Épilogue
Cher lecteur ou lectrice,
Je vous l'avais bien dit.
Je vous avais dit que si vous vous attendiez à lire une histoire qui finirait bien, vous pouviez reposer ce livre, car celle-ci n'aurait pas de happy end.
J'ai hésité à finir mon récit sur la trappe qui se referme, les vaisseaux qui survolent le ciel, les bombes qui sont largués, l'Odéon qui disparait.
J'ai hésité, vraiment.
Mais, parce que je ne suis pas comme Johns Lenark, que je n'ai pas de velléité à vous faire souffrir, je me suis dit que je vous devais bien une explication.
Que je devais bien vous dire qui de l'ombre ou de la lumière avait triomphé.
La réponse est simple : personne n'a gagné.
Le monde n'est pas aussi binaire que cela. Il n'y a pas d'un côté les bons, et de l'autre les gentils. Il y a des êtres humains, qui vivent ensemble, avec ce qu'ils sont. Johns est mort, sa dictature aussi. Avons-nous gagné pour autant ? Je ne crois pas. Mais certains s'en sont sortis.
Ce que Lhénaïc a tenté de me dire avant de mourir, c'était que Nathaniel avait implanté un virus dans le système informatique qui contrôle les vaisseaux de l'Odéon. Au moment où Mathie et Lucas Lenark sont montés à l'intérieur, avec ce qui restait des patrouilleurs, et qu'ils ont lâché les premières bombes, les monstres volants se sont autodétruits. Quelques bombes ont pu être larguées, très peu par rapport à ce qu'ils souhaitaient. La cité n'a été que partiellement détruire. Le palais et le dôme de Cristal, dans lesquels Johns s'était terré, ont disparu avec lui. Est-il mort dans les décombres ou s'est-il enfui ? Nul ne le saura jamais. J'aime à croire qu'il est mort en comprenant qu'il avait échoué.
Notre victoire était cependant douce-amère. Nous avons fait tomber l'Odéon. Nous avons acquis notre liberté. Et pourtant...
J'ai perdu Lhénaïc. Il était ma promesse d'espoir et d'avenir, comme Lila était celle de Nicolas. Si eux se sont retrouvés, si certains ont survécu, comme Nathaniel, Charles, Alex ou les enfants, beaucoup sont morts également. Dont mon petit ami, qui avait toujours combattu et lutté contre son père pour nous ramener la liberté. Dont Macha, Robin, Ludmilla, Timothée, Valentin, Lhionel, Tristan et tant d'autres encore.
Lhénaïc me manque. À chaque instant. Pas une minute ne passe sans que je ne pense à lui.
J'ai construit une maison, à quelques pas de l'ancien Océan. J'y travaille la terre, avec Nicolas et Lila qui vivent à côté. Lui est devenu historien. Cela vous étonne ? Nous avons voulu planter, redonner vie à un sol resté brûlé durant trop longtemps. J'ai beaucoup de fruits, de légumes aussi. Je crois qu'être paysanne et maraichère me convient bien.
La cité n'est plus ce qu'elle était et a été remplacée par un gouvernement élu démocratiquement. C'est Charles qui en est le président, secondé par une femme des plaines du sud.
Voilà, c'est la fin de l'histoire. Cette fois-ci, j'en ai réellement fini.
Quoi que... J'ai peut-être oublié de vous dire quelque chose...
En partant, Lhénaïc m'a laissé un cadeau. Le plus beau qu'il pouvait me faire.
– Maman ! crie mon fils. Va voir Nicla ce soir ?
J'éclate de rire. Melän me contemple en souriant, de ses grands yeux bleus, au milieu desquels flottent des pointes de violet. Comme ceux de son père. Il tend ses bras vers moi, je m'avance vers lui et le récupère. Il a des fraises plein la bouche et les mains rouges de sucre.
Il y a trois ans, nous nous sommes réveillés libre. Libre et en vie au milieu d'un champ de ruine. Nous sommes les enfants des bombes atomiques. Nous avons une lourde responsabilité. Celle de créer le nouveau monde. Nous ne devons plus nous faire la guerre et créer des armes meurtrières. Nous devons créer un monde fait de partage, de bienveillance, de respect et de fraternité.
– Nicla histoire ?
– Oui mon amour, on va manger chez Nicolas et Lila et il nous racontera l'histoire de la fin du monde.
– Et Papa ?
– Il parlera aussi de Papa.
Melän tape dans ses petites mains d'un air heureux. J'embrasse ses joues joufflues et le serre contre moi. Je lui ai fait une promesse le jour où il est né. Celle de ne jamais oublié et de lui offrir, non pas le meilleur des mondes, mais le monde auquel Lhénaïc voulait croire.
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