Chapitre 28
Mentalement épuisée Malia continuait cependant de narrer ce qu'il s'était passé la veille en plantant ses ongles dans ses paumes de mains. Elle avait dû rentrer dans les détails même les plus insignifiants. Quand elle eut fini, un goût désagréable lui monta à la gorge alors que l'inspecteur frappait sur son clavier énergiquement.
- Ensuite ? Demanda-t-il en se tournant vers elle.
- Ensuite ? Répéta Malia hébétée.
- Après que nous soyons partis, qu'avez-vous fait ? Est-ce que son Altesse royale est-elle parvenue s'adoucir ?
Malia étouffa un rire sec. Était-il en train de suggérer que Caleb aurait pu lui faire du mal ?
Il est vrai que l'image qu'il avait renvoyé était remplie de haine et de rage mêlées mais de là à laisser entendre qu'il aurait pu s'en prendre à elle...c'était presque grotesque !
- Vous n'êtes tout de même pas en train de dire qu'il aurait pu me faire du mal alors que j'ai été le moteur de sa colère ?
Soudain gêné, l'italien toussota en secouant de la tête.
- Non, bien entendu Signorina.
Malia inspira profondément.
- Lorsque vous êtes partis, Caleb a quitté le port pour me mettre en sécurité puis nous sommes partis nous coucher.
Malia s'agita sur la chaise en cherchant à garder un air impassible alors qu'elle mourait d'envie de sourire. Ce n'était pas exactement la version officielle et elle se voyait mal lui dire qu'elle avait passé la nuit la plus érotique, la plus intense de toute sa vie.
Une chaleur naquit dans son ventre.
- Merci pour votre témoignage mademoiselle Hunter, il va nous aider à renvoyer ces deux voyous en prison.
Malia se leva et lui serra la main en lui souriant. Voilà plus d'une heure qu'elle était enfermée dans cette pièce étriquée et elle avait l'impression d'être séparée de Caleb depuis des heures. Quand la porte s'ouvrit, telle fut sa surprise de le trouver sur le côté de la porte, l'avant-bras posé sur le mur.
Il releva ses yeux noirs sur elle puis sur l'inspecteur tout en se redressant de toute sa hauteur. Il semblait mécontent et ne tarda pas à le faire savoir.
- Vous m'aviez dit que ça ne durerait pas plus de trente minutes.
- Nous avons un problème informatique, je suis désolé d'avoir été si long, s'excusa-t-il en se grattant l'arrière de la tête ; Merci pour vos témoignages, ça va beaucoup nous aider.
Malgré la noirceur visible dans ses yeux, le cheikh inclina sa tête en guise de réponse et lui prit la main pour l'entrainer à l'extérieur. Elle fut agréablement surprise de trouver Seth près de la voiture qui se redressa à leur approche.
- J'ai eu vent de ce qu'il s'est passé hier soir, je viens aux nouvelles, déclara Seth en saluant Caleb d'une poignée de mains fermes mais amicale.
Il se tourna vers elle pour la gratifier d'un sourire chaleureux.
- Vous allez bien Malia ?
- Oui, grâce à Caleb, encore une fois.
Les deux hommes s'échangèrent un regard mystérieux.
- Et si nous allions prendre un verre juste ici ? Proposa Seth en pointant un restaurant avec terrasse du menton.
- Tu en as envie ? Demanda le cheikh doucement.
- Oui pourquoi pas, dit-elle en haussant des épaules.
Malia n'était pas dupe et savait que cette proposition n'était qu'un leurre pour que les deux hommes discutent. Elle prit congé pour se rendre aux toilettes afin de les laisser libre de parler en sachant que leur échange porterait sur la veille et Malia ne voulait plus en entendre parler.
- Une chance qu'il ne soit pas mort, lança Seth quand Malia fut partie.
- Je n'appellerais pas ça de la chance, murmura Caleb en suivant Malia des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse au fond du restaurant.
- La police n'a pas perdu de temps pour lâcher quelques détails sanglants. Caleb tu les as terrorisé et j'ignore comment tu as pu...
Seth s'arrêta brusquement en se laissant tomber contre le dossier de la chaise.
- C'est elle n'est-ce pas ? Souffla-t-il sous le choc ; C'est elle qui est parvenue à te stopper ?
Impassible, Caleb lui répondit par un regard qui voulait tout dire. Seth semblait ne pas en revenir si bien qu'il dut se passer une main sur le visage pour accuser l'énigme qu'il tentait de résoudre depuis des semaines alors qu'elle était sous ses yeux depuis le début.
- Comment a-t-elle fait pour t'arrêter avant que...
- Je l'ignore, le coupa-t-il en tournant la tête dans la direction qu'elle avait prise ; C'est mon point d'ancrage Seth, sa voix est parvenu jusqu'à mon cerveaux et elle a réussi me calmer.
- Cette jeune femme est vraiment surprenante et je regrette vraiment d'avoir pensé que tu l'avais inventé.
- Mais ? Je sens qu'il y a un mais...
Caleb fixa son ami du regard en sachant déjà la nature du problème.
- Mais tu ne pourras pas indéfiniment faire semblant de ne pas savoir que ton pays à besoin de toi or tu ne veux pas l'emmener à Zyarhan.
Caleb prit une grande inspiration en fermant les poings.
- C'est plus fort que moi ! Siffla-t-il entre ses dents ; Je ne parviens pas à m'ôter de la tête que c'est dans mon palais qu'elle était censé finir ! Emprisonnée comme une esclave ! Et tu voudrais que je l'emmène là-bas ? Alors que chaque fois que je m'y trouve j'ai des envies de meurtre ?
Seth s'agita en se frottant la nuque.
- Tu voudrais peut-être que je lui fasse visité le harem pendant qu'on y est ? Reprit Caleb d'une voix noire et menaçante.
- Je comprends que ça puisse te ronger mais c'est fini Caleb, répondit Seth en prenant un ton sérieux ; Tu as fini la guerre et tu ne pourras pas indéfiniment l'éloigner de ce que tu es. C'est-à-dire un souverain qui dirige un pays et qui se doit de reprendre son trône pour imposer la loi ! Tu vas la perdre Caleb.
Les mâchoires serrées, Caleb assassinat Seth d'un regard menaçant pour avoir osé dire ça.
- Quel avenir souhaites-tu lui donner ? Insista Seth en soutenant son regard noir ; Tu comptes la laisser à New-York quand tu devras t'occuper de ton pays et revenir à ses côtés quelques jours plus tard pour mieux répartir faire ton devoir ? Tu crois que cette fille mérite ça ? Je te connais Caleb tu deviendras fou avant même d'avoir posé les pieds à Zyarhan et elle....elle finira par souffrir et un autre prendra ta place.
- Un mot de plus et je t'égorge Seth ! Gronda-t-il en se penchant vers lui les narines frémissantes.
L'intéressé recula mais sans ciller, visiblement décidé à le pousser hors de ses limites.
- Accepte-le ou non mais tu sais que j'ai raison. Tu es le cheikh Al-Eydhar et tu ne pourras jamais fuir ce que tu es et ton pays. Tahar est mort, ses hommes sont morts, si tu t'empêches de la faire venir à Zyarhan alors c'est lui qui gagne !
Les deux hommes se confrontèrent du regard alors qu'un courant glacial parcourait leur table. Caleb fulminait de rage même s'il était confronté à la triste réalité.
- Tu sais que j'ai raison Caleb, poursuivit Seth d'une voix plus calme ; Il te faut dominer cette sombre pensée qui te ronge ou tu l'as perdra. Tu n'arrives même pas à me fixer des yeux sans bifurquer ton regard sur la gauche. Izario a raison tu l'as dans la peau et tu dois te servir de cette force pour dompter le passé. Tu veux la protéger de tes fantômes qui sont au palais mais elle n'est pas plus en sécurité ici ou à New-York.
Caleb passa une main rageuse sur son visage.
- Je veux la protéger tu as raison, murmura-t-il les yeux dans le vague.
- De toi ? S'enquit Seth en ouvrant une blessure invisible.
Caleb braqua son regard dans le sien, en serrant les mâchoires.
- Tu veux aussi la protéger de toi n'est-ce pas Caleb ? Tu ne veux pas qu'elle puisse voir le guerrier du désert celui qui a combattu et qui a été torturé ? Celui...qui l'a sauvé ? Et si elle avait envie de le voir ? Tu as songé à ça ?
Caleb refusa de répondre à cette question car il y avait déjà songé depuis longtemps. Depuis qu'elle lui avait fait part de ses pensées à son sujet Caleb s'était surpris à l'imaginer au palais, là où il parvenait à se sentir libre d'être lui-même mais toutefois dangereux. Chaque fois la triste réalité lui hurlait de cesser d'y songer. Pourtant il brûlait de l'avoir à ses côtés, chez-lui ou bien près de l'oasis qui surplombait les dunes spectaculaires du désert. Allait-il céder à ses désirs en prenant le risque d'être confronté à la rage que faisait naître les éraflures du passé.
- Chaque fois que je me trouve au palais, je suis confronté à des accès colère que je ne parviens pas à maîtriser. Tu les as vu Seth, tu m'as vu à l'œuvre. Comment peux-tu me demander de l'emmener là-bas en prenant le risque de la blesser ? As-tu songé à cela ?
- Oui, mais je me surprends à espérer qu'elle est la clé qu'il te faut pour en finir avec tout ça.
Rictus aux lèvres, Caleb fut bousculé par une myriade d'émotions contradictoires. Il dévia son regard et sentit son corps se libérer de la colère quand il la vit émerger des toilettes.
- Je vais y réfléchir, déclara-t-il d'une voix rêche en lui adressant un regard impassible.
Seth approuva d'un hochement de tête.
- Mais sache une chose, c'est qu'importe la décision que je prendrais ça sera toujours elle ou elle et encore elle.
Seth n'eut pas le temps de répondre car la jeune femme s'installa à ses côtés.
- J'espère que vous avez fini car je suis restée volontairement aux toilettes pendant dix minutes afin de ne pas entendre à nouveau ce qu'il s'est passé hier.
Si elle savait ! Songea-t-il en lâchant son ami du regard pour poser ses yeux sur elle.
" Un autre prendra ta place "
Il agrippa les accoudoirs de la chaise en les serrant si fort qu'il sentait ses phalanges et ses doigts craquer sous la pression.
- Ne vous inquiétez pas Malia, nous en avons fini depuis bien longtemps, dit Seth d'une voix lourde de sous-entendu qu'il était le seul à connaître.
Caleb relâcha les accoudoirs et se redressa en témoignant à Seth la rudesse de ses pensées.
- Vous saviez que Zyarhan regorge de belles boutiques et de sites merveilleux, lança Seth à l'adresse de la jeune femme, attisant son agacement.
- Oui mais je n'ai pas eu le temps malheureusement. J'ai entendu dire que ça ressemblait fortement à New-York mais sans la pluie.
Seth partit dans un éclat de rire.
- C'est exactement ça ! Mais il y a davantage à découvrir Malia et j'espère qu'un jour proche vous aurez la possibilité de profiter de ce que possède Caleb.
Il sentit le regard de la jeune femme sur lui et dut renforcer son masque de marbre pour dissimuler ses émotions. Il avait envie de tuer Seth mais il voulait aussi qu'il continue pour connaître les pensées de Malia.
- Après tout c'est lui qui le gouverne, rajouta Seth d'une voix lente accompagnée d'un sourire en coin.
- En effet, c'est moi qui assoie la loi, confirma Caleb d'une sombre voix.
- J'aimerais vraiment connaître Zyarhan, intervint la jeune femme avec nostalgie.
Alerté par la note triste qui avait percé sa voix il tourna enfin sa tête vers elle.
En proie à ses émotions vives la jeune femme semblait absente partagée entre regret et envie.
- Je vous laisse, Izario m'attend.
Caleb ignora sa présence qui se dissipait peu à peu trop occupé à tenter de lire sur le visage de Malia.
- Je suis navré si Seth t'a fait remonté des souvenirs, je...
- Pas des souvenirs, juste quelques regrets mais je ne veux pas en parler, je ne veux pas gâcher la journée.
Caleb approuva secrètement. Il avait à présent assez d'élément en sa possession pour prendre une décision mais pour l'heure c'est elle qui comptait.
Juste elle.
Il passa commande et la tension le quitta quand elle lui adressa un regard heureux tout en dégustant ses frites.
- Est-ce que tu te sens bien ? S'informa-t-elle néanmoins.
Sa question le prit de court si bien qu'il fronça des sourcils. Elle jeta un regard circulaire autour d'eux pour lui faire comprendre où elle voulait en venir.
- Tout devient possible avec toi, répondit-il avec une franchise qui la fit rougir ; je me sens plus détendu et j'en oublie même ce qui m'entoure.
Sans un mot elle baissa les yeux et entreprit de finir son repas les joues roses.
Pianotant ses doigts sur le rebord de la table il ne cessa pas de la regarder au point de la rendre mal à l'aise. Hélas il ne parvenait pas à s'en empêcher. Une fois le repas terminé ils se dirigèrent vers la voiture. Caleb prit la direction du centre-ville avec la ferme intention de refaire sa garde-robe. La jeune femme manquait d'enthousiasme mais lui brûlait de la voir le contredire, se rebeller contre ses choix.
Malia descendit de la voiture en admirant la ruelle bordée de boutiques luxueuses. Elle n'avait qu'une seule envie prendre ses jambes à son cou. Cependant, quand le cheikh ôta sa veste pour dévoiler sa chemise ouverte au col et ses avant-bras virils, elle céda très vite et se laissa guider dans la ruelle.
- Pourquoi tiens-tu absolument à faire cette virée shopping ? Tu ne m'as pas demandé mon avis quand tu m'as acheté des vêtements la toute première fois.
- Je me voyais mal t'emmener faire les boutiques alors que tu voulais quitter le yacht au beau milieu de la nuit.
Touchée, songea Malia en grimaçant.
- Aujourd'hui j'ai envie de te faire plaisir, te gâter laisse-moi faire Malia.
- Sans vouloir paraître jalouse est-ce que tu...
Il ne la laissa pas finir car déjà elle fut plaquée dans une étroite ruelle adjacente. Pressée entre le mur et son torse dur, Malia refoula la peur qui la séparait du désir et leva ses yeux vers les siens qui paraissaient dur comme du granit.
- Non, Malia, les femmes de mon passé n'ont jamais eu le droit à ça car c'était éphémère, limpide, sans intérêt à mes yeux car ces femmes espéraient de moi ce que je ne voulais pas leur apporter.
- Comment étaient-elles ?
Il haussa des épaules négligemment.
- Sophistiquées, élégantes, taille mannequins. Tu sais Malia à cette époque j'usais de mon pouvoir et de l'argent pour les attirer jusqu'à ce que je réalise que c'est exactement ce qu'elles cherchaient.
- Je ne te crois pas, tu es beau comme un dieu c'est impossible que ton argent soit leur seule motivation.
Un lent sourire courut sur ses lèvres.
- Peut-être, admit-il laconiquement ; mais au final la motivation reste la même crois-moi Malia je sais de quoi je parle.
Une ombre passa dans ses yeux opaques.
Caleb pensa immédiatement à Lucy qui à l'aube de leur relation n'avait pas cherché à le connaître, récitant déjà le discours parfais pour qu'elle soit son épouse après avoir appris via la presse qu'il était temps pour lui de se marier. Un mois plus tard il serrait les dents pour échapper à la douleur causé par son tortionnaire et après avoir reprit le contrôle sur les hommes de Tahar il apprenait via la même presse que l'ancienne maitresse du cheikh flirtait avec un millionnaire français.
Et dire qu'elle avait eu le culot de se représentait à lui il y a une semaine alors qu'elle faisait partie des personnes qui l'avaient oublié, le pensant mort.
Il refoula le passé pour se concentrer sur la seule femme qui avait bercée ses rêves, heurtée la tournure de ses cauchemars jusqu'à devenir son obsession.
- Mais toi Malia, commença-t-il en posant ses mains sur le mur pour l'emprisonner ; Tu es tout le contraire, tu es aux antipodes de toutes celles que j'ai connu auparavant.
Il se pencha pour l'embrasser avec ferveur puis se redressa lentement.
- Tu n'as aucune raison d'être jalouse, conclut-il d'une voix rauque.
- Toi non plus et pourtant tu l'es, rétorqua-t-elle en posant une main sur son torse.
Une vague de possessivité enflamma ses sens.
- Ce n'est pas comparable, dit-il simplement en fermant sa main dans la sienne.
Parfois il se demandait si elle prenait le temps de se regarder dans le miroir. Étouffant un juron il l'entraîna dans la première boutique et ils furent accueilli par une vendeuse qui d'un sourire chaleureux s'avança vers eux sans le quitter des yeux. Elle chercha son contact en déployant une démarche féline comme si Malia n'existait pas.
- Nous cherchons des vêtements qui pourraient convenir à cette demoiselle, annonça Caleb sur un ton tranchant qui la fit pâlir.
La vendeuse battit des cils en déviant son regard sur Malia.
Qu'espérait-elle ? Songea-t-il avec mépris.
Qu'il allait peut-être abandonner Malia dans une cabine d'essayage pour satisfaire le fantasme qui luisait sans vergogne dans son regard.
- Sì ! S'exclama-t-elle en pivotant les talons d'un pas mécontent.
- Voilà pourquoi je déteste le shopping ! Chuchota-t-elle entre ses dents.
- Ne fais pas attention à elle concentre-toi sur moi habibti.
- Facile à dire, marmonna-t-elle ; Elle te regarde comme si elle attendait de toi que tu l'as renverse sur le comptoir !
Immobile, Caleb abaissa seulement ses yeux vers elle. Ses grands yeux bleus furent traverser par une lueur indescriptible.
- La seule femme que je désire renverser sur ce comptoir c'est toi, articula-t-il d'une voix tremblante de désirs.
Les lèvres entrouvertes, les joues en feu il vit sa petite gorge déglutir plusieurs fois comme si elle essayait d'échapper aux fantasmes qui défilaient dans sa tête sans avoir la moindre idée de la tournure que prenaient les siens.
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