*Quelques jours plus tard*

La semaine venait de s'écouler à une vitesse folle. Nous nous trouvions à présent au milieu de tous ses fauteuils bleus, au rang trente-quatre attendant patiemment le commencement de l'évènement. L'endroit grouillait de monde avec un peu moins de quarante mille places, il était d'ailleurs difficile de s'y entendre parler.

Mike nous avait entrainé ici pour le plus grand plaisir des garçons tandis que je me demandais encore ce que je venais faire au Fenway Park. Nous étions venu ici pour assister au match de leurs deux équipes favorites dont les noms plus originaux les uns que les autres restaient néanmoins difficile à retenir.

Nos billets en main, on passa les portes d'entrées ou se tenaient de nombreux vigiles. Les bras croisés, le visage fermé, ils se contentaient de scruter chaque personne qui pénétrait les lieux et ne laissaient rien passer. Notre groupe s'avança vers les tribunes, jusqu'à ce que nous atteignions la rangée correspondante.

Face aux hurlements soudain de la foule y compris de mes amis, je compris que le match de baseball était à deux doigts de commencer. Je plissai donc les yeux pour apercevoir les multiples joueurs au loin, qui arrivaient au beau milieu de ce grand étendu de pelouse.

Tout le monde se leva au même moment et savoura l'instant.

Sur chaque visage une expression de bonheur pouvait se lire tandis que je me contentais pour ma part de lancer quelques regards de détresse à Tarah, qui se trouvait à mes côtés. Sans grand étonnement, le visage de celle-ci arborait la même expression que le mien. Elle me lança un rapide -qu'est-ce qu'on fait là?- et malgré ma volonté ma réponse ne put lui parvenir alors que la rangée de derrière se leva et chacun d'entre eux brandirent leur verre fièrement en hurlant des paroles inaudibles.

Je soupirai de soulagement lorsque ce fut la mi-temps et que nous sortîmes prendre l'air.

Mon amie s'empara de mon bras et pouffa de rire tandis que nous nous éloignons des garçons qui semblèrent à fond dedans. Nous nous rendîmes vers une partie un peu plus isolée du stade ou malgré le silence de nombreuses personnes courageuses s'aventuraient dans l'accès aux toilettes.

-Tu m'attends, je vais vite y aller, dit-elle en désignant vaguement la file d'attente. En faisant les yeux doux je gagnerais quelques places j'en suis sure, ajouta-t-elle tout sourire.

Je m'esclaffai de rire tandis qu'elle tenta de se frayer un chemin parmi la foule. L'endroit était similaire à une fourmilière, ce qui malgré la bonne ambiance rendait l'évènement assez médiocre.

Je m'emparai de mon téléphone, activa les données mobiles et parcouru les réseaux sociaux en quête de tout élément qui pourrait retenir mon attention. Les minutes passèrent et la silhouette de Tarah ne semblait pas vouloir faire son apparition. Cela faisait quelques instants que j'avais cette étrange impression d'être observé, pourtant mes regards furtifs n'avaient pas suffi, je finis donc par lever les yeux de mon écran et mon regard vint se poser directement dans le sien.

- C'est si ennuyeux que ça? lança-t-il alors que les coins de sa bouche vinrent s'abaisser.

-C'est si visible que ça? reprenais-je ses mots en haussant les épaules et affichant un léger sourire. Pourquoi tu n'es pas avec les garçons?

-Je venais voir ou vous en étiez, ça va bientôt reprendre enchaina-t-il en cherchant Tarah du regard.

Son regard tourné, ce fut l'occasion de le contempler un instant. Il avait mis un simple jogging noir, des converses blanches et une veste en jean qui recouvrait un gros sweat. La tenue qui convenait d'ailleurs bien pour l'occasion. Pour ma part je regrettais d'avoir sortis mes petites bottines peu confortables pour le coup.

-Tu veux qu'on se sauve d'ici? dit-il avec un regard enfantin.

Je relevai ma tête qui s'était arrêtée à ses pieds.

-Comment ça? dis-je en arquant un sourcil.

Je ne voyais pas ou il voulait en venir.

-J'ai super faim pas toi? ajouta-t-il en confirmant qu'il voulait quitter l'endroit.

-C'est vrai que je mangerais bien un bout, répondis-je sans hésitation bien que je n'avais pas forcément faim.

-Si je comprends bien, je retourne au supplice sans vous, s'exclama une voix qui semblait se rapprocher de nous.

-Ca ne te dérange pas? lançais-je d'une petite voix, les lèvres pincées et un léger rictus en coin.

Elle haussa les sourcils tandis que ses joues se relevèrent.

-Aller filez et ramène la moi entière, finit-elle par dire en s'adressant à Nolan.

Je déposai un rapide baisé sur sa joue et Nolan ne perdit pas un instant pour m'entrainer au dehors du stade.

Le bourdonnement dans mes oreilles ne cessait de diminuait au fur et à mesure que nous nous éloignons du point de rassemblement. On se fraya un passage à travers la foule jusqu'à atteindre les escaliers extérieurs, situés juste en dessous des tribunes.

De nombreux stands défilèrent sur le côté laissant place à de multiples odeurs de nourriture.

Autour de nous l'ambiance demeurait à son comble jusqu'à ce que l'on quitte définitivement l'enceinte de l'établissement. Je continuai de suivre Nolan, ma main simplement posée dans la sienne; ce qui d'ailleurs suffisait à réveiller chaque parcelle de mon corps.

Je posai ma main sur la poignée de la voiture et ouvrit la portière passager.

Ma main frôla la carrosserie de celle-ci me procurant une légère sensation de brulure face à l'ardeur du soleil. Plus les journées passaient plus l'hiver semblait loin, et ce pour mon plus grand désarrois. Je pris place aux côtés de Nolan, tandis que celui-ci s'empressa de démarrer la voiture.

Ni une ni deux, nous prenions la route et la structure du stade sembla rapidement lointaine.

On se dirigea vers le centre-ville et c'est une dizaine de minutes plus tard que nous nous arrêtions à un petit Fast-Food au beau milieu de Boylston Street.

Il devait être dix-huit heures passé, seules quelques heures nous séparaient du diner mais autant en profiter pendant que nous étions là.

Nolan commanda pour nous deux et lorsque je m'avançai prêt du comptoir afin de payer il voulut à tout prit le faire à ma place. Il tendit un billet à la serveuse avant que je ne puisse sortir ma carte bancaire et en un rien de temps nous étions installés à une table en intérieur, nos plateaux bondés en mains.

Une collation pas très diététique mais parfois il faut savoir se faire plaisir.

Je ne perdis pas une minute avant d'engloutir une bonne poignée de frites sous les yeux ébahies de Nolan. Je m'emparai alors des sachets de sauce et commença mon mélange.

-Merci en tout cas, lâchais-je tandis que Nolan faisait pareil que moi.

-Ça me fait plaisir mais ne me dit pas que tu fais partit de ceux qui mélange le ketchup et la mayonnaise? s'exclama-t-il.

Je relevai la tête vers celui-ci, un sourcil arqué.

-Ça te pose un problème? lançais-je un sourire malin esquissé sur le visage.

-Je me bats avec Jason à chaque fois, ces deux-là ne se mélanges pas, c'est un principe ils ne sont pas homogènes.

Un quart d'heure plus tard, ça ne lui avait pas coupé l'appétit et son plateau se trouvait à présent complètement vide. Il se recula en s'adossant à son siège et posant les mains sur son ventre. Je le regardai amusée, tandis qu'il poussa un gros soupir.

-Laisse-moi deviner, tu as bien mangé? m'exclamais-je face à la scène.

-Oui mais figures toi que je reste sur ma faim, j'aurais dû prendre un dessert pour terminer sur une note sucré, avoua-t-il en prenant un air déçu.

Au moment où je m'emparai d'un morceau de mon muffin aux myrtilles, Nolan me le prit des mains sans que je ne puisse avoir le temps d'obtempérer.

-Tu fais quoi là? m'exclamais-je sans plus attendre en lui adressant un regard des plus noir.

-Je te l'ai dis, il me manquait une touche sucré, se contenta-t-il de dire un sourire des plus malin se dessinant sur son visage.

-Malheureusement il se trouve que c'est mon gâteau, enchainais-je.

-Pas tout à fait, rectifia-t-il avant que je ne puisse dire autre chose. C'est moi qui l'ai payé, lança-t-il en me montrant fièrement toutes ses dents.

Il rigola de plus belle en élançant sa main une nouvelle fois et en prenant un bout. Je ne pu m'empêcher de rire à mon tour face à son visage si enfantin.

-Ca va je ne te gêne pas là? m'esclaffais-je en tentant de retrouver mon sérieux.

-J'adore la myrtille, se contenta-t-il de dire.

Cette journée toucha rapidement à sa fin et nous réprime la route deux bonnes heures après avoir engloutis notre repas.

Nous arrivâmes à la maison tandis que Jason somnolait sur le canapé. Je m'approchai de Nolan, déposa un baiser sur sa joue et rejoignis l'étage sans plus attendre. Il ne me fallut que peu de temps avant de me diriger vers ma chambre et de faire de même.