Chapitre 20
Véronique ne bougea pourtant pas, les yeux légèrement plissés.
Claire lâcha à l'intention de Mathieu, confuse :
– Tu joues...
– Pas avec toi, la coupa dans l'instant Véronique.
Son intervention l'interloqua.
Lentement, Véronique se dirigea vers la sortie de la pièce, de cette démarche assurée qui lui donnait l'air de posséder le monde. En parvenant à la porte, elle pencha le visage vers Mathieu :
– Tu nous rejoins ?
– Tout à l'heure, oui.
Puis elle quitta la pièce.
Mathieu referma derrière elle, comme on ferme un livre pour s'extirper un instant de son univers, puis leva les yeux sur Claire. Dans cette salle qui incarnait plus que tout autre un pouvoir qui n'était pas entre ses mains, elle sentit le moment d'intimité qui leur était accordé. Un répit contredit par l'objet qui était resté dans la paume de Mathieu, toutefois.
Elle observa Mathieu.
Son pantalon lui tombait parfaitement sur les hanches et la résille de son t-shirt laissait entrevoir son torse dans une image appelant à la contemplation. Tout en Mathieu appelait à la contemplation, de toute façon. Tout captivait. Ce vêtement lui donnait un air un peu décalé, un côté steam-punk, presque. Elle s'attarda sur la vue avant de lever les yeux sur son visage. Mathieu arborait un petit sourire en coin, conscient de l'effet qu'il suscitait. Comment aurait-il pu en être autrement ? Mathieu était l'incarnation-même de l'objet de fascination.
Elle s'accouda à la tablette la plus proche dans son dos, se montrant – elle le sut au regard de Mathieu – provocante dans son attitude. Mathieu tenait les rênes. Il avait déjà maltraité ses mamelons et, bientôt, il laisserait une empreinte identique en elle : de ces douleurs confuses qui lui rappelaient en permanence quelle était sa condition. Et où était passée la main de Mathieu. Et ce qu'il avait fait à son corps, ce qu'il pouvait lui faire, encore... lui laissant toujours un besoin de « plus ». Elle se savait. Raison de plus de se montrer frondeuse. Elle avait des envies de rébellion.
– C'est vrai que tu ne joues pas ?
– Non.
– Tu jouais, avant.
Mathieu lui sourit. Un sourire complice, charmeur.
– Plus maintenant.
– Pourquoi ?
– Tu le sais.
Il posa le plug sur la table basse au centre de la pièce et s'approcha d'elle. Il la saisit par la taille.
Quand il ramena son bassin vers lui, la courbant en arrière, Claire sentit ses velléités de protestation se faner. Les yeux noirs de Mathieu, abîmes insondables dans lesquelles elle sombrait si facilement, l'hypnotisaient.
– Tu es sûre de toi, alors ? lui demanda-t-il.
– Jamais...
– Mais tu as décidé de faire l'essai.
– Oui.
Il eut une mimique amusée avant de dire la suite :
– Et je sais qu'au fond de toi, tu veux que je t'enfonce ce plug...
Elle se mordit la lèvre, embarrassée autant d'avoir à réfléchir à cette remarque que d'admettre la vérité.
– Dis-le, exigea-t-il.
Elle reconnut :
– Oui.
– Que je te possède.
– Oui.
– Que je prenne ce que je veux en toi.
Elle prit quelques secondes.
– Oui.
Ses plus sombres pulsions... Mathieu, comme un aimant, là-dedans. Et le besoin de s'abandonner à lui, de lui, de toutes ses forces, si lancinant.
Ses mamelons la lançaient toujours, gêne autant que stimulation, et son corps était fébrile de la présence de Mathieu contre elle.
– Tu me pousses toujours plus loin, constata-t-elle.
– Toujours, oui.
Mathieu l'observait et l'air s'était chargé d'une tension toute différente : de celle qui pouvait exploser, parfois, quand il se positionnait en tant que dominateur.
– Claire, souffla-t-il d'une voix plus dure.
C'était un son guttural. Sexuel. Comme un avertissement. Si elle trouvait parfois à Mathieu des airs de Diable, il lui apparaissait sur l'instant comme la plus pure incarnation.
– Tourne-toi, ajouta-t-il.
Elle mit quelques secondes à réagir. Puis elle s'accomplit et posa les coudes sur la tablette, devant elle, désireuse et craintive à la fois. Mathieu la poussait toujours dans cette dualité-là.
– Descends ce short.
Ses mots étaient de la braise... S'offrir à sa volonté n'en était pas moins dur, même quand il lui commandait de la posséder le plus intimement.
– C'est ce que tu veux de moi, commenta-t-il.
Elle dut prendre encore sur elle pour le reconnaître.
– Oui.
– C'est ce que tu as voulu dès le début.
– Oui.
Mais il lui avait fallu le temps pour l'admettre. Et encore autant pour pouvoir le dire verbalement. Et, à aucun moment, elle n'avait su que Mathieu finirait par la troubler plus que dans son corps, plus que dans sa chair... jusque dans son âme, dans cette forteresse entourée de remparts qu'elle aurait voulu pouvoir protéger toute sa vie et que Mathieu éclatait néanmoins en permanence.
Elle sentit les mains de Mathieu se poser sur sa taille, sur cette peau dénudée juste au-dessus du rebord de son vêtement, et elle en frissonna.
– Baisse-moi ce short.
Claire glissa la main sous son ventre pour défaire le bouton de son habit, mais ce fut Mathieu qui le descendit d'un coup sec, comme pour la punir de l'avoir fait répéter, la laissant exposée à son regard.
– Penche-toi.
Elle obéit.
– Cambre-toi plus.
Et, ce disant, il accompagna son mouvement d'une pression sur ses reins.
Claire s'accomplit, troublée, offerte, dansant sur un parterre de braise et incapable de déterminer de quel côté elle devait partir pour s'en évader et si seulement elle voulait leur échapper. Il y avait quelque chose de profondément excitant et, en même temps, de pervers dans le fait de s'offrir ainsi à ses mains, de se plier à sa volonté, d'attendre son geste suivant, de le craindre autant que le désirer, d'en nourrir son esprit.
Les lèvres de Mathieu frôlèrent son oreille.
– Je vais ouvrir ton cul.
Encore l'un de ces mots crus qui aurait pu paraître ordurier mais n'était pourtant que langueur, dans sa bouche, qu'érotisme torride... comme une confession.
Claire laissa retomber sa tête en avant en sentant un produit lubrifiant se répandre sur son orifice le plus intime. Les doigts de Mathieu s'y pressèrent, y tournant en des motifs circulaires, si lents et si répétitifs qu'elle finit par languir de les sentir en elle. Son corps le réclamait. Elle poussa même un peu vers Mathieu, elle s'en rendit compte. Elle s'immobilisa en respirant calmement. Un doigt passa, trop épais pour être son index ou son majeur. Claire haleta en devinant la présence de son pouce. Puis Mathieu le retira pour malaxer lentement ses fesses, puis introduire en elle le pouce de son autre main. De réflexe, Claire tourna la tête vers lui, les dents fermement pressées sur sa lèvre inférieure, et dut chercher son air lorsqu'il se mit à alterner entre ses deux membres, entrant et ressortant d'elle en l'étirant à chaque fois, jusqu'à ce qu'il parvienne à enfoncer les deux et à les utiliser pour l'écarter plus encore.
Cette fois, elle ne put plus retenir sa voix et relâcha sa lèvre pour geindre franchement. Ce que Mathieu lui faisait était obscène, légèrement douloureux et excitant à la fois.
– Ne bouge pas.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top