Chapitre 33
Lorsqu'il poussa les deux grandes portes qui faisaient à elles seules quatre mères de haut Malia retint sa respiration et le suivit à l'intérieur. Le sol était recouvert de marbre, les hauts plafond gigantesques. Au centre d'un dédale de couloirs impressionnants il y avait un majestueux escaliers qui de par sa courbe légèrement inclinée le rendait encore plus spectaculaire. Les portes se refermèrent soudain, comme un lourd bruit définitif.
- Caleb c'est majestueux, murmura-t-elle en se tournant vers lui.
Le regard fermé il approuva puis colla son dos contre la porte en enfonçant les mains dans ses poches.
- Je t'en prie habibti, va le découvrir je reste à proximité.
En d'autres termes plus limpides il voulait qu'elle découvre par elle-même les traces du passé. Hésitante, elle lui jeta un long regard puis se retourna pour s'avancer dans ces vestiges incomparables. Ainsi voilà l'endroit où elle aurait dû finir si le cheikh n'était pas intervenu pour la sauver, songea-t-elle en mettant ses mains derrière son dos tout en progressant vers le centre de la pièce.
Soudain elle se sentit oppressée par le silence glacial qui régnait autour d'elle. Seuls les pas de Caleb lui indiquaient qu'elle n'était pas seule. C'était comme si l'endroit n'avait plus de vie, comme le palais avait été abandonné, ôté de toutes vies.
Malia vogua de pièce en pièce, émerveillée par l'aspect oriental et des décors hypnotiques.
- Tu aimes ? Lui demanda-t-il en s'approchant doucement.
- Si j'aime ? C'est absolument magnifique Caleb.
Elle sentit ses mains se glisser délicatement sur ses épaules. Les yeux fermés, Malia savoura ce premier contact tendre de sa part et posa ses mains sur les siennes.
- Continue, lui murmura-t-il à l'oreille comme une énigme qu'elle était la seule à résoudre.
Malia leva son regard pour dévisager les arabesques fabuleuses puis reprit sa visite d'un pas lent mais déterminé à vaincre la peur qui animait son être.
Après plusieurs pièces tout aussi spectaculaires, Malia s'avança d'un pas prudent vers une immense salle espacé.
Captivée par l'architecture remarquable, Malia étudia chaque esquisse, chaque ornement avec émerveillement avant qu'un détail heurte tout son corps.
Elle se stoppa net, le cœur battant à la chamade. Elle déglutit en levant péniblement les yeux vers le trône puis les abaissa sur le marbre dont la nuance de couleur était pourpre.
Malia comprit sans plus tarder qu'il s'agissait de l'endroit où il avait tué Tahar.
Prudemment, Malia s'approcha de la tâche de sang qui semblait incrusté dans le marbre.
- C'est ici n'est-ce pas ? Demanda-t-elle d'une voix faible.
Elle quitta la tâche de sang du regard pour plonger ses yeux dans les siens.
Les yeux aussi pénétrant qu'un faucon le cheikh demeura longuement silencieux puis s'avança en déviant son regard sur la tâche de sang...un regard rempli de haine de gravité.
- Oui c'est ici, déclara-t-il en tournant autour de celle-ci en croisant les bras.
- Tu voulais que je le découvre par moi-même ?
- Oui, avoua-t-il d'une voix sombre.
- Tu attends de moi que je prenne peur et que je me sauve ?
Il s'arrêta en accrochant son regard. Une lueur sombre brillait dans ses prunelles. Malia tint bon et ne lâcha pas ses yeux une seconde pour lui prouver qu'elle n'avait pas peur de lui.
- Peut-être, avoua-t-il en comblant l'espace qui les séparait : Je peux voir dans tes yeux de la peur et je ne t'en veux pas Malia. Ce que je redoute néanmoins c'est que tu me regardes comme un monstre.
- Non, jamais, s'empressa-t-elle de répondre en lui prenant la main ; Jamais je ne pourrais te voir comme un monstre.
Toujours avec cette même expression de gravité il porta sa main à ses lèvres puis la tira vers lui pour l'embrasser.
Malia accepta son baiser en posant ses mains sur son torse.
- Maintenait que tu m'as laissé découvrir la partie la plus sombre du palais est-ce que tu veux bien me montrer le reste ? Demanda-t-elle d'une toute petite voix.
Enfin un sourire marqua ses lèvres.
Lui prenant la main, il traversa la grande salle puis la guida vers le grand escalier qu'ils grimpèrent ensemble. Excitée d'en apprendre plus sur son amant, Malia retint un sourire en coin alors en sentant son être se gonfler de joie.
- Il y a cinq étages, vingt-quatre chambres mais la plus part sont réservées lorsqu'il y a de grandes réceptions, expliqua-t-il en l'entraînant au dernier étage.
- Je suppose que cet étage t'est réservé ?
- Oui, il l'est, entièrement, affirma-t-il en ouvrant deux grandes portes dont les poignées étaient gravées d'un insigne en or.
Lorsqu'il s'écarta légèrement pour la laisser passer Malia eut l'impression de rentrer dans un conte des milles et une nuit. Cela n'avait rien à voir avec le moderniste du yacht...oh ça non !
Chaque détail oriental semblait avoir une histoire. L'espace était si grand qu'elle pouvait entendre ses pas résonner. Un grand lit trônait majestueusement à l'autre bout de la pièce. Une bouffée de chaleur lui monta aux joues alors qu'elle tentait d'éviter soigneusement le regard du cheikh pour qu'il ne le remarque pas. Dépassée par tant de merveilles Malia pivota légèrement sur elle-même pour jeter un regard circulaire sur chaque parcelle de cette chambre splendide et riche en histoire.
- Je n'ai plus de mot Caleb, murmura-t-elle en ouvrant la porte du balcon pour admirer la vue.
Et il n'avait pas menti.
Depuis les hauteurs du palais ont pouvaient voir les dunes spectaculaires du désert sous un merveilleux soleil aride.
- Lorsque soleil tombe, c'est encore plus spectaculaire, souffla-t-il à son oreille en enlaçant sa taille.
Malia sourit en inspirant profondément. Elle se retourna en ignorant l'effet de sa prise sur sa taille et posa ses mains sur son torse. Les doigts crispés sur la dureté de son torse Malia observa son expression pour déterminer s'il se sentait bien ou non. Son expression était toujours aussi dure, et il crispait sans cesse les mâchoires.
- Comment tu te sens ? Parle-moi ?
Pour toute réponse il la souleva dans ses bras, la ramena à l'intérieur et s'installa sur le canapé. Calée dans ses bras, Malia sentit sa prise se resserrer contre son dos. Sa barbe contre sa joue lui provoqua un frisson délicieux.
- Je me sens bien grâce à toi, dit-il en cherchant ses lèvres qu'il captura.
Frémissante elle posa sa main sur sa joue rugueuse puis dans ses cheveux.
- Le silence m'apaise, tu m'apaises, poursuivit-il d'une voix rauque mais sombre.
Malia s'écarta légèrement pour le regarder et vit les muscles de sa mâchoires frémir.
- Si jamais il y a le moindre signe, le moindre souvenir qui te remonte à l'esprit je t'en supplie dis-le moi ne le laisse pas te dompter, déclara Malia avec une fermeté qui la surpris elle-même.
Il lui décrocha un sourire teinté de tristesse qui se mua en rictus amer. Puis enfin, elle lut de la détermination dans ses yeux noirs.
- Je te le promets, dit-il au bout de longues secondes interminables.
À demi soulagée, Malia se leva et fut attirée par les livres posés sur les étagères. Au hasard elle en prit un et l'ouvrit en grimaçant.
- Si j'avais su j'aurais appris l'arabe plus tôt, marmonna-t-elle en le refermant.
- Il n'est jamais trop tard pour apprendre ma douce, lança-t-il derrière son épaule ; D'autant plus que tu risques de rester ici pendant un long...très long...moment.
Alertée pour le trop plein de mystère dans sa voix Malia se retourna pour le confronter.
Elle aurait peut-être mieux fait de s'abstenir, songea-t-elle en accrochant ses mains sur le meuble le plus proche. L'accélération de son cœur partit en flèche.
- Long moment ? Parvint-elle à répéter les joues cramoisies.
- Oui, affirma-t-il en posant ses mains de chaque côté de ses hanches.
Il marqua une pause puis reprit d'une voix chaude.
- Tu n'aurais peut-être pas dû venir ici en fin de compte car plus je t'admire dans ce décor, dans mon monde, ici, chez-moi, plus un surplus d'idées traverse mon esprit.
- Ah oui ? Demanda-t-elle d'une voix tout aussi chaude que la sienne.
- Tu n'as pas idée, confirma-t-il en effleurant ses lèvres des siennes.
Malheureusement cet instant fut coupé par une sonnerie de téléphone.
Poussant un juron il répondit dans sa langue sans la quitter des yeux. Malia patienta en profitant d'un faible espace pour se faufiler vers les canapés. Elle se laissa tomber sur l'un d'entre eux alors que peu à peu son regard se fissurait de colère.
Alertée, elle lui lança un regard interrogateur auquel il ne répondit pas.
Puis soudain, il lâcha un mot en arabe sur un ton presque définitif.
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