Chapitre 75
Note d'autrice : reprise de la publication aujourd'hui! Oui, j'ai dû faire une mini pause : j'ai été malade à ne plus pouvoir rien faire. Mais c'est passé . :)
***
– Et toi, Mathieu ? lui demanda soudain Olivier. Tu es prêt ?
Mathieu porta son attention sur son ami. De l'inquiétude plissait ses traits et il scrutait tous ceux qui passaient dans la cour.
– De quoi tu t'inquiètes ? réagit Mathieu.
– Tu le sais.
Mathieu sourit, complice.
– Ne t'embête pas, dit-il seulement.
Oliv' n'avait pas besoin de se soucier de lui. Mathieu savait où il allait et il savait pourquoi il le faisait. C'était une étape nécessaire, pour lui, pour tirer un trait, parce que ça devait arriver. Ça aurait même dû arriver avant ; Olivier lui avait bien assez répété que sa relation avec la maitresse n'avait rien de sain. Il était temps de sortir de ça.
Dans une pulsion, il fut sur le point de rétorquer « tu voulais bien que ça arrive, non ? », mais il sentit avant de les prononcer le fiel que possédaient ces mots. Oliv' ne méritait ni de subir une telle saillie, ni d'être le réceptacle d'une amertume soudaine qui ne le concernait pas. Mathieu chercha à faire le point en lui-même, à comprendre la raison de la nervosité qu'il éprouvait à l'approche de cette punition. Quelques semaines auparavant, il aurait dit qu'il n'attendait que ça. Il en aurait été amusé et excité.
Il ne le vivait plus ainsi.
– Je ne pense pas que Catherine viendra, remarqua Oliv'. Elle enverra Isa ou...
Il ne finit pas sa phrase, mais ce n'était pas important.
Mathieu acquiesça. Olivier continuait à surveiller la salle, attentif.
– Vanessa sera présente, aussi ? lui demanda Mathieu.
– Oui.
Il observa l'activité du club.
L'atmosphère était différente de ce que Claire avait connu, jusque-là. Ici, pas de donjon, pas de Nuit Noire avec des dominants se livrant à une démonstration – bien qu'il n'ait aucun doute sur le fait qu'il en ferait l'objet lui-même, plus tard, dans la soirée, même pour un public restreint – et les tenues, quoique sexuelles, n'arboraient plus le visuel provocant des soirées fétichistes.
– Tu n'es jamais venue, dans cette ambiance-là, encore, dit-il à son intention.
– Non...
Claire aurait pu se sentir plus détendue que lors des fois précédentes. Elle ne l'était pas. Elle ne le serait pas, pas avant que la punition soit passée, en tout cas.
Le souffle de Claire s'éleva, confus et intime, soudain, comme si ses mots avaient besoin de sortir maintenant :
– Qu'est-ce qu'il se serait passé si on s'était rencontré plus tôt ?
Surpris, Mathieu plongea dans son regard, mais il ne se contenta pas de chercher à comprendre pourquoi elle posait soudainement cette question. Inconsciemment, il y chercha aussi ce qu'il voulait, ce qu'il crevait de voir : une forme de certitude, de confiance ou d'assurance... Il ne vit que de l'ambiguïté et du trouble.
Il n'en fut que plus nerveux. Il ne le montra pas.
– Quand, exactement ?
– Avant tout ça. Avant... Avant le club, avant le BDSM, avant la maîtresse, pour toi, et avant la relation... abusive, dans laquelle j'ai été.
Elle avait trébuché sur ce terme. C'était la première fois qu'elle qualifiait cette histoire ainsi.
– Si on s'était rencontrés adolescents ? lui demanda-t-il.
– Oui.
Il réfléchit à la réponse. Dans un élan, il pencha doucement le visage pour approcher les lèvres de la peau de Claire. La sensation de ses cheveux lui donna l'envie de lui mordre le cou. De s'emparer de sa chair. De la posséder dans l'instant. Ça aussi, il le garda pour lui.
– Tu ne m'aurais pas supporté, souffla-t-il enfin.
– Pourquoi ?
– Tu étais sage, non ?
– Oui.
Il releva le visage pour la fixer avec un air provocant.
– Et moi un sale gosse qui ne faisait que des conneries. Je t'aurais fait chier jusqu'à plus soif. Ça n'aurait pas pu le faire.
Elle laissa passer un silence.
– Je crois que j'aurais pu passer par-dessus, lâcha-t-elle.
– A cause de ton romantisme d'adolescente ?
Elle leva les yeux sur lui. Ils étaient brillants d'émotions emmêlées, les unes aux autres.
– Je ne vois pas comment je n'aurais pas pu être attirée par toi.
Ces paroles l'ébranlèrent, mais il ne sut pas comment il devait les prendre. Confus, il chercha de nouveau des réponses dans ses yeux, mais ceux-ci ne reflétaient que du trouble.
Quand Olivier l'interpella, il tourna la tête vers la salle pour se rendre compte qu'Isabelle arrivait, flanquée de Cain à ses côtés.
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