Horie and the blind girl

La pièce maîtresse

« Dis-moi Horie, tu n'as jamais senti brûler en toi une flamme particulière, intense, devant une femme belle, intelligente, attentive, gentille, aux cheveux violets, aux yeux marron, à la poitrine...
– Non Elo, je ne suis pas Narcisse qui bave devant son reflet, désolée.
– Et devant moi ?
– Ça se discute, mais dans un coin plus tranquille. Suis-moi. »

Les deux jeunes femmes roulèrent — du postérieur — jusque chez Horie, dont la maison était à la mesure de son ego. Cette dernière inséra délicatement la clef dans la serrure dans la porte, avant de laisser Elo pénétrer dans le salon, puis, d'un claquement sec, elle la referma. En se retournant vers son invitée, celle-ci nota que son hôte semblait changée, plus sûre d'elle. Cette impression se confirma immédiatement :
« Assieds-toi, ordonna-t-elle. Bien. Je consens du bout des lèvres à approcher ton, certes relativement séduisant, corps, commença Horie illuminant d'espoir et de désir le regard d'Elo. Cependant, j'ai quelques conditions. Tu ne devras ni me voir ni ne serait-ce qu'effleurer le mien. Mon corps devra être sacré, inviolable. Seul le tien sera émoustillé. Ainsi, pour éviter la tentation et surtout le péché, tu auras les yeux bandés et les mains liées. Pour ma part, continua-t-elle en ouvrant un tiroir pour en sortir une paire de gants de cuir noir, je porterai ceci pour ne pas me souiller. Préparée de la sorte, tu seras certes en mon pouvoir, mais tu auras l'impression qu'un spectre, ou mieux : l'essence de ce que je suis s'occupera de ton corps. Je n'existerai plus que dans ton imagination dépravée. Tu seras seule face à tes visions et les stimulations n'en seront que décuplées. Oh, une dernière chose avant que je n'oublie ! J'espère que tu n'as rien contre les bretelles ? »

Elo prit un instant pour calmer les battements effrénés de son cœur et analyser la situation. Elle désirait ardemment Horie, non plutôt, elle voulait que Horie lui fît des choses. Elle n'avait pas peur, elle était simplement particulièrement excitée par tout le mystère dont se nimbait Horie. Elle annonça alors, d'une voix forte et claire, quoique déjà un peu rauque :
« J'accepte. J'accepte tout.
– Parfait, c'est bien ma petite. »
Horie mit les gants et ajusta le bout des doigts en regardant Elo dans les yeux avec un air de défi.
« Mets-toi face au mur et ne bouge pas. »

Sans ajouter un mot, elle sortit de la pièce pour entrer dans sa chambre. Laissée dans l'expectative, Elo ne put qu'attendre comme indiqué, la boule au ventre, une boule de stress et d'excitation mêlés. Horie revint bientôt avec une mallette noire. Elo sursauta lorsque retentit le son clair et dur de l'objet posé sur le sol, et frissonna le léger grincement des gonds lors de l'ouverture. La tentation de se retourner pour voir ce qu'elle contenait lui faisait se tordre les mains, mais elle tint bon. Elle ne voulait pas énerver Horie, ou pire, lui faire tout arrêter. Sagement, elle resta donc immobile, le mur blanc couvrant son champ de vision.

Elle n'entendit pas Horie s'approcher. Soudain, son souffle chaud effleura sa nuque.
« À partir de maintenant, il n'existe plus que moi, chuchota-t-elle. »
Et, d'un geste rapide, elle passa un bandeau devant les yeux d'Elo, qu'elle noua d'une torsion sèche du poignet, habituée qu'elle était de faire des nœuds aux scouts.
« À présent, tes yeux sont ta peau, ma belle. Tu devrais donc te déshabiller pour mieux y voir... »
Elle hésita un instant, de trop. Glaciale fut la voix de Horie, et lourde de menaces :
« Déshabille-toi. »

Elo s'exécuta lentement. Sans la vue, dans un lien qu'elle ne connaissait pas, seule avec Horie qui allait lui faire Dieu sait quoi, elle se sentait fragile, vulnérable. Ainsi, elle ne put s'empêcher de frémir lorsque Horie fit glisser sa main gantée le long de sa colonne vertébrale.
« Toute cette peau encore pure... Il me tarde d'y peindre à grands coups de pinceau. Mais avant ça... »
Elo entendit sentit le souffle d'air lorsqu'elle s'éloigna, qui donna la chair de poule à sa peau nue. Quelques secondes après, un cliquetis métallique retentit dans la pièce. Sa respiration s'accéléra.

Horie agrippa ses poignets et tira d'un coup ses bras dans son dos, avant de refermer les mâchoires des menottes. Cette fois, Elo était vraiment à la merci de Horie, et elle se rendit compte qu'elle appréciait cette sensation. Le cou de Horie craqua.
« On va bien s'amuser, toi et moi », dit-elle, un sourire lubrique illuminant son visage.
Et, ayant à nouveau fouillé la mallette, elle fit siffler dans l'air une cravache. Elo retint son souffle.

Bientôt, les claquements et les cris de douleur et plaisir fusionnèrent et résonnèrent dans la maison. La toile se couvrit de longues zébrures carmin sous les secs mouvements de la peintre, qui parfois semblait aussi être une chef d'orchestre agitant délicatement sa baguette avant de devenir épéiste, frappant en fendant, agrémentant par moments son combat unilatéral de coups de taille ronds, pour enfin se transformer en chasseuse de papillons dont chaque coup de filet attrapait immanquablement une exclamation rauque de la part d'Elo.

Finalement, les seuls sons qui remplirent la pièce furent les respirations des deux jeunes femmes : rapide après l'effort pour Horie, halètement saccadé pour Elo, encore dévorée et secouée par l'extase. Horie s'approcha.
« Relève-toi, je veux voir mon œuvre. »
Tremblante, l'autre s'exécuta. D'un œil critique, Horie jugea son travail, et elle vit que cela était bon. Elle lui enleva alors les menottes et défit le bandeau, puis lui tendit sa jupe.
« Rhabille-toi à présent.
– Mais... Et ma...
– Tu feras sans, annonça Horie avec un sourire carnassier. Je la garde en souvenir, et puis ça nous donnera une raison pour nous revoir, lâcha-t-elle triomphalement. »

Un peu honteuse, Elo enfila la jupe. Alors qu'elle allait remettre le haut, Horie l'interrompit d'un geste. Elle se figea.
« Attends, j'ai un dernier cadeau pour toi ! »
Elle partit dans sa chambre et en ressortit avec deux lanières colorées. Elo se contracta, prête à subir encore la vision créatrice de Horie.
« Tu ne croyais pas que j'allais oublier, j'espère ! Allez, mets-les. »
Elo prit les bretelles qu'elle lui tendait avec appréhension et les fixa. Avec un sourire en coin, Horie s'approcha en la regardant dans les yeux. Elle tira dessus, puis les lâcha, l'une après l'autre.
« Clac ! »
« Clac ! »

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