Chapitre 34




Lorsqu'il mit fin à la conversation, Malia continuait toujours de l'interroger du regard. Il lâcha quelques mots inintelligles en se passant une main sur le visage.

- Caleb ? Que se passe-t-il ?

Elle se leva pour le rejoindre alors qu'il arborait à présent une mine impénétrable.

- Rien d'important, certaines affaires semblent urgentes, plus urgentes que je le pensais, expliqua-t-il en allant à son bureau.

Suspicieuse, Malia observa attentivement son regard pour tenter de percer la vérité. Hélas Caleb avait le don incroyable de se fermer à toute émotion ou bien les dévoiler quand il jugeait nécessaire de le faire.

- Tu dois partir je présume ?

- Partir ? Répéta-t-il d'une voix presque glaciale ; Je ne vais nulle part Habibti, je ne te laisserai pas seule ici. Mes conseillers vont me rejoindre à la salle de réunion dans moins d'une heure pour régler cette affaire.

Il rafla un document laissé sur le côté du bureau puis s'avança vers elle pour lui prendre la main.

- Caleb ?

- Oui ?

- Est-ce que tu me caches quelque chose ? Demanda-t-elle en l'obligeant à s'arrêter.

Il souda son regard au sien avec une profonde lueur dans les yeux.

- Je me suis toujours montré honnête avec toi Malia et tu le sais, commença-t-il sur un ton solennel.

- Oui et c'est cette franchise qui est la dynamite de notre couple, affirma Malia en esquissant un fluide sourire.

Il combla les quelques centimètres de distance et de son pouce, caressa ses phalanges.

- J'ai réellement une affaire urgente à régler et je dois également t'avouer que les photographes ont déjà publié les photos sur internet.

Malia cilla en balbutiant quelques mots inaudibles.

- Comment est-ce possible ? S'enquit-t-elle assommée par la nouvelle.

Ces photos ne seraient pas sans conséquences et Malia le savait. Ici à Zyarhan les choses étaient très certainement différentes et bien que le seul commanditaire de ces lois se trouvait devant elle, Malia ne put s'empêcher de frémir.

- La guerre des journalistes pour commencer, ensuite le désir d'obtenir le scoop en premier.

- Caleb je sais à quel point il y a des règles ici, je ne veux pas que...

- Des règles ? Répéta-t-il en étouffant un rire incrédule ; Oui il y en a mais elles sont loin d'être comme tu sembles le penser. De quoi as-tu peur Malia ? Que l'on te pense fiancée à moi ?

Cette fois-ci Malia lut une profonde déception s'emparer de ses yeux. Pourtant, il n'avait aucune idée de la tempête d'émotions qui venait de la saisir jusqu'à lui tordre le cœur.

- Non je n'ai pas peur, je veux juste éviter de t'attirer des ennuis, avoua-t-elle au plus grand mécontentement du cheikh qui serra les mâchoires.

- Je t'interdis de penser ça ma chérie, furent les seuls mots qu'il déclara avant de l'embrasser tendrement.

Malia répondit à son baiser avec soulagement puis dut s'écarter quand quelques coups résonnèrent à la porte.

Un haut-le-corps la surprit si bien qu'il alerta le cheikh qui aussitôt enlaça sa taille.

- Il s'agit sûrement de Omar, murmura-t-il pour la rassurer.

Le cœur battant elle réalisa qu'elle n'avait pas sursauter de surprise mais de peur...une peur qui lui noua l'estomac. Elle la réprima avant que Caleb s'aperçoive de quelque chose.

- Omar ? Ton conseiller ? Demanda-t-elle pour tromper les tremblements dans sa voix.

- Oui.

Les deux portes s'ouvrirent sur un homme âgé d'une cinquantaine d'années vêtu d'un vêtement traditionnel. Au premier regard Malia sut qu'il s'agissait d'un homme empli de sagesse. Il se rapprocha en la détaillant de la tête aux pieds s'ensuivit d'un large sourire chaleureux.

Malia demeura immobile aux côtés de Caleb et le salua timidement.

- Omar, je te présente Malia, déclara-t-il après de brèves mais sincères embrassades entre les deux hommes.

- Mademoiselle Hunter vous n'imaginez pas à quel point je suis ravi de vous rencontrer enfin.

- De même monsieur, dit Malia avec un grand sourire ; Caleb m'a beaucoup parlé de vous.

L'intéressé esquissa un sourire toujours rempli de sagesses puis se tourna vers Caleb.

- Je sais à quel point il vous tenait à cœur de rester seul votre Altesse mais il s'agit d'une affaire urgente.

Les deux hommes s'échangèrent un regard mystérieux puis Omar quitta les appartements avec empressement.

- Je peux savoir de quelle urgence il s'agit ? S'enquit Malia sans cacher la légère panique qui perçait dans sa voix.

- Une affaire qui concerne le pétrole, dit-il en embrassant son front : Je te conseille de profiter du hammam, je n'en ai pas pour longtemps.

Sa réponse lapidaire était si suspecte qu'elle plissa des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse en refermant les deux portes derrière lui.

Malia ne voulait pas s'inquiéter même si pour l'heure son esprit était surchargé de questions sans réponses. Toutefois elle faisait suffisamment confiance à Caleb pour se diriger vers une porte qui donnait sur un dédale de marches.

Curieuse, elle s'y engouffra puis descendit l'escalier et découvrit une splendide pièce faite entièrement de pierres couleur sable.

Il s'agissait du hammam et Malia ne put résister à l'envie d'en profiter ne serait-ce qu'un petit instant.

~

Caleb pressa le pas jusqu'à la salle de réunion précédé par Omar qui s'arrêta un bref instant les traits marqués par une mine inquiète.

- Je me dois de vous le demander votre Altesse, est-ce que vous allez bien ?

- Tant que Malia est là je vais bien, si quelqu'un vient à me l'arracher, alors tout ira très mal pour chaque personne qui se trouvera sur mon chemin.

Omar se contenta d'un bref hochement de tête puis s'empressa d'ouvrir la porte avant lui. Quand Caleb découvrit les dizaines de conseillers autour de la table ronde, une furtive envie de meurtre lui passa dans l'esprit avant de reprendre le contrôle. Malia était là seulement depuis une heure et il devait déjà s'employer à la protéger de la presse.

Les journalistes l'avaient déjà ciblé, l'obligeant à faire des choix. Et il se sentait prêt à les faire.

- Votre Altesse, clamèrent ses hommes un s'inclinant.

Caleb constata que leurs visages étaient marqués par un profond respect suivi d'un soulagement collectif de le voir.

- Je suis ravi d'être de retour, je sais à quel point mon voyage a pu vous laisser dans l'ombre, commença-t-il en s'installant en face d'eux ; Je suis désolé de vous avoir laissé autant de temps sans réponse mais maintenant c'est fini.

Oui ça l'était, songea-t-il en les balayant tour à tour d'un regard déterminé.

- L'extension de pétrole attire de plus en plus de clients dans de nombreux pays votre Altesse.

Caleb passa en revu les nombreux dossiers urgents en peinant à y mettre toute sa concentration car dans un coin de sa tête il savait que Malia était seule et qu'elle n'avait pas manqué de s'apercevoir qu'il y avait un problème.

- À présent, il est temps pour nous de passer à la situation la plus urgent, lança Omar avec prudence lorsqu'ils eurent fini.

Caleb braqua son regard dans le sien et se redressa lentement.

- Les photos qui ont été prises il y a peu de temps sont en train de susciter énormément de questions votre Altesse.

- Alors il suffit d'y répondre, répondit Caleb se calant contre le dossier du fauteuil.

- Qui est cette fille ? S'enquit l'un d'entre eux.

Tenu jusqu'ici au secret, Omar tapota ses doigts sur la table en baissant les yeux, lui témoignant ses remords de l'avoir pris pour un fou.

- Il s'agit de la jeune américaine qui a été agressée par les hommes de Tahar et que je cherchais, que je tentais désespérément de retrouver.

Des murmures silencieux éclatèrent autour de lui mais Caleb n'en prit guère compte et garda les yeux rivés sur Omar.

- Les chances que cette information soit divulguée sont mince mais réelle, poursuivit Caleb en se levant pour arpenter la grande salle de réunion.

- Si tel est le cas, mademoiselle Hunter sera traquée où qu'elle aille votre Altesse, certains journalistes seraient même capable de vous accuser de...

Ahmed s'interrompit brutalement alors que Caleb sentait déjà ses mâchoires se décrocher.

- De l'avoir enlevé ? C'est déjà fait mon ami, dit-il d'une voix doucereuse.

Caleb sentit ses muscles se raidir mais lutta.

- Messieurs, je vous expliquerais en profondeur plus tard, intervint Omar en se levant pour les inviter à partir.

Lorsqu'ils furent seuls, Caleb exhala un long soupir en sentant ses muscles trembler de colère.

- Je suis navré, je pense que nous aurions dû nous entretenir seul à seul, s'excusa Omar en reprenant place.

- En effet ! Je voulais de la tranquillité, tu sais à quel point c'est important pour moi, tu sais à quel point je suis en train de prendre sur moi et tu sais que Malia est à ce jour la seule personne qui compte à mes yeux.

Lentement il se retourna pour le confronter, mâchoires serrées, puis déclara :

- C'est pourquoi tu vas faire un communiqué pour annoncer officiellement que Malia Hunter est à ce jour ma compagne...

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