Chapitre 23
- Je suis venu récupérer mes armes Izario, lâcha sèchement le cheikh en serrant davantage sa main dans la sienne.
Malia sentait la tension se crisper autour des deux hommes qui s'affrontaient du regard.
- Mes hommes s'occupent du chargement, répondit Izario en braquant ses yeux dans les siens ; Comment allez-vous mademoiselle Hunter ? Mon ami a-t-il enfin cédé à la tentation vivante que vous incarnez ?
Un grondement sombre dans la gorge, le cheikh fit un pas en avant.
- Assez Izario ! Gronda-t-il en le fusillant du regard.
- Il n'y a rien de mal à se renseigner, se justifia-t-il alors qu'un sourire machiavélique dansait sur ses lèvres ; Vous aiguisez ma curiosité tout les deux.
Izario marqua une pause dans laquelle il pencha sa tête sur le côté pour la dévisager de la tête aux pieds.
- Ou du moins, elle aiguise ma curiosité, je me demande ce qu'elle a de si spécial pour que tu te sois donné autant de mal, dit-il en s'approchant légèrement.
Instinctivement Malia posa sa main libre sur son avant-bras alors qu'il avait les mâchoires crispées.
Elle plissa des yeux en observant Izario et aurait pu jurer qu'il essayait de mettre Caleb hors de lui pour une raison méconnue.
- Pourquoi essayez-vous de le provoquer ? Demanda-t-elle d'une voix sèche en affrontant le mafieux du regard.
Ce dernier pencha légèrement sa tête arrière pour l'observer derrière une fente dangereuse.
- J'aime valser avec la mort, répondit-il en penchant sa tête en avant, un sourire diabolique aux lèvres.
- Alors j'espère que vous être prêt pour suivre le tempo, rétorqua Malia en lui jetant un regard noir alors qu'elle sentait sous sa paume de main les tremblements rageurs du cheikh.
Izario lâcha un rire sardonique en reportant son attention sur Caleb. Il fit mine de frissonner.
- Humm elle est si pugnace, j'aime ça.
Malia sentit la présence du cheikh disparaître et la seconde suivante le patron de la mafia se retrouva propulsé contre le bar par un crochet du droit violent et précis.
Malia étouffa un cri en faisant un bond en arrière alors qu'aucun des hommes du mafieux bougèrent comme s'ils avaient reçu l'ordre de ne pas le faire.
Le cheikh lui tournait le dos, concentré sur son adversaire mais elle pouvait voir sa colère qui rugissait dans ses rapides respirations qui soulevaient son dos.
Malia s'approcha pour s'interposer mais son poignet fut retenu par une main d'acier. Cependant elle pouvait enfin voir son visage baigné d'une noirceur terrifiante. Il ne semblait même plus se soucier de sa présence et pourtant il la tenait par le poignet dans un étau ferme. Izario se redressa lentement en secouant de la tête pour rassembler ses esprits. Les tempes bourdonnantes Malia fixa le filet de sang qui jonchait la commissure de ses lèvres.
Malia savait pertinemment qu'il allait répliquer et son ventre se noua d'une angoisse incontrôlable alors qu'il tenait toujours son poignet.
L'italien riposta en frappant la mâchoire du cheikh. Malia retint son souffle, les yeux écarquillés devant ce corps immobile qui n'avait pas bougé d'un millimètre. Les jambes ancrées dans le sol, seul sa tête avait pivoté sur le côté et pourtant Izario y avait mis toute sa force. Les yeux noirs, la bouche tordue le cheikh tourna lentement sa tête pour la remettre droite, les yeux braqués sur son adversaire qui fasciné dévisagea le cheikh comme s'il s'agissait d'un spécimen rare.
- Dio...Seth avait raison, dit-il d'une voix pensive.
Le cerveau tournant à mille à l'heure, Malia n'avait d'yeux que pour cet homme qui insensible à la riposte d'Izario, continuait de fixer l'italien les narines frémissantes.
- Qui es-tu...poursuivit Izario d'une voix qui reflétait une crainte mêlée à de l'admiration.
- Ça y est ? Tu as fini ? S'éleva une voix derrière eux.
Malia la reconnut et se retourna pour chercher Seth du regard. Ce dernier était appuyé contre le mur, les bras croisés, visiblement mécontent.
- Il me semble que oui, affirma Izario en essuyant le sang qui perlait sur sa bouche sans y prêter attention.
Seth s'approcha et posa une main sur l'épaule de Caleb.
- Je suis désolé mon ami, Izario avait visiblement envi de tester tes capacités pourtant ce n'est pas faute de l'avoir prévenu.
- Décidemment tous le monde a envie de me tester aujourd'hui, siffla-t-il en relâchant son poignet.
Malia baissa les yeux en sachant qu'il faisait référence à elle. Les battements de son coeur devinrent plus apaisé mais sa respiration elle, se remettait à peine de la scène qui venait de se jouer sous ses yeux.
- Je ne suis pas une expérience scientifique et j'aimerais qu'on arrête de me traiter comme tel parce que la prochaine fois, je prendrais plaisir à vous montrer l'extrême de mes capacités, ajouta-t-il en les dévisageant tous d'un regard noir en guise d'avertissement.
Espérant que cet avertissement ne lui soit pas réservé Malia tenta de glisser son index vers sa main et une explosion de soulagement la saisit quand il l'agrippa.
- Je suis désolé d'avoir tenté de repousser tes limites, déclara Izario en courbant sa main à l'attention de deux ces hommes.
Ils disparurent puis revinrent avec les malles et les coffres de Caleb.
- J'organise un gala ce soir tout près du port je serais ravi de vous compter parmi nous, poursuivit-il en esquissant un sourire chaleureux comme si rien ne c'était passé.
- Avant de dire non, tu devrais considérer cette invitation comme un moyen de te faire voir auprès des journalistes, intervint Seth avec précaution ; Beaucoup de personnes se demandent où tu es et si tu vas bien. Ton pays se fait du soucis Caleb.
- Je n'exposerais pas Malia, refusa-t-il d'un ton ferme.
- Tôt ou tard elle le sera, rétorqua Izario pensivement.
- Juste une apparition remarquée Caleb, je pense que le haut conseil te l'a déjà fait savoir, ajouta Seth.
Caleb regarda tour à tour les deux hommes qui insistaient pour qu'il s'expose à ce qu'il tentait d'éviter. La colère n'était pas redescendue et il en voulait à Izario de l'avoir poussé à bout. De plus il ruminait encore sur la tentative de fuite de Malia. Il n'arrivait pas à décrire ce qu'il s'était passé en lui lorsqu'il l'avait vu s'enfuir en courant comme si elle cherchait à fuir le diable. Bien qu'elle s'était montré clair à ce sujet en lui faisant clairement comprendre les raisons qui l'avaient poussé à une telle folie, Caleb ne s'en était toujours pas remis. Une rage de désespoir l'avait traversé puis la peur qu'elle lui glisse entre les doigts. Oui, tout avait changé depuis qu'il l'avait embrassé et il refusait à présent qu'elle s'en aille. Il devenait égoïste et s'en fichait. Plus rien ne comptait que cette fille agrippée à son bras. Izario avait raison, elle était combative domptant la peur qu'il éveillait en elle pour la défier. Tout avait commencé avec elle et tout se finirait avec elle.
Que la mort l'emporte s'il trahissait la promesse qu'il venait de sceller silencieusement.
- Nous viendrons, abdiqua-t-il en sachant que Seth avait raison.
Il fallait qu'il s'expose avait que la presse de Zyarhan s'emballe.
- Parfais ! S'exclama Izario en se frottant les mains.
- Puis-je savoir où se trouve les toilettes ? Demanda-t-elle en lâchant son bras.
- Un garde du corps va vous accompagner bellissima, répondit Izario en s'écartant.
- Elle en a déjà un je te remercie, intervint Caleb en poussant Malia vers les marches.
Il l'entendit ricaner derrière son dos mais n'y prêta guère attention.
- Vous allez bien ? Demanda-t-elle quand ils furent seuls.
- J'irais mieux lorsque nous quitteront cet endroit, marmonna-t-il en la guidant jusqu'au toilette.
- Je suis désolée, dit-elle le regard peiné en s'arrêtant près de la porte.
Il savait qu'elle parlait de sa fausse tentative de fuite et il ne voulait pas qu'elle se sentent fautive car il était le seul coupable. À force de vouloir maîtriser l'afflux de ses émotions il ne faisait que l'accroître encore plus.
- Tu n'y es pour rien, articula-t-il en glissant une main dans ses cheveux.
Cependant Caleb ne parvenait pas à oublier l'image d'elle en train de courir, les cheveux au vent, s'éloignant loin de lui. C'était comme un cauchemar qui se répétait sans cesse dans sa tête animant la plus sombre part de lui.
Elle se glissa dans les toilettes sans le quitter des yeux puis ferma la porte. Caleb ferma les yeux et posa son front contre celle-ci en inspirant profondément.
Quelques minutes plus tard elle rouvrit la porte avec la même lueur brillante dans les yeux et le suivit sans un mot.
Il posa sa main dans son dos quand ils passèrent devant les hommes d'Izario.
- J'ai hâte de vous retrouver ce soir, lança Izario derrière son dos ; Le thème c'est rouge et noir !
Caleb poussa la jeune femme hors de la boîte de nuit. Quand le soleil chauffa son visage il prit une bouffée d'air frais en fermant les yeux.
- Vous désirez vraiment aller à cette soirée ? Demanda-t-elle alors qu'il roulait en direction du port.
- Je dois y aller, il le faut, et je n'ai pas le choix de t'y emmener.
Il marqua une pause pour lui lancer un regard. Elle se mordillait nerveusement la lèvre signe qu'elle appréhendait cette soirée.
- Je ne veux pas te laisser seule sur le bateau et puis j'ai vraiment envie que tu viennes avec moi Malia.
Il se gara sur le parking du port et coupa le moteur sans la lâcher du regard.
- Je n'ai jamais été à une soirée de ce genre, j'ignore comment ça se passe et si je serais à la hauteur.
L'hésitation qu'il lut dans ses yeux lui fit comprendre qu'elle mesurait sa position dans ce monde et ses épaules affaissées lui indiquèrent qu'elle n'avait pas du tout confiance en elle.
- Ne sous-estime pas tes capacités Malia, tu as toutes les qualités pour être à mon bras ce soir.
Il leva sa main pour emprisonner son menton entre ses doigts.
- Tu es digne d'un roi, murmura-t-il d'une voix vibrante de sincérité.
Sa sincérité aiguisa ce sentiment de jalousie qui l'emplissait sombrement. Elle était si belle qu'il n'était pas sûr de vouloir la partager avec une assemblée.
Il ôta ses doigts de son menton et quitta la voiture imitée par la jeune femme. Enfin, un sentiment de paix l'assaillit quand il toucha la passerelle du yacht. Enfin seul avec elle, Caleb s'empressa de décharger le coffre de la voiture et après plusieurs aller-retour, il poussa un long soupir en se laissant tomber sur le canapé extérieur qui donnait sur la mer turquoise pendant quelques minutes. Il monta les deux ponts supérieurs et s'arrêta à hauteur de la chambre de Malia. Appuyé sur le chambranle de la baie vitrée il contempla la jeune femme qui disposait des robes du soir sur le lit avec un regard hébété, les yeux écarquillés devant ces pièces de créateurs qu'il avait commandé à New-York.
- Mon dieu, souffla-t-elle gênée.
- Elles sont pour toi, j'espère qu'elles te plaisent.
Elle sursauta une main sur le cœur et lui fit face.
- C'est trop, je...j'ignorais que...enfin...
Caleb lâcha un petit rire moqueur et la rejoignit pour étudier les robes.
- Celle-ci me semble parfaite, murmura-t-il en l'imaginant dedans, à son bras.
Il ignorait si ce gala était une bonne idée mais il savait que ce ne serait pas sans conséquences et il ne parlait des bruits, des jets de lumières ou bien de la foule qui l'entourerait. Il parlait de la femme à sa droite qui contemplait la robe avec un mélange d'excitation et d'inquiétude au fond des yeux. Car dans cette robe, Malia deviendrait un halo de tentation...et il savait d'avance que les dernières briques qui renfermaient tous ses désirs se briserait et qu'il ne parviendrait plus à lutter.
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