Chapitre 3 : Doutes


Une nouvelle fois réveillé d'un coup, l'air me manquait. Je mis quelques instants à reprendre mon souffle. Mon rêve se faisait plus précis. Un mec. Je fantasmais sur mec. Ou plutôt un mec fantasmait sur moi, mais moi aussi techniquement, étant donné qu'il m'intriguait. Mais le plus fou tenait au fait que ce mec me maîtrisait. Et, même si c'était en rêve, je ne pouvais pas dire que cela ne me faisait rien. Je regardai mes poignets : des marques rouges de doigts se dessinait clairement dessus. Donc ce n'était pas un rêve. Je me précipitai dans la salle de bains, manquant de me cogner contre le Hippie qui descendait prendre son petit déjeuner. Le miroir confirma mes doutes : une nouvelle morsure, proche de l'ancienne, sur mon cou. Encore déboussolé par ces indices, je n'entendis pas le Patron rentrer dans la salle de bains.

« Alors gamin, du nouveau ? Fit-il, flegmatique.

- Oui... Regarde mon cou, fis-je en lui montrant la nouvelle marque.

- Magnifique... Alors, qui est l'heureuse élue, cette fois ? Tu t'en souviens au moins ? Dit-il, un sourire mi-moqueur mi-rieur se tenant sur ses lèvres.

- Tu vas me prendre pour un fou, mais non, je ne m'en souviens pas. Je ne suis pas sorti hier, après qu'on se soit vus dans le couloir, expliquai-je.

- Mmh, je vois. Donc à ton avis, qui c'est ?

- Quelqu'un de cette maison.

- Tu crois vraiment ? Mais qui ?

- Pas le Hippie, il est trop défoncé. Maître Panda bossait sur d'autres chansons, mais techniquement il ne dormait pas. Mathieu était super fatigué. Je l'ai vu dormir dans sa chambre en bas, en allant me servir un verre d'eau hier soir.

- Et moi j'étais sorti, dit-il. Mais j'en déduis que quelque chose t'a mis la puce à l'oreille, pour que tu penses que ça soit l'un d'entre nous. Alors dis-moi, qu'est-ce que c'est, gamin ? Fit-il intrigué.

- Il était assis sur mes hanches, pendant que j'étais sur le ventre. Et j'ai senti... j'ai senti qu'il était dur contre mes fesses, expliquai-je, à moitié gêné. J'en ai donc déduit que c'était un mec. Surtout que cette personne doit pouvoir aller et venir à sa guise dans la maison. Cela paraîtrait logique qu'il s'agisse de l'un d'entre vous.

- Tu sais que Mathieu nous a interdit de te toucher ? Rétorqua le Patron

- Je sais. Mais j'en suis convaincu ».

Le Patron me regardait toujours, imperturbable. Je ne savais pas quoi penser, et lui non plus probablement. Je lâchai un soupir et l'entendit sortir de la salle de bains. Je pris une douche rapide et me changeai pour descendre prendre mon petit déjeuner avec tout le monde. Le Patron buvait son café sans un mot, en écoutant les trois autres discuter de tout et de rien. Maître Panda avait quasiment terminé son nouveau projet, un album tout entier. Mathieu commençait à planifier de nouvelles vidéos et le Hippie était toujours sur une autre planète. Mais étrangement, cette scène habituelle me rassurait. Tellement que je ne vis pas le soir venir.

Mathieu s'était absenté pour aller à une conférence, et Maître Panda avait un rendez vous pour son album avec une maison de disques, rendez-vous qui avait fini par s'éterniser. Le Hippie était quant à lui parti avec des amis dans un festival, la belle saison étant revenue.

J'étais allongé en pyjama sur le canapé, regardant à l'envers l'écran de télévision, le dos sur le siège, les jambes posées sur le dossier, les pieds pendant dans le vide. Ma tête à l'envers touchait presque le sol, et ma casquette était tombée depuis bien longtemps. Concentré sur ma partie – à l'envers, certes – je n'entendis pas le Patron arriver dans la pièce. Je lâchais alors un petit cri de victoire, venant de battre le dernier boss.

« Yes ! Aucun jeu ne résiste au Geek, fis-je, victorieux.

- Bien joué gamin, surtout dans une position aussi inconfortable, me répondit le Patron.

- Ah c'est toi Patron. Mais tu sais j'aime bien cette position, j'ai le sang qui monte à la tête. C'est une sensation agréable, lui répondis-je.

- Vu comme ça, me dit-il amusé. Bon c'est pas tout gamin, mais je sors, j'ai encore des affaires à régler dans un bordel. Les autres sont aussi sortis et ne seront probablement pas de retour avant après-demain. Ne te couche pas trop tard, surtout ».

Il s'apprêtait à partir. Sans réfléchir, je tentai de le retenir.

« Patron, attends !

- Gamin... Tout ira bien. Ce n'est pas la première fois que tu es seul dans cette maison.

- Oui mais, c'est la première fois depuis ça..., fis-je en désignant les deux morsures ».

Le Patron me regarda un instant. Comme je m'étais levé, il s'éloigna de la porte d'entrée et revint vers moi.

« Il y a autre chose, n'est-ce pas, gamin ? Demanda le Patron.

- En effet... tu sais, je t'ai dit comment j'ai découvert que c'était un homme...

- Oui ?

- Et bien le souci, c'est que juste après, j'ai eu la deuxième morsure et il m'a enserré les poignets. J'aurai dû me sentir piégé. J'aurai dû me débattre, lui dis-je contrarié par moi-même.

- Je ne vois pas bien où tu veux en venir, gamin...

- J'ai aimé ce qu'il m'a fait, Patron ! J'ai aimé me sentir prisonnier, être sous sa volonté. La situation était terriblement grisante, mais il était tellement doux dans ses gestes... ».

Je ne parvins pas à finir ma phrase, et m'écroulai sur le canapé, les larmes au bord des yeux, les poings fermés. Je commençais tout juste à réaliser. Je fantasmais réellement sur ce type.

Le Patron m'ébouriffa les cheveux, avant de s'éloigner de nouveau vers la porte d'entrée.

« Tu sais gamin, on aime qui on veut. Femme ou homme, quelle importance ? Tu aimes et ne fait de mal à personne. Si tu as aimé te sentir prisonnier, quelqu'un parviendra à te faire sentir comme cela à nouveau, tout en te respectant. C'est ce qui compte. J'ai connu des gens avec des fantasmes biens plus hardcores que cela. L'essentiel réside dans le fait que tu ne regrettes rien. Fais ce qu'il te plaît et ce qui te fait du bien, fini-t-il par dire ».

Sur ces mots, il referma la porte, et me laissa seul. Je montai sans plus attendre me coucher, trop fatigué par la conversation et par la journée qui s'était écoulée. Mais avant de m'endormir, je choisis le laisser les volets ouverts. Avec un peu de chance, je pourrai peut-être apercevoir son visage... Faible espoir, mais sait-on jamais. Je me couchais de nouveau, bien au chaud sous mes draps, attendant que le fils de Nyx ne fasse son œuvre pour sombrer dans les méandres du sommeil.

Le poids de nouveau sur moi me tira des limbes de mon sommeil. Encore allongé sur moi... Tendu et dur entre mes fesses, je sentais l'impatience de son propriétaire grandir contre moi. Il avait son front posé sur mon cou, les mains plaquée sur ma taille, alors que j'avais eu la bonne idée de me retourner une nouvelle fois sur le ventre pendant mon sommeil. La lumière provoquée par la lune ne projetait sur le mur que la silhouette de cet homme assis sur moi. Il avait dû sentir que je m'étais réveillé, car sa prise s'était raffermi sur ma taille, pour m'empêcher de me retourner. L'inconnu bougea alors sensuellement le bassin contre mes fesses, me faisant cambrer les reins. Je levai alors les bras, et les passai dans les cheveux de l'inconnu, dont je ne voyais toujours pas le visage. Ils étaient doux et courts, tout comme les miens.

« S'il vous plaît..., ne pus-je m'empêcher de dire ».

Il grogna en entendant ma plainte, et resserra alors ma taille, se collant de plus belle contre moi.

« J'ai cru comprendre que tu aimais te sentir prisonnier... ». Mon souffle se coupa à ces mots, puis tout disparu. 

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