Chapitre 18



Malia s'était réveillée au moment de l'atterrissage et n'en fut pas mécontente. Sa première réaction fut de regarder autour d'elle pour trouver Caleb qui échangeait avec l'italien et les deux hommes ne semblaient plus en tension.

Elle se leva pour attirer son attention et presque aussitôt son regard ténébreux se braqua dans le sien. Il posa une main amicale sur l'épaule de l'italien et s'empressa de la rejoindre. Son cœur se remit à battre à la chamade et elle n'avait ni envie de le réfréner ni le désire qu'il cesse de battre dans cet ordre déraisonné.

- Nous sommes arrivés, annonça-t-il en l'aidant à passer son manteau autour de ses épaules.

- Est-ce que je vais enfin savoir où nous sommes ? S'enquit Malia en le suivant vers la sortie.

- J'espère que vous aimez la Sicile, dit-il sans d'autres explications.

Malia réprima un sourire, alors qu'une joie indéfinissable emplissait son cœur. C'était son deuxième voyage en vingt-cinq ans d'existence et jamais elle n'aurait pensé un jour poser les pieds en Italie. Cependant un détail heurta son esprit. De toutes les possibilités qu'elle avait envisagé pas une seule seconde elle aurait misé sur l'Italie mais plutôt sur Zyarhan. D'ailleurs elle en fut surprise si bien qu'elle se demandait pourquoi il ne l'avait pas envisagé.

Quatre voitures blindées attendaient sur le tarmac. Izario monta dans l'une d'entre elles flanqué de trois hommes vêtus de costumes noirs.

Le soleil était vif, brûlant et agréable si bien qu'elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire alors qu'elle montait dans l'une des voitures.

- Eh bien Malia, si j'avais su plus tôt que l'Italie vous ferez sourire je n'aurais pas prit la peine de garder le secret, murmura-t-il d'une voix chaude et rauque.

Malia se mordit la lèvre pour effacer son sourire. Il posa ses mains sur le volant et très vite Malia fut attirée par leur crispation autour du cuir. Il n'en fallut pas plus pour Malia...elle comprit très vite que l'homme n'était plus dans son élément.

" Comment puis-je l'aider "

Au souvenir de cette question qu'elle avait adressée à Seth, Malia décida d'agir vite.

- Où allons-nous ?

Le cheikh posa son pouce et son index sur ses yeux en exhalant un soupir tremblant.

- J'ai réservé une chambre dans un hôtel au cœur de la ville, répondit-il en reposant sa main sur le volant.

- Pourquoi vous ne supportez pas la foule et le bruit ? S'enquit Malia en sachant pertinemment qu'il avait déjà répondu à cette question.

- Je crois que je me suis habitué à être isolé, chaque fois que je suis à proximité d'un brouhaha je ne le supporte pas. C'est comme si mon cerveau recevait trop d'informations et ça me rend fou.

Malia se mit à réfléchir à un moyen de contourner le problème qui se dressait devant le cheikh.

- Pourquoi ne pas faire dans la simplicité ? Proposa-t-elle.

- Comment ça ? Demanda-t-il en se tournant vers elle les sourcils froncés.

- Eh bien trouvez un autre endroit, nous sommes en Italie, je suis sûre qu'il existe dans gîtes ou des hôtels aux cœurs des vignes ou autre.

Gênée par le regard de l'homme, Malia détourna les yeux sur le GPS et s'empara du téléphone du cheikh. De marbre, il la laissa faire.

Très vite elle chercha un endroit calme perché dans la nature et décida d'en choisir un au hasard.

- Ici, ça sera parfait, dit-elle en lui pointant le téléphone sous les yeux.

- Vous êtes sérieuse Malia ? Dit-il enfin en la dévisageant longuement.

- Très sérieuse, affirma-t-elle en se remettant droit sur son siège.

Mais la main du cheikh s'empara de son menton pour l'obliger à le regarder. Sa main était si large qu'elle prenait l'ensemble de ses mâchoires.

- Vous faites cela pour moi ou pour vous ? Demanda-t-il d'une voix basse.

Il était si proche qu'elle pouvait sentir les effluves de son parfum ainsi que la chaleur qui se dégageait de son corps.

- Un peu des deux, avoua-t-elle en soutenant son regard ; Vous m'avez enlevé pour que je sois avec vous. Vous avez dit vouloir me connaître et que vous aviez besoin de moi.

- C'est vrai, affirma-t-il en relâchant la pression exercée sur ses mâchoires.

- Il y a une chose que vous devez savoir sur moi, c'est qu'une belle chambre d'hôtel luxueuse ne suffira pas à me rendre heureuse. Je ne suis pas une fille qui se complète dans le shopping hors de prix entre deux verres de champagne et une carte de crédit.

Malia hoqueta quand il fit de nouveau pression sur ses mâchoires pour l'attirer vers lui. Une furieuse bouffée de chaleur entama ses joues alors que des frissons courraient le long de son épine dorsale.

Son pouce s'abandonna sur ses lèvres qu'il se mit à caresser, les yeux rivés sur les siens.

- Et c'est l'une des raisons qui me pousse à croire que je ne dois plus éprouver de regrets, murmura-t-il d'une voix profonde.

Ses doigts disparurent de son visage pour venir accrocher le volant fermement. Il démarra, la laissant presque frustrée. Jamais jusqu'ici elle ne s'était sentie si vibrante, cherchant à mettre un mot sur les sensations divines que lui procuraient ce guerrier impénétrable.

Pour effacer les tensions délicieuses qui lui nouaient le corps Malia se tourna vers la vitre pour admirer la ville. Éblouie elle scrutait chaque détail par peur d'oublier cette carte postale vivante qui défilait sous ses yeux.

Il quitta la route principal pour gravir une magnifiques route rocheuse qui donnait sur la mer bleue. Dix minutes plus tard il s'arrêta à l'endroit qu'elle avait choisi. Il s'agissait d'une ancienne ferme rénovée en chambres d'hôtel. Entouré d'arbres et de végétations resplendissantes, l'hôtel dégageait un charme naturel et le silence régnait en maître.

Lorsqu'ils passèrent le portail Malia aperçut une femme qui marchait dans leur direction tout sourire.

- buongiorno signorina !

Malia la salua chaleureusement tout l'inverse de Caleb qui lui, examinait l'endroit comme si aucun détail ne devait lui échapper.

- Nous aimerions une chambre pour la nuit est-ce possible ? Demanda-t-il en fixant la femme sicilienne d'un œil méfiant.

- Oh ! Sì ! Vous êtes en couple ? Mariés ? Fiancés ?

Malia écarquilla les yeux avant de dévier son regard sur Caleb qui l'observait déjà derrière deux fentes impénétrables. La bouche sèche elle dévisagea les alentours avant de s'apercevoir grâce à l'enseigne installé sur le portail qu'il s'agissait d'un hôtel particulier spécialement conçu pour les couples.

- En réalité nous ne sommes pas...

- Par ma faute ! S'exclama Malia en le coupant attend.

Elle se rapprocha de lui en plaquant un sourire figé sur ses lèvres. Pour donner un sens au mensonge qu'elle s'apprêtait à dire, Malia posa son main sur le torse du cheikh. Elle eut l'impression qu'elle brûlait sous le contact de son ventre dur comme l'acier.

- En réalité il m'a enlevé au beau milieu de la nuit pour me demander ma main en Sicile et comme une idiote j'ai tout gâché ! Expliqua Malia en riant doucement.

Elle s'empressa de lever la tête vers l'homme qui lui lançait des éclairs de moquerie et de désirs mêlés...ainsi qu'un léger avertissement.

- N'est-ce pas chéri ? Insista-t-elle en poursuivant la comédie.

Les lèvres frémissantes, le regard noir et presque possessif il referma son bras sur sa taille pour la plaquer contre lui. Prise par surprise Malia étouffa un hoquet alors qu'il la serrait contre lui avec force. Elle avait l'impression d'être aussi fragile que de la porcelaine dans cet étau à la fois rassurant et inquiétant.

- Elle dit vrai, ma surprise est tombée à l'eau et j'espérais me rattraper dans votre fabuleux hôtel.

- Comme c'est romantique ! S'exprima-t-elle en levant les bras au ciel : Suivez-moi ! Je vais vous donner la suite réservée au futur marié.

Malia afficha sont plus beau sourire et s'apprêtait à la suivre mais un bras puissant la rattrapa et elle fut à nouveau plaquée contre son torse.

- Un mot de plus en italien de votre part et je ne réponds plus de rien, déclara-t-il en guise d'avertissement de sa voix chaude et teintée de cet accent exotique qui avait le pouvoir de la faire chavirer.

Il la relâcha et la fit pivoter afin qu'elle le regarde. Malgré son teint qu'elle devinait cramoisi Malia leva le menton pour le défier.

- Une chance pour vous que je ne parle pas l'arabe.

Il fit un pas dans sa direction, une lueur marquée au fond des yeux, chargée de promesses.

- Si vous parliez l'arabe je peux vous affirmer que je...

Il s'interrompit, levant son regard au-dessus d'elle et se redressa lentement.

- Vous venez ! S'écria la propriétaire de l'hôtel.

Malia retint un sourire devant la frustration du cheikh puis la suivit frustrée à son tour de ne pas savoir ce qu'il s'apprêtait à lui dire.

- Voici votre suite Signore.

Caleb ouvrir la porte avant qu'elle ne le fasse, la prenant de court et étudia la chambre d'un œil aiguisé.

- C'est parfait, intervint la jeune femme pour détourner la propriétaire de ses agissements peu communs.

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit demandez Dina, dit-elle en s'éloignant tout sourire.

Caleb se tenait toujours immobile devant l'entrée, empêchant la jeune femme d'y entrer.

- Vous avez vu quelque chose de suspect ? Demanda-t-elle tout bas.

Caleb leva les yeux au ciel en poussant un grognement car il ne faisait aucun doute qu'elle se moquait de lui.

Il se retourna avec vivacité et prit ses bras pour la plaquer gentiment contre le mur puis posa ses mains de chaque côté de son visage tout en s'abaissant pour sonder son regard craintif.

- Voulez-vous que je vous scotch à nouveau la bouche ? Demanda-t-il tout bas.

- Vous pouvez mais ça ne m'empêchera pas de vous dire le fond de ma pensée et la je pense que vous devriez vous détendre et apprécier le silence au lieu de chercher un danger qui n'existe pas.

Caleb sentit les muscles de ses mâchoires convulser et la jeune femme le remarqua car l'azur de ses yeux était rivé dessus.

Tendu, épris d'un désir primitif il se redressa pour la laisser passer alors qu'il pouvait déceler son pouls palpiter dans cette petite veine bleue visible dans son cou.

Incapable de résister Caleb la rattrapa avec son bras qu'il glissa sur sa taille et la tira en arrière pour la plaquer contre son torse. Sa main fine se posa instinctivement sur son avant-bras tandis que sa respiration hachée laissait entrevoir la sensation de vertige qui l'assaillait. Fermant les yeux, Caleb abaissa son visage vers ses cheveux.

- Merci Malia, murmura-t-il d'une voix troublée alors qu'il déposait un baiser dans ses cheveux.

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