Chapitre 49
Elle ne savait même plus quoi dire.
– On va avoir un rendez-vous avec la fameuse « maîtresse », lâcha-t-elle d'un coup.
Comme ça. Parce que ça aussi, ça avait besoin de sortir.
– Celle avec laquelle Mathieu a une relation bizarre ? demanda Béné.
– Oui...
Elle leur en avait parlé, déjà.
– Je l'ai vue au club, reprit-elle, et...
Elle chercha ses mots.
– Elle est... Je ne sais pas comment le dire.
– Ça s'est mal passé ?
– Non, non...
Enfin... elle parlait de quoi, là ? Du moment où la maîtresse avait tiré sur les pinces qui torturaient déjà ses mamelons ? De celui où elle avait susurré à Mathieu à quel point elle aimait jouer à manipuler les gens ? Ce n'était pas la première fois qu'elle la voyait, de plus. Lorsqu'elle avait rejoint Mathieu, après sa punition précédente, déjà, Claire avait été impressionnée.
Sans qu'elle s'y attende, l'image de Mathieu après cette séance, debout dans l'encadrement de la porte, lui revint en mémoire, avec son corps se découpant dans la lumière et les longues stries rouges marquant la peau de son dos, aussi nette que si elle ne s'était produite que quelques secondes plus tôt. La vision était restée aussi choquante que captivante.
– On ne se sent pas tout à fait à l'aise à côté d'elle, on dira, poursuivit-elle à propos de la maîtresse. Mais bon, là n'est pas la question.
– Parce qu'elle veut te..., commença Béné avec un ton où poignait l'affolement.
– Non, non ! Pas moi. Juste... Mathieu. C'est Mathieu. C'est toujours Mathieu. Mathieu doit être puni par elle, c'est tout.
Même dans sa propre bouche, ce mot persistait à sonner d'une manière dérangeante. La mine que fit Béné le lui confirma. Seule Camille restait neutre, l'écoutant simplement.
– Et en quoi est-ce que ça te concerne ? demanda cette dernière.
Camille et sa personnalité particulière...
Claire ne sut trop que répondre.
– Il veut que je sois là... Et elle aussi, d'ailleurs.
– Et toi ? l'interrogea Camille.
Claire prit un instant de réflexion. Elle haussa les épaules, comme elle aurait pu hausser les mains, les bras, se rouler par terre et faire étalage de tout son désarroi face à tout ça. Puis elle admit :
– Je n'en sais rien. Peut-être que je le veux aussi.
Ça lui avait semblé naturel, la première fois. Ça le lui semblait de nouveau cette fois-ci. Et là encore, ça voulait dire quelque chose, non ?
– Pour être auprès de lui ?
– Oui.
Elle répéta :
– Oui, putain...
Elle ne dit rien pendant plusieurs secondes, avala la conscience de ce besoin qu'elle avait de lui.
– Et si tu nous présentais enfin ce Mathieu ? la relança Béné.
Claire rit nerveusement.
– Tu veux vraiment ?
– Bien sûr ! Il fait quoi, aujourd'hui ?
– Il bosse...
Après la nuit au club, il avait passé les premiers jours à dormir, puis il était retourné travailler. La fac reprendrait bientôt, pour lui aussi, et il avait besoin de mettre des sous de côté, pour retarder le plus tard possible le moment où il devrait recommencer à bosser à côté durant l'année, selon lui, ou au moins lui permettre de tenir un rythme plus vivable. Mathieu semblait toujours gravir l'Everest, dans l'énergie qu'il mettait à avancer dans ses études. Dans de telles conditions, elle pouvait comprendre son besoin de décompresser dans la sexualité trouble qui était la sienne... la leur... Pas juste celle de Mathieu. Plus seulement, désormais.
– Il travaille où ?
– Dans une exploitation agricole, à côté d'Avignon. Tu sais, c'est pour l'oncle de son meilleur ami. Il doit y être, là.
– Alors, on y va ! lança Béné en sautant hors du canapé.
– Hein ?
Camille se leva en parallèle, poussant même jusqu'à rechercher ses chaussures.
– Mais ! dit Claire.
Et elle se leva à son tour, scotchée. Elle protesta :
– On ne va pas le déranger pendant son...
Mais Béné lui coupa la parole avec un sourire amusé :
– Arrête de faire ton idiote, on va juste « passer ». Prendtes clefs !
Et elle lui lança son trousseau.
Devant la porte, Camille l'attendait en escarpins, avec son style glamour qui la faisant tant ressembler à l'héroïne du film Pulp fiction. Quant à Béné, elle finissait de mettre ses baskets, son short trop large et son t-shirt informe criant le fait qu'elle avait passé la journée dans son canapé. Le contraste était comique.
– On prend ta caisse, dit Béné. Il y a des choses que je veux voir...
– Et quoi donc ?
– Si, moi aussi, il me donne envie de recevoir une fessée.
Claire ne put retenir son rire. Son ventre en resta cependant crispé d'émoi.
– On y va ? lança son amie avec un grand sourire.
Après un temps de doute, et sans que les battements de son cœur se calment le moindre instant, Claire dit finalement :
– OK.
Et elle enfila ses sandales pour leur emboîter le pas.
***
Note d'autrice : un énorme merci pour tous vos commentaires !!! Exceptionnellement, je n'y répondrai pas ce soir : d'habitude, je réponds toujours avant de poster le chapitre suivant, mais je rentre à peine chez moi maintenant, et je ne suis absolument pas en état. Enfin, j'ai quand même pris l'énergie pour relire mon chapitre avant de le poster, mais c'est tout ce dont je serai capable ce soir. Du coup, je répondrai demain ! Comme à chaque fois, je suis super heureuse de les lire. :)
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