Chapitre 4
Malia demeura immobile, perdue dans la contemplation de l'inconnu. Presque aussitôt, son rythme cardiaque s'accéléra tandis que son regard transperçait le sien avec une intensité qui lui coupa le souffle. Grand, très grand, il avait de larges épaules imposantes et un torse massif enfermé dans une chemise noire ouverte au col, dévoilant une peau bronzée. Malia déglutit en observant son visage impassible. Il avait des yeux d'un noir profond et ses sourcils sombre renforçaient cette aura d'autorité qui l'enveloppait entièrement. Quant à sa bouche, elle semblait dure, sensuelle, emplie de promesses silencieuses. Ses mâchoires volontaires donnaient l'impression qu'il pouvait encaisser les coups sans grimacer. Ses cheveux noir de jais renforçait son impeccable barbe de trois jours. Malia réalisa trop tard qu'elle paraissait stupide ainsi béate devant ce mâle alpha qui commençait tout juste à lui donner des bouffées de chaleur. Elle baissa les yeux sur ses larges mains posées sur le comptoir en acier et remarque qu'elles étaient crispées, presque tremblante alors que le poids de son regard était perçant, presque inquiétant. Malia dut se reprendre très vite car son travail consistait à servir les clients et non de les dévisager. En deux ans, Malia avait eu la chance de voir des hommes beaux, élégants et charismatiques mais celui-là avait quelque chose de spéciale, de mystérieux qui la rendait presque nerveuse. Malgré tout elle fit un pas dans sa direction presque soulagé que le comptoir soit un rempart sécurisant.
- Je vous sers quelque chose ?
L'inconnu ne répondit pas, les yeux enfoncés dans les siens comme s'il voulait prendre possession de son esprit.
- Un café, s'il vous plaît, articula-t-il d'une voix rauque et presque tremblante de fureur.
Malia se recula doucement, alors que sa peau était parcourue de frissons. Sa voix était gutturale, profonde avec des vibrations de rage.
- Tout de suite, dit-elle en se retournant pour échapper à ses yeux perçants.
Malia se dirigea vers la machine à café et soudain l'éloignement lui rendit toute maîtrise de soi. Cependant elle se put s'empêcher de jeter un coup d'œil dans sa direction. Son regard sévère était toujours ancré dans le sien. Malia s'empressa de détourner les yeux puis glissa sa main sur tasse brûlante pour la lui apporter.
- Voilà pour vous ! S'exclama-t-elle en arborant un sourire chaleureux.
Il ne dit rien, et se contenta de refermer ses longs doigts sur la tasse.
Malia pivota les talons pour se concentrer sur les verres à essuyer.
Caleb serra les dents pour mettre un terme à ce véritable supplice. Il ne parvenait pas à détourner son regard et avait conscience qu'il avait les yeux fous. Dans la nuit noire de Zyarhan il avait pu déterminer ses traits délicats et fins et cette paire d'yeux azuré....mais là, dans l'éclairage lumineux la jeune femme était cent fois plus désirable. D'une beauté insaisissable, ses cheveux chocolats retenus en chignon exposaient un visage lisse, une bouche charnue et des yeux brodés de longs cils noirs. En un regard elle avait réveillé sa libido, enflammé ses sens. Sa silhouette pulpeuse et sa taille fébrile attisaient un désir indomptable. Caleb sentit ses muscles se contracter comme s'il venait de recevoir une décharge électrique. Il relâcha la tasse brûlante avant de la réduire en pièce et crispa une main sur le tabouret. Elle ne semblait pas se souvenir de lui, mais il avait pu voir dans ses yeux une nervosité évidente. Il ferma les yeux pour endiguer le détour de ses pensées qui prenaient un virage très dangereux.
Caleb inspira une bouffée d'air pour se détendre et reporta son attention sur elle. Occupée à nettoyer les verres elle lui tournait le dos et exécutait des gestes presque automatiques. Captivé Caleb se contenta de l'observer mais son impatience prenait déjà le dessus. Il attendit alors qu'elle se retourne et termina son café d'un trait pour en commander un autre.
- Un autre s'il vous plaît.
Attirant son attention la jeune femme se retourna, dévoilant un visage rougi, une lèvre pincée d'hésitation...
- Vous êtes sûr ? Osa-t-elle demander en s'approchant ; Vous semblez déjà sur ressorts.
Ce commentaire lui prouva alors qu'il n'avait pas pu masquer le feu ardent et incontrôlable qui l'avait saisi.
- Vous trouvez ? Demanda-t-il pour ouvrir le dialogue.
Elle rougit à nouveau, puis haussa des épaules avec hésitation.
- C'est juste un commentaire, vous pouvez boire autant de café que vous le désirez.
En ce moment ce n'était pas du café qu'il désirait, songea-t-il en musclant ses mâchoires d'un tressautement. Sa voix était douce, apaisante et se conformait parfaitement à son visage angélique.
- Depuis quand travaillez-vous ici Malia ?
Ses yeux azurés s'écarquillèrent puis elle fronça des sourcils.
- Comment savez-vous comment je m'appelle ? S'enquit-elle sur la défensive.
Dressant un sourcil, Caleb pointa son badge accroché à son chemisier. La jeune femme baissa la tête puis la releva en fermant les yeux.
- Quelle idiote, excusez-moi j'ai cru que...
Elle s'interdisait la suite car le cours de ses pensées était presque aussi limpide que le regard méfiant qu'elle lui adressait.
- Caleb, se présenta-t-il pour adoucir l'atmosphère.
Un léger sourire entama ses lèvres charnues provoquant en lui l'ébauche d'un fantasme qu'il dut éteindre avant qu'il en fasse une réalité.
- Vous n'avez pas répondu à ma question, lui fit-il remarquer d'une voix qu'il voulait sans note obscures.
- Oh, je suis ici depuis deux ans maintenant, et si vous avez l'intention de me demander ce qui a bien pu me plaire dans ce travail, je vous répondrais rien du tout hormis un salaire acceptable.
Malia s'admonesta au calme même si ses paumes de mains devenaient moites si bien que les verres lui glissaient entre les doigts. << Caleb >> Il portait bien son prénom, songea-t-elle en posant le dernier verre sur le comptoir. C'était presque comme si le prénom l'avait choisi et non l'inverse.
- Qu'est-ce qui vous déplait tant ? Etre serveuse est un travail honorable et si vous l'avez choisi c'est qu'au fond il ne vous déplait pas autant que vous le dites.
Choquée par cette analyse presque exacte Malia le dévisagea longuement avec de lui répondre.
- Il n'est pas déplaisant, ce qui est déplaisant c'est ça, répondit-elle en tournant la tête vers l'homme ivre mort qui ronflait à l'autre extrémité du bar.
- Vous avez de la chance ce n'est qu'une ébauche, parfois c'est bien pire, ajouta-t-elle en reportant son attention sur lui.
- Vous voulez que je m'en charge ? Proposa-t-il sans quitter l'homme du regard.
Malia se redressa lentement alertée par la couleur obscure de ses yeux.
- Non, ne vous inquiétez pas, il va soit finir par se réveiller soit la sécurité finira par intervenir.
Suivant la trajectoire de son bras musclé Malia s'arrêta sur son avant-bras et remarqua une marque de brûlure. Le pouce de sa main tapotait l'acier du comptoir très vite, et c'était comme si elle n'existait plus.
- Je vais vous cherchez votre café, déclara-t-elle en s'éloignant, le cœur battant à la chamade.
D'ordinaire elle ne perdait pas son souffle, elle ne sentait pas son cœur s'emballer de cette manière inexplicable. Elle ne se mordait pas la lèvre non plus et aucun frisson ne chevauchait sa peau si follement. Lorsqu'elle revint avec son café elle remarqua que son attention était de nouveau sur elle. C'était presque comme s'il n'éprouvait aucune vergogne à la regarder de cette façon si étrange.
- Avez-vous déjà voyagé Malia ?
D'abord surprise par la chaleur qui venait de couvrir son bas-ventre en l'entendant prononcer son prénom avec cet accent chaud, Malia répondit par un vague hochement de tête.
- Où était-ce ? demanda-t-il en la prenant de court.
D'ordinaire elle n'avait pas le droit de parler avec les clients et cela pouvait lui attirer des ennuis dont elle n'avait pas besoin, mais c'était comme si elle ne pouvait pas s'empêcher de lui répondre.
- Zyarhan, lâcha-t-elle peu désireuse de s'étendre sur ce voyage qui s'était très mal terminé.
- Vous semblez déçu, observa-t-il.
- C'était...bien, jusqu'à ce que ça ne le soit plus, répondit Malia en réprimant l'assaut de sombres souvenirs.
L'inconnu braqua son regard dans le sien en silence puis entama son café l'air soucieux.
Malia voulait se réduire au silence mais c'est comme si elle était poussé à se confier.
- Des hommes m'ont agressé, lança-t-elle en scrutant sa réaction.
- Comment avez-vous réussi à vous en sortir ? S'enquit-il en reposant sa tasse lentement.
Caleb ne voulait pas lui raviver cette nuit-là car il était clair qu'elle ne l'avait pas oublié. Il voulait juste savoir si elle avait gardé un souvenir de lui.
Les yeux dans le vague, elle secoua fébrilement sa tête.
- Un homme est intervenu et je me suis enfuie, conclut-elle en se retournant pour triturer nerveusement les fut à bière.
Caleb allait devoir se contenter de ça et il en ressentit de la frustration. Lui dire qu'il s'agissait de lui serait trop facile voire risqué. Aujourd'hui il devrait se contenter de ça...seulement aujourd'hui...
D'un œil aiguisé il observa l'homme endormi et se demandait pourquoi la sécurité n'intervenait toujours pas.
- Je suis navré, finit-il par déclarer.
Elle se retourna pour lui offrir un sourire en coin.
- Ce n'est pas grave, assura-t-elle.
Caleb abaissa son regard sur ses lèvres, et presque aussitôt un nouveau désir monta en lui. De toute son existence jamais il ne s'était senti à ce point envahi par cette sensation qui mettait à mal tous ses efforts pour se contenir.
- Quand finissez-vous votre service ? Demanda-t-il en fixant ses lèvres pincées.
- Midi puis je reviens ce soir pour assurer mon autre service pourquoi ?
Parce qu'il comptait rester ici, songea-t-il en jetant un rapide coup d'œil à son café à moitié vide. Il voulait l'observer, visualiser chaque parcelle de sa vie, comprendre pour quelle raison elle provoquait en lui une obsession telle qu'il se sentait prêt à n'importe quelle folie pour parvenir à ses fins...
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