Chapitre 19
Les mains posées sur son ventre palpitant, Malia ouvrit la fenêtre du balcon pour jeter un regard sur le jardin ensoleillé. Instinctivement elle posa une main dans ses cheveux à l'endroit exacte où le cheikh avait déposé ses lèvres. Il l'avait remercié et elle savait exactement pourquoi. Un sourire s'étira sur ses lèvres qu'elle garda secret en s'empressant de l'effacer, une main posée sur la joue.
Elle rejeta sa tête en arrière pour prendre une bouffée d'oxygène et pivota les talons pour ouvrir sa valise posée sur le lit. Son regard fut attiré par la porte de la salle de bains laissée entrouverte. De la vapeur s'en dégageait, le bruit de la douche s'arrêta soudain, signe qu'il avait presque terminé. Une vilaine et dangereuse curiosité la poussa à s'avancer vers cette porte. Malia se cacha contre le mur et jeta un coup d'œil dans la faible ouverture de la porte. Lorsqu'elle le vit, Malia sentit ses battement de cœur redoubler d'intensité. Une peur rationnelle lui comprima le ventre lorsqu'elle le vit, une serviette enroulée autour de ses reins, le cheveux mouillés exposant un corps sculpté dans la roche. Il dégageait une impression de force impressionnante, animal, imprimée dans chaque tissu. Mais au-delà de ce corps imposant, Malia ne put s'empêcher de porter sa main à sa bouche quand il se retourna...exposant son dos lézardé de cicatrices qui contrastaient avec le hâle de sa peau. Une douleur lui comprima le cœur alors qu'elle fixait ses omoplates parsemés de marques qui entaillaient sa peau.
Elle inspira profondément mesurant à peine ce qu'il avait pu enduré.
Malia s'écarta légèrement et se laissa glisser contre le mur pour échapper à cette vision à la fois terriblement sexy et douloureuse.
- Malia ?
À cette voix gutturale et chaude elle sursaut en portant une main à son cœur.
- Oui ? S'enquit-elle en se tournant pour lui faire face.
Troublée par la vision de son torse nu, Malia dévia le regard, gênée alors qu'elle sentait une chaleur se répandre dans son bas ventre.
Il se rapprocha d'une démarche assurée, lui exposant ce qu'elle cherchait à tout prix à éviter. Désireuse de comprendre son corps elle posa son regard sur lui et ses yeux se posèrent sur ses pectoraux, son ventre fait d'acier et sur ses muscles palpitants de veines. Jamais de sa vie un homme lui avait fait un tel effet si bien qu'elle dut lutter pour lever son regard vers le sien.
- Tenez, dit-il sans la quitter des yeux.
Malia se racla la gorge et quitta sa torpeur pour baisser les yeux sur sa main.
- Vous me le rendez ? Dit-elle surprise en récupérant son téléphone.
- Je crois que je peux vous faire confiance et en toute honnêteté je ne sais plus quoi répondre à votre amie. Elle est tenace et avide de savoir si vous avez fait la rencontre d'un beau sicilien et s'il vous a prise sous le soleil couchant au beau milieu de la plage. Je ne fais que relater ses propres termes.
Malia se mit à rougir si violemment que la colère lui monta à la tête.
- Mon dieu ! Quelle perverse ! S'écria-t-elle en consultant son téléphone ; Depuis quand vous conversez avec elle ?
- Depuis qu'elle n'arrête pas de vous harceler malgré les informations que je lui ai donné en me faisant passer pour vous. Heureusement votre mère est plus agréable et peu difficile à convaincre.
Malia consulta les messages et constata que le cheikh s'était montré neutre quant à la forme de ses réponses au contraire de Cassie.
- Je viens de lui répondre que vous étiez avec moi, lâcha-t-il en partant vers la salle de bains, faisant rouler ses muscles spectaculaires suffisamment pour qu'elle lâche son téléphone les joues rouges.
Malia secoua de la tête pour recouvrir ses esprits et ramassa son téléphone portable. La conversation était digne du surréalisme et la honte progressait sur son visage à mesure qu'elle consultait les messages.
- Je suppose qu'elle ne va pas tarder à vous répondre et j'ai hâte de savoir quelle teneur aura ce message, ajouta l'homme en revenant vêtu d'une belle chemise noire et d'un jean assorti.
- Je suis...affreusement gênée, dit-elle d'une voix blanche.
- Pourquoi votre amie se soucie tant de votre vie sexuelle et personnelle ? Demanda-t-il en s'approchant dangereusement.
- Parce qu'elle me trouve trop coincée du moins de son point de vue ce qui ne compte pas puisqu'elle n'est pas normale, Cassie est...enfin elle fonce tête baissée et ne réfléchie jamais comme moi je le fais.
- Je ne vous trouve pas coincée Malia, je vous trouve réservée avec une certaine curiosité dans les yeux et vous êtes encore jeune vous apprenez.
Malia se mordit l'intérieur de la joue devant cet homme de trente-trois ans qui avait entre ses mains l'expérience et la maturité suffisante pour la juger.
- Qu'est-ce qui vous fait dire que j'apprends ? Enfin que voulez-vous dire par-là ?
- Vous apprenez à écouter votre corps et votre raison, cependant il arrive parfois que les deux rentrent en désaccord. Par-exemple il y a moins de deux minutes vos yeux luisaient de désir jusqu'à ce que la raison vous pousse à le chasser. Cela ne fait pas de vous une jeune femme coincée mais une jeune femme qui découvre et apprends.
Bouche bée, Malia battit des cils en le dévisageant. Pas un seul instant il s'était montré moqueur ou amusé. Il parlait avec un sérieux qui lui coupa la respiration.
- On dirait que vous m'avez longuement étudiée, nota-t-elle d'une voix hésitante.
Il boutonna sa chemise encore ouverte en l'observant derrière un voile impénétrable.
- Vous êtes comme un livre ouvert Malia, je n'ai pas eu grands efforts à faire pour vous comprendre. Et ne voyait pas ça comme un mal j'irais même jusqu'à dire que votre ex petit-ami ne vous a pas rendu service en vous proposant une relation désastreuse.
- Comment pouvez-vous le savoir ?
- Je peux le voir, j'ai pu aisément le déceler dans votre façon d'agir avec votre collègue de travail et ce jeune fougueux qui a eu la leçon qu'il méritait. Vous étiez tendue à leur contact et il y avait de la méfiance dans vos yeux et de la raideur dans votre façon de vous tenir.
" Sauf avec vous " Songea-t-elle en baissant brièvement les yeux.
- Bien joué, dit-elle en relevant les yeux : Vous êtes doué.
Il enfonça ses mains dans les poches de son pantalon et s'approcha le regard fermé.
- Vous n'êtes pas coincée Malia, murmura-t-il en l'embrassant du regard : Vous avez tout simplement besoin d'un homme et pas d'un frimeur qui pense que tout lui est dû et dont l'arrogance dépasse la triste réalité de la vie.
Malia frissonna lorsque son regard devint intense et profond. Sa respiration devint alors plus rapide mais elle tenta de la réfréner du mieux qu'elle le put.
Il leva sa main pour effleurer sa joue avec son index puis lui prit son téléphone des mains. Une minute plus tôt elle avait crû le sentir vibrer dans sa main et réalisa trop tard que Cassie avait répondu.
- Très créatif, commenta-t-il un sourcil levé en lui rendant.
- Je ne préfère pas le lire ! S'écria Malia en posant son téléphone contre sa poitrine les yeux fermés.
Il se mit à rire doucement.
- Alors je vous propose de vous préparer, nous sommes attendus en bas.
Malia ouvrit les yeux et l'observa partir sur le balcon. Les mains moites elle pencha son téléphone pour lire le message. Les yeux écarquillés d'embarras elle s'empressa de l'effacer et s'enferma dans la salle de bains pour poser son front contre la porte.
Les paroles du cheikh n'avaient de cesse de résonner dans sa tête. Le pire pour elle fut d'admettre qu'il avait raison. Sa précédente relation amoureuse l'avait dégoûtée et les espoirs qu'elle se faisait sur l'amour s'étaient lentement effondré.
Malia se prépara l'esprit ailleurs et enfila une robe couleur crème. Elle s'observa dans le miroir et toucha ses lèvres, le ventre noué à l'idée d'ouvrir cette porte et de devoir faire face à toutes les sensations qui naissaient en elle chaque fois qu'elle se trouvait à proximité du cheikh.
Caleb quitta le balcon après s'être calmé. Cette fois-ci il n'y avait ni colère ni rage, mais un désir fort presque douloureux qui l'oppressait.
Il massa sa nuque raide pour réduire l'effet du désir mais ses efforts furent réduits à néant lorsqu'elle ouvrit la porte de la salle de bains.
Dans cette robe crème et ample qui glissait sur son corps elle était tout simplement magnifique. Ses traits fins et délicats dégageaient une sensualité secrète qu'il rêvait d'explorer. Il ne regrettait pas ses dires. Malia avait besoin d'un homme mûr qui serait capable de la libérer. Ses propres pensées le mirent dans un état de jalousie telle qu'il se fit la promesse d'être cet homme et pas un autre.
Ses mâchoires tressautèrent alors qu'elle venait de déployer l'ourlet de ses cils pour le regarder.
Caleb dut se faire violence pour ne pas l'embrasser. Il travaillais dur sur sa maîtrise à contrôler ses pulsions mais Malia le mettait à rude épreuve si bien qu'il aurait voulu passer une seconde fois à la torture que devoir rester stoïque devant ce fruit détendu.
- Dina nous attends, dit-il sans pouvoir maîtriser la violence de son désir qui se mua en un son rauque.
Caleb ouvrit la porte pour quitter cette pièce étriquée et descendit l'étage à la hâte. La jeune femme le suivit d'un pas craintif en remettant des mèches derrière son oreille. Ses pommettes portaient le lourd fardeau de ses rougeurs incessantes, signe qu'elle ne pouvait nier l'attirance qu'elle éprouvait pour lui.
Caleb se retourna pour échapper à cette image terriblement tentante mais la réalité le rattrapa. Il balaya le petit restaurant du regard à s'aperçut que les regards masculins étaient tournés vers Malia. Il jeta un regard de torve vers une femme qui se léchait les lèvres en l'observant avec dévotion.
- Un hôtel pour les couples hein...marmonna Caleb quand elle arriva à sa hauteur : je dirais plutôt qu'il s'agit d'un hôtel qui met à l'épreuve de la tentation.
Malia ne répondit pas, trop occupée à dompter la folle jalousie qui s'emparait d'elle. C'est à peine si les présences féminines n'étaient pas en train de baver sans se soucier de leur compagnon.
- Venez, allons nous mettre dans un coin tranquille, dit-il agacé en lui prenant la main.
Au contact de sa main chaude Malia cligna des yeux en fixant la fine blancheur de ses doigts emprisonnée dans les siens...
Il y exerça une légère pression puis la lâcha pour lui tirer la chaise.
Il avait choisi un coin réservé sur la terrasse qui donnait sur un magnifique vignoble en contrebas.
Une fois installé, il croisa les mains contre sa bouche tout en glissant son regard sur elle. Pendant un bref instant Malia aurait voulu lire dans ses pensées car il avait le pouvoir de se montrer impassible, gravé dans le marbre.
- Alors ? Lança-t-elle en lui souriant ; Comment trouvez-vous mon idée ?
Il plissa des yeux puis se redressa en inspirant jusqu'à bomber son torse.
- Votre idée m'est d'une grande aide, vous aviez raison, et je vous remercie pour ça.
- Mais ? S'enquit Malia en plissant des yeux.
- Mais je ne pourrais pas indéfiniment rester à l'écart du monde, tôt ou tard il faudra que j'affronte tous ces bruits qui me rongent.
Une lueur de colère perça le regard du cheikh.
- Mais pour l'instant nous sommes là, dit-elle en esquissant un sourire tout en jouant nerveusement avec ses doigts.
- Vous avez raison, dit-il au bout d'un long silence ; J'aimerais vous connaître Malia, parlez-moi de vous.
- C'est étonnant, j'aurais pensé que vous auriez fait des recherches sur moi.
Il se passa une main dans sa barbe en esquissant un demi-sourire.
- En effet c'est le cas mais je ne connais pas vos désirs pour l'avenir, avez-vous l'intention de rester à vie serveuse ? Vous étiez à la faculté ce qui me laisse penser que vous aviez des projets.
- Oui c'est le cas mais au bout d'une longue et insupportable réflexion j'ai réalisé que l'argent ne suivrait pas pour que mon projet puisse un jour aboutir.
- Quel était votre projet Malia ?
Soudain nerveuse Malia affaissa ses épaules incapable de maîtriser le flux de ses pensées comme si elles étaient annihilées par la voix virile et envoûtante du cheikh.
- Je voulais ouvrir une boutique de vêtement principalement de la lingerie.
Alors qu'elle s'attendait à une réaction amusée de sa part ce fut tout le contraire qui se produisit. Les muscles de ses mâchoires se mirent à convulser le regard luisant d'un désir à peine voilé.
- Vous voyez que vous n'êtes pas si coincée comme le suggère votre amie, dit-il d'une voix sombre.
Il se pencha soudain pour prendre l'une des marguerites plongés dans le vase et arracha un morceau de la tige.
- Je dirais même que vous êtes un mystère qu'il me tarde de percer, ajouta-t-il en glissant la marguerite dans ses cheveux créant en elle une myriade de sensations qui exacerbait déjà la traîtresse chaleur qui se répandait dans ses chairs....
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