II-L'INTELLIGENCE

Zeno s'était arrêté pour regarder la jeune fille derrière lui, étant à deux doigts d'hausser un sourcil moqueur devant ses yeux brillants et son air admiratif. C'était vraiment ridicule, surtout pour un petit jardin privé... mais pour l'instant, il était plutôt d'une humeur exécrable... massacrante même. Il n'avait pas la moindre envie de faire de l'humour ou du sarcasme. Lui, le prince, était obligé de faire du babysitting... c'était inconcevable.

Il lâcha son poignet dès que ses gardes refermèrent le portail et passa une main dans ses cheveux en soufflant, relâchant un peu la pression qu'il avait accumulé dans la salle du trône maintenant qu'il se sentait en terrain sûr.

Il fallait vraiment qu'il apprenne à effacer sa colère devant son père, après tout, il lui devait une parfaite obéissance, non ? La bonne blague... S'il y avait bien une chose qu'un kam n'était pas, c'était un soumis, à quelconque autorité ou puissance d'ailleurs. Oui c'était définitif, Zeno n'était pas dans sa meilleure humeur et tout le monde l'avait bien compris. Ses quelques gardes les premiers s'étaient écartés pour se confondre avec le haut mur qui entourait sa demeure.

C'était sûrement un instinct de survie typique des faibles de savoir quand s'effacer face à plus puissant que soit.

Il se tourna vers la jeune fille et lui donna ses ordres d'un ton dégoûté en essayant d'être le plus expéditif possible, moins il lui parlait, mieux il se portait.

-Bon pour l'instant je t'explique la situation : ici c'est ma demeure. La première maison sur ta droite est celle que nous allons habiter et la deuxième comporte des salles d'entraînement. Interdiction d'y entrer. Mon père a dit que tu avais tendance à t'échapper... ne cherche pas à fuir... ce n'est même pas la peine, les murs font quatre mètres de haut et sont parfaitement lisses, quant au portail... il est gardé par des soldats expérimentés. D'ailleurs, il est assez lourd pour la norme et seuls ceux qui arrivent à le passer ont le droit de rester, c'est la règle. Tu es la seule exception j'imagine... maintenant que tout est dit, rends-toi utile, prends un seau et va me chercher de l'eau dans le puits, j'ai soif. Rejoins-moi à l'intérieur.

Il s'en alla dès qu'il eut fini son monologue, qu'Alyssea n'eut pas le courage d'interrompre. Elle n'osa râler qu'une fois qu'il fut loin, derrière la porte, agitant sa tête en faisant tinter ses grelots.

-Vas me chercher ceci, fais cela, quel emmerdeur ! marmonna-t-elle en parcourant les alentours des yeux.

Les soldats la regardaient de loin, certains avec de grands sourires pervers, gloussant bruyamment. C'était sûr, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas vu une fille aussi jolie et délicate, on aurait dit une poupée en porcelaine. Alyssea ne fit pas attention à eux. Elle savait que tout le monde était au courant qu'elle était la favorite. Ils ne tenteraient rien. Le seul danger immédiat pour elle était le prince.

Cependant, sa première bonne idée fut de rester loin d'eux. Ça devrait être facile du moment qu'elle ne causait pas de problème. Elle détourna rapidement le regard, dégoûtée et s'avança vers le puit d'un pas léger, s'y penchant.

Il était assez profond, complètement fait en pierre et une odeur humide se dégageait du fond. Alyssea capta quelques scintillements dus aux remous à la surface de l'eau claire avant de se reculer. Elle attrapa un seau et l'accrocha à la poulie pour le descendre jusqu'au fond. Pour l'instant, c'était facile, il était léger mais lorsqu'il serait plein... ça sera une autre histoire...

Elle entendit le bois heurter le liquide, lâcha un peu plus de lest et attendit que le seau ne se remplisse. Il ne fallut que quelques minutes avant que la corde ne se tende. Elle tira dessus en retour. Le seau se souleva de quelques centimètres avant qu'elle commença déjà à trembler, le poignet qu'avait tiré le prince la lançant.

-Rah ! râla-t-elle. Ce n'est pas possible !

À cet instant, le concerné sortit en trombe sur le palier. Que faisait-elle ? Ça ne mettait pas une plombe de puiser de l'eau quand même et il détestait attendre ! Il avait patienté quelques minutes à l'intérieur, assis sur une chaise, les yeux dans le vide, à fulminer contre l'Obscur, son père. De quel droit un serviteur pouvait-il s'occuper du royaume ?! À sa place ? Il était le prince bon sang ! C'était incompréhensible et terriblement humiliant. Et en plus, il lui refilait sa favorite mais il ne pouvait même pas s'amuser avec elle car il ne fallait pas « l'abîmer ». C'était vraiment une journée pourrie... Et elle osait lui faire perdre du temps ?!

- Mais tu te grouilles oui ?! Ça arrive cette eau ?! hurla-t-il en lui jetant un regard méprisant.

C'était vraiment une incapable !

En entendant la porte claquer et la voix du prince, les gardes se rangèrent parfaitement en ligne, faisant un salut militaire. Alyssea tourna sa tête vers lui, s'immobilisant au passage, complètement penchée en arrière. Le seau rempli, pesant presque son poids, la tirait plus qu'elle dans cette affaire. C'était beaucoup trop lourd. Une fois passée l'étonnement et la frayeur de voir le prince débarquer à l'extérieur, elle sentit toute sa frustration des heures passées lui retomber dessus.

-Vous irez plus vite en la cherchant vous-même. Alors, si vous la voulez venez.

Et elle lâcha la corde avec un air de provocation. La peu de corde qu'elle avait remonté se déroula et un « plouf » sonore retentit quand le bac s'enfonça dans l'eau. Ce fut le seul son qui osa venir déranger le silence glacial et tendu qui avait suivi sa phrase, même les mouches n'osaient plus voler.

Le prince s'avança doucement, contenant une colère mal dissimulée, qui fit instantanément regretter son impudence à la jeune fille, elle sentit jusqu'au puits l'aura meurtrière qui progressait. Cependant, elle ne réussit même pas à faire un pas en arrière, ses muscles totalement tétanisés par l'arrivée du kam. Il venait vers elle, trop dangereusement, beaucoup trop... Sa respiration doubla de vitesse en quelques secondes. Elle avait envie de prendre ses jambes à son cou mais elles étaient plantées dans le sol, scellées contre la terre.

Elle regarda le prince attraper la corde d'une main et, d'un coup sec, tirer le seau rempli au ras bord. L'image de sa nuque qui se brisait se superposa au mouvement... Puis, il le souleva et renversa toute l'eau sur la jeune fille dont les bois, les cheveux et la robe prirent une teinte plus foncés. Sa peur s'évanouit quasiment immédiatement sous la froideur.

Zeno lui sourit alors, avec une lueur provocatrice dans les yeux, et un immense sourire arrogant.

-Le petit chiot est calmé ?

Elle fixa les petites gouttes qui s'échouèrent sur le sol, venant directement d'elle... et releva des yeux furieux sur lui.

-Non, je n'ai pas envie de me calmer. C'est bête, maintenant, l'eau est gâchée, siffla-t-elle. Et regardez vos pieds vous ! hurla-t-elle à l'intention des soldats.

Le kam rit bruyamment, elle semblait exaspérée.

- Mais c'est qu'elle est furieuse la petite chose. Mais ne t'inquiète pas, comme c'est toi, l'eau n'est pas gâchée ! T'as plus qu'à attendre que ça sèche maintenant. D'ailleurs, ces messieurs pourront te tenir compagnie, à ce que je sache les gardes n'ont aucun ordre à recevoir de toi.

Alyssea resta bouche-bée devant cette réplique. Elle était choquée de la personnalité de celui que tous appelaient l'Exécuteur. Elle ne le pensait pas ainsi...  Elle l'imaginait plus... froid et distant. Là, elle se retrouvait en face d'un vrai blagueur intenable qui prenait plaisir à humilier les autres. Elle serra ses poings, elle n'avait aucun pouvoir ici, mais est-ce que ça changeait beaucoup de l'ordinaire ? Elle répliqua en serrant les dents.

-C'est ça, et bien je vais aller me sécher. Heureuse que vous ne trouviez pas l'eau gâchée mon prince, dit-elle ironiquement.

Elle tourna les talons et s'éloigna vers le reste du jardin, là où il semblait y avoir que des arbres, et surtout : personne. Pourtant, le kam la rattrapa et la retourna. Alyssea se retrouva encore une fois ballotée par les mains du kam. Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas s'empêcher de la tirer dans tous les sens ? Mais, en lui faisant face, elle se tut. Sa présence la surplombait entièrement, comme une menace sous-jacente mais avec un brin de curiosité.

-Plus sérieusement... ne t'avise pas de me provoquer... ça pourrait mal se terminer à la fois pour toi et moi. Je vois que tu es... disons... intelligente... c'est bien dans un monde où la force et le pouvoir règnent. Je vais être direct, mon père est peut-être le roi mais je convoite le trône depuis très longtemps... que dirais tu de marchander avec moi ?

-Faire un marché ? Avec toi ? ricana-t-elle en plongeant ses yeux dans les siens, haussant un sourcil. Qu'est-ce qui me dit que j'y gagnerai quelque chose ? J'ai plus de chances de me faire couper la tête dans cette histoire. Surtout que tu ne feras que m'utiliser, dit-elle en posant un doigt sur le torse du prince. Je ne suis pas si naï-

Elle se coupa d'un coup, s'immobilisant. Ses yeux se mirent à luire, passant d'une teinte noisette à une rappelant de l'or en fusion. Elle ne vit plus rien et des images s'imposèrent à elle. C'était une de ses fameuses visions... Elles étaient provoquées par des éléments aléatoires comme des mots déclencheurs, des révélations ou des émotions.

Elle secoua la tête une fois revenue à la normale, analysant après coup les faits dont elle venait d'être témoin. Un rictus satisfait et charmeur s'étala sur son visage.

-J'accepte.

Elle venait de voir Zeno sur le trône, l'air triomphant, la couronne sur son front et elle, parmi la foule.

C'était un des avenirs possible si elle faisait les bons choix et lui aussi. Ensuite, elle n'aurait plus qu'à marchander sa liberté...

Zeno baissa son regard sur la plus petite, suspicieux. Pourquoi avait-elle retourné sa veste subitement ? Cela l'intriguait mais le plus important était qu'elle est acceptée. De plus, que pouvait-elle bien faire contre lui ? Rien du tout, il était le prince, un kam, le trône lui revenait de droit, son destin était déjà tracé, quoi qu'en dise son père.

-Il t'est arrivé quoi là ? Nan, finalement tu sais quoi, je ne veux pas savoir. Alors tu m'aides à monter sur le trône et je t'offre ma protection et une fois sur le trône, ta liberté et le titre de conseillère si tu veux... même si je doute que tu survives bien longtemps hors de la capitale avec le nombre d'idiots dans le monde.

Alyssea fronça les sourcils. N'était-il pas au courant de son don de prophète ? C'était étrange qu'il ne lui demande pas de s'en servir... comme son père.

-Ça me va, acquiesça-t-elle.

Elle rit et fit un pas en arrière pour être hors de sa portée. Zeno la regarda faire, ne cherchant pas à la retenir, il aurait très bien pu sans le moindre effort.

- Et méfiez-vous, je pourrais vous étonner... Je peux partir maintenant ?

Le prince haussa un sourcil, était-ce une menace, un avertissement ? De sa part, c'était vraiment risible. Finalement, cette petite l'intriguait un petit peu...suffisamment pour ne pas la tuer pour son comportement provocateur du moins.

-Oui tu peux aller dans les jardins...ça se voit que tu en meures d'envie... vois ça comme une récompense pour t'être alliée à moi.

Un grand sourire, différent de ceux moqueurs qu'elle faisait ou de ceux sadiques du roi, prit place sur son visage mais elle le cacha très vite. Puis, elle détala en quelques secondes, se perdant parmi la végétation.

Alyssea s'enfonça dans le jardin en sautillant, heureuse, faisant tinter ses clochettes. Son sourire parfaitement visible à présent : le lieu était magnifique et très bien entretenu, qui l'eut cru ! Elle tournoya sur elle-même en chantonnant puis, elle finit par trouver une petite fontaine au calme, entourée d'arbustes. Un coup d'œil aux alentours lui confirma que personne n'était là. Elle retira donc vivement sa robe trempée et la jeta au sol. Elle se sentait bien plus légère en sous-vêtements !

Pour la deuxième fois en quelques minutes, elle se pencha au-dessus de l'eau. Cependant, la fontaine lui permit de regarder son reflet. Avait-elle fait le bon choix ? Zeno n'était pas un enfant de cœur et il la trahirait sûrement en chemin... même si être sous sa protection était le meilleur marché qu'elle n'avait jamais fait. Tout le monde savait qu'il était surpuissant...

Zeno, quant à lui, n'avait pas cherché à regarder où elle partait. Il avait pris un autre chemin, s'éloignant de la jeune fille, après avoir expressément ordonné que l'on ne le dérange pas aux gardes. Il avait besoin d'être seul et de réfléchir.

Son humeur s'était légèrement améliorée, il venait de saisir une excellente opportunité, pensa-t-il en se dirigeant vers un endroit précis, son petit jardin secret : un kiosque magnifique, ombragé de cerisiers et de multiples fleurs de toutes les couleurs. De plus, une petite cascade faisait face à ce paradis fleuri. Durant son enfance, il venait souvent ici pour méditer... Le kam se mit en tailleur et ferma les yeux pour entamer une méditation... C'était la meilleures des solutions pour reprendre des forces tout en étant sur le qui-vive, conscient de tout ce qui l'entourait.

D'ailleurs, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mené une vraie bataille à proprement parlé, avec l'excitation et la peur d'être tué au combat ... il s'ennuyait un peu, il fallait l'avouer, et la politique ne l'avait jamais intéressé. Il y avait bien son père mais Zeno savait que c'était un combat pour un autre jour... ce n'était pas la meilleure stratégie et plus important... il ne fallait jamais mécontenter Sa Majesté le roi.

Le prince écoutait tous les petits bruits de la nature simultanément, c'était fascinant. L'eau qui coulait se mêlait au son de la brise et à celui des arbres grinçant. Les fleurs virevoltaient dans une danse endiablée à chaque coup de vent s'engouffrant entre les murs d'enceintes, violents par période à cette altitude.

De son côté, alors qu'elle regardait l'eau onduler, Alyssea remarqua un pétale rose dans l'eau. Il y en avait même plusieurs.... Curieuse, elle le prit et l'examina. Y'avait-il des fleurs avec une si belle teinte dans ce jardin ? Dans les jardins royaux, elle n'avait toujours vu que des arbustes verts taillés rectangulairement. Elle se mit donc en route en chantonnant, cherchant la provenance du pétale tout en réfléchissant.

Le roi allait être absent pendant plus d'un mois...Zeno voulait-il le renverser à ce moment où plus tard, après s'être assuré que les sujets de son père le suivraient lui à la place ?

Elle continua de marcher et monta des petits escaliers en pierre en entendant, quelque part, le son de l'eau qui coulait.

Arrivée en haut des marches, Alyssea ralentit le rythme pour empêcher ses clochettes de tinter. L'Obscur l'avait obligée à les porter car il était frustré de ne pas l'entendre se déplacer lorsqu'elle allait et venait dans le palais, elle avait été rétissante mais que pouvait-elle y faire ?

Puis avant de s'enfoncer davantage dans ses pensées noires, elle déboucha en haut de la petite colline et vit un kiosque qui se dressait au milieu des arbres, devant une cascade. Il y avait des dizaines d'oiseaux et de petits animaux qui passaient en paix et, au milieu de tout cela : le prince. Il aurait pu passer pour un homme plein de bonté si elle ne l'avait pas connu...

Elle s'approcha doucement.

Zeno réfléchissait, tout dans sa posture l'indiquait. Il avait le dos très droit et la tête tournée vers le ciel. Ses bouclettes noires bougeaient elles aussi au grès du vent, de même pour sa chemise ouverte. Il avait un mois devant lui... Oui, juste un petit mois pour prendre le pouvoir. Le seul problème : son père... et bien sûr les citoyens. Il fallait qu'ils le suivent, il le voulait... mais comment faire ?

En silence, Alyssea grimpa sur la balustrade et s'assit dessus pour le regarder, ses jambes se balançant dans le vide. Elle ne s'inquiétait pas de n'être vêtue que de sous-vêtements, son peuple n'était pas beaucoup habillé d'ordinaire.

À quoi pouvait-il bien réfléchir ? se demanda-t-elle en inclinant la tête.

-Non il faut que je le fasse avant, et si le peuple n'est pas content je l'écraserai, marmonna-t-il soudainement.

Il s'étira et ouvrit les yeux pour admirer le paysage, ne voyant pas Alyssea de là où il était. Oui, il allait être sur le trône tôt ou tard, c'était sûr. Il regarda les petits poissons, non loin, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pris du temps pour s'apaiser comme ça !

Alyssea fronça les sourcils en l'entendant parler, ne se manifestant pas directement. Alors, il souhaitait réellement prendre la place de force mais... il aurait au moins besoin de se mettre les plus proches soutient de son père dans sa poche... et elle savait de qui il s'agissait pour avoir participé à tous les bals depuis des années. Le roi la prenait tant pour acquise qu'il n'avait jamais jugé qu'elle ne devait pas entendre certaines conversations. Elle connaissait pratiquement toutes les discussions et accords qu'il avait passé aux cours des 15 dernières décennies.

Elle pourrait convaincre quelques nobles de soutenir Zeno sans grande difficulté... juste avec quelques paroles...

Elle resta assise sur la barrière de pierre sculptée, pensive. Ses yeux étaient posés sur Zeno sans vraiment le voir.

Après un long moment, il se retourna et sursauta quand il la vit. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit là... et en sous-vêtements !

-Que fais-tu la... habillée de cette manière ?

Il en avait complètement oublié son histoire de coup d'état par la force sous la surprise. Il n'aimait pas être observé comme ça... comment avait-elle fait pour tromper sa vigilance ?

Elle cligna des yeux, comme revenant de très loin et fixa le prince. Puis, elle baissa ses yeux vers son propre corps.

- Elle était trempée et trop lourde à porter. En plus, comme votre père n'est pas là, je n'en ai pas besoin... si ?

Elle sauta sur le sol dallé en poussant sur ses maigres bras. Il la regarda faire d'un air amusé. C'est vrai qu'elle était d'une grande beauté, même si il n'était pas intéressé par ce genre de chose, et son sourire moqueur devint arrogant.

-C'est sûr que les gardes ne se retiendront jamais dans cette tenue, et puis... trop lourde ?

Elle fut surprise, il ne connaissait pas vraiment son espèce et son pouvoir. Son père avait donc gardé jalousement le secret ? La relation entre les deux kams lui semblait de plus en plus étrange, très loin de celle d'un père et son fils pour le sens commun. Alyssea rit tout bas.

-Je n'avais pas l'intention de passer devant eux comme ça. Je n'avais pas non plus l'intention de tomber sur vous. Et, oui : trop lourde. Je ne suis pas faite pour porter du poids. Nous en sommes malheureusement incapables.

-Tu aurais dû me le dire. Comment veux-tuque je t'ordonne des trucs si tu es incapable de faire telle ou telle chose ?! Je ne suis pas comme mon père. J'aime que mes ordres soient correctement exécutés et je déteste utiliser inefficacement mes subordonnés !

La surprise et l'énervement percèrent dans sa voix, il avait remarqué qu'elle était faible mais pas à ce point.

- Et bien... je pensais que tu savais de quelle espèce je faisais partie. Ceux qui la connaissent savent que nous n'avons aucune condition ou force physique. Alors... je ne peux servir à rien concernant la force ou l'endurance.

- Mais ce n'est pas du tout cohérent ça, pourquoi mon père te garderait ? Je veux dire, bien sûr tu es jolie mais il t'aurait tuée tôt ou tard, c'est sûr ! Pourquoi il t'a gardé ? En plus depuis toute petite ? Je me rappelle encore de ton arrivée mais je ne me préoccupais pas des autres donc bon...

Alyssea fronça les sourcils et s'avança d'un pas vers Zeno avant de tourner autour de lui, entamant une trajectoire circulaire. Elle paraissait l'étudier.

- À ton avis, une espèce comme la mienne, complètement faible physiquement, incapable de se battre ou de se défendre aurait-elle pu survivre jusqu'à récemment parmi les autres normalement ? La sélection naturelle n'aurait-elle pas dû nous éliminer ? demanda-t- elle.

Elle s'arrêta en face de lui, un rictus sur le visage. Il ne savait pas quoi répondre. C'est vrai qu'il avait décimé plusieurs peuples sur des planètes éloignées. Hommes, femmes, enfants et même bébés, tous y passaient et il n'avait jamais ressenti le moindre problème avec ça. C'était la loi du plus fort : sa loi. Mais, il savait aussi que son père avait la stratégie pour lui. C'était un autre type de force, qu'il respectait aussi. Il baissa la tête pour fixer Alyssea dans les yeux.

-L'intelligence.

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