Chapitre 35




Omar écarquilla les yeux visiblement surpris. Caleb de son côté demeura impassible et déterminé. C'était son seul et unique moyen de protéger Malia. Après tout elle était sa compagne depuis bientôt trois semaines à quoi bon éviter l'inévitable ? C'est ce qu'il voulait, au plus profond de son être et bien plus encore.

- Votre majesté, j'espère que vous êtes sûre de ce que vous faite, déclara Omar avec prudence.

- Je n'ai jamais été aussi sûr de toute ma vie, articula Caleb fermement : Je suis sûr de moi depuis que je l'ai rencontré.

Omar inclina brièvement la tête en silence.

Caleb profita de son silence pour poursuivre.

- Lance un communiqué dans la soirée en indiquant officiellement que Malia Hunter demeure auprès de son Altesse et que nul ne peut l'approcher sous peine d'être arrêté. Je ne veux pas que les journalistes s'emparent d'elle comme ils se sont emparé de moi. D'autant plus qu'ils seront bientôt en proie à de diverses rumeurs qui les pousseront à faire des recherches sur elle.

- J'en informerai le grand conseil plus tard dans la journée, déclara Omar après avoir noté toutes ses instructions.

- Merci Omar, murmura-t-il tandis qu'il s'éloignait vers la sortie, pressé de retrouver sa belle Malia.

Il savait en son for intérieur que cette décision pouvait avoir des conséquences car en officialisant son couple avec Malia, il ouvrait les portes sur un éventuel mariage. Cette perspective le donna des frissons délicieux alors que sa possessivité devenait plus forte chaque seconde de chaque heure passée ici.

Malia avait réveillé en lui des émotions si fortes qu'il peinait à garder le contrôle.

Au détour d'un couloir il s'arrêta à hauteur d'une porte qu'il avait condamné un mois plus tôt. Derrière ses briques, il y avait le bureau de Tahar. Les mâchoires serrées il dévia son regard et poursuivit son chemin en essayant d'oublier les images du passé.

Une fois qu'il eut atteint le dernier étage, Caleb pénétra dans ses appartement en prenant d'assaut chaque recoin des pièces. Lorsqu'il la trouva allongée sur son grand lit vêtue d'un peignoir en coton et endormie, son sang s'échauffa dans ses veines.

Caleb s'approcha pour l'admirer ainsi positionnée en travers sur le lit, les cheveux éparses autour de son beau visage. Il s'allongea près d'elle en posant un coude sur le matelas puis caressa ses cheveux avec tendresse. Ses grands yeux bleus s'ouvrirent lentement et derrière les filtres de lumière qui traversaient les rideaux son beau visage prit des teintes de miel.

- Je me suis assoupie, murmura-t-elle en roulant sur le dos.

- J'ai tardé, la réunion était plus longue que je le pensais, murmura-t-il en déposant un baiser sur ses lèvres.

- Alors cette urgence ? Demanda-t-elle d'un murmure en glissant la naissance de ses doigts dans sa barbe.

- Tout est réglé, nous sommes dorénavant seuls, murmura-t-il d'une voix chaude.

Il caressa ses cheveux puis passa son pouce sur ses lèvres avant de les goûter encore une fois. Leur douceur n'avait plus de secret pour lui..elles étaient à lui.

- J'ai profité du hammam comme tu me l'as conseillé, dit-elle en se redressant sur les genoux avec un sourire en coin.

- Et ? Comment tu as trouvé ça ?

- C'était très agréable et je suis parvenu à me détendre, dit-elle en se pinçant les lèvres.

Caleb enfouit alors sa main dans ses longs cheveux pensivement.

Il était peut-être temps de lui dire la vérité au sujet du communiqué qu'il s'apprêtait à diffuser dans le pays. Il fallait à tout prix qu'il connaisse les profondeurs de ses pensées. Il fallait qu'il sache si Malia était prête à partager sa vie et pour une durée indéterminée.

- Malia, je dois te poser une question et j'aimerais que tu me répondes sincèrement.

Malia fut d'abord surprise par la tonalité sérieuse de sa voix puis se concentra sur l'expression sérieuse qu'il arborait.

- Je t'écoute, murmura-t-elle en posant ses mains sur ses genoux après s'être assise en tailleur.

- Est-ce que tu penses que notre relation peut avoir un avenir plus important, plus fort que tout ce que l'on a vécu depuis notre première rencontre ?

Devant l'hésitation certaine du cheikh Malia fronça des sourcils. À ce jour, c'était bien la première fois qu'elle le voyait perde la totalité de ses moyens.

- Tu veux dire est-ce que je crois que notre relation peut durer dans le temps ?

- Oui, Malia c'est exactement ça.

- Tu as des doutes ? S'enquit-t-elle sur la défensive en se reculant pour marquer une distance qui lui attira les foudres du cheikh.

- Comment puis-je avoir des doutes Malia ! Gronda-t-il en se levant brusquement pour arpenter le tapis persans.

- Tu te comportes d'une façon très étrange depuis notre arrivée Caleb, tu ne peux pas me reprocher d'avoir des interrogations.

Il s'arrêta brutalement pour lui manifester un regard qui lui envoya une décharge de frissons.

- Tu n'es pas sans savoir que c'est difficile pour moi de faire fi du passé...

- Et c'est très difficile pour de t'apporter l'aide nécessaire pour y parvenir si tu ne me dis pas tout, rétorqua Malia sans bouger du lit.

Comme il ne répondait rien, Malia poursuivit :

- Je te connais Caleb, assez pour savoir qu'il y a autre chose qui te perturbe et qui n'a rien avoir avec les murs du palais.

- J'ai ordonné à Omar de publié un communiqué qui officialisera notre couple dès ce soir, lâcha-t-il si vite qu'elle n'eut guère le temps de reprendre sa respiration.

Elle cligna des yeux à plusieurs reprises.

- Et ? Quel est le problème ? Demanda Malia en fronçant des sourcils : C'est ce que nous sommes non ? Un couple ?

- Oui, murmura-t-il en la dévisageant longuement.

La gorge nouée Malia tenta de déchiffrer l'énigme des ses yeux.

- Mais ? Insista-t-elle en ne lâchant pas son regard.

- Mais à Zyarhan, lorsqu'un souverain déclare une telle chose tout en l'officialisant, c'est interprété différemment.

Les joues en feu elle nota une lueur possessive embraser son regard noir.

- Interprété comment ? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.

Il prit une grande inspiration jusqu'à gonfler son torse.

- Interprété comme un souverain qui annonce à son peuple qu'il a trouvé sa fiancée voire épouse, lâcha-t-il d'une voix rauque.

Malia demeura immobile, le temps pour elle d'endiguer le choc. Son corps rentra en une sorte de torpeur intérieur...comme si son estomac brûlait et son cœur ne semblait plus retenir ses battements. Avec le temps, elle avait fini par apprendre à voir son destin chambouler par cet homme qu'elle aimait par dessus tout. Cependant il ignorait la charge d'amour qu'elle lui témoignait.

Le cœur battant à vive allure elle le suivit des yeux alors qu'il prenait le chemin de son bureau.

- Ton silence est en train de mon tordre le ventre habibti.

- Je suis juste surprise, balbutia Malia en se levant pour le rejoindre.

- Je suis désolé de te prendre de court mais il le fallait, je dois te protéger, de la presse, des rumeurs...

Malia croisa les bras pour réprimer un torrent de frissons tandis qu'il venait de braquer son regard sur elle.

- Et le plus important, c'est que je refuse que tu sois loin de moi.

- Je n'ai pas l'intention de partir Caleb, je te l'ai déjà dit.

- Je le sais mon ange, murmura-t-il les traits torturés.

Elle s'agita légèrement pour mieux préparer son aveu.

- Cependant j'ai peur Caleb.

Il n'en fallut pas plus pour qu'il s'empresse de faire le tour du bureau, inquiet.

- Peur ? De quoi tu as peur ?

Oh s'il savait ! S'écria intérieurement Malia. Elle avait peur qu'il finisse par reprendre sa vie d'avant, peur qu'il finisse par l'oublier, peur qu'il l'abandonne alors qu'elle avait l'impression de revivre à ses côtés.

- J'ai peur qu'un jour...

Il posa son pouce sur ses lèvres pour l'interrompre. Il prit son visage entre ses mains puis l'obligea à le regarder dans les yeux.

- Ça n'arrivera jamais, articula-t-il entre ses dents comme s'il avait lu dans ses pensées.

Alors que les mots se perdaient sur ses lèvres elle sentit sa bouche s'écraser contre la sienne.

- Jamais je ne pourrais te quitter et sais-tu pourquoi ?

- Non, murmura-t-elle en peinant à retenir ses larmes.

- Parce que j'en mourrai ! Articula-t-il d'une voix qui venait du tréfonds de son être.

Cet aveu la fit trembler alors que les larmes ruisselaient sur son visage. Jamais un homme lui avait témoigné une telle charge d'amour.

Un amour qu'elle était prête à mettre à l'épreuve des nombreuses barrières qui se dressaient encore devant elle.

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