Chapitre 6 : Ouragan de l'âme



— NEVEN — 


Je me suis défilé. Une fois rentré, je me suis couché, mais je n'ai pas réussi à m'endormir. Alors, je me suis mis à peindre un visage familier, je ne savais pas trop à qui il appartenait. Il avait les cheveux de la couleur de la cime des arbres, des yeux dans lesquels hurlaient des vagues. Ses lèvres avaient l'air d'être douces, ses traits floutés derrière mes coups de pinceau aléatoires. Du pouce, j'accentuais l'ombre de son arcade, avant de pivoter la tête sur le côté. Je sais qui c'est. Aukai.

Du coin de l'œil, j'effleurai son parapluie. Je ne lui avais jamais rendu par honte, ou simplement par manque d'énergie. Mais je ne dorme presque plus depuis trois jours.

Je crois que son neveu aimerait le récupérer. Si j'avais un peu de courage, je retournerais voir cet homme. Il est gentil. J'aime bien les personnes gentilles, surtout que je n'en rencontre pas beaucoup. Avec les années, j'ai oublié la saveur d'avoir un ami, une connaissance, une personne avec laquelle rire ou pleurer. Au lycée, j'avais un copain. Lui aussi, il était gentil. Mais moi, j'étais trop différent. Et puis elle m'a déscolarisé quand j'ai eu seize ans. Au fond, je ne sais pas ce que c'est, la vie.

À vingt-deux ans, je ne sais pas gérer des papiers administratifs, je ne sais pas comment se passe une garde à vue, ni même comment fonctionne une fête ou une économie. C'est important, pourtant. Je sais juste ce qu'est un enterrement. Elle me dirait que je suis trop idiot pour réussir à comprendre tout ça.

Peut-être qu'Aukai peut m'aider à connaître ce qu'est une existence sans avoir de hauts murs comme barricade. Il ne comprendrait pas sans doute pas, mais il avait l'air d'être attentif.

J'arrête de me manger les ongles quand je réalise que deux d'entre eux pissent le sang. Mes épaules s'affaissent. Je n'ai aucun courage. Je ne suis qu'un imbécile incapable de se familiariser avec un quotidien. Au lieu de quoi, je peins des visages d'étrangers, des vagues enragées et des larmes que mes yeux ne versent jamais.

J'époussète mon pantalon en me relevant. En vérité, j'étale la peinture dessus. Maintenant, il n'est plus crème, il est aussi bleu, marron, jaune, avec un mélange de blanc et de violet. Je l'aime bien comme ça, ça le rend unique. Les standards, ça craint.

D'une main, je récupère mon duffle-coat abîmé et descends les marches de mon immeuble pour rejoindre la confiserie. Elle n'est qu'à une trentaine de minutes de mon appartement. Le sien est près des vagues. Des fois, on peut même les entendre s'étaler sur le sable. Sa rue est commerçante avec plein de passages la journée, très peu la nuit. Je l'ai appelée la rue Lumière.

Toutes les boutiques rayonnent, c'est la sienne qui brillent le moins. Mais c'est celle qui a le plus de couleurs. Plusieurs fois, j'y suis retourné pour le regarder. Il a l'air assez morose, derrière sa caisse à attendre que le temps défile. Sauf quand un enfant lui sourit. Là, il sourit aussi. J'aime bien le voir, son sourire. On dirait qu'il n'éclot que lorsqu'il le faut.

Si je manque de heurter un piéton et de traverser au rouge, j'arrive quand même jusqu'à la confiserie. Les gens me regardent en louchant. Peut-être parce qu'eux, ils portent des tee-shirts à manches courtes.

La boutique est vide. Il est tôt. En fait, je crois qu'il est à peine neuf heures. C'est pas grave, il y a une pancarte « OUVERT », alors je peux rentrer. Sauf que je n'y arrive pas tout de suite. Peut-être que je ne devrais pas entrer et juste déposer le parapluie à l'entrée. Mais si quelqu'un le volait ?

Je déglutis et me décide à pousser la porte. Une cloche signale ma présence. Je ne me rappelle pas l'avoir entendue la première fois que je suis entré. D'une démarche un peu ridicule, j'entre dans la boutique et dévore encore des yeux les étalages remplis de bonbons, de sucettes et de chocolat coloré. Un jour, j'achèterai au moins un produit de chaque.

— Je suis venu rendre le parapluie..., annoncé-je, d'une voix sûrement trop basse pour qu'Aukai m'entende.

Je m'avance jusqu'à la caisse et guette l'entrée. La porte de l'arrière-salle est entrouverte, il doit être dans la réserve.

— Aukai ? appelé-je un peu plus fort.

Seul un grognement et un fracas me répondent, comme si plusieurs objets dégringolaient. Je sursaute et fais un pas en arrière.

— Aukai ! répété-je presque en criant.

Il ne répond rien. Mes mains serrent le parapluie et je vois mes jointures blanchir. Je serre les dents, avant de me décider à enjamber la caisse. Peut-être qu'il a juste fait tomber quelque chose, mais il doit travailler avec des couteaux, des ciseaux, des trucs coupants... Qui sait ce qu'il a pu faire avec ?

Je pousse timidement la porte et m'arrête sur son seuil. Normal qu'il ne me réponde pas, il n'est pas là. En faisant un pas, je marche sur une espèce de spatule. Son établi est en vrac. Je le contourne avec précaution. Aukai est là, effondré au sol et complètement inconscient. Il tient un ustensile de cuisine avec lequel il est tombé. J'ai l'impression que traits sont crispés par une douleur qui le lance, alors je me jette presque à genoux sur le sol et me les coupe. Son saladier en verre a explosé en mille morceaux.

En lui secouant une épaule, j'essaie de le mettre sur le côté.

— Aukai ? Vous... Tu m'entends ?

Apparemment pas, puisqu'il reste inerte entre mes mains. J'ai le cœur qui monte jusqu'aux lèvres et des coups de chaud. Qu'est-ce que je suis sensé faire là ?

Appelle-les secours, sombre imbécile.

Je dégaine mon téléphone et compose le numéro qu'on avait appris par cœur à l'école. Le même que j'ai appelé quand je l'ai retrouvée morte dans notre salon.

SAMU, j'écoute ?

— Ouais, y a un gars inconscient devant moi.

Doucement monsieur s'il vous plaît, je n'ai pas compris.

Évidemment.

— Rue Meynadier, articulé-je. La confiserie, je sais pas quel numéro c'est. Un gars s'est évanoui dans sa réserve.

— D'accord, j'envoie une ambulance. Est-ce qu'il respire ?

Je me penche pour écouter sa respiration un peu aléatoire et faiblarde.

— Euh, ouais, mais pas bien. Je crois qu'il a un problème au cœur.

Tu crois ? Pauvre con, t'inventes des trucs là.

Savez-vous s'il a une maladie, un traitement ?

— Je sais pas, couiné-je. Je le connais pas, je voulais lui rendre son parapluie.

D'accord, répète l'homme derrière la ligne, un sourire dans la voix. L'ambulance arrive dans quelques minutes. Essayez de faire de la place pour le brancard, s'il vous plaît.

— Il s'est coupé la main aussi, ajouté-je. Un saladier en verre est tombé.

Essayez d'éloigner les morceaux sans vous couper, vous pouvez faire ça ?

— O-Oui.

Nickel. Je reste en ligne avec vous jusqu'à ce que les secours arrivent.

— Merci.

Avec le balai que je trouve, je repousse les morceaux de verre et éloigne le chariot bourré de bonbons et d'ingrédients. On se croirait dans un cauchemar coloré. En retournant près d'Aukai, je vois qu'il n'a pas bougé. Ses sourcils sont froncés par la douleur. Ça n'a vraiment pas l'air d'aller.

— Il a l'air d'avoir mal, m'sieur, ajouté-je au gars.

C'est ce que je vous demandais pour la troisième fois, me fait-il remarquer.

— Oh, pardon. J'ai...

Ne paniquez pas, d'accord ?

— Je panique pas.

C'est faux. Je panique complètement. Même si lui, il respire. Elle, le jour où je l'ai retrouvée inerte dans son fauteuil, elle ne respirait plus. Et les gyrophares avaient fait le même tintamarre. Je les déteste. En repoussant mon angoisse, je bafouille :

— Ils sont là.

Je raccroche et me précipite à l'entrée de la confiserie, où un homme et une femme se garent avec une ambulance. Éloigné pour ne pas gêner, je les regarde embarquer Aukai avec peine à travers les couloirs étroits de la confiserie. D'ailleurs, ils font tomber plein de bocaux.

— On l'emmène au centre hospitalier de Cannes, si jamais vous voulez vous y rendre, m'informe l'ambulancière.

— OK.

Je ne sais pas quoi dire de plus. Bien sûr que je vais y aller. Mais avant, je vais ranger tout ça. Aukai n'aimerait pas retrouver sans dessus-dessous sa boutique. En même temps qu'ils repartent, je m'arme du balai et dégotte une serpillière. Pour essayer de noyer mon stress et atténuer le tremblement de mes mains, je me mets à tout nettoyer en chassant chaque client qui rentre dans la boutique. Au bout de quinze minutes, je retourne la pancarte avec écrit « FERMÉ ». Môme, j'avais toujours rêvé de faire ça.



Je crois que je n'aime pas les urgences. Les hôpitaux en Bretagne étaient beaucoup plus chaleureux. Mais je ne vais pas me défiler sous prétexte que je suis mort de trouille. Aukai a repris conscience, et je peux aller le voir. Je ne sais pas trop si j'ai le droit, mais j'aimerais juste lui demander s'il va bien. Alors, après être resté plusieurs minutes devant la porte, je me décide à frapper trois coups et à pousser la porte pour entrer dans la chambre.

— Salut. Je voulais vous rapporter votre... parapluie.

Il n'est pas vraiment en bon état, les yeux cernés et un cathéter apparemment dérangeant dans le creux du bras. L'expression qu'il me jette me donne envie de m'enfuir en courant.

— Merci, finit-il par souffler d'une voix rocailleuse. Et je te le redis : tu peux me tutoyer. Déjà que je viens de prendre trente ans dans la gueule...

— Pourquoi ?

Son regard est relativement éloquent. Je suppose qu'il ne s'est pas évanoui pour avoir manqué de glucose. Je me rapetisse et courbe les épaules, comme si ça pouvait me faire disparaître.

— Viens, entre, m'invite-t-il dans un vague murmure.

Je m'exécute et m'approche de lui. D'aussi près, il me semble encore plus fatigué. La curiosité me picore, parce que je crève d'envie de savoir ce qui lui est arrivé. Il a des drôles des patchs sur le torse, reliés par des câbles jusqu'à un électrocardiogramme. La constance de son cœur est bonne. Je le sais, j'ai vu dans un livre de la maison. Ça me rassure, au moins, je suis sûr qu'il est en vie, même s'il n'a pas la même tête que le jour de notre rencontre.

— Ça va mieux ? finis-je par demander sans dévier les yeux des courbes redondantes.

— On peut dire ça. Si tu ne m'avais pas trouvé, je crois que j'aurais mal fini.

— Pourquoi ? répété-je.

C'est sans doute indiscret comme question, puisqu'il soupire et affaisse les épaules.

— J'ai une cardiopathie congénitale.

— C'est quoi ?

— Une malformation du cœur, en résumé.

— C'est grave ?

J'ai l'impression d'être un môme qui harcèle un adulte de toutes sortes de questions auxquels il n'a pas envie de répondre. Mais il n'en dit rien et me regarde avec... une espèce de tendresse.

— Ça peut être mortel si c'est pas soigné. Comme on me l'a détecté quand j'étais môme, ça va. Faut juste que je fasse surveiller...

— Et tu l'as pas fait, hein ?

Il esquisse une moue confuse.

— Nan, laisse-t-il tomber.

— Pourquoi ?

— J'ai...

Il referme la bouche.

— Faut que je me fasse opérer depuis quelques années, mais j'ai pas les moyens de financer.

— C'est remboursé, contredis-je en haussant les sourcils.

— Quand t'as une bonne mutuelle et une bonne sécurité sociale, ouais. C'est pas mon cas.

— Oh...

Je ne vois pas quoi dire de plus. Les soucis d'argent, je ne connais pas. C'est pour ça que j'ai pu acheter cet appartement presque du jour au lendemain, en touchant son héritage. J'ai été surpris d'apprendre que j'étais le seul légataire à sa mort, et même si j'ai d'abord pensé à refuser l'argent, je me suis dit qu'au fond, j'avais le droit de vivre, bordel !

Elle était pleine aux as et m'a légué une fortune dont je ne sais que faire, alors...

— Je pourrais t'aider à financer, proposé-je.

— Certainement pas.

Son ton avait été glacial.

— Tu préfères mourir ?

Espèce d'imbécile.

— C'était juste un malaise à cause de...

Une seconde fois, il interrompt sa phrase et un air grave apparaît sur son visage. Alors qu'il essaie de se redresser sur le dossier relever de son lit, une grimace de douleur fendille ses lèvres.

— Je suis riche, annoncé-je.

— Quoi ?

— Ouais, je suis riche. Quand elle est morte, j'ai hérité d'une bonne partie de son fric. J'ai pas de travail, pas de diplôme à part mon brevet, et je passe mes journées à peindre. Tu aimes la peinture ?

Aukai ne pose aucune question sur sa mention, et ça m'enchante.

— O-Oui, balbutia-t-il, visiblement décontenancé. Mais ça ne change rien, je ne veux pas à avoir de dette envers toi. Ni envers personne, en fait.

— Payer changera rien à mon quotidien, si ce n'est d'avoir eu le sentiment d'être utile, informé-je.

Il émet une sorte de grognement et se rembrunit, même si je vois une lueur de curiosité danser dans ses yeux bleus.

— T'auras aucune dette à rembourser, insisté-je.

— Ça ne change rien, c'est une question de principe. On ne se connaît même pas.

Je m'affale sur ma chaise et croise les bras. Il marque un point, on ne connaît pas, mais qu'est-ce que ça change ?

— J'ai donné une partie de l'héritage à une assos, renseigné-je. Les mômes qui y sont, je les connaissais pas non plus.

— Des mômes ?

Des survivants, des combattants, des héros.

— Ouais, des mômes, me contenté-je de répondre. T'as sûrement ta fierté ou je ne sais quoi, mais si t'as survécu cette fois, c'est qu'on veut te laisser ta chance.

— Ma chance, ça serait toi ?

— Mon fric, plutôt.

— Toi, ça sonne mieux, me reprend-il en baissant la tête.

Je ne peux plus voir l'océan dans ses yeux et ça me frustre.

— Je suis ta chance, alors, m'avoué-je vaincu. Sérieusement je... j'ai envie de t'aider. L'argent fait pas mon bonheur, sinon je serais pas dépressif et enfermé chez moi, tu captes ?

L'air éberlué qu'il me jette me fait comprendre que j'en ai sans doute trop dit. Tant pis, de toute façon, elle me disait que c'était gravé sur mon front que j'étais un fou.

— Puis, t'as des animaux sur lesquels veiller. Ça serait con que tu partes avant eux, non ?

— Tu l'as dit...

— Alors, dis oui !

— Je peux pas...

— T'es têtu comme gars.

— Je suis bélier...

— Hein ?

— C'est ce que me dit ma sœur, répond-il du bout des lèvres.

Il a une sœur, c'est bon à savoir. Lui, il ne vit pas tout seul avec sa chienne de vie. Je suis content de savoir qu'il a de l'entourage, mais je ne sais pas pourquoi.

— Merci, Neven, mais... je peux pas faire ça.

Aukai se souvient de mon prénom.

— Qu'est-ce que t'as à sourire comme ça ? me taquine Aukai d'une voix un peu plus légère.

Je ne m'en suis même pas rendu compte.

— Rien. J'ai juste pas l'habitude qu'on... se souvienne de moi.

Il penche la tête sur le côté, m'offre un sourire en retour. J'aime beaucoup sa manière de le faire.

— Je comptais pas t'oublier, tu sais ?

— Les gens n'arrivent jamais à oublier quand ils le veulent, c'est toujours inconscient.

— Si tu le dis.

— Je peux te donner mon numéro ?

D'abord surpris par le changement de sujet, il finit par étirer une moue entre la gêne et l'incertitude.

— Pour quoi faire ?

— Pour que tu puisses me donner une vraie réponse.

— Neven...

— Réfléchis-y, s'il te plaît.

— D'accord.

Je dégaine un des bouts de papier froissés dans mes poches et emprunte le stylo sur la table de chevet. Mes doigts griffonnent mon numéro de portable puis le tendent à Aukai qui s'en saisit après une seconde d'hésitation.

— Merci, souffle-t-il avec un vague sourire.

Au moment où je m'apprête à ouvrir la bouche, c'est la porte qui s'ouvre avec fracas. Une femme fait irruption dans la pièce et piétine le sol jusqu'à son frère. Elle a les cheveux noués en un chignon coulant, châtain presque clair, et le regard d'une furie. Derrière elle, un petit garçon trotte et se jette presque sur le lit.

— Salut, bonhomme, sourit Aukai en caressant la tête du gamin.

Je vois à sa grimace crispée qu'il doit appuyer sur des zones douloureuses, mais il ne dit rien. Le gosse répète le prénom d'Aukai plusieurs fois d'affilée, comme s'il avait peur qu'il disparaisse entre ses bras.

La femme finit par me repérer et m'adresse un drôle de regard, je ne saurais dire s'il a l'air méfiant ou juste curieux, mais je sens que je ne suis pas du tout le bienvenu ici.

— T'es le gars qui a trouvé mon frère ? demande-t-elle avec un sourire. Je t'en dois une belle, et lui aussi.

— Heipoe...

— Il n'a pas été trop grognon ?

— Non, parvins-je à répondre.

Elle est presque impressionnante avec son expression de grande dame. Heureusement que ses taches de rousseurs atténuent un peu la dureté de son visage aux airs surprotecteurs.

— Enchantée, moi c'est Heipoe. Je suis la frangine de l'autre imbécile.

— Neven.

Elle me claque une bise sur la joue et je dois réprimer un mouvement de recul pour ne pas paraître impoli. La seconde d'après, elle se met à engueuler son frère qui n'a même pas l'air d'écouter, les yeux perdus dans le vague. Je vois qu'ils s'aiment, mais qu'Aukai n'est pas fait pour les sermons, surtout vu la force que met Heipoe dans sa voix.

Je n'ai rien à foutre là. Maintenant qu'il a retrouvé sa famille et ses vrais proches, je n'ai plus à lui servir de bouche-trou. Au fond, je suis comme une salle d'attente. Personne n'aime être avec moi trop longtemps, mais on supporte ma présence parce qu'on n'a pas le choix.

Pendant qu'Aukai regarde sa sœur en caressant la tête du gosse couché contre lui, je me lève discrètement. Même s'ils ne remarqueront pas mon départ. Comme Heipoe a laissé la porte ouverte, j'en profite pour me faufiler et sortir de la chambre.

De toute façon, je ne compte pas.


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