J'ouvris les yeux et scruta la pièce. Cet endroit ne m'était pas familié du tout. Pourtant, je le reconnu très vite et ce, grâce aux diverses machines tout autour de moi. C'était une vraie symphonie de multiples échos. Je me trouvais dans un hôpital, je ne sais pas lequel, je ne sais pas ou, ni pourquoi j'étais là.

A vrai dire, à ce moment là, rien ne me revins, pas même mon prénom. J'avais beau essayer de puiser au plus profond de mon crâne, cela se résumait seulement à une satanée douleur qui n'était pas des moindres. J'avais horreur de cette sensation dans ma bouche, elle était comme pâteuse. Sans oublier que tous mes membres me faisaient carnage, il m'était impossible de bouger l'un d'eux.
Je me contenta donc, d'écouter le bruit régulier des machines qui dominait la pièce et me berçait.

Je me rendormi sur ce tempo.

***

La porte de ma chambre s'ouvrit brusquement, ce qui me fit sursauter.

Un médecin entra, pris une lampe qu'il sortit de sa longue blouse blanche, et me la passa rapidement sur les yeux avec son doigt qui suivait le mouvement. Une dame avec un air familier avait suivit son entrée, je n'arrivais pas à mettre un prénom sur son visage, mais elle ne m'était pas inconnue. Son visage était tiré de douleur, son regard tourné vers le bas.

Cette femme avait l'air de souffrir depuis le moment même où elle était entrée dans la pièce. Elle finit par poser son regard sur moi, la tristesse que je vis dans ses yeux me noua l'estomac.

- Bonjour monsieur Tomson, je me présente, je suis le dr. Creyssot. Comment vous sentez-vous ?

Mon regard parcouru brièvement la pièce, suffisamment pour me faire paniqué. Sentant mon rythme cardiaque prendre de l'ampleur, je me força à prendre de grandes inspirations.

J'étais complètement perdu, et ne su répondre à son interrogatoire.

- Ne vous inquiétez pas jeune homme, vous êtes à l'hôpital de Boston Sud depuis quelques jours déjà. Vous rappelez-vous de quoi que ce soit?

Je puisa du peu de l'énergie que j'avait pour faire un hochement négatif de la tête.
C'était bien ça qui était la principale source de mon inquiétude, je ne me souvenais de rien.

- Vous avez été victime d'un accident de la route monsieur, un camion à percuté la voiture dans laquelle vous vous trouviez et vous êtes le seul survivant du véhicule. On vous a transporté dans cet hôpital le plus rapidement possible, et avons prévenu votre famille la plus proche, d'où la présence de votre tante ici. Est que vous vous rappelez au moins de votre identité ?

Il y eut un long moment de silence, ma tante était scotché a ma bouche attendant impatiemment ma réponse.

- Tomson, c'est ce que vous venez de dire non? C'est tout se que je sais, soupirais-je en luttant contre mes paupières qui se faisaient de plus en plus lourdes.

Il se tourna vers ma tante et essaya de parler doucement de façon à ce que je ne comprenne pas ce qu'il lui annonçait, cela ne m'en empêcha pas pour autant.

- Je pense que sa serait mieux qu'on le garde encore, le temps que j'étudie à nouveau ses résultats d'examen afin de clarifier son cas. Il a reçu un sacré coup sur l'arrière du crâne, ce sont des séquelles que l'ont retrouve souvent, c'est une amnésie rétrograde qui est seulement de passage. Il devrait retrouver ses souvenirs petit à petit.

Ma tante éclata en sanglots suite aux mots du médecin, pour ma part je sentis des gouttes de sueur perlées progressivement sur mon front, la panique me submergea devant l'annonce de ces évènements.

Je passa ma main derrière mon crâne, et grimaça au toucher de l'hématome qui devait occuper une bonne partie de celui-ci.

Le docteur Creyssot continuait d"essayer tant bien que mal de rassurer la seule personne qui, visiblement restait de ma famille, alors que le boucan qui emanait des machines, me permettait seulement d"avoir une phrase sur deux.

- Sa mémoire va revenir, laissez lui juste un peu de temps. Je reviens dans quelques instants, lâcha t-il sur un ton des plus calme.

La porte se referma à peine que ma tante courut a mon chevet et me prit la main. Ce geste si anodin qu'il en avait l'air, m'apaisa.

- Je suis désolée de ce qui t'arrive mon Nolan, tes parents n'ont rien mérités de tel, renifla t-elle alors que l'incompréhension devait être à son comble sur mon visage.

Après avoir reprit une grande inspiration, elle développa.

- Ils étaient avec toi dans la voiture, et malheureusement ils ont succombés à leurs blessures, dit-elle en sanglotant.

Bien que depuis tout à l'heure ses yeux se contentaient d'être humides, à présent des larmes dévalaient distinctement ses joues.

Cette nouvelle me procura un pincement au cœur, même si je ne me souvenais même pas de qui étaient mes parents, ils avaient partager toute ma vie antérieur avec moi et devant la tristesse de ma tante c'était difficile de rester neutre.

-Quand tu sera sortis d'ici tu viendras quelques jours à la maison, c'est mieux que tu ne reste pas seul pour l'instant, c'est ce que ta mère aurait voulu. Je suis désole de ce qui t'arrive, oh mon dieu ton corps est couvert d'hématomes, dit-elle en examinant mes bras. Je vais prendre soin de toi, je te le promet tout ira mieux.

Elle vint déposer un baiser sur mon front avant de s'asseoir patiemment à mes côtés.

***

Deux jours plus tard, après de multiples examen, mon cas s'améliorait.

J'avais enfin été en état de répondre aux longs monologues de ma tante durant tout le temps ou elle était restée à mon chevet.

En contre partie de cela, aucun souvenirs ne m'étaient revenu. Le néant complet en ce qui concerne ma mémoire, mais les médecins disaient que tout était normal et qu'il fallait me laisser quelques semaines avant de me retrouver.

Ma tante n'avait cessé de me raconter des anecdotes sur mon enfance, je savais pertinemment que cela finirait par stimuler ma mémoire. Pourtant, je me faisais du soucis pour ma tante, et si je ne redevenais pas le petit garçon auquel elle tenait tant? Durant ces deux jours je m'étais déjà attaché à celle-ci, elle m'avait énormément apporté de soutient.

-Je suis obligé de rester ici encore combien de temps? Je préfèrerais rentrer tout de suite, après tout c'est en côtoyant ma vie habituelle que j'ai le plus de chance de retrouver la mémoire, et je n'aime pas cet endroit, enchainais-je pour justifier ma demande.

-Je vais voir ce que je peux faire mon ange, repose toi encore un peu en attendant l'avis des médecins. Sur ces mots elle quitta la pièce rapidement.

Dans quel pétrin je me trouvais?

Je ne me rappelais pas de mon nom, ni même de mon prénom ou de mon âge, et toutes autres choses qui avaient constitué mon passé, c'était le trou noir.

J'étais comme un inconnu enfermé dans un corps que je découvrait lentement. Je ne voulais absolument pas rester cloué dans ce lit d'hôpital une minute de plus. Je me leva prudemment et fut pris de quelques vertiges qui m'obligèrent à me rassoir.

Quelques instants après, enfin debout, j'étais prêt a sortir quand je remarqua ma tenu pas très appropriée. Je vis un sac avec des habits compressés à l'intérieur, posé sur une chaise dans le coin de la pièce. Je me changea, pris de ce sac tout ce qui m'appartenait puis ajusta le tout. Un quart de secondes plus tard, je me retournais brusquement quand j'entendis les grincements de la porte qui s'ouvrait.

C'était ma tante.

- Tu n'as pas changé, toujours aussi téméraire, lança t-elle avec un léger rictus.

Je vis un sourire s'esquisser de plus en plus sur son visage.

-Le médecin a étudié les résultats de ton IRM, il n'a rien vu qui puisse être alarmant alors on a le feu vert pour sortir. A condition bien sur de revenir plusieurs fois les jours qui vont suivre. J'ai signé toutes les paperasses on peut y aller.

Sur ces mots nous n'avons pas perdu de temps et sommes sortis de cet endroit pour mon plus grand plaisir. Les portes de sortie passées, ma tante lâcha un long soupire, elle avait dû vivre les deux jours les plus longs de sa vie à attendre que je me réveille.

J'étais enfin dehors. Je repris rapidement l'usage de mes jambes alors que l'aire frais ne cessait de rentrer dans mes poumons. La grisaille ne m'enchanta pas plus que ça, on était visiblement en automne. Je suivis ma tante jusqu'à sa voiture.

-J'aime vraiment la couleur de cette voiture, dis-je devant la teinte de celle-ci.

-Oui c'est la tienne, je me suis permise d'aller la chercher chez toi pour que tu l'es à la maison. Ta mère avait horreur de cette couleur, mais c'est toi qui l'avait voulu en orange. Je me souviens de la tête qu'elle avait fait en la voyant, mais tu l'as toujours c'est qu'au final elle avait finit par apprécier la couleur.

Je vis ses joues se rehausser suite aux quelques paroles qu'elle venait de prononcer au sujet de ma mère, d'ailleurs cela me fit sourire aussi.

***

J'avais beau changer la fréquence de la radio, avec cette pluie qui tombait il était impossible d'échapper aux grésillements. Vite agacé, je coupa le poste de musique et contempla le quartier ou nous arrivions.

-On a toujours vécu dans le coin, ton oncle Sam et moi, décida t-elle de briser le silence. Il est rentré quelques heures avant que tu ne te réveilles pour nourrire notre chat. Tiens regardes, c'est là, dit-elle en pointant du doigt la maison sur la gauche.

C'était une petite demeure qui fusionnait avec un bout de forêt et un petit jardin des plus entretenu. La bâtisse bine que similaire aux maisons voisines, était d'un marron chocolat qui annoncait un interieur très chaleureux.

En effet une fois la porte passée, ça avait tout d'un petit cocon douillet ou une douce odeur de canelle régnait.

Ma tante me pris mon manteau pendant que j'observais la pièce qui était ornée de photo de famille. Obstrué dans mes pensées je fut surpris par l'homme qui arriva à grandes enjambées et qui se posta devant moi. Ce devait être mon oncle. Un homme au cheveux grisonnants, les joues creusées, bien plus grand que moi malgré que je devais faire dans les un mètre soixante-quinze. Un sourire arborait son visage, bien que je ressente la douleur dans son regard quand celui-ci croisa le miens.

"L'avenir nous tourmente, le passé nous retient et c'est pour ça que le présent nous échappe." -Gustave Flaubert

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