Chapitre 41




Tendue, Malia observait sans cesse les portes du restaurant alors que les minutes s'effondraient plus rapidement. Le voyage jusqu'à New-York l'avait complètement fatiguée. Ajouté à cela, Malia angoissait depuis une bonne semaine à cause des innombrables articles qui paraissaient dans la presse. Elle était la cible numéro un et à force de la cacher, Caleb augmentait l'ardeur de leur envie de s'emparer d'une photo d'elle plus précise. En effet, la seule image qu'ils avaient d'elle était floue, laissant juste entrevoir sa silhouette et son visage caché par sa main en visière. Nerveusement elle se mit à jouer avec la nappe avant qu'une main vienne se refermer sur ses doigts.

- Tu es trop tendue Malia, il faut vraiment que tu te calmes.

La voix chaude du cheikh se propagea en elle comme un puissant anesthésiant. Elle dévia son regard dans sa direction et se laissa transporter par l'image parfaite qu'il renvoyait dans son costard taillé sur-mesure.

- Elle devait arriver vers vingt heures, elle a plus de trente minutes de retard.

Une vague lueur de mécontentement perça son regard noir.

- Attendons encore un peu, proposa-t-il en caressant ses phalanges avec son pouce.

Malia s'agita sur la chaise en essuyant sa paume de main libre sur sa robe. En relevant les yeux elle croisa le regard de sa mère et enfin elle esquissa un léger sourire avant que ce dernier s'évanouisse dans la nature.

Les tempes bourdonnantes elle se leva lentement pour accueillir ses parents visiblement à nouveau réuni. Un goût amer lui monta à la gorge.

- Bonjour ma chérie ! S'exclama sa mère en venant l'enlacer.

- Bonjour maman.

En retrait, son père se contenta de lui sourire en lui donnant un signe de tête. Des années de souvenirs douloureux lui remontèrent à la tête tandis qu'elle sentait ses jambes devenir lourde. Devant sa détresse, Caleb se présenta de la manière la plus douce possible puis se laissa tomber sur sa chaise.

- Je suis tellement navrée de vous avoir fait faux bond l'autre jour, s'excusa sa mère d'une voix sincère.

- Pourtant, je n'ai pas reçu un seul appel de ta part, nota Malia en adressant un regard perplexe à sa mère.

- J'étais très occupé et....

- Par ma faute, s'enquit Paul en lui souriant comme si rien ne c'était passé.

En colère Malia se redressa en posant ses coudes sur la table.

- Donc j'en conclus que vous vous êtes remis ensemble ?

Penaude, sa mère baissa la tête en lui confirmant la réponse qu'elle attendait.

- Écoute ma chérie je ne pense pas que ce soit le moment d'étaler notre vie personnelle devant ton compagnon.

Caleb, jusqu'ici silencieux décida d'intervenir.

- Cela ne me dérange pas madame Hunter, après tout votre fille attend ça depuis longtemps.

Il prit sa main délicatement et la posa sur sa cuisse.

- Ta mère et moi nous avons beaucoup discuté et...

- Oh par pitié j'ai déjà entendu ce discours des centaines de fois ! S'agaça Malia en peinant à maîtriser le son de sa voix.

- Cette fois-ci c'est différent, rétorqua sa mère et nous allons te le prouver.

Caleb observa tour à tour les parents de Malia et comprit trop tard qu'il n'aurait jamais dû organiser ce dîner. Il y avait trop d'incertitude de la part des deux et Caleb se surprit à se méfier sur l'instant. Il serra davantage la main de la jeune femme en contractant ses mâchoires.

- Fais-nous confiance Malia je te promets de ne pas te décevoir, insista son père en lui adressant un regard tendre.

Caleb se tourna vers Malia et au vu de sa réaction il comprit qu'elle s'apprêtait à accepter par dépit voire par désespoir.

- Faites comme vous voulez, je suis épuisée, murmura-t-elle en attrapant son verre.

Malia s'humecta les lèvres alors que la tension était à son maximum. Pour éviter de gâcher la soirée elle s'efforça de tenir une conversation tout à fait banale et reçut l'aide de Caleb qui de son côté faisait tout son possible pour émettre deux ou trois rires presque forcé. Avait-il lui aussi senti la peine qu'elle avait ressentie ?

Secrètement émue elle tenta de donner une chance à son père, la dernière sans doute.

- Puis-je vous laisser deux minutes j'aimerais parler à ma fille seul.

Malia se leva en plongeant son regard dans celui du cheikh qui impassible, inclina sa tête en guise de réponse.

- Je suis content de te voir si heureuse Malia et je suis vraiment désolé d'avoir été un père si absent. Je compte bien me rattraper.

- Ah oui et comment ? S'enquit Malia en levant un sourcil perplexe.

- Tient, c'est pour toi.

Malia récupéra les feuilles qu'il venait de sortir de sa veste et les déplia pour les étudier.

- Je peux savoir ce que c'est ?

- Une partie de ma société, une signature et tu en hérites d'une partie.

- C'est très gentil de ta part mais ton entreprise ne m'intéresse pas.

- Peut-être mais cette garantie te permettra d'en obtenir une partie et te mettra à l'abris du besoin.

Délicatement il posa une main sur son épaule en lui décrochant un léger sourire.

- Laisse-moi y réfléchir s'il te plait, murmura-t-elle en pliant les feuilles.

Malia s'écarta légèrement, les yeux baissés.

- Crois-moi Malia je regrette de ne pas avoir été suffisamment présent.

- C'est trop tard, le mal est fait, répliqua Malia le cœur serré : Néanmoins je tiens compte de ton geste.

Elle fit demi-tour en songeant une fois de plus à lui faire confiance car sa mère semblait heureuse. Cependant si son cœur lui soufflait de lui offrir une dernière chance, son esprit lui...n'arrêtait pas de lui crier de se méfier.

N'ayant pratiquement rien avalé, Malia se sentit mal et en proie à un violent maux de ventre.

Dans la voiture qui les ramenait à l'hôtel Malia sentit la pression redescendre.

- Ta mère est très charmante, lança Caleb en l'attirant à lui.

- Et mon père ? S'enquit-t-elle en levant les yeux vers lui.

- J'ai des réserves à son sujet, je préfère te l'avouer.

- Ne me cache rien Caleb, j'aime quand nous sommes sincère l'un envers l'autre, dit-elle alors que la voiture s'arrêtait sur le parking privé.

Il planta un baiser sur son front avant de quitter la voiture pour lui ouvrir la sienne. Hélas Malia semblait incapable de sortir de la voiture.

Elle se redressa lentement en se tenant au rebord de la banquette alors que sa tête lui tournait.

Caleb se pencha vers l'habitacle et son sang se figea lorsqu'il la vit, pâle, livide.

- Malia ? Est-ce que tu vas bien ? Que se passe-t-il ? S'enquit Caleb en lui prenant le visage.

- J'ai la tête qui tourne, dit-elle en poussant une légère plainte : J'ai eu la bêtise de ne pas manger ce matin ni même...

Malia n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il l'avait déjà soulevée dans ses bras pour la ramener à l'intérieur. Malia ferma les yeux pour mieux endiguer ce vertige qui l'assaillait.

- Alors tu m'as menti ce midi lorsque je t'ai demandé si tu avais mangé ? Lança-t-il quelque peu furieux.

- J'ai grignoté quelque chose mais ce n'était visiblement pas suffisant, admit-elle lorsqu'il la déposa sur le lit.

- Je vais appelé un médecin.

- Non ! Ce n'est pas la peine ! S'écria Malia en tirant sur sa veste.

- J'ai besoin de savoir si tout va bien Malia, dit-il entre ses dents serrées.

Jamais elle ne l'avait vu dans un tel état de colère à son sujet.

- Ta colère ne m'aide pas Caleb.

- Je ne suis pas en colère juste mécontent que tu m'aies sciemment menti.

- Je suis désolé Caleb, murmura-t-elle en se redressant ; Ça y est, je vais mieux, je te le promet.

Expirant par les narines il plaqua sa main contre sa nuque pour l'attirer à lui. Le baiser qu'il lui donna était presque comme une punition qu'elle se surprit à savourer.

- Je vais te commander à manger.

Malia le regarda partir avec un pincement au cœur. Déçue d'elle-même Malia se laissa tomber sur le lit alors qu'elle l'entendait au loin passer une commande presque démesurée.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il en revenant vers elle alors qu'elle étudiait les documents que son père lui avait donné.

- Des papiers que mon père m'a donné, il veut me céder une partie de son entreprise.

La réaction du cheikh ne se fit pas attendre. Il prit possession des papiers pour y jeter un rapide coup d'œil.

- Je me dis qu'il est peut-être temps pour moi de lui laisser une chance, ajouta-t-elle d'une voix hésitante mais percée d'espoirs.

- Je vais les étudier pour toi, décréta-t-il en les rangeant dans la table de nuit.

- Tu as des doutes ? Demanda Malia en voyant très clairement son expression se fermer.

- Oui et je regrette d'en avoir surtout vis à vis de ton père.

Il s'éloigna puis revint avec un peignoir et un vêtement plus confortable. Malia se retint presque de pleurer par tant d'attention de sa part.

- Je suis désolé.

- Arrête habibti, je ne suis pas en colère contre toi mais contre moi. C'était une mauvaise idée, ce voyage était une mauvaise idée. Toute la soirée tu as été triste et c'est de ma faute.

- Ce n'est pas de ta faute, tu ne pouvais pas savoir que mon père allait débarquer. Et puis tout n'est pas perdu. Il me tarde de revoir Cassie.

Il grimaça en s'installant sur le rebord du lit.

- Cassie ? La même Cassie qui t'a conseillé de te laisser happer par des fantasmes inavouables, te priant presque de lui raconter tout les détails ?

Malia esquissa une moue puis se cacha le visage.

- En effet, répondit-elle les joues cramoisies.

Il glissa son index dans une mèche de ses cheveux pour l'enrouler autour de son doigt.

- Ton amie a de la chance de t'avoir et elle a de la chance que je sois dans l'obligation de me rendre à une réunion importante.

Il déposa un baiser sur son nez.

- Quelle réunion ?

- Une réunion de derrière minutes.

Il l'embrassa avec douceur puis se leva lentement pour détourner son regard d'elle.

Caleb lui tourna le dos pour éviter de lui montrer l'effroyable colère qui lui montait au visage. Il ne supportait pas de la voir malheureuse, il ne supportait pas de voir de la déception couvrir ses yeux. Et sans le savoir bientôt elle serait à nouveau déçue par son père. Roulant des épaules pour détendre sa nuque raide Caleb crispa ses mâchoires avec la ferme intention de faire comprendre à cet homme qu'il n'aurait jamais dû tenter de le duper...

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