Chapitre 45
En quelques enjambées Caleb rejoignit la grande table du conseil et prit place devant eux. La tension était palpable, les regards qui convergeaient sur lui semblaient nerveux, hésitants.
- Je crois qu'il est temps pour moi de reprendre ma place de souverain. J'ai comme l'impression que vous doutez de ma capacité à reprendre ma place de chef.
- Jamais nous avons pensé une telle chose votre altesse ! S'exclama Omar stupéfait par ses propos.
Le regard noir, Caleb se redressa de toute sa hauteur en les balayant tour à tour, rictus aux lèvres.
- Vraiment ? Pourtant depuis mon retour vous semblez vouloir m'ôter la seule personne qui est responsable de ma présence ici, gronda-t-il en plaquant ses paumes de mains sur la table.
- C'est une américaine, se justifia l'un d'entre eux ; Elle faisait partie de la liste de Tahar. Nous craignons qu'un jour elle puisse partir, vous quitter et ébruiter cette affaire qui nuira au pays. De plus vous l'avez enlevé votre Altesse.
- J'apprécie vos efforts pour me protéger mais ce n'est pas nécessaire, articula Caleb sur un ton acerbe.
Il se redressa furieusement en les fixant tour à tour et d'un air menaçant.
- Malia est la femme que j'ai sauvé des griffes de Tahar. Malia est la jeune femme qui quand j'étais dans le noir, seul, loin de mes terres m'a permis d'espérer. Elle est la force qui m'a aidé à revenir ici. Allez-vous comprendre qu'elle est la seule personne au monde à me sauver des abîmes !
Devant le silence qui s'ensuivit Caleb décida de poursuivre avec virulence.
- Malia n'est pas comme ces autres femmes qui j'ai pu rencontrer par le passé. Il va falloir que vous compreniez que c'est elle et personne d'autre. Depuis son arrivée vous lui donnez l'impression d'être une intruse et ça, je ne le permettrais plus.
Omar se leva lentement, le regard désolé.
- Ça n'a jamais été notre intention votre Altesse, nous savons à quel point Malia compte pour vous. À partir de maintenant, nous veillerons à la protéger.
Caleb serra les dents alors que la colère ne semblait pas s'affaiblir.
- Je l'espère bien car si ce n'est pas le cas, vous serez contraint de trouver un nouveau souverain pour diriger ce pays, dit-il d'une voix tranchante.
Un brouhaha de chuchotements remplissait déjà la salle de réunion. L'horreur se peignit sur le visage de Omar.
- Inutile de songer à cela votre majesté ! S'exclama-t-il d'une voix étranglée.
- Alors veillez à ce que ma future femme qui porte mon enfant se sente la bienvenue en ces lieux, claqua Caleb d'une voix sombre.
Cette fois-ci son annonce fut accueillie par des exclamations bruyantes. Le conseil était visiblement ravi...enfin.
- Malia est enceinte ? S'enquit Omar d'un souffle.
- Oui elle l'est, nous venons de l'apprendre. Inutile de vous faire savoir que je serais intransigeant. Il faut la protéger de la presse, et de tout ceux qui tenteront de l'affaiblir par des rumeurs.
- Les choses vont devoir s'accélérer votre Altesse. Si Malia est enceinte il faut annoncer immédiatement votre mariage.
- C'est dans mon intention, répondit Caleb en allant se poster devant la grande fenêtre ; Dès ce soir nous serons marié et tu pourras l'annoncer. Peu m'importe si le pays l'accepte ou non. Peu m'importe s'ils pensent qu'elle n'est ici que pour ma fortune. Bientôt ils verront et saurons tous que ma femme est un espoir, une bienveillance dont on a tous besoin.
Caleb ferma les yeux, inspirant profondément alors qu'il avait l'impression que le parfum de Malia planait tout autour de lui. Un élan de possessivité lui fit serrer les mâchoires. Enfin il avait le sentiment d'avoir reprit son autorité, son devoir et surtout il avait l'impression de retrouver le guerrier qu'il était autrefois.
- Nous allons nous charger de tout, n'ayez crainte votre Altesse, promit Omar en invitant le conseil à se mettre au travail.
Et comme voulu, souhaité, avec une farouche détermination, Malia Hunter devint Malia Al-Eydhar épouse du souverain le cheikh Al-Eydhar. Caleb embrassa son épouse à l'abris des regards loin de cette cérémonie religieuse qui avait tendue la jeune femme. Nerveusement elle jeta un regard à sa main qui portait le symbole de leur union.
Dans sa belle robe immaculée et d'une simplicité qui lui était propre la jeune femme exerçait sur lui un pouvoir hors de contrôle.
- Comment te sens-tu ? Demanda-t-il en caressant son visage alors qu'il l'avait emmené dans la chambre Opale qui regorgeait d'histoires depuis des centaines d'années et que personnes n'avaient jusqu'ici trouvé, pas même Tahar. Et pour cause, seul les hommes de la famille connaissaient l'endroit où elle se trouvait c'est-à-dire dans les passages secrets construits par son arrière grand-père.
- Je me sens comme une femme comblée et heureuse....et J'aimerais savoir où nous sommes.
Les yeux rivés sur les murs recouverts de feuilles d'or.
- Nous sommes dans la suite secrète et réservée aux époux après la cérémonie. Personne ne sait où elle se trouve à l'exception de moi. Mon arrière grand-père l'a construite pour éviter d'être dérangé pendant sa lune de miel. Mon père l'a a son tour restauré dans le plus grand secret.
Les yeux pétillants sa femme esquissa un sourire timide, les lèvres pincées.
- Tu veux dire que personne ne sait où nous sommes ? Alors que nous sommes toujours dans le palais ?
Caleb la rejoignit et prit sa bouche avec ferveur et impatience.
- Personne, affirma Caleb en plongeant ses doigts dans ses cheveux.
- Nous sommes seuls, rien que nous deux, dans les profondeurs du palais, pour fêter notre mariage et notre enfant.
La jeune femme poussa un long soupir d'aise confirmant ainsi qu'il avait fait le bon choix en décidant de l'emmener dans cette suite qui portait le nom d'une pierre précieuse...parce que elle aussi était précieuse.
- J'ai l'impression d'être coupée du monde, comme si personne ne pouvait m'atteindre, murmura-t-elle en plongeant son visage dans son torse ; Je n'en reviens pas d'être ta femme Caleb.
Il prit son menton entre ses doigts.
- Pourtant tu l'es, dit-il d'une voix puissamment rauque ; Tu es ma femme aux yeux de la loi, tu es ma cheikha.
Malia avait l'impression d'être dans un rêve et ne voulait plus se réveiller. Cette chambre avait le pouvoir d'apaiser toutes craintes, toutes faiblesses. Elle avait l'impression d'être enfin la femme qu'elle avait toujours voulue être.
Les mains du cheikh se mirent à caresser ses bras puis ses épaules avant de faire glisser sa robe le long de son corps. Ce qu'elle voyait dans ses yeux opaque étaient si puissant qu'elle se retint de pleurer. Il l'aimait du regard...sa possessivité se reflétait dans ses prunelles et dans ses mâchoires serrées comme deux étau en acier.
Ils firent l'amour cette nuit-là mais cette fois-ci Caleb avait pris tout son temps avec une tendresse infinie.
Lorsqu'elle se réveilla dans ses bras chaud et dans un silence absolu Malia aurait voulu que ce moment se fige pour l'éternité.
Mariée, elle était mariée et enceinte et amoureuse. Que pouvait-elle demander de plus.
- Bonjour mademoiselle, susurra une voix chaude à son oreille.
- Bonjour, murmura-t-elle en étirant son corps engourdi.
Il en profita pour écarter les draps et embrasser son ventre naissant.
- J'ai hâte, j'ai tellement hâte de voir ton corps se transformer.
Malia leva un sourcil amusé.
- Tu veux dire quand je serais énorme et que mes seins ressembleront à du béton armé ?
Il ne put s'empêcher de rire.
- Non, dit-il en reprenant son sérieux ; Je veux dire quand ton ventre sera arrondi et que je pourrais sentir notre enfant bouger sur la paume de ma main.
Il caressa son ventre avec des gestes protecteurs.
- Aujourd'hui sonne l'officialisation de notre union. Omar s'apprête à lancer le communiqué. J'espère que tu es prête Malia.
Dans ses yeux, Malia décela de l'inquiétude.
- Je suis peut-être fragile ces derniers temps mais pas suffisamment pour craindre les critiques. Si personne n'accepte ma présence ici ça m'est égal Caleb. Je trouverai un moyen de leur prouver que je ne suis pas celle qu'ils pensent. Le principal c'est d'être avec toi.
Comme il gardait le silence Malia poursuivit.
- Cependant je dois admettre que je ne m'attendais pas à une telle méfiance de la part des journalistes.
- Ça c'est parce qu'ils ne savent pas toute l'histoire Malia, répondit le cheikh les yeux emplis de noirceur.
Malia n'avait pas besoin qu'il en dise plus pour comprendre qu'il faisait référence à Tahar..
- S'ils le savaient, qu'est-ce que ça pourrait changer ?
- Tout, crois-moi sur parole, mais je me refuse à le faire pour te protéger. Cette sombre nuit a fait assez de dégâts comme ça. Utiliser cette tentative d'enlèvement pour humilier ces journalistes avides de te rendre la tâche compliquée c'est trop risqué. De plus, le pays serait prit au piège dans un terrible scandale nous seront mal vu après des étrangers impactant le tourisme.
- Tu m'as sauvé Caleb, je...
- Oui, je t'ai sauvé et c'est tout ce qui compte.
Malia n'était pas d'accord mais décida de se taire. Du moins pour l'instant.
- C'est injuste, je trouve tout ceci injuste Caleb ça me rend folle de colère de devoir..
Il posa son pouce sur ses lèvres.
- Nous allons vaincre ensemble, qu'en pensez-vous madame Al-Eydhar ?
- Je pense que vous avez raison votre Altesse.
À peine ce pacte scellé que le téléphone portable de ce dernier reçut des tonnes d'alerte y compris le sien...signe que dorénavant le pays était officiellement au courant.
Une nausée lui monta à la gorge à la seul peur de lire les titres de la presse alors que les alertes continuaient de pleuvoir...la laissant à la fois soulagée, heureuse et craintive pour l'avenir...
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