Chapitre 29
Mathieu observa les lèvres de Claire se séparer, tremblantes sur les premiers instants, et les yeux troublés qu'elle ouvrit sur lui. Il se gava de cette image, de cette expression paroxystique du don, il s'en emplit profondément.
Puis, il déboutonna son pantalon au moins aussi lentement que son désir était puissant. Claire ne lâchait pas son visage des yeux. Elle était ainsi, agenouillée devant lui, elle qui avait fait tant de manières pour accomplir ce simple geste le jour où il l'avait rencontrée, et tout en elle trahissait une fissure qu'il connaissait parfaitement pour l'avoir déjà éprouvée lui-même. Celle de l'envie qui se heurte aux réserves. Du besoin qui vient en contradiction avec les règles apprises auparavant. De l'attrait qui s'oppose à la normalité. Elle était toujours duelle, toujours sur une brèche, en permanence...
Pensif, il caressa du pouce son menton, sa lèvre, jouant avec sa pulpe, l'étirant doucement sur le côté. Puis, avec la même lenteur, il posa une main à l'arrière de sa tête et positionna son sexe à l'entrée de sa bouche avant de l'y enfoncer. Progressivement. Les paupières de Claire se fermèrent. Quand il parvint au fond de sa gorge et le réflexe de déglutition qu'elle eut lui envoya des éclairs de plaisir si vifs qu'il en frémit. Il ne bougea pas pour autant. Il contempla l'expression de Claire, mélange d'excitation – il pouvait le voir – et d'inconfort qu'elle tâchait de maîtriser. Contraste. La sensation de cette bouche autour de son sexe, de cette gorge contre son gland, de cette douce pression, humide et chaude, associé à la puissance avec laquelle Claire s'offrait à lui... tout l'incendiait.
Quand elle manifesta une gêne plus marquée et qu'il sentit une légère pression de sa tête contre la main avec laquelle il la retenait, il ne la laissa pas reculer mais retira doucement son sexe.
Il observa ses yeux quand elle les rouvrit. Ils étaient devenus plus brillants. Quant à sa respiration, elle s'était considérablement accélérée. Il ne se retint pas de lui caresser les cheveux, la joue, tandis qu'elle reprenait son souffle. Son trouble était flagrant. Ils étaient passés au-delà des apparences, des jeux de figuration et des mensonges, pour être uniquement dans l'instant, juste elle et lui. Il n'avait aucune raison de réprimer la tendresse qu'il éprouvait.
– Bien, lui dit-il.
Et son ton n'était plus aussi dur qu'avant.
– Ouvre, exigea-t-il de nouveau.
Claire releva la tête sur lui, le regard luisant. Lentement, il parcourut du bout des doigts les courbes de son visage, de ses lèvres, puis il s'enfonça de nouveau en elle, allant aussi loin qu'il le pouvait, rencontrant l'arrière de sa gorge avant, cette fois, de faire marche arrière pour revenir à l'orée de sa bouche. Puis il replongea et fit de longs allers-retours.
Sa chair disparaissait, était avalée, ressortait, suscitant de fines piques de plaisir qui remontaient dans son aine jusqu'à réchauffer son bas-ventre. Quand à Claire, elle acceptait son intrusion, s'offrant... s'offrant si intensément. Il pouvait la voir crisper ses doigts sur ses cuisses, plisser parfois les paupières, mais sans qu'elle n'intervienne pour le retenir dans ses va-et-vient. Il finit par marquer une pause tout au fond d'elle. Une larme coula des yeux humides de Claire. Il se retira.
Il essuya sa joue du plat du pouce, la séchant doucement.
– C'est bon, souffla-t-il.
Elle acquiesça. Elle avait du mal à reprendre son souffle et il se demanda s'il l'avait déjà vue autant perdue. Son émoi semblait se disputer avec son excitation, dans un combat interne qu'il comprenait d'autant plus qu'il le connaissait, mais qu'elle devrait régler, elle. Auquel elle devrait trouver elle-même une réponse. Ce n'était pas un chemin qu'il pourrait faire à sa place.
– Tu peux le supporter encore ? lui demanda-t-il.
Il devait se méfier de lui-même. Elle pouvait tellement le faire dévier, parfois, par ses attitudes ambigües. Il s'était déjà laissé emporter. Il avait besoin de savoir si elle était capable de continuer.
Comme elle peinait à répondre, il exigea :
– Dis-moi dans quelle couleur tu te sens.
Elle prit un temps avant de répondre :
– Orange.
Soit juste la bonne. Ni le vert, qui témoignait d'un confort qu'ils ne recherchaient pas dans ce rapport, ni le rouge qui marquait le franchissement d'une ligne que ni lui ni elle ne voulaient dépasser.
– Parfait, dit-il.
Puis il appuya sur sa lèvre inférieure, la poussant vers le bas.
– Encore.
Le regard que Claire leva sur lui exprimait autant la crainte que l'envie. Il s'en gava. Au-delà de l'excitation, il y avait toujours cette maîtrise froide, qui subsistait au fond de lui : cette pleine conscience de ce qu'ils faisaient, cette ligne droite qui contenait le chaos.
Il poussa son sexe dans sa bouche, l'envahit, la baisa, profondément mais sans force, usant juste de l'espace que Claire lui offrait. Elle se laissa faire. Le plaisir le possédait et il usa si longuement de sa bouche que, quand il se força enfin à la relâcher, parce qu'il fallait qu'il le fasse, les prémices de l'orgasme pulsaient dans son bas-ventre et le souffle lui manquait.
Claire s'effondra à moitié au sol, pantelante à l'extrême, les paumes posées d'un côté de ses genoux.
Il lui avait demandé beaucoup, il le savait.
Il était proche de jouir. Il ne le ferait pas tout de suite. Il referma son pantalon.
– Relève-toi.
Claire ferma longuement les paupières avant de s'accomplir. Elle semblait bousculée jusque dans ses ultimes limites. A peine fut-elle debout qu'il l'attira à lui, la pressant contre son torse.
Il se laissa émouvoir par sa chaleur. Il contempla son regard : ses yeux, si chargés d'émoi qu'elle posait sur lui, cette forme d'appel muet qu'elle lui lançait : de prendre plus encore d'elle, de la pousser au vertige. Elle pourrait l'entraîner si loin... Mais il était parfaitement dans le contrôle, et vigilant. Toujours vigilant, avec elle.
Il desserra l'étreinte de ses bras pour glisser la main entre ses cuisses. Même à travers le tissus de son short, il put sentir à quel point elle était moite et désireuse, et à quel point l'acte auquel ils venaient de s'adonner l'avait enflammée elle aussi.
– Tu veux que je te prenne, constata-t-il.
Ce n'était pas une question.
Elle pressa ses dents sur sa lèvre inférieure.
Ses yeux criaient « oui » mais, il la connaissait, elle ne prononcerait pas le mot.
Pas maintenant. Pas dans l'état dans lequel ils étaient tous deux.
Il tourna la tête sur le côté.
Là, se trouvait le meuble pour lequel il avait choisi spécifiquement cette pièce : celui sur lequel il voulait la posséder, et ce depuis leur première rencontre, depuis qu'elle s'y était installée de son propre chef, en une attitude aguicheuse.
Il baissa les yeux sur les pinces qui enserraient ses mamelons.
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