues jambes et ses fesses magnifiquement sculptées. Mais comme si le regret et le remord quant à la situation de Jim revenait au galop, Léonard se retourna et sorti un nouveau haut. Mais il n'eut pas le temps de l'enfiler. Khan se colla dans son dos et l'enveloppait de toute sa hauteur. Il l'entoura de ses bras et l'enlaça tendrement. Puis il planta son nez dans son cou pour en humer l'odeur et en mordiller la peau tendre.
Mais là, Léonard eut une réaction qui étonna Khan. Il se retourna vivement et dévora les lèvres de son amant. Il le poussa jusqu'au lit et ils commencèrent une danse endiablée. Pour le coup, ce fut Khan qui fit s'arrêter Léonard. Celui-ci le regarda du dessus, les joues rougies et les lèvres gonflées. Un silence s'installa qui fut rompu peu de temps après par Léonard qui murmura :
« - Fais-moi oublier ... Je t'en prie ... ».
Khan ne put qu'obéir. Il le saisit par les épaules et le bascula sous lui. Il allait lui faire oublier ... Tout jusqu'au moindre détail.
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Uhura était assise entre les deux lits de l'infirmerie. Entre Jim et Spock. Elle avait le regard dans le vide et tenait une main de chacun des patients. Une larme perlait dans le coin de son œil droit. Elle faisait de doux gestes apaisants sur leurs deux mains. Peut-être était-ce un vain espoir de se rassurer. Ou de les rassurer. Elle ne le savait pas.
Elle sursauta quand la porte de la chambre privative s'ouvrit sur Pavel Chekov et Sulu.
« - on est venu prendre la relève. Dit gentiment Sulu. »
Elle leur sourit en reposant doucement les mains de ses amis. Sulu lui donna un thé aux épices qu'il avait amené exprès pour elle. Elle l'accepta mais se remit à sangloter et elle s'effondra dans les bras de Chekov qui la serra fort contre lui sans protester quand du thé bouillant coula sur son torse. Sulu lui fit un signe de tête qui en traduisant donnait : « raccompagne la dans sa chambre ». Chekov acquiesça et il sortit avec la jeune femme. Elle veillait depuis un sacré moment. Sur le chemin, elle but son thé qui avait eut le temps de refroidir. Elle regardait de temps à autres en lui souriant gentiment. Quand ils passèrent devant le mess, il lui proposa de manger un morceau mais elle refusa poliment préférant aller dormir un peu. Ils regagnèrent donc la chambre de la jeune femme. Elle l'invita même à entrer quelques instants.
« - Vous n'avez besoin de rrrrien ? demanda Chekov timidement. »
Elle réfléchit un instant et répondit par la négative. Mais quand le jeune russe amorça un mouvement pour sortir, elle le retint par le bras sans oser le regarder.
« - Mlle Uhura ?
- Reste s'il te plait ...
- Je vous demande parrrrdon ? demanda-t-il étonnée.
- S'il te plait, reste avec moi. »
Le cœur de Chekov fit un tour même s'il savait pertinemment qu'elle ne souhaitait qu'un ami, une oreille attentive. Mais chaque pas en avant rendait Chekov heureux malgré les circonstances. Il retria son haut d'uniforme pour être en débardeur noir et rejoignit Nyota sur le lit. Elle se blottit contre le jeune homme comme un petit animal apeuré et s'endormit un peu plus tard sous les caresses de réconforts que lui prodiguait Pavel tout en murmurant des mots de doux. Au final, lui aussi la suivit dans les bras de Morphée et la chambre fut envahit par les respirations des deux jeunes personnes dont le cœur était meurtri.
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Scotty était assis dans la salle de réunion. Il était seul. La situation était grave. Très grave. Il avait laissé la machinerie à son ami de pierre, le temps de prendre la situation en main. Le vaisseau avait été stoppé. Plusieurs problèmes se présentaient.
Tout d'abord, ils étaient perdus. Perdus dans le confins de l'espace. Sans fiches de route. Sans connaitre le quadrant dans lequel ils se trouvaient. Sans moyens de communication. Rien.
Ensuite, Jim. Il avait essayé de se suicider. De s'ouvrir les veines dans sa douche. Et il avait quasiment réussi en plus ! Il avait encore failli mourir. Mais pensait-il aux autres membres de l'équipage ? Au docteur McCoy ? A Spock ?!
Le moral des troupes était au plus bas. Ils avaient évité d'ébruiter la nouvelle de l'accident de Jim mais les rumeurs commençaient à courir. Une peur sans nom avait envahi le vaisseau et pour la première fois depuis des années, il avait désespérément envie de rentrer. Dans son Ecosse natale. Mais à la place, il se contentât de boire cul sec deux verres de Whisky.
Il fallait qu'ils gèrent la situation ensemble. Coute que coute pour leur bien et celui de leur équipage.
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