Chapitre 47




  - Je suis honoré de vous rencontrer enfin.

Malia dut faire un effort de concentration pour adresser un sourire à l'un des invités.

Voilà plus d'une heure qu'elle serrait des mains sans savoir réellement à qui elles appartenaient. Dans cet exercice inédit Malia se devait d'être exemplaire et pour cela, un sourire forcé valait mille mots.

Dans cette assemblée, un seul homme marquait son intérêt. Son mari qui en tant que souverain, s'appliquait à converser avec de nombreux invités. Cependant elle ne supportait plus d'être seule au milieu de cette foule qui ne cachait même plus leur curiosité.

- Et donc vous avez rencontré le cheikh Al-Eydhar à New-York ?

- Oui, répondit-elle simplement afin de ne pas s'étendre sur le sujet.

Hélas l'homme vêtu d'un vêtement traditionnel ressemblant fortement à celui de Caleb ne semblait pas vouloir en rester là.

- Cela me paraît si surprenant qu'il n'ait pas choisi une femme de son pays, vous devez avoir des charmes insoupçonnés pour l'avoir détourné de son désir d'épouser une Zyarhanienne.

Malia déglutit, s'efforçant d'adopter une attitude détendu. Le but était de la déstabiliser, songea-t-elle en le voyant balader son regard sur elle.

Pas question de fléchir !

- Il semblerait qu'il ait changé d'avis, dit-elle simplement alors que son regard devenait davantage insistant.

- N'importe quel homme changerait d'avis devant une telle créature, intervint une voix qu'elle connaissait que trop bien.

Elle se figea alors qu'elle sentait cette présence dans son dos.

- Dio ! N'ai-je pas raison ?

Izario, en personne se mit entre eux, alors qu'un sourire détendu bordait ses lèvres.

- Et vous êtes ?

- Oh croyez-moi il ne vaut mieux pas le savoir, chuchota-t-il en prenant un air faussement sérieux.

Malia demeura silencieuse et se recula légèrement encore sous l'effet de la surprise

- N'est-ce pas un homme chanceux d'avoir à son bras une jeune femme aussi délicieuse ? Poursuivit Izario en jetant un coup d'œil sur les côtés ; j'en profite tant qu'il n'est pas là sinon je risquerais de finir comme ce bon vieux Tahar.

L'homme qui jusqu'ici s'était montré désobligeant et inquisiteur esquissa un sourire en coin puis s'éloigna sans demander son reste.

- Merci, murmura-t-elle en souriant à l'italien.

- De rien bellissima...

- Que fais-tu ici ? S'enquit Malia toujours choquée de le voir ici, à Zyarhan.

- Je suis venu vous rendre une petite visite de courtoisie, Seth est avec moi et...

- Izario, que fais-tu ici ? S'éleva une voix derrière son dos.

L'intéresser leva les yeux ciel.

- Pourquoi est-ce si surprenant de me voir ici, souffla l'italien lassé ; quel accueil ! Alors que je viens de sauvé ta femme d'un homme un peu trop insistant.

Oh non, songea Malia en fermant les yeux.

Les yeux de Caleb devinrent noir.

- Rassure-toi mon ami je l'ai fait fuir.

Seth émergea de la foule et sa présence suffit à apaiser les tensions.

Caleb le salua amicalement visiblement heureux de le revoir. Malia eut l'impression à ce moment-là de ne plus ressentir le vide, l'absence...c'était comme si elle se retrouvait des semaines en arrière dans le sud de l'Italie.

- Izario m'a accompagné car je reviens pour reprendre ma place, expliqua Seth.

- Vraiment ? Tu souhaites vraiment revenir à mes côtés ?

- Je ne suis jamais parti, rectifia Seth avec un léger sourire ; J'ai seulement laissé Malia te guérir et il semblerait qu'elle y soit parvenu.

Caleb se tourna vers elle pour lui adresser un regard tendre.

- En effet, murmura-t-il en enlaçant sa taille.

- Alors, qu'est-ce que ça fait d'être la femme d'un souverain ? Demanda Izario en prenant un verre quand un serveur passa près d'eux.

- C'est merveilleux mais Izario tu risques d'être déçu il n'y a pas d'alcool dans ces cocktails, dit-elle quand il l'avala d'un trait.

Ce dernier grimaça en secouant de la tête avant d'esquisser un sourire diabolique.

- C'est pour ça que j'ai apporté ceci, dit-il en sortant une flasque de sa veste.

Malia secoua de la tête désespérément alors qu'il versait le liquide ambré dans le verre.

- Quelle vie ennuyeuse tu as là mon ami, organiser une fête sans alcool, reprit Izario dépité.

- Je n'en reviens pas de ce que je vais dire mais...ça m'avais manqué, lança Caleb en souriant légèrement.

- J'étais sûr que tu m'aimais au fond de toi, répondit l'italien avec arrogance.

- N'exagère pas, marmonna Caleb en refermant ses doigts sur la taille de Malia.

- Je suis vraiment heureux mon ami, déclara Seth d'une voix sincère ; Malia rayonne de bonheur et toi tu as l'air d'être un homme comblé.

- Bientôt...je serais un père comblé.

Seth ne semblait pas surprit par une telle annonce.

- Félicitations, je suis vraiment heureux pour vous.

- Merci Seth, murmura Malia en lui souriant.

- Quel magnifique portrait de famille, lança Izario d'un soupir ; Vous êtes le couple de l'année, et maintenant un bébé en route...vous n'avez pas fait les choses à moitié.

- Serais-tu jaloux ? Demanda Malia en plissant légèrement les yeux.

L'italien se pencha légèrement, sans se départir de son sourire sombre et amusé.

- Le jour où j'aurais un enfant c'est le jour où j'arrêterais de buter des gens, chuchota-t-il avec un grand sourire.

- Et je suppose que ce jour n'est pas prêt d'arriver, rétorqua Malia en ayant l'impression que le mafieux cachait une plaie.

Il étouffa un rire à la hauteur de sa réponse.

- Exactement !

Malia leva les yeux vers Caleb qui demeurait impassible et très vite Seth dévia la conversation sur une sujet plus neutre. Profitant des retrouvailles des trois hommes, elle se faufila parmi la foule qui n'arrêtait pas de l'observer comme une bête curieuse et quitta la grande salle pour se réfugier dans les jardins.

Une légère brise d'air caressa son visage. Apaisée par le silence elle en oubliait pas pour autant la horde de journalistes ni les habitants de Zyarhan qui depuis plus d'une heure, campait dans relâche devant les hautes grilles du palais.

Désireuse d'établir un premier contact avec la population Malia décida de parcourir les jardins pour aller à leur rencontre. Une main s'interposa soudain ne lui laissant pas le choix de s'arrêter.

- Je ne pense pas que ce soit une excellente idée Malia, déclara-t-il l'air tendu.

- Pour quelle raison Caleb ? Il est temps d'aller les saluer et qu'ils puissent me voir enfin.

Dans ses yeux opaque elle lut un refus catégorique.

- Ce n'est pas le moment Malia.

- Tu as peur qu'ils ne veuillent pas de moi ou tu as peur que...

- Je n'ai peur de rien ! Coupa-t-il sèchement.

- Alors laisse-moi y aller, tôt ou tard il faudra bien que je m'y confronte alors pourquoi attendre plus longtemps ?

Perdu dans un torrent de noirceur son mari semblait en proie au doute et à de vifs souvenirs du passé. Peu à peu Malia commençait à comprendre la raison pour laquelle il refusait qu'elle s'approche de la foule.

- Personne ne va me prendre à toi Caleb.

- Comment peux-tu l'affirmer avec une telle confiance Malia, tu n'as aucune idée...

- J'ai une idée très précise du dispositifs qui entour le palais, il y a des hommes partout et tu es là avec moi. Je n'ai pas l'intention de rester enfermer dans une tour d'ivoire toute ma vie Caleb. Tu n'as plus d'ennemis.

Il jura entre ses dents serrées, refermant sa prise sur son bras.

Malia sentit son cœur se serrer devant cette triste réalité. Caleb n'était pas complètement guéri du passé et sa crainte qu'elle puisse subir le même sort le poussait à la cacher.

- Les journalistes continueront à nous traquer si...

- Malia je t'en prie, est-ce que tu peux comprendre à quel point tu es importante pour moi, siffla-t-il entre ses dents serrées ; Je n'ai pas encore assez confiance en moi-même pour te laisser courir un tel risque.

- Pourtant tu m'as emmené au milieu du désert pour rencontrer tes hommes.

- Des hommes en qui j'ai confiance, là aujourd'hui te lâcher dans cette foule d'invités c'est déjà trop pour moi.

- Ces habitants attendent depuis des heures dehors, j'ai davantage confiance en ton peuple qu'à ces hommes et femmes de pouvoir qui me regarde comme une bête curieuse, répliqua Malia avec véhémence.

Les yeux dans les yeux, ils s'affrontaient du regard en silence dans l'attente que l'un des deux craque.

Malia leva le menton pour s'affirmer davantage.

- Si tu m'aimes et si tu as confiance en moi alors viens avec moi les saluer.

Rictus aux lèvres il se pencha en avant.

- Je t'aime, assez pour devenir fou si jamais...

Malia l'arrêta en posant sa main sur sa joue.

- Il ne m'arrivera rien si tu es à mes côtés.

Il ferma les yeux et céda à sa demande en lui prenant simplement la main. Le cœur battant à la chamade elle le suivit alors qu'il l'entraînait à l'autre bout de l'immense jardin. Des voix s'élevèrent au loin, mais Malia n'entendit que la sienne.

- Ton amour pour moi n'est qu'une ombre comparé à celui que je te porte.

Sans cesser de marcher il couvrir sa main d'un baiser alors qu'elle frissonnait à cette phrase émise avec force.

- Ne l'oublie jamais, ajouta-t-il sombrement avant qu'ils soient exposé à la foule d'habitants...

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