Chapitre 30

– Elles te font mal ?

Claire lâcha une lourde expiration, comme si elle l'avait retenue, jusque-là.

– Je n'en peux plus.

– Je vais te les enlever.

En voyant la grimace qu'arbora Claire à ces mots, il sut que ça lui faisait peur. Et elle avait raison. L'afflux sanguin qui succédait à la libération des tétons pouvait être plus douloureux encore que la pose des pinces. Il effleura les balais du pompons, joua avec, finit par les attraper pour les tordre doucement. L'expression qu'en eut Claire et la fragilité dont elle témoigna en lui exposa la courbe de son cou l'éblouit un moment. Elle lui tournait véritablement la tête.

– La première, souffla-t-il.

Il la saisit. La desserra doucement. Claire ne réagit que faiblement sur les premières secondes. Ce fut après, quand l'afflux de sang arriva qu'elle se crispa. Elle s'accrocha à ses épaules, vulnérable. Il ne résista pas et la fit reculer vers le meuble se trouvant derrière elle pour l'y courber en arrière et attraper son téton entre ses lèvres, en calmer la brûlure par la sensation de sa bouche. Claire gémit, tremblante, témoignant de l'hypersensibilité physique à laquelle elle était parvenue. Il releva le visage. Le désir l'étourdissait.

Il ne lui ôta pas tout de suite la deuxième pince. Il plongea dans son regard :

– Tu sais comment s'appelle ce sur quoi tu es adossée ?

Claire tourna les yeux, observant le cuir, noir, qui couvrait le banc de bois, ainsi que les attaches de métal qui le fixaient.

– Le cheval d'arçon, dit-elle.

– C'est ça.

Elle contempla le meuble.

– Celui-ci est encore plus beau que le premier.

La remarque le fit sourire.

Il ne pouvait pas le nier. Large, serti de quatre petits rebords, à ses extrémités, pour permettre l'appui des coudes et des genoux, et garni d'une mousse dure mais confortable, il tenait plus de l'objet de luxure que de l'outil de sado-masochisme. Claire ne s'était pas trompée la première fois qu'elle en avait vu un dans le club. La manière dont elle s'y était étendue, lascive, avait crié à chaque instant son envie d'y être possédée.

Claire attendait qu'il lui ôte la deuxième pince. Il put le voir à la manière dont elle ferma les paupières, en proie à une lutte silencieuse.

– Mathieu, supplia-t-elle.

Il effleura son sein libéré, lentement, puis agaça de son pouce et son majeur son mamelon et éprouva un regain de désir en la voyant se tendre, hypersensible. Elle implora de nouveau :

– Mathieu...

Elle était magnifique dans l'émoi, touchante dans la supplication.

Il exigea :

– Tes mains, derrière toi.

Elle se mordit les lèvres mais s'accomplit tout de même, les posant sur l'assise du cheval d'arçon, dans son dos, bien à plat sur le cuir. Il ne lui ôta pas encore la deuxième pince. Il caressa juste ses côtes, son ventre, avant de plonger dans l'avant de son short et venir effleurer l'humidité si abondante de son bas-ventre. Claire se raidit.

– Ne bouge pas.

Quand il commença à caresser son clitoris, il put la voir haleter et prendre sur elle pour maintenir la position demandée alors que le plaisir la happait. Elle était tremblante... et pourtant toujours distante. Là sans l'être : prête à s'offrir de tout son être autant que s'enfuir. Il s'arrêta. Cette réserve permanente le perturbait plus vivement qu'il ne l'aurait voulu. Le besoin de savoir vers quoi ils se dirigeaient, tous deux, le tenailla.

Il retira ses doigts.

– Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il.

La question était ouverte, large. Claire pouvait répondre tout ce qu'elle voulait.

Elle mit un moment à prononcer un mot. Et, durant tout ce temps, elle ne lâcha pas son regard, ses yeux ouverts sur lui reflétant son trouble.

– De toi ? finit-elle par demander.

Il ne s'était pas attendu à ça mais il acquiesça.

Elle baissa le visage.

Sa tête finit par bouger, lentement, dans un geste de dénégation qui marquait son refus d'aller plus loin dans les confidences.

– Enlève-moi cette pince, dit-elle enfin.

Ses yeux étaient devenus plus brillants, chargés de fragilité. Elle souffla :

– Je t'en prie...

Tout dans son attitude trahissait ses non-dits : ce qu'elle refusait toujours de lui dire, son engagement trop éphémères, susceptible de se vaporiser à tout instant.

– Tu te rappelles ce que je t'ai répondu à cette même question, après la dernière Nuit ?

Celle où Claire n'avait pas voulu venir. Ce soir où elle lui avait demandé ce qu'il attendait d'elle.

Elle murmura :

– Tout.

– Oui. Tout.

Et il desserra la deuxième pince, la retirant en suscitant chez Claire une crispation si marquée de douleur qu'il ne put s'empêcher de caresser son visage, sa bouche, et de descendre ensuite la main sur son sein meurtri pour en contenir l'émoi dans sa paume.

Il chercha la chaleur de sa bouche, et fut retourné en sentant Claire se resserrer contre lui dans une impulsion, et se perdre dans leur baiser au moins aussi intensément qu'il s'y perdait lui-même, comme si elle rendait les armes, soudain. Elle soufflait toujours autant le chaud et le froid.

– Grimpe, dit-il.

Et son ton ne souffrait plus la moindre contradiction.

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