Chapitre 9 - partie 1

Ashley était assise en face de Justin et Théo, sérieuse, un verre de jus de fruits entre les mains. La télévision était allumée, mais absolument personne n'y prêtait attention, bien trop plongés dans leurs pensées respectives.

— Comment elle va ? demanda Justin. Elle a refait une crise de panique cette nuit ?

— Non, répondit doucement Ashley, je lui ai donné un somnifère assez puissant, elle n'a pas ouvert l'œil de la nuit.

La jeune femme blonde fixa Théo et lui renvoya un léger sourire.

— Merci beaucoup pour ton aide hier, Théo, vraiment. Tu as été bien plus présent que ce que j'aurais espéré. Tu as assuré, merci infiniment.

— Ne me remercie pas, c'est normal, c'est ta cousine, Ashley.

— J'ai hésité à t'appeler, je ne voulais pas te déranger...

— Tu as bien fait d'appeler, la preuve, je l'ai retrouvé assez vite. J'ai l'avantage d'habiter dans le centre, contrairement à Justin. Il ne faut pas hésiter.

Celle-ci acquiesça lentement la tête.

— Tu crois que c'est sérieux entre lui et Lyly ? reprit Justin.

— Antoine, tu veux dire ? Ashley haussa les épaules. J'en sais rien. Il est là depuis ce matin, Lyly n'est même pas descendue pour manger avec moi.

Théo s'enfonça au fond du canapé, mal à l'aise. Qu'est-ce que pouvait bien foutre ce garçon avec Lyly ? Comment pouvait-elle traîner avec lui ?

— Tu devrais surveiller ce qu'ils font quand même. Je veux dire, elle est faible en ce moment, il faut qu'elle fasse attention, surtout s'ils...

Théo lança aussitôt un regard de travers à Justin, les sourcils froncés et la mâchoire légèrement contractée. Bordel, pourquoi fallait-il qu'ils parlent de ça en sa présence ? Il ne préférait même pas les imaginer faire quoi que ce soit. Cela le répugnait.

— J'ai pas l'impression qu'elle soit intéressée par lui, en fait, reprit Ashley. Elle n'a pas la tête à ça en ce moment, loin de là.

Justin acquiesça la tête.

— Surtout que c'est pas la première fois que je le vois traîner avec des filles, insista Justin. J'espère qu'il lui veut pas de mal.


Tous trois commençaient à manger leur repas tout spécialement préparé par Ashley, lorsque Lyly accompagna Antoine jusqu'à la porte d'entrée. Ils entendirent la porte se refermer, et la jeune étudiante apparut dans le salon quelques secondes plus tard, les traits du visage tirés, fatigués.

— Tu manges avec nous ? demanda Ashley gentiment. Je vais te chercher une assiette.

La grande cousine se leva de sa chaise et fila dans la cuisine, pendant que Lyly prenait timidement place sur la sienne, en face de Justin. Elle n'osa pas lever les yeux vers les deux jeunes hommes, gênée de par la situation qui avait eu lieu la veille. Ashley réapparut, déposa les couverts et Lyly se servit un fond d'assiette.

— Ça s'est bien passé avec Antoine ? demanda Ashley.

— Oui, ça va.

La jeune étudiante apporta la fourchette jusqu'à sa bouche, l'estomac noué. Elle n'avait pas faim, mais elle allait devoir se forcer pour eux, pour sa mère, afin de faire croire que tout allait bien, ce qu'elle allait prendre l'habitude de faire.

— Vous avez un travail à faire ensemble ?

Lyly tourna son regard vers sa cousine, qui dirigea à son tour le sien vers elle. Pourquoi parlait-elle autant d'Antoine ces temps-ci ? Que pouvaient-ils tous bien penser ici de leur relation ?

— Je... Lyly soupira. Oui, on a un devoir à rendre ensemble.

— Tu as besoin d'aide ? demanda Justin. En alliant nos quatre cerveaux ça pourrait donner un travail qui pète le feu.

Lyly lui renvoya un léger sourire, légèrement amusée par l'expression qu'il venait d'employer.

— Non, on a quasiment terminé maintenant.

— Et je pense pas qu'elle ait besoin de notre aide, reprit Ashley en souriant à Justin. Sa mère m'a dit qu'elle était l'une des meilleures de sa classe dans son ancienne ville. Elle va tout défoncer, avec ou sans nous.

— Tu exagères... répondit Lyly, timidement. Je fais de mon mieux, c'est tout. Mais je ne suis pas la meilleure, loin de là.

— Tu passes le plus clair de ton temps à étudier quand t'es pas en cours, pour moi tu es la meilleure, quoi que tu puisses dire, je changerai pas d'avis. T'es l'intellectuelle de la famille, ma petite Lyly.

Lyly dévia son regard de ceux des jeunes hommes, gênée par la situation. Pourtant, Théo ne cessa de l'observer, un léger sourire en coin. Elle était modeste, bien trop modeste. Quant à son niveau intellectuel, le prochain examen lui permettra de se faire un avis plus précis sur le sujet.


Lyly observa l'heure sur son téléphone portable. Deux heures. En temps normal, elle aurait dû se retrouver à l'extérieur avec Théo, en pleine séance de footing. Pourtant elle avait ignoré le rendez-vous, sentant son corps bien trop épuisé et bien loin d'être capable de tenir une simple course de quelques minutes. Elle se serait sûrement écroulée de fatigue en pleine rue, pour la deuxième fois, devant le profond regard de son professeur.

Lyly se redressa sur son lit, les jambes étendues sur le matelas, et jeta un œil à l'extérieur .Il était sûrement en train de courir, la sueur coulant le long des tempes et le débardeur collant contre son torse. Pensive, elle sortit son ordinateur portable de son sac et l'alluma. Quelques minutes plus tard, Lyly attrapa l'un de ses stylos, décolla un post-it et y inscrivit un numéro de téléphone.


Le lundi, lors de la pause du midi, Lyly profita du fait qu'Antoine soit aux toilettes pour appeler le numéro qu'elle avait inscrit il y a deux jours de cela sur son post-it jaune, à deux heures du matin. Elle raccrocha juste avant la venue de son ami de classe, et tous deux partirent au restaurant universitaire. Comme d'habitude, ils le retrouvèrent bondé de monde. Lyly en profita pour assurer qu'elle n'avait pas faim et qu'elle préférait retourner à l'université.

— T'es sûre ? J'ai trop faim, moi.

— Tu peux y aller et on se retrouve en cours après, ne t'en fais pas.

— Ouais... mais c'est pas cool, je vais pas te laisser.

Lyly envoya gentiment son poing dans l'épaule du jeune homme, qui lâcha un petit rire.

— Ok ok, j'y vais, c'est bon.

La jeune étudiante vit le jeune homme brun s'éloigner et le perdit des yeux dans la foule. Au moins, il ne posait pas trop de questions, c'était déjà ça.


Le soir tombé, plongée dans ses devoirs, Lyly sursauta à l'entente de la vibration de son téléphone portable. Elle l'attrapa aveuglement, les yeux scotchés au manuel et sentit son corps se crisper en apercevant un numéro masqué affiché sur l'écran de son téléphone tactile. Lyly sauta de son lit, paniquée, et jeta son cellulaire sur son lit.

— A-ashley, bégaya-t-elle, presque à elle-même.

Son téléphone stoppa sa vibration un instant, mais celui-ci se remit à vibrer une seconde fois quelques secondes plus tard, au plus grand malheur de Lyly. Sans réfléchir, la jeune étudiante sortit de sa chambre et frappa à la porte de sa cousine.

— Lyly ?

La concernée ouvrit la porte, et retrouva Ashley étendue dans son lit. Celle-ci alluma la lumière de sa lampe de chevet et se redressa sur son lit, aveuglée.

— Ça va pas ?

— M-mon téléphone... Il vient de sonner... Deux fois.

Ashley fit signe à Lyly de s'approcher, ce qu'elle fit, en prenant place sur le lit de sa cousine, les jambes en tailleur.

— Je dois appeler ma mère.

— Lyly, peut-être que c'était quelqu'un d'autre...

— Il m'a appelé en numéro masqué, Ashley, en numéro masqué ! Je t'assure que ce n'est pas un hasard !

— Et...

— J'ai changé de numéro de téléphone en arrivant ici. Je l'ai transmis à très peu de personnes. C'est impossible, ce n'est pas le hasard Ashley, ce ne peut pas être le hasard. Il recommence.

La jeune femme blonde ouvrit ses bras et fit signe à sa cousine de s'approcher. Sans protester, Lyly rejoignit Ashley et la laissa l'enlacer.

— Tu veux que j'appelle ta mère demain ? Ou tu veux le faire ?

Lyly haussa les épaules.

— Je l'appellerai dans ce cas, reprit Ashley. Je l'appellerai et je lui ferai part de ce qui vient de se passer.

La jeune étudiante acquiesça lentement la tête, et se faufila sous la couette de sa cousine, crispée, visualisant au détail près le visage de cet homme qui était la cause depuis plusieurs semaines maintenant d'une bonne partie de ses crises de panique. Son foutu visage ne souhaitait pas sortir de son crâne.


Comme à son habitude, Lyly mit son téléphone sur vibreur et le posa sur sa table de cours. Théo entra dans la salle, salua les étudiants et ôta sa veste, laissant apparaître une chemise noire qui semblait lui avoir été faite sur-mesure. Antoine explosa de rire avec une de ses amies à la vue d'une image sur internet, et se tourna vers Lyly pour la lui montrer. La jeune étudiante ricana nerveusement et retrouva rapidement son sérieux, face à Antoine qui n'arrêtait pas de pouffer.

— Antoine, rétorqua Théo en se tournant vers son étudiant, tu veux partager avec nous la raison pour laquelle tu es plié de rire ?

Le concerné explosa davantage de rire et la classe ne tarda pas à suivre. Théo leva les yeux au ciel, désespéré.

— Ça tombe bien, moi aussi j'ai envie de rire. Rangez vos affaires, je vous fais une petite interrogation surprise.

La classe s'indigna et retrouva rapidement son calme. Tous rangèrent leurs affaires en silence, le visage fermé.

— Monsieur c'est pas cool, s'exclama une jeune étudiante rousse aux premiers rangs. Tout ça parce qu'Antoine a rigolé, quoi !

— L'interrogation était prévue depuis deux semaines, ça n'a absolument rien à voir avec Antoine, Natacha.

La concernée soupira et sortit à son tour une feuille blanche à grands carreaux.

— C'est pas cool quand même.

Théo déposa la feuille d'examen aux premiers rangs et continua sa distribution.

— Je veux juste voir où vous en êtes, si vous apprenez au fur et à mesure vos cours ou non. Cet examen aura un petit coefficient, il n'aura presque aucun impact sur votre moyenne générale à la fin du semestre. C'est juste pour que je puisse avoir un petit aperçu de votre niveau actuel.

Le jeune professeur déposa deux feuilles à Lyly, qui passa celle en trop à son voisin de table, et la jeune étudiante observa Théo s'éloigner vers le bureau, le jean légèrement moulé au niveau du postérieur. Lorsque celui-ci se retourna pour faire face à la classe, Lyly baissa instinctivement son regard vers sa copie, et tous plongèrent leur tête dans la feuille d'examen.

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Prochainement...

Théo inscrivait au tableau les mots clés de son cours, tandis que Lyly observait son téléphone en train de vibrer sur sa table, immobile, inexpressive...

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