Chapitre 4

Claire marqua un temps d'hésitation, comme si elle attendait de lui des explications, comme si elle se demandait si, cette fois encore, elle lui accorderait sa confiance sans poser davantage de questions. Il savait qu'il aurait dû lui donner plus d'informations. Il ne le fit pas. Ce n'était pas tant qu'il ne le voulait pas que le fait que mettre des mots dessus lui coûtait. Il savait qu'il exigeait trop d'elle en demandant qu'elle le suive les yeux fermés : qu'elle lui donne ce « tout » qu'il attendait... mais c'était justement ce qu'il voulait d'elle, à s'en vriller l'esprit : tout.

Elle ne le lâcha pas des yeux tandis qu'elle faisait passer son débardeur au-dessus de sa tête, puis dégrafait son soutien-gorge. Mathieu savait ce à quoi elle songeait : elle avait pris la décision d'aller au bout et elle s'y raccrochait avec force. Il laissa son regard courir sur son corps.

Olivier, de son côté, arborait une moue de désapprobation. Mathieu décida de ne pas s'en soucier. Oliv' fit passer la corde dans l'anneau le surplombant. Lorsqu'il fut sur le point d'y attacher les deux poignets de Claire, Mathieu l'interrompit. Sa voix claqua :

– Non.

Il ajouta :

– Laisse-la s'y accrocher d'elle-même.

Qu'elle se tienne. Qu'elle soit libre de la lâcher à tout instant.

Claire s'accomplit, saisissant les pans de corde dans ses deux mains, les enroulant autour de ses paumes, même, pour mieux s'y soutenir, les deux bras tendus au-dessus de sa tête. Ils avaient discuté de toutes ces étapes et elle les avait acceptées chacune. Et, même si Mathieu savait que Claire appréciait le fait d'être attachée, il ne voulait pas de cela pour cette fois-ci : il voulait qu'elle puisse lâcher la corde dès qu'elle en aurait besoin.

Il se concentra sur la lanière qui reposait dans ses paumes. Le temps qu'il s'exerce à la mouvoir, Claire avait fermé les yeux dans une posture d'un rare calme, et son corps pâle, dénué de toute trace, s'étendait dans son entière nudité.

Il s'approcha d'elle et poussa les longs cheveux ébène qui retombaient sur ses épaules, dévoilant son cou. L'attrait de sa chair l'envahit aussitôt, le faisant fermer les paupières en y posant le front. Doucement, il murmura :

– Dis-moi si tu es prête.

– Oui.

Il retint son envie de lui baiser le cou et se recula. Durant quelques secondes, il contempla cette chair vierge qui lui faisait face : ce livre aux pages blanches s'offrant à lui pour qu'il y écrive les lignes de sa volonté.

Alors, il annonça d'une voix calme... si calme, si maîtrisée :

– Tes fesses.

Et il en visa la moitié inférieure.

La lanière de cuir fendit l'air puis claqua sur la chair, faisant trembler Claire puis gémir presque en simultané. Elle s'accrocha aux cordes comme s'il s'agissait là du seul élément qui l'empêchait de sombrer. Le son de sa respiration rapide emplit ensuite la pièce, unique dans le silence, chargé des doutes qu'il pouvait entendre dans le moindre de ses expirations hachées.

– Tes cuisses.

Il marqua une ligne rouge. Puis en dessina une deuxième en-dessous, parfaitement parallèle, juste assez bas sur ses jambes pour laisser entre les deux une bande de chair intouchée, et il fut retourné en voyant Claire comme aller à la rencontre de sa lanière, bien qu'elle ne semblât pas s'en rendre compte... Claire avait des réactions si ambigües, parfois. Sa manière de paraître à la fois se défiler devant ses coups et se tordre pour venir à leur rencontre le décontenançait autant que l'allumait profondément.

Il contourna son corps.

Claire avait enfoui son visage dans le creux de son coude à demi plié et respirait avec force. Le corps nu, exposé à sa vue, les paupières fermées, les cheveux épars, collés en partie à ses joues qui commençaient à s'humidifier, et ses lèvres entrouvertes... Elle était belle dans le don, fascinante dans l'offrande sans réserve de sa confiance, bouleversante dans l'émoi qu'elle lui manifestait.

– Tes cuisses. Devant, maintenant.

S'il la vit se raidir, il ne retint pas son geste et frappa la zone annoncée, la marquant à son tour, la faisant sienne, peignant une nouvelle ligne sur sa chair, sur le corps qu'il voulait modeler, sur l'âme... dans laquelle il voulait se perdre, et peut-être s'y perdait-il déjà. Il ne savait pas. Il n'avait pas besoin de savoir. Son cœur battait lentement, fortement mais puissamment, et sa tête était pleine de l'acte qui s'effectuait, pleine de Claire, pleine d'eux. Sous ses impacts, il voyait Claire vaciller, se tordre, geindre et devenir de plus en plus fragile, ses réserves balayées, toute velléité de se protéger rendue caduque par la force de ce qu'il se produisait. Et il savait, à ses lèvres serrées et à ses yeux humides, qu'elle se retenait de toutes ses forces de prononcer ses safewords, qu'elle allait puiser au fond d'elle des ressources auxquelles elle n'avait pas l'habitude de faire appel... et à quel point elle s'offrait. D'un geste réflexe, il caressa sa joue. Claire s'y pressa instantanément, cherchant le réconfort de la main qui, pourtant, était celle à l'œuvre du bouleversement qu'elle éprouvait.

Alors, il regarda ses seins : cette zone si riche en vaisseaux sanguins qui garderait la marque la plus nette, la plus visible... Celle qu'il était recommandé d'éviter de toucher, en temps normal, parce que plus risquée que la chair souple des fesses ou bien des cuisses. Parce que plus innervée.

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