Chapitre 48



Malia s'approcha vers les grilles du palais avec appréhension. Les paroles de Caleb tournait en boucle dans sa tête. Elle s'était surpris à espérer que son passé ne vienne plus interférer dans leur vie mais elle s'était trompée. Les démons de Caleb était encore présent...suffisamment pour impacter sa méfiance envers son propre peuple. D'une respiration bruyante Malia balaya la foule d'un regard anxieux. Très vite, elle ressentit un faible soulagement lorsqu'un homme s'approcha en tendant sa main à travers les barreaux. S'ensuivit de grands sourires chaleureux.

Caleb lâcha sa main pour saisir celle de l'homme. Timidement elle s'approcha en ayant l'impression d'être soumise à un test.

- Voici ma femme, annonça Caleb en arabe en posant sa main dans son dos pour l'inviter à s'approcher davantage.

Un brouhaha ressemblant fortement à de l'acceptation s'éleva soudain. En confiance, Malia salua les habitants portant sur ses lèvres un sourire sincère...oh oui il l'était car enfin elle sentait qu'elle était bien plus proche de ces personnes que ceux qui se trouvaient à l'intérieur du palais.

Les enfants l'accueillirent avec des bouquets de fleurs, saisissant ses cheveux et sa robe, les yeux brillants.

Caleb se maudissait silencieusement d'avoir été si dur et implacable. Jusqu'ici tout semblait normal. Malia était accueillie avec bienveillance et respect, les habitants semblaient ravis de la voir enfin. Tout semblait normal, sans danger et pourtant, il restait sans cesse sur ses gardes, incapable de se détendre ou d'envisager l'éventualité que Malia et son enfant ne courait aucun danger.

Il regarda la jeune femme prendre les bouquets de fleurs qui ne tenaient presque plus dans ses mains, échangeant avec eux dans sa langue qu'elle apprenait chaque jour pour se rapprocher un peu plus de son pays et de ses origines.

Caleb ferma les yeux en réalisant que c'était peut-être lui le problème. Il s'en voulait amèrement d'avoir été si froid avec elle quelques minutes plus tôt. Elle ne le méritait pas.

Il tourna son regard noir vers les journalistes qui au loin prenaient plaisir à capter le moment qu'ils attendaient depuis des jours. Malgré la distance qui les séparait, il put voir sur leurs visages de la stupéfaction mêlée à de l'intérêt vif comme si chaque moment valait son pesant d'or.

Il s'approcha en direction de Malia qui portait toujours le même sourire resplendissant. Il lui fit signe qu'il était temps de partir et c'est avec un sourire à peine esquissé qu'elle le suivit en saluant la foule.

Conscient qu'il était en faute il préféra miser sur le silence et l'entraîna vers les escaliers extérieur. Lorsqu'ils furent seuls loin de toute la foule, il referma la porte sans la quitter des yeux alors qu'elle s'affairait à disposer les bouquets de fleurs dans le grand vase. Il prit son poignet pour qu'elle cesse de feindre d'ignorer sa présence et d'un doigt l'obligea à le regarder.

- Je te dois des excuses Malia, commença-t-il d'une voix douce mais qui regorgeait de remords.

Alors qu'elle restait muette il lut dans ses prunelles qu'elle attendait qu'il reprenne, réceptive à l'écouter.

- Revenir ici, en ces lieux n'est pas sans conséquences et tu le savais Malia.

- Ce que je sais c'est que ton passé sera toujours en toi et qu'il a bâtit notre rencontre mais je ne veux pas qu'il brise notre futur sinon il aura gagné.

Caleb réprima de peu un juron, alors qu'il s'était raidi sur l'instant.

- Je veux être à tes côtés et ouvrir une nouvelle page dans laquelle nous sommes ensemble, heureux et capable de reconstruire ce que tu as perdu, reprit-elle en se mordant les lèvres.

- Ce que j'ai perdu ?

- Ta proximité avec ton peuple, répondit-elle en affrontant son regard ; Je t'ai observé tout à l'heure et ta méfiance à leur égard est en train de créer un fossé Caleb.

Forcé de l'admettre il se passa une main sur le visage.

- Tu as raison...

- Tu es le dirigeant de ce pays et tu dois impérativement leur prouver que tu as confiance en eux comme ils ont confiance en toi. J'ai vu ce dont tu es capable, je sais avec convictions qu'aucun d'entre eux désir te perdre à nouveau et...

Caleb ne la laissa pas finir et l'embrassa comme si sa vie en dépendait.

- Je t'aime Malia si tu savais à quel point je t'aime, murmura-t-il d'une voix rauque.

- Moi aussi je t'aime Caleb.

- Tu es toute ma vie, et je te fais la promesse solennelle de réapprendre à donner ma confiance à mon peuple.

Elle plongea son regard dans le sien avec émotion.

- Et en retour je te fais la promesse de te soutenir peu importe les choix que tu prendras.

Caleb prit sa mâchoire entre sa main et posa son front contre le sien.

- Tu m'as ramené à la vie habibti, tu es celle qui m'a donné une raison de rester en vie.

Devant cette déclaration émise avec douleur et force Malia sentit des larmes ruisseler sur son visage qu'il tenait fermement entre ses doigts par une simple pression exercée sur sa mâchoire.

- Promets-moi de rester avec moi jusqu'à la fin.

Malia releva les yeux alors qu'il l'observait avec gravité et douleur mêlées.

- Je te le promet, murmura-t-elle d'une voix tremblante d'émotions.

Il couvrit ses lèvres d'un baiser tendre avant qu'il devienne plus fougueux, intense.

Il posa sa main sur son ventre avant de s'agenouiller pour y déposer un baiser. Émue, Malia glissa une main dans ses cheveux noir alors que pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, le cheikh Al-Eydhar versa une larme solitaire mais qui à elle seule, valait mille mots.

Malia sut alors qu'elle n'avait plus besoin d'avoir peur qu'un jour Caleb soit rattrapé par son passé, car elle veillerait chaque seconde de chaque minute à lui faire oublier cette sombre époque qui malgré tout avait un lien avec leur histoire.

- Si tu n'étais pas resté sept ans dans ces montagnes jamais nous nous serions rencontré, lui dit-elle quand il fut relevé.

- C'est vrai, et c'est peut-être la seul raison qui m'empêche de regretter ces sept longues et interminables années, répondit-il en lui prenant le visage en coupe.

Malia lui sourit en posant la paume de sa main sur son torse puis la glissa jusqu'à son cœur. À ce moment précis, en sentant les battements de son cœur sous la pulpe de ses doigts, Malia eut l'impression qu'enfin elle pouvait voir le bout de ce long tunnel, décelant enfin l'aube d'une éblouissante lumière.

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