Dernière page du carnet de Charles

« J'ai brulé le manoir. Dans un accent de folie. De peur. De rejet. J'ai honte. J'ai tellement honte. Heureusement, en revenant à moi, j'ai eu le temps de sauver quelques livres. J'espérer que cela suffira pour retrouver le chemin. En priant qu'un autre ne termine pas ce que j'ai misérablement commencé et détruise ce faible héritage. ... Je prie pour ne pas être la cause de la perte de l'humanité et j'utilise chaque jour qui passe à recoller les morceaux, à retranscrire ce qui à bruler. Ce manoir était peut-être le dernier lien qui nous reliait à ce monde obscur oublié. Ce monde vital sans quoi nous ne pourrons survivre. Et quand j'aurais fini, je partirais. Je partirais dans l'obscurité. Car je suis un lâche et un faible. Pardonnez-moi.

Lumière. Clarté. Blancheur.

Obscurité. Ténèbres. Opacité.

L'obscurité n'est pas notre ennemi.

C'est un allier. Riche, complexe, inquiétant.

Il faut apprendre à l'apprivoiser comme nous avons appris à connaître la franchise intransigeante de la lumière.

Prenez garde à l'obscurité.

Elle apporte beaucoup de réconfort. On peut s'y perdre, tellement griser par la liberté absolue qu'elle offre. Mais il ne faut pas oublier. Ne pas oublier comme nous l'avons fait dans la lumière.

Apprenez à aller d'un coté et de l'autre. Apprenez à vivre en harmonie.

A vous.

Si vous plongez dans l'obscurité, le plus difficile n'est pas de dépasser vos peurs. Ce n'est qu'une broutille. Le plus difficile sera d'en revenir. Car le monde vous paraîtra bien fade après avoir touché l'obscurité. La lumière vous fera mal. Le manque de liberté sera cuisant. Mais vous serez plus fort que moi. Vous le devez. Vous serez plus altruiste que moi. Je l'espère.

Je n'ai pas su lui résister... Pardonnez ma faiblesse

Apprenez leur à les aimer et à les craindre tous les deux

L'obscurité...

Comme la lumière

Montrez leur tout ce qu'ils ont perdu

Sauvez-les

Sauvez-nous »