Chapitre 57

Hello tout le monde,

Etant donné que je vais essayer d'être un petit peu plus présente, je vous poste un nouveau chapitre. De plus, j'ai repris l'écriture de cette histoire, alors espérons que je puisse poster plus régulièrement. Je croise les doigts en tout cas. N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce chapitre, lire vos commentaires et échanger avec vous me fait toujours très plaisir. :)

D'ailleurs, j'espère que votre rentrée s'est bien passée, tout comme vos vacances.

Bonne lectuuuure,

-G

_______________________________________

Même si Théo avait tenté de paraître fort face à Lyly, celle-ci avait su percevoir son désarroi et sa profonde inquiétude. Peut-être Fabio n'avait-il rien perçu, mais Lyly le connaissait désormais suffisamment pour pouvoir enfin parfois lire entre les lignes et comprendre ce qu'il ne souhaitait pas forcément dire de peur de l'inquiéter.

Leur trajet en direction de l'aéroport s'était fait dans le silence. Lyly aurait aimé avoir eu l'audace de prendre la parole, de délier les langues, mais elle avait très nettement ressenti le malaise qui s'était installé lorsque Théo s'était retrouvé face à Fabio, et elle avait pris la décision de ne pas forcer la main. Si Théo ne souhaitait pas parler à son père, c'était son droit. Après tout, Fabio avait mené de fausses accusations, il avait de quoi ne pas le porter dans son cœur.

Pendant leur attente à l'aéroport, Lyly n'avait pas quitté la main de Théo, et avait senti sa poigne se resserrer autour de ses phalanges peu à peu, au fur et à mesure que le temps passait. Il était clair que Théo était encore contre l'idée de ce départ, mais il ne l'avait pas dit, et avait privilégié le silence.

Il était resté là, silencieux, cogitant à ce qu'ils auraient pu changer dans le plan afin de s'assurer que tout se passerait bien. Il aurait aimé l'accompagner, ne pas la laisser partir seule avec Fabio, mais il n'avait pas le choix, il avait encore quelques dossiers importants à rendre.

Théo s'était contenté de réfléchir, de ne pas lâcher la main de Lyly, et de jeter un œil aux écrans. Au fond de lui, il aurait aimé que ce vol soit annulé, cela aurait été une sorte de signe que Lyly ne devait pas s'en aller, du moins pas ce jour, mais plus le temps avait avancé, et plus il avait compris que cela n'arriverait pas.

Il aurait aimé que le temps ralentisse, qu'elle change d'avis au dernier moment, ou bien que Fabio lui dise finalement qu'il ne pouvait pas l'embarquer là-dedans et qu'elle devait rester ici, auprès de lui, mais il ne l'avait pas fait.

Théo avait jeté un œil de travers vers Fabio, avait serré inconsciemment sa mâchoire, puis avait reporté ses yeux sur les passants qui les frôlaient avec leurs gros sacs et grosses valises. Avait-il le droit de le détester autant ? Bordel, il avait disparu de la vie de sa fille pendant des années, et voilà que maintenant il réapparaissait et l'embarquait dans cette histoire ? Comment pouvait-il avoir le culot de l'amener avec lui alors qu'il pouvait lui arriver quelque chose ? Se pensait-il si intouchable ? Avait-il conscience de la chose dans laquelle il embarquait Lyly ?

Théo avait ignoré le regard inquiet de Lyly, ne tenant pas à ce qu'elle perçoive l'énervement et la rancœur qu'il ressentait pour Fabio, et avait resserré sa main dans la sienne afin de lui faire comprendre qu'il l'avait vu.

Certes, il comprenait l'envie de Lyly de vouloir mettre un terme à tout ça. Il comprenait même qu'elle avait peut-être envie de renouer des liens avec lui. Elle avait la chance d'avoir ses parents encore en vie, il comprenait cette envie de vouloir profiter de la présence de son père, surtout s'ils n'étaient pas en mauvais termes, mais il l'avait tout de même abandonné... Il était inimaginable pour Théo d'abandonner ses propres enfants. Il ne s'était jamais projeté en père, mais si un jour cela devait lui arriver, il donnerait bien sa vie pour pouvoir maintenir ses enfants près de lui. Il était impensable d'abandonner qui que ce soit qui ait son sang. Sa chair.

Finalement, avant de saluer sa petite amie, il avait jeté un œil suspect à Fabio qui s'était éloigné de quelques mètres afin de les laisser discuter avant le départ, et avait retrouvé les yeux verts de Lyly, qui cherchait son regard. Lorsqu'elle avait posé ses mains sur le haut de ses épaules, elle avait ressenti la très nette tension dans laquelle son corps était plongé, et elle les avait légèrement pressé afin de le rassurer.

- Peut-être qu'on va trop loin dans notre tête, peut-être que tout va finalement bien se passer, avait-elle tenté d'un ton calme.

Théo s'était contenté de la regarder en silence.

- Je serai prudente, ne t'inquiète pas pour moi.

Elle lui frotta les épaules.

- Ça va passer très vite. Je serai sûrement de retour dans une semaine, voire deux. Je te tiendrai au courant. Peut-être même que ce sera plus rapide que ce qu'on pense.

Théo avait légèrement acquiescé la tête alors qu'au fond de lui, tout lui avait laissé pensé que rien ne se passerait comme prévu. Il avait acquiescé afin de lui faire croire qu'il y croyait. Il avait acquiescé afin de la rassurer, alors que son inquiétude s'amplifiait à mesure que le temps s'écoulait. Son départ était une mauvaise idée, il en était persuadé, mais il ne pouvait pas le dire, pas une fois de plus.

Et s'il lui arrivait quelque chose, qui pourrait la protéger ? Fabio ? Celui qui l'avait déjà abandonné une fois alors qu'elle était atteinte d'une leucémie ? S'il arrivait quelque chose à Lyly, il ne serait pas auprès d'elle. Et ça, il ne pourrait jamais se le pardonner.

- Théo...

Elle glissa sa main droite contre sa nuque.

- Ça va, ne t'en fais pas, avait-il finalement dit en tentant de lui sourire.

Mais Lyly connaissait si bien ce sourire qu'elle avait aussitôt baissé les yeux, attristée.

- N'oublie juste pas notre discussion de cette nuit, rajouta-t-il.

Lyly avait relevé les yeux vers lui, puis l'avait aussitôt enlacé contre elle. Théo avait resserré ses bras autour d'elle, et elle avait inspiré son parfum le plus fort possible afin d'en imprégner ses poumons.

Après le repas, aux alentours de vingt heures cinquante, Théo avait allumé la télévision de sa chambre, et tous deux s'étaient installé sur le lit, dans l'objectif de se détendre avant le grand départ du lendemain. Pourtant, aucun des deux n'avait suivi le début du film, Théo avait senti le timide rapprochement physique de Lyly, et il l'avait laissé faire, afin de s'assurer de ce qu'elle voulait. Après qu'elle ait déposé quelques baisers sur son torse et qu'elle soit redescendue timidement le long de sa lignée abdominale, les joues rougies, il avait attrapé la télécommande, avait coupé le son, et avait sauté le pas en prenant les choses en main.

Ce n'est que dans la nuit, lorsque Lyly s'était réveillée et avait compris que Théo ne dormait pas, qu'ils avaient pris le temps d'en discuter plus longuement. Et Lyly avait fini par lui promettre qu'elle lui indiquerait chaque endroit où elle se rendrait, et avec qui. Non pas qu'il n'avait pas confiance en elle, mais il était préférable qu'il sache avec qui elle se promenait si un problème survenait par la suite.

- Garde les yeux ouverts, fais attention à ce qui t'entoure, et regarde bien si une Mercedes grise ne te suit pas, lui avait-il intimé alors qu'il promenait le dos de sa main contre le dos nu de la jeune femme.

Elle avait acquiescé, puis avait fermé les yeux en essayant de se focaliser sur le moment présent, et avait tenté de faire ralentir le temps en restant éveillée.

Ils étaient restés là, étendus sous la couette, à parler, jusqu'à ce que leur réveil de téléphone ne vienne leur prévenir qu'il était l'heure de se lever. En fin de compte, presque aucun des deux n'avait réussi à se reposer et ils étaient restés encore un moment ensemble, dans le silence, avant de se décider et de se lever.

Lyly tourna sa tête vers son père, qui regardait en direction du hublot voisin, puis reporta son regard face à elle.

Elle avait tenté de paraître forte face à Théo. Elle l'avait rassuré en lui assurant que tout se passerait bien, l'avait gardé entre ses bras un long moment, avant que son père ne vienne leur dire, gêné d'interrompre un tel moment, qu'il était l'heure.

Lorsque Théo avait embrassé Lyly, Fabio avait détourné le regard, et avait dû répéter une seconde fois, quelques secondes plus tard, qu'il était l'heure, afin que le jeune couple ne se sépare enfin.

Lyly soupira, ferma les yeux, et s'isola dans son monde, ses écouteurs dans les oreilles. Le fait de s'éloigner de Théo n'était, en soit, pas une chose très difficile. Il leur était déjà arrivé de ne pas se voir pendant plusieurs jours. Le plus difficile était de devoir lui assurer, les yeux dans les yeux, que tout se passerait bien alors qu'elle n'en avait aucune idée, et de ne pas savoir quand elle serait de retour.





A leur arrivée, en fin d'après-midi, Lyly sortit de l'aéroport aux côtés de son père, les deux mains maintenant son sac de voyage en avant, et le déposa sur le sol. Elle observa la grande allée de béton en face d'eux fourmillant de voyageurs et regarda son père qui était en train de taper un message sur son téléphone.

- Tu vas dormir dans un hôtel, toi aussi ?

Il termina son message, l'envoya, et rangea son téléphone dans la poche de sa veste noire.

- J'ai loué une chambre, oui, pas très loin d'ici.

Il s'assura que personne ne les observait et reporta ses yeux sur sa fille.

- Tu devrais aller déposer ton sac dans ton hôtel. Tu seras déjà moins chargée.

- Et après ? C'est quoi le plan au juste ?

- On parlera de ça demain, Lyly. Il est dix-neuf heures, et...

- Et donc je vais directement à l'hôtel, sans savoir ce qui m'attend ? le coupa-t-elle.

- Je passerai te voir demain matin, sans faute.

Lyly secoua la tête d'agacement.

- Tu dois me faire confiance, lui assura-t-il, sérieux.

- Si tu me prouvais que je pouvais te faire confiance, ce serait le cas. Mais comme d'habitude, tu ne dis pas tout.

- Lyly, je...

- Si je suis venue ici, c'est pour mettre un terme à tout ça. Et si je dois le faire seule, sans toi, je le ferai.

Une vague de frustration traversa le corps de Fabio lorsqu'il ne discerna aucune once d'hésitation dans le regard et dans la voix de sa fille. Elle ne bluffait pas.

Il acquiesça lentement la tête.

- Je t'appelle ce soir, d'accord ? Tu me dis quand tu es arrivée dans ta chambre, je t'appellerai, et on pourra parler.

- Pourquoi pas ici ? insista-t-elle.

- Parce que je ne peux pas t'assurer qu'on n'est pas surveillés en ce moment même.

Lyly l'interrogea du regard.

- Le bureau de Ludovic se trouve à une quinzaine de minutes d'ici, autant dire qu'il pourrait nous voir ici s'il passait en voiture. Et ce n'est pas dans le plan. On doit se séparer, et on se retrouvera demain.

Lyly acquiesça finalement la tête, légèrement frustrée de savoir qu'elle se trouvait à une quinzaine de minutes de son ancien beau père, et reprit les lanières de son sac dans ses mains.

- Tu sais où se trouve le bus que je dois prendre ?

- Tu vois le bâtiment, là-bas ?

Lyly pivota sur ses talons et suivit des yeux ce que son père pointait du doigt. Elle hocha la tête que oui.

- Tu le contournes et juste derrière, tu verras un arrêt. Près d'un banc peint en vert. Tu t'arrêtes au onzième arrêt, et normalement l'hôtel se trouvera au bout de la rue.

- Et tu ne m'accompagnes pas ?

- Jusqu'à ton arrêt ?

Elle le fixa un moment, surprise qu'il n'y ait même pas pensé par lui-même, et soupira discrètement.

- Laisse tomber.

- J'ai un taxi à prendre, mais, si tu veux vraiment...

- Laisse tomber, répéta-t-elle. À ce soir.

Lyly tourna les talons, et s'engagea sur l'allée de béton sous les yeux hésitants de Fabio, qui ne comprenait pas comment il avait pu omettre de lui proposer cette option.





D'après ce que lui avait dit la connaissance de Chris, l'hôtel était rarement plein ces temps-ci. Un nouvel hôtel bien plus luxueux que celui où il travaillait avait ouvert ses portes il y a peu, et avait au passage conquis quelques uns de ses clients. Afin de pouvoir faire face à la concurrence, ils avaient entamé de nouveaux travaux dans les chambres du bas, avaient fait refaire la totalité de leur cuisine, changeaient la moquette de l'entrée, et comptaient refaire les chambres des étages supérieurs une fois que celles du bas seraient terminées.

Lyly n'avait aucune idée d'où lui et Chris s'étaient rencontrés, ni même de la façon dont ils s'étaient connu. Tout ce qu'elle savait était qu'il se nommait Bruno, qu'il avait vingt-cinq ans, et qu'il travaillait dans cet hôtel depuis trois ans.

Elle déposa son sac au pied du lit et fit le tour du petit studio. Un lit deux places se trouvait au fond à gauche de la chambre, un bureau ainsi qu'une chaise lui faisaient face, et à droite de la table se trouvait suspendue une télévision écran plat. Une petite cuisine ainsi qu'un petit réfrigérateur se trouvaient à l'entrée à gauche, et la minuscule salle de bains était logée dans une petite pièce à droite de la porte d'entrée.

Après avoir vérifié que tout semblait en ordre et que tout semblait fonctionner correctement, elle referma le rideau de la fenêtre près du lit, et alluma la lumière. Il était déjà dix-neuf heures trente passé, et elle n'avait pas encore mangé.

Elle déverrouilla l'écran de son téléphone, et hésita à appeler Théo. Si elle l'appelait maintenant, elle n'aurait pas le temps d'aller faire quelques courses. Elle lui indiqua par message qu'elle était bien arrivée dans sa chambre, puis ramassa son téléphone avant de ressortir du studio. Elle descendit les deux étages, et s'approcha timidement de l'accueil où se trouvait Bruno, devant un ordinateur.

- Excuse-moi...

Il se tourna et lui adressa un chaleureux sourire.

- Tu es bien installée ? Il te manque quelque chose ?

- Non, non, tout va bien. Mais je me demandais, tu saurais où je pourrais trouver un magasin dans le coin ?

- Ouais, bien sûr, il y en a un à une dizaine de minutes d'ici.

Il regarda l'heure sur son ordinateur et lui refit face en grimaçant.

- Par contre, je crois pas que tu l'auras le temps de faire tes courses, ça va bientôt fermer...

Lyly lui adressa une petite moue attristée, et réfléchit.

- Et il n'y a pas une petite épicerie ? Ou bien une boulangerie ? Je n'ai rien amené avec moi...

- Malheureusement je pense que ce sera pareil

Face à la mine déconfite de Lyly, il réfléchit un instant.

- Tu sais quoi ? Attend, ne bouge pas, je reviens.

Il contourna son bureau, et disparut derrière l'une des portes interdites au public.

Lyly en profita pour observer les alentours, et analysa les quelques tableaux accrochés aux murs. Visiblement, le propriétaire était fan de plateaux de fruits et légumes en tout genre.

Elle sortit son téléphone lorsqu'elle le sentit vibrer dans sa poche, et vit le message de Théo.

- Tu es occupée ou je peux t'appeler ?

- J'attends Bruno, je te redis ça dans cinq minutes.

- Bruno ?

Elle releva les yeux lorsqu'elle entendit la porte se refermer. Bruno réapparut, une boîte de salade caesar dans les mains.

- Je m'étais amené ça pour manger ce soir, mais t'en auras plus besoin que moi.

Il la lui tendit, mais Lyly ne la lui prit pas, gênée.

- C'est gentil, mais c'est la tienne... Tu ne vas pas t'empêcher de manger à cause de moi...

Il la déposa sur le bureau, en face de Lyly, et le contourna afin de retrouver sa place.

- Chris m'a dit de m'assurer que tu manquerais de rien, et c'est ce que je fais, répondit-il en souriant. Je mangerai chez moi, c'est pas grave.

- Tu es sûr ? On peut partager si tu...

- Hors de question, je te la donne.

Lyly baissa les yeux sur la boîte de salade qu'il s'était probablement acheté dans un supermarché du coin.

- Elle sort du frigo en plus, elle est toute fraîche.

- Merci beaucoup, lui dit-elle en relevant les yeux. Ça me touche beaucoup. Je te rembourserai.

Bruno secoua la tête que non en rigolant, et poussa la salade vers Lyly.

- Allez, va manger, te prend pas la tête.

Lyly acquiesça la tête en souriant, le remercia une seconde fois, le salua et prit la boîte avant de remonter dans sa chambre.

Elle s'installa sur son lit, les jambes en tailleur et ouvrit la boîte en plastique. Elle déposa le couvercle près de sa veste qu'elle avait déposé sur sa couette, sortit son téléphone, et reprit connaissance du message que Théo lui avait envoyé.

Elle lança un appel vidéo, et vit le visage du jeune homme apparaître quelques secondes plus tard, affalé dans son canapé.

- Comment tu te sens ? Pas trop fatiguée ?

- Ça va. Je crois que je suis trop stressée pour être fatiguée.

- Tu es seule ?

Elle acquiesça tout en mélangeant d'une seule main sa salade et la vinaigrette qu'elle venait de vider.

- Ton père n'est pas là ?

- Non. Je pensais qu'il m'aurait accompagné jusqu'à l'hôtel, mais non, même pas...

Elle vit les traits de visage de Théo se durcir.

- Ce n'est pas possible... siffla-t-il.

Il observa Lyly mâcher sa salade en silence et se passa la main dans les cheveux, irrité.

Déjà que Théo n'avait pas confiance en Fabio, voilà qu'il apprenait qu'il avait laissé Lyly se débrouiller seule pour trouver son hôtel. Certes, elle pouvait se débrouiller seule, mais la moindre des choses aurait été de la raccompagner, ne serait-ce que le premier jour.

- Et c'est qui ce Bruno ? reprit-il.

- Oh ! C'est l'ami de Chris. Qui travaille à l'hôtel. C'est lui qui m'a réservé cette chambre. Et qui m'a donné cette salade.

Elle lui montra son repas en souriant.

- Je n'avais rien apporté à manger...

- Et il l'a sorti de nulle part, comme ça ? demanda-t-il d'un ton sarcastique.

- Il a été la chercher dans leur cuisine je crois. Il devait la manger ce soir, mais comme je n'avais rien à manger, il me l'a offerte.

- Trop aimable.

Lyly pouffa.

- Sans lui je n'aurais rien mangé ce soir, tu sais. Elle réfléchit. En fait, j'étais tellement stressée que je n'ai même pas pensé à amener de repas, ça craint...

- Ton père aurait pu prévoir un repas, c'était la moindre des choses.

- Je sais...

- Il t'embarque dans son délire, et il n'est même pas capable de te ramener jusqu'à l'hôtel, de te proposer un repas. Il est vraiment tordu.

Lyly releva les yeux vers son téléphone lorsqu'elle le sentit vibrer dans sa main. Son père tentait de la joindre.

- Ah bah tiens, il essaye de m'appeler.

Théo leva les yeux en l'air et se gratta le bas du visage.

- Je le rappellerai plus tard, reprit-elle.

- Fais attention à toi, Lyly.

- Je pense que ça va aller pour cette nuit. J'ai fait attention, je ne crois pas avoir été suivie. Et Bruno semble sympa.

- Il a quel âge ?

- Vingt-cinq.

Bruno avait de petites bouclettes brunes sur la tête et était rasé de près. Ses yeux à moitié bruns et verts foncés renforçaient son côté aimable. Son amabilité était d'ailleurs ce qui avait sauté aux yeux de Lyly lorsqu'elle avait pénétré dans l'hôtel.

- Fais attention quand même. Même si c'est un pote de Chris, ça ne veut pas dire que tu peux lui faire entièrement confiance.

- Je sais, Théo.

Elle fourra un morceau d'œuf dans sa bouche et maintint son regard dans celui de Théo.

L'expression de son visage trahissait son inquiétude. Il était clair que celui-ci aurait aimé être à ses côtés, encore plus depuis qu'il avait appris le comportement de Fabio. Sa rancœur envers lui était perceptible à travers l'écran, ce qui était plutôt rare venant de la part de Théo.

- Je lui ai fait comprendre que je ferai ce que j'ai à faire, avec ou sans lui, ajouta-t-elle.

- Et il t'a dit quoi ?

- Rien, mais je sais qu'il m'a pris au sérieux. Et je l'étais.

- Tu vas aller voir ta mère quand ? Demain ?

- Je ne sais pas encore. Mon père a dit qu'il viendrait me voir demain matin. J'ai des questions à lui poser, j'espère qu'il me répondra.

Théo acquiesça.

- Tu vas lui demander quoi ?

- Ce qu'il a prévu, et qu'il me parle un peu plus de Ludo et Rudy. Je sens qu'il ne me dit pas tout.

- Ce n'est pas nouveau ça...

- Oui, mais je compte bien le faire parler. Je ne suis pas venue jusqu'ici pour connaître le tiers de l'histoire, j'en ai marre qu'on me prenne pour une gamine. Autant me dire les choses directement, c'est fatigant de devoir courir derrière les gens pour avoir des réponses.

- S'il ne souhaite pas t'en parler, dis-lui une seconde fois que tu avanceras avec ou sans lui.

- Tu penses ?

Elle avala sa tomate cerise et s'essuya la bouche d'un revers de manche.

- Oui. Il compte obtenir des informations grâce à ta présence ici. Le perdant dans l'histoire ce sera lui, pas toi. Tu es trop importante pour qu'il te laisse avancer seule, il parlera.

Lyly hocha la tête de compréhension.

- Et maintiens bien tes yeux dans les siens. Il comprendra que tu ne plaisantes pas.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top