10 ° Au bord de l'irréversible °
Lorsque j'ouvre les yeux, je suis allongée sur le parquet du salon. Il fait froid. La lumière grise filtre à travers les voilages. Je cligne des yeux. Je me sens courbaturée. Je me relève lentement. Je suis seule. J'ai besoin d'être seule. J'ai besoin de me mouvoir sans avoir besoin de me contenir, de me heurter à l'espace de quelqu'un d'autre.
Je passe le plaide qui traine sur le fauteuil autour mes épaules. Je sors sur le pas de porte et inspire profondément. Je me sens bien, en paix. D'un calme absolu. Se peut-il que ce soit cela ce qu'il appelle l'harmonie? Il avait dit que j'aurais dû souffrir mais je ne ressens rien de tout cela.
Je me rends compte que pour la première fois de ma vie, je ne ressens plus cette frustration. D'abord cela me fait peur. Je n'ai jamais vécu sans elle. Et puis, doucement, une plénitude indicible m'envahit. Pour la première fois de ma vie, je me sens en harmonie. Dans le plus simple de ses états.
Où est Charlotte ?
Je me laisse porter. Je suis son emprunte, son parfum, sa vibration. Légère, discrète, elle flotte mollement dans le jardin et grandit dans la forêt. Je la découvre debout au milieu des arbres qui l'enveloppent de leurs bras feuillus. Elle se tient de dos. Je n'ai pas besoin de la voir ni de l'entendre pour percevoir les larmes qui roulent sur ses joues. Je n'ai pas besoin de mes yeux pour sentir sa souffrance. Un déchirement si puissant. Lorsque la haine la plus infantile se mélange avec la joie la plus brute. Savoir qu'on a vécu dans la souffrance depuis si longtemps alors que le remède était à porté de main. Simplement parce qu'ilsont oubliée.
Comment ne pas leur en vouloir ? Mais comment ne pas les prendre en pitié ?
Je m'approche sans un mot et la prend dans mes bras.
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