Chapitre 78
Olivier repartit aussi vite dans le couloir, son pas décidé se faisant entendre avant de disparaître.
Tout le monde resta silencieux.
– Ce sera la dernière fois, lâcha Mathieu en fixant la maitresse.
Il se devait de le rappeler.
Elle punissait mais lui édictait cette règle. C'était un contrat, entre eux, ou plutôt une rupture de contrat : un solde de tout compte avec démission à la clef. Il ne s'enfuirait pas pour autant ; il reprendrait juste sa liberté.
Catherine ne répondit pas. Tous deux étaient conscients de ce qu'il se passait. Elle ne l'en fixa pas moins durement. Elle ne montra rien de ses émotions mais elle le ne ferait pas. Il la connaissait bien assez, à ce sujet.
Plutôt, elle se tourna vers Claire.
Le sourire qu'elle lui adressa tenait autant de la maitresse d'école rassurante que de la froide juge prête à asséner son verdict. Catherine se souciait sincèrement de Claire, il le savait, et elle le faisait certainement plus que chacun ne le pensait, mais il la connaissait : plus son intérêt était vif, plus elle se montrait dure avec la personne concernée.
– Tu ne connais pas encore Cain, dit-elle à Claire.
– Non.
Claire sembla hésiter, puis elle précisa :
– Je l'ai aperçu, la dernière fois, mais...
– De loin, oui, confirma Catherine.
Mathieu attendit de voir ce qu'elle ajouterait, persuadé qu'elle ne manquerait pas de provoquer Claire, mais ce fut à lui qu'elle s'adressa ensuite :
– Je devine qu'il adorerait l'attacher.
Il plissa les yeux, cherchant à saisir qu'elle avait derrière la tête.
– Oui, répondit-il.
Il demanda tout de suite après :
– Pourquoi ?
Son attitude était insolente, mais il l'assumait. Il voulait que Catherine aille au bout de ce à quoi elle pensait.
Catherine ne souffla cependant que d'un ton doucereux :
– Comme ça...
Nerveux – et putain, elle était parvenu à le rendre de nouveau nerveux –, il se tourna vers Claire pour la remarquer, légèrement en retrait dans la pièce, en train d'observer la scène avec une attention qui témoignait d'un malaise évident, ainsi que d'une analyse de ce qu'il se produisait. Quant à son attitude, elle était ambiguë, comme toujours. Ses hésitations chargées de volonté, surtout, le troublaient.
La voix de la maitresse se fit légère :
– Tu préfèrerais que ta soumise soit punie à ta place ?
C'était de la provocation mais, quand il tourna la tête vers Catherine, il fut incapable de déterminer si elle le faisait pour se jouer de lui ou si elle voulait sincèrement le pousser à mettre des mots sur leur relation. Il objecta :
– Claire n'est pas ma soumise.
– Et qu'est-elle, alors ?
Cette question plana dans l'air, suffisamment longtemps pour que Catherine reprenne la parole.
– Avance, dit-elle en s'adressant à Claire.
Après une seconde, celle-ci obéit.
Mathieu la vit entrer dans son angle de vision, si différente des autres dominants qui attendaient tous avec leurs masques et leurs visages graves.
– Alors ? le relança la maitresse.
Il ne quitta pas Claire des yeux.
Il lâcha enfin :
– Claire le dira.
Et il plongea profondément dans son regard en disant ça.
– Claire le dira quand elle le voudra.
C'était à elle de définir ce qu'ils étaient, l'un pour l'autre. Ce vers quoi ils iraient. A elle de le dire, enfin.
De nouveau, il leva les yeux sur les chaînes et les menottes suspendues au plafond, prenant le temps de percevoir, profondément, ce qu'elles évoquaient.
– Si je n'avais pas cette punition à subir..., lâcha-t-il rêveusement avant de baisser la tête pour ramener son regard sur Claire.
Et il sourit en lui soufflant la suite :
– ... je t'aurais déjà traînée dans un coin du club pour te baiser.
Et il dit ça sans arrogance ni provocation : juste de la sincérité, dans la confidence soudaine. Plus il avait la sensation que Claire lui échappait, plus il éprouvait le besoin de la posséder. C'était comme une pulsion, un désir lancinant. C'était les remous sombres qui grondaient dans son être. Ce qui avait fait que Claire l'avait voulu, du moins sur le début.
Claire ne répondit rien.
Quand Olivier revint avec Vanessa, il tourna brusquement le visage vers eux pour les regarder parcourir l'espace les séparant de la maitresse, et venir se poster à ses côtés.
Ce fut alors comme le retentissement d'un gong, la marque du fait que la séance allait commencer.
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