Chapitre 32



Caleb consultait son ordinateur quand il sentit la jeune femme remuer sa tête contre son épaule, enfouissant son beau visage au creux de son bras. D'instinct, Caleb passa son bras autour de sa taille pour la serrer contre lui. Il ne restait plus que quelques heures avant que le jet se pose sur le sol de Zyarhan. Caleb mesurait l'impact d'une telle décision mais d'un autre côté il espérait au plus profond de son être qu'il parviendrait à dompter son passé à ses côtés. Pour y parvenir Caleb venait de prendre des mesures radicales. Plus tôt dans la soirée il avait ordonné qu'il n'y ait plus personnes au palais avant son arrivée. Il savait qu'en présence de plusieurs personnes il perdrait le contrôle. Il serait seul avec Malia et c'était peut-être l'unique moyen pour lui de dompter cette rage en sommeil qui menaçait de poindre à tout moment.

Du bout des doigts il caressa ses cheveux pensivement puis jeta un regard vers le hublot en inspirant profondément. L'avenir lui paraissait à la fois sombre et semé de clarté grâce à la jeune femme qui reposait aux creux de son épaules. Il avait envie d'y croire...croire qu'il allait pouvoir dépasser la colère qui animait son être.

Pour le savoir il allait devoir patienter encore quelques heures.

Une légère secousse extirpa Malia de son sommeil. Elle cligna des yeux plusieurs fois pour mieux distinguer les filtres éblouissants de la lumière. Son premier geste fut de regarder autour d'elle pour chercher Caleb. Debout près de la cabine de pilotage, il échangeait avec le pilote alors que la porte de sortie semblait s'ouvrir lentement en laissant place à un éclatant soleil brûlant. Malia déglutit, incapable de masquer son anxiété mais sut très vite comment la dompter. Il lui suffisait juste de songer à cette nuit noire où un guerrier surgi de nulle part l'avait sauvé des mains sales de deux hommes. Ce guerrier était là, devant elle, et lorsque son pénétrant regard se posa sur le sien, chaque parcelle de son être se mit à vibrer.

Il s'approcha, les traits tendus et elle savait pourquoi.

- Tu as bien dormi ? Demanda-t-il d'une voix qui trahissait toute la douceur qu'il avait tenté d'y mettre.

- Oui et toi ?

- Je n'ai pas dormi, j'ai dû travailler sur des points urgents avant notre arrivée.

- Ah oui ? Lesquels ? S'enquit-t-elle en levant un sourcil perplexe.

Une lueur mystérieuse passa dans son regard.

- Tu verras, murmura-t-il en l'aidant à se lever.

Sa main serra la sienne avec une force qui lui coupa la respiration. Elle savait au fond d'elle qu'il ne le faisait pas exprès alors délicatement elle posa sa main libre sur son avant-bras comme pour lui signaler qu'elle était là. Ce geste suffit pour qu'il desserre légèrement sa prise.

- Tu es prête ?

- Oui, je suis prête Caleb, répondit-elle alors qu'il l'entraînait avec lui dans les marches.

Malia sentit sur son visage le soleil intense du désert avec le souvenir de l'avoir senti autrefois parcourir sa peau.

Soudain il grogna doucement entre ses dents. Malia mit sa main en visière et comprit très vite où se trouvait le problème.

Cinq photographes capturaient des photos d'eux pourtant exhortés à partir du tarmac. D'instinct elle voulut lâcher la main du cheikh pour que des rumeurs à leurs sujets ne volent pas en éclat, mais au lieu de détacher son emprise il resserra davantage ses doigts sur les siens jusqu'à complètement les lier.

Le cœur battant à la chamade elle guetta la réaction des journalistes qui poursuivaient leur photo malgré la fermeté de la sécurité. Le cheikh pressa le pas jusqu'à la voiture blindée et l'invita à y rentrer rapidement. Quand il ferma la portière Malia eut l'impression que son destin était à présent scellé...

Quand il prit place au volant elle demeura silencieuse alors qu'il lâchait un chapelet de jurons contre les journalistes.

- Je savais qu'ils trouveraient un moyen de pénétrer dans une zone pourtant interdite, marmonna-t-il en quittant le tarmac à vive allure.

Malia se raccrocha à la portière en se mordant l'intérieur de la joue.

- Tu ne pourras pas échapper à la presse malheureusement, murmura-t-elle doucement ; J'espère qu'ils ne...

- ....Vont pas nous afficher à la une de la presse ? Bien sûr que si habibti dès demain matin même.

Malia pâlit en écarquillant les yeux.

- Je suis...est-ce que ça va t'attirer des problèmes ?

Il fronça des sourcils en tournant plusieurs fois la tête vers elle.

- Tu ne seras jamais un problème pour moi Malia est-ce que c'est clair ? Gronda-t-il d'une voix grave.

- Oui, murmura-t-elle en pouvant sentir de la tensions s'installer à mesure qu'il traversait le désert aride mais pourtant si magnifique.

Avec prudence elle avança sa main vers la sienne qui reposait sur le levier de vitesse et la posa délicatement en espérant un geste tendre de sa part.

Son pouce se glissa sur ses phalanges puis il noua ses doigts aux siens.

- Ça va aller Caleb, je t'en prie essaye un peu de te détendre.

- C'est beaucoup plus dur en te sachant ici Malia tu n'imagines pas à quel point c'est difficile, lâcha-t-il d'une voix glaciale alors qu'il fixait la route.

- Mais c'est ce que tu voulais non ? Rétorqua-t-elle en prenant soin de ne pas prendre en compte la froideur de ses réponses.

- Oui, c'est ce que je veux Malia, parce que je suis incapable de te quitter ou d'où te laisser seule pas plus d'une bonne trentaine de minutes selon mes derniers calcules.

Il lui jeta un regard mécontent comme s'il s'en voulait de lui avoir dit.

- Tu as peur que je te prenne pour un fou ?

- N'est-ce pas déjà fait ?

- Non, répondit Malia en lui souriant timidement : Du moins pas encore...

Il quitta la route des yeux pour la dévisager. Malia s'empressa de lui lancer un regard malicieux qui enfin le fit sourire.

L'ambiance devint alors moins lourde jusqu'à ce qu'il s'approcha d'un gigantesque mur dont la hauteur lui donna le tournis. Un grand et large portail immaculé se dressa sous ses yeux émerveillés et inquiets. Il s'agissait d'une façade antique, oriental, entourée de remparts infranchissables. Mais où se trouvait le palais ? Se demanda-t-elle en fronçant des sourcils.

- Toutes ces mesures de sécurité ont été installées après avoir repris le contrôle sur le palais. Avant il était exposé et sécurisé par une simple allée surveillée par des gardes et un portail datant du siècle dernier, expliqua-t-il alors que le gigantesque portail s'ouvrait lentement après qu'il est eu composé un code sur son téléphone.

- Je n'ai jamais vu des murs aussi gigantesques, confia-t-elle en se tournant vers lui.

- Rassure-toi le palais est en hauteur, le paysage est à coupé le souffle.

Il pinça gentiment son nez ce qui la fit sourire.

Il pénétra à l'intérieur puis tout devint soudainement sombre comme si elle se trouvait dans un long et impénétrable tunnel.

Il composa un autre code et enfin le second portail noir s'ouvrit pour laisser filtrer une vive lumière magnifique.

- Tu as fait installer ça en combien de temps ? Demanda-t-elle stupéfaite.

- J'ai ordonné les travaux le lendemain matin, j'avais déjà les plans de dessiné.

La voiture s'avança lentement et peu à peu le palais apparut sous ses yeux. La bouche grande ouverte, Malia eut l'impression de rêver. La façade était en pierre de couleur sable, les grandes fenêtres à l'architecture orientale lui coupa le souffle. Il y avait des points d'eaux absolument magnifique, des passages pourvus de végétations fabuleuses.

- Oh Caleb c'est magnifique ! S'exclama Malia émerveillé.

- Bienvenue chez moi habibti, murmura-t-il en déposant un baiser dans le creux de son poignet.

Ébranlé par la joie de la jeune femme, Caleb chercha à tout prix un nouveau point d'ancrage pour ne pas franchir les ténèbres et le trouva dans l'éclat qui brillait dans l'azuré de ses yeux.

Il quitta la voiture et remarqua avec un sentiment de paix que le silence qui l'accueillait était tout aussi salvateur que lorsqu'il se trouvait sur le yacht.

- Pour dire vrai je n'imaginais pas ça comme ça, lança-t-elle en le tirant da sa torpeur.

Caleb l'observa s'avancer vers lui d'un pas timide. Elle ressemblait à un chaton perdu ce qui lui comprima le cœur.

- Tu imaginais quoi ? Dis-moi tout.

Tout en lui prenant la main il attendit sa réponse alors qu'elle semblait chercher la bonne explication.

- Je dirais un palais plus ancien, avec moins de détails modernes.

- Ça, c'est parce que tu n'as pas vu l'intérieur.

Joignant le geste à la parole, Caleb l'obligea à le suivre jusqu'aux marches qu'il grimpa les mâchoires serrées.

Les souvenirs remontèrent en des centaines de flashs précis qui percutaient son esprit. Il serra les mâchoires en laissant derrière lui l'image de l'un de ses hommes qui avait perdu la vie sur ces marches. Il tenta de tout laisser derrière lui mais ce fut impossible, comprit-il en fermant les yeux brièvement.

Car derrière ces portes, il y avait encore les traces de sa longue bataille pour reprendre son trône et surtout, il y avait le souvenirs de Tahar qui jadis quelques semaines avant sa mort s'était fait la promesse de prendre Malia de gré ou de force et ça il ne le supportait pas.

- Caleb ?

L'appel de la jeune femme se mua en un cri fantôme qui se mit à résonner dans sa tête s'ensuivit de bruits de tires.

Puis soudain il sentit quelque chose se déposer sur son torse. Malia posa délicatement sa tête contre son torse quand elle sentit la situation se compliquer. Le cheikh y répondit en posant sa main dans son dos et enfin la grande porte s'ouvrit sur ce passé qui mettait à mal son avenir avec cet homme qu'elle aimait plus que tout.

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