Chapitre 26




Caleb ouvrit les yeux quand le soleil vif caressa son visage. Un bras derrière la nuque il braqua son regard sur le plafond alors qu'un sentiment d'apaisement l'invitait à poursuivre ce moment. Pour la première fois depuis longtemps Caleb se sentait léger, reposé. Son cœur connaissait son premier pincement pour l'ange lumineux qui était parvenu à percer la poche des ténèbres pour les nimber de clarté.

La nuit dernière avait été si forte, si passionné qu'il en ressentait encore les effets comme une puissante drogue qui ne voulait pas quitter ses veines. Il ferma les yeux en inspirant profondément tout en glissant sa main libre sur le côté. Il espérait rencontrer la douceur de sa peau nue mais lorsqu'il tourna la tête elle n'était plus là.

D'un bond vif, Caleb se redressa, les mâchoires crispées en fouillant la chambre d'un œil aiguisé. Il se leva à la hâte en enfila un pantalon en s'empressant d'investir le yacht. Il avait conscience que sa réaction était exagérée mais elle n'était en rien comparable à l'inquiétude qu'il ressentait quand elle n'était plus dans son champ-de-vison.

C'était plus fort que lui, il ne parvenait pas à contrôler cette pulsion protectrice qui lui nouait la gorge. D'un pas furibond il fouilla le yacht en s'empêchant de hurler son prénom. Les poings serrés contre ses jambes il s'aventura dans le grand salon et sa présence encore introuvable le fit rugir intérieurement avant qu'un bruit intervienne dans sa douce et dangereuse folie.

Suivant ce son provenant de la cuisine Caleb poussa la porte et rencontra sa belle Malia derrière le plan de travail.

Elle s'affairait derrière celui-ci avec un léger sourire aux lèvres qui fit retomber toute colère, toute tension qui lui nouait les muscles. Lorsqu'elle piqua une fraise pour la porter à sa bouche, Caleb ravala un accès de désir qui se muait déjà en une vorace envie de la faire de nouveau sienne. Ses cheveux détachés virevoltaient autour de son beau visage, ses joues roses traduisaient encore le feu brûlant qui l'avait couverte cette nuit. Quant à ses lèvres, il mourrait déjà de les embrasser encore.

Cette scène qui se jouait devant ses yeux lui confirmait ce qu'il avait tenté de résoudre une bonne partie de la nuit. Son obsession pour elle ne régressait pas bien au contraire. Son désir n'avait pas fléchi il semblait s'accroître.

- J'ai toujours entendu dire qu'une femme avait toujours un appétit féroce après une nuit fiévreuse, il semblerait que ce soit ton cas, lança-t-il depuis la porte.

Ses yeux bleus se levèrent sur lui et immédiatement il en fut transcendé.

Malia sentit une brûlante chaleur couvrit ses joues presque aussitôt. Des images de la nuit dernière se mirent à défiler devant ses yeux alors qu'elle admirait son amant qui l'observait derrière deux fentes impénétrables. Elle brûlait pour ce corps hâlé et musclé...de ces biceps sur lesquels elle s'était raccrochée désespérément. Et ce torse viril...

Malia déglutit, incapable de mettre un mot sur les sensations qui se diffusaient dans son bas-ventre. Elle avait en face d'elle un homme un vrai et pour rien au monde elle regrettait de s'être abandonnée dans ses bras. Pourtant, elle le savait dangereux, très dangereux...mais au moins il reflétait la vraie vie et il n'essayait pas de lui narrer un conte de fées. Lorsqu'il lui insufflait des mots doux elle pouvait y déceler une franche sincérité. Pas de sérénade, pas de belles paroles pour l'endormir, il était tout simplement lui-même. Elle gardait encore un vif souvenir de sa chemise immaculée tachée de sang et de ce moment où il avait été sur le point d'ôter la vie à ce jeune italien.

Malia exhala un soupir imperceptible alors que son cœur battait sauvagement contre sa poitrine.

Il s'approcha d'une démarche lente mais déterminée. Lorsqu'il contourna le plan de travail Malia eut l'impression de perdre ses sens et inévitablement elle se pinça les lèvres avant qu'il s'en empare avec fougue et impatience.

Elle en perdit vite le souffle alors qu'il encadrait son visage entre ses larges mains. Elle bascula dans l'ivresse en se raccrochant à ses avant-bras.

Il se détacha lentement de sa bouche pour lui offrir un regard qui lui coupa la respiration.

- Bonjour, murmura-t-il en relâchant son visage.

Sonnée, Malia battit des paupières pour rassembler ses esprits.

- Bonjour, murmura-t-elle à son tour.

- Comment tu te sens ? S'enquit-il l'air inquiet.

Malia ne put s'empêcher de sourire.

- Je me sens très bien, affirma-t-elle pour effacer son inquiétude.

Elle savait pertinemment qu'il faisait référence à leur étreinte passionné. Le cheikh lui avait fait vivre la plus belle et la plus intense des nuits. Cependant, entre deux gémissements elle avait pu voir dans ses yeux fous de désir qu'il avait tenté de se contrôler. Il avait tenté de la protéger de ce désir sombre qu'elle avait vu dans son regard.

Encore une fois.

- Et toi ? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.

Il glissa sa main dans ses cheveux sans la quitter des yeux.

- Je n'ai pas assez de mot pour décrire ce que je ressens en ce moment même Malia.

Le cœur transpercé de joie elle lâcha un léger soupir de soulagement.

- J'irais même jusqu'à dire que c'est puissant, infatigable.

Sa voix rauque la fit frémir de bonheur.

- Un mot de plus et je vais me sentir gênée.

- Tu n'as pas à te sentir gênée, je suis seulement sincère, rétorqua-t-il en saisissant sa taille pour le ramener vers lui.

Elle portait l'une de ses chemises noires, ses jambes nues effleurèrent le tissu de son pantalon.

- Jamais on ne m'avait dit ça auparavant, avoua-t-elle en faisant référence à son ex petit-ami qui à l'aube de sa première fois l'avait laissé seule, en quittant son appartement en colère et frustré.

Un goût amer lui trancha la gorge au souvenir de la douleur qu'elle avait ressentie.

- Je veux que tu oublies, ordonna-t-il en lui soulevant le menton ; Il ne méritait pas un millimètre de ta peau. Il ne méritait rien de toi et si tu n'as rien ressentie avec lui c'est qu'il ne savait pas écouter ton corps. Cela s'appelle de l'égoïsme.

La gravité de sa voix la fit chavirer. Ses yeux avaient la noirceur de la jalousie. Il ne faisait aucun doute qu'il ne supportait pas l'idée qu'un autre avant lui puisse l'avoir touché. Malia avait envie de lui crier que ça ne comptait pas et que sa première fois s'était passé avec lui.

- Et moi, j'ai aimé m'abreuver de tes cris, ajouta-t-il d'une voix puissamment rauque.

Timidement elle posa sa main sur son torse et glissa son index sur une cicatrice solitaire juste au-dessous de son cœur. Une douleur lui noua la gorge.

- Dis-moi si tu ne veux pas que je les touche, dit-elle en levant la tête pour amortir sa réaction.

Sombre, impassible, il se contenta de la regarder durant un long silence qui la déstabilisa. Puis délicatement il prit ses doigts pour les refermer dans sa main chaude.

- Elles sont là pour me rappeler qui je suis et ce que j'ai fait. Peu à peu je les assume et me rende fier d'avoir été un monstre quand il le fallait, déclara-t-il sombrement.

Malia baissa les yeux sur la cicatrice qui contrastait avec sa peau bronzée en se rappelant avec précision du guerrier qui était venue la sauver de ses agresseurs. Derrière ce keffieh noir, une paire d'yeux aiguisée l'avait effrayé sans savoir qu'elle renfermait l'homme qui se tenait en face d'elle. Si cette nuit était à recommencer, Malia lui aurait peut-être donné une chance de l'approcher. Le destin les avait réuni et ce n'était pas pour rien elle en avait maintenant la certitude.

- Tu te demande si les choses auraient pu être différente maintenant que tu sais qui je suis et ce que j'ai fait pour toi ?

Choquée qu'il ait pu lire dans ses pensées avec autant de facilité Malia secoua furtivement de la tête.

- Oui, admit-elle sans le regarder.

- Dis-moi plus Malia j'en ai besoin, implora-t-il sur un ton impatient ; À quoi penses-tu ?

Il releva son menton pour lui imposer sa volonté qu'elle le regarde. Malia ravala un hoquet délicieux et craintif.

- Est-ce mal de penser que j'aurais peut-être dû te laisser m'approcher cette nuit-là ?

Une lueur sombre passa dans ses yeux.

- Non, mais c'est dangereux, répondit-il d'une voix plus douce.

- Pas plus dangereux que si tu n'avais pas été là Caleb et tu le sais.

Un grondement sombre vibra en lui comme un écho au passé.

- Si c'était à refaire je recommencerai dans les moindres détails, je t'aurais laissé me fuir pour mieux te retrouver à New-York, dans cette rue animé.

Il plaqua ses lèvres contre les siennes avec une puissance qui la fit frémir.

Il la souleva comme si elle ne pesait rien et la hissa sur le plan de travail.

- Je t'aurais enlevée dans cet appartement de la même manière, ajouta-t-il d'une voix rauque.

Malia se mordit la lèvre, contemplant le visage ténébreux de son amant se fendre sous ses paroles sombres.

- D'ailleurs à ce sujet je crois qu'il est temps que tu me dises comment tu t'y es pris pour m'enlever tout en prenant soin de prendre ma trousse de toilette et des vêtements tout ça sans que je me réveille.

Un premier sourire diabolique naquit sur ses lèvres ce qui la fit chavirer.

- Tu désires vraiment la savoir ?

- Oui, affirma-t-elle en se pinçant les lèvres.

Il posa ses paumes de mains sur ses genoux sans la quitter des yeux.

- Eh bien j'ai attendu qu'il soit suffisamment tard pour pénétrer à l'intérieur, lorsque ce fut le cas, je me suis discrètement glissé près de ton lit pour mesurer ta respiration. Je suis resté longtemps assis au rebord du lit et quand j'ai eu la certitude que tu étais complètement endormie j'ai investi ta salle de bains en prenant l'essentiel.

Malia ravala un hoquet tant sa voix était devenue sombre et sensuelle si bien qu'elle avait l'impression d'y être mais réveillée !

- J'ai raflé les tiroirs de ta commode pour prendre quelques vêtements car je savais que tu n'accepterais pas les miens aussi facilement, poursuivit-il en approchant ses lèvres des siennes ; Puis je t'ai emporté avec moi dans la nuit noire, fermement décidé à t'emmener sur ce yacht là où personne ne pourrait t'arracher à moi.

Il mit fin à son récit en l'embrassant avec dureté et douceur mêlées.

En proie à un bouquet de sensations divines Malia posa ses mains sur ses épaules et colla son front au sien.

- Et ça sans que je me réveille, souffla-t-elle avec un petit rire.

- Rappelle-moi de remercier ton patron de t'avoir fatiguée avec ces horaires impitoyables, chuchota-t-il en prenant son visage en coupe pour le pencher à son avantage.

- Et vous vous trouvez drôle votre Altesse ! S'exclama-t-elle sur un ton malicieux.

Une flamme s'alluma au fond de ses yeux opaques.

- Répète-moi ça, ordonna-t-il en inclinant sa tête de façon à cueillir sa gorge.

- Votre Altesse, répéta Malia en fermant les yeux sous l'effet de ses baisers qu'il parsemait sur son visage.

Il s'arrêta soudain en l'obligeant à rouvrir les yeux. À son regard elle comprit qu'il avait entendu quelque chose d'inhabituel. En effet Malia entendit un moteur se rapprocher. Son amant portait un visage creusé par de sombres pensées qui la ramenèrent à l'épisode effroyable de la veille.

- Ne bouge pas d'ici, ordonna-t-il en se penchant pour passer son bras sous le plan de travail.

Malia étouffa un cri quand sa main réapparue armée d'une arme à feu qu'il glissa dans son dos pour l'agripper à sa ceinture.

Malia le regarda partir en sautant du plan de travail et contourna celui-ci pour s'approcha à l'autre extrémité des baies vitrées qui donnaient sur l'arrière du bateau.

- Buongiorno Altezza !

Malia pencha sa tête sur le côté et vit des gardes côte s'approcher du yacht sur leur bateau à peine visible devant ce montre des mers...

- Un problème messieurs ?

Elle ne pouvait pas voir le cheikh mais sa voix sèche fut suffisamment perceptible pour qu'elle en frissonne.

- Nous venons à la demande de la police, celle-ci aimerait recueillir votre témoignage et celle de votre amie.

- È la mia compagna, rectifia-t-il.

Malia respira difficilement, le cœur au bord de l'explosion.

Elle baissa les yeux en collant sa tête contre le mur, les yeux fermés en oubliant d'écouter les gardes-côtes trop occupée à dompter ses sentiments qui devenaient plus forts chaque seconde pour cet homme qui venait de bousculer sa vie et qui sans l'ombre d'un doute la bousculerait encore.

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