Chapitre 46
Hellooo,
Voici un chapitre plutôt surprenant, mais j'espère qu'il vous plaira. Peut-être qu'à un certain moment, vous vous direz "non mais elle va décrire jusqu'où la hormigaja là ??" mais ne vous en faites pas, si vous n'aimez pas lire ce genre de scène, je pense m'être arrêtée au bon moment, alors vous pouvez tout lire sans être offusqué ahah. Faites-moi confiance. :)
N'hésitez suuuuuuurtout pas à commenter, à me faire part de votre réaction et à me dire ce que vous pensez de la révélation en fin de chapitre.
De plus, vous pouvez cliquer sur la musique mise juste au-dessus pour vous mettre un petit peu plus dans l'ambiance.
Bonne lecture, toujours,
-G
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Théo tourna la clé dans la serrure de sa porte d'entrée, légèrement blasé de s'être déplacé pour rien, appuya sur la poignée et poussa la porte avant d'allumer la lumière du couloir. Il referma la porte derrière lui, une odeur de nourriture lui caressant les narines, tourna la clé deux fois dans la serrure, et ôta sa doudoune qu'il déposa sur le porte-manteau à l'entrée.
Lorsqu'il avait finalement rejoint John dans la cuisine d'Ashley, il avait retrouvé la cuisine impeccable, et pas une once de fumée dans les airs, soit le contraire de ce que lui avait décrit John au téléphone vingt minutes plus tôt. Son ami avait finalement avoué s'être inquiété pour rien, ajoutant qu'il avait réussi à contrôler la situation avec Ashley, mais qu'il avait tout de même envie que son ami jette un œil au four, au cas où quelque chose clocherait. Après une brève analyse de cinq minutes, Théo avait conclu que tout était en ordre, mais John avait commencé à lui faire part de son envie de changer certains meubles de la cuisine et de la chambre, et il avait réussi à le maintenir dans la cuisine trente bonnes minutes, montrant des tonnes de photos enregistrées sur son téléphone à Théo afin de lui demander son avis.
Théo ôta ses baskets noires, soupira de fatigue, se gratta le cou de frustration, et avança dans la salle de bains pour se passer un coup sur les mains. Lorsqu'il en sortit, il se dirigea lentement vers le salon qu'il trouvait anormalement allumé. La lumière semblait éteinte, mais une faible luminosité lui parvenait du couloir. Il avança lentement, étonné par l'étrange silence dans lequel le salon était plongé, jeta un œil à sa montre, et franchit le seuil de la pièce avant de stopper son élan, les bras ballants.
Lyly était installée devant son assiette recouverte d'une serviette rouge parfaitement pliée, éclairée par deux chandeliers posés aux deux extrémités de la table, et était vêtue d'une nuisette noire en satin, maintenue par deux fines bretelles. Elle l'accueillit avec un sourire timide, se releva lentement de la chaise, et se dirigea vers Théo. Celui-ci ne parvint pas à la lâcher des yeux, captivé par l'aura que dégageait Lyly, et avala difficilement sa salive lorsqu'elle s'arrêta en face de lui. Elle avait les lèvres recouvertes d'un léger rouge à lèvres, les yeux habillés de mascara et ses cheveux désormais légèrement ondulés lui tombaient derrière le dos.
— Le repas est prêt monsieur Pavinkis. Veuillez me suivre.
Elle lui tourna brusquement le dos, dégageant un vif parfum dans les airs que Théo ne manqua pas d'inspirer, et la suivit, les yeux attirés par ses hanches qui ondulaient à chacun de ses pas. Il s'assit à la place que sa petite amie lui indiqua, en face de l'assiette de Lyly, suivit chacun de ses mouvements, et la perdit de vue lorsqu'elle disparut dans le salon.
Quand Lyly réapparut quelques secondes plus tard et posa une petite assiette au centre de la table, Théo reconnut instantanément des raviolis vietnamiens fraîchement préparés, et ne pu s'empêcher de cacher son sourire à Lyly, qui venait de s'installer en face de lui, les joues légèrement rougies.
— J'espère que ça va te plaire.
Les volets de la salle étaient fermés, créant ainsi une ambiance intimiste, mais Lyly avait déposé de petites bougies sur le meuble de la télévision, quelques unes sur celui juste en-dessous du gigantesque miroir placé dans le salon à leur gauche, et des pétales de fleurs étaient éparpillés sur le sol, ainsi que sur la table.
Théo tenta de masquer son sourire en observant la décoration que Lyly avait mise en place dans le salon, et releva ses yeux brillants vers la jeune femme.
— Tu avais tout manigancé, dit-il enfin, amusé. John était dans le coup.
— C'est un secret.
— Je suis sûr que c'est le cas. Il était vraiment bizarre.
Lyly se retint de rire en se pinçant les lèvres, et proposa l'assiette à Théo afin qu'il se serve. Il attrapa un ravioli vietnamien au poulet du bout de ses doigts, trinqua dans celui de Lyly, et l'enfonça dans sa bouche, avant d'émettre un gémissement guttural.
— Merde, c'est trop bon.
La jeune femme en face de lui avala à son tour le sien pendant que Théo l'observait minutieusement, totalement attendrie par ce qui était en train de se passer.
— C'est toi qui les as fait ?
Lyly hocha timidement la tête que non et l'invita à se resservir, ce qu'il fit sans la lâcher des yeux. Il mâcha lentement son ravioli, détaillant chaque partie du corps de la jeune femme qui lui était possible d'apercevoir, et se surprit à imaginer ses lèvres glisser le long de ses petites épaules dénudées. Ce n'est que lorsqu'elle se releva de table qu'il sortit de ses pensées, le pouls saccadé, et se rendit compte du petit sourire en coin que Lyly lui avait renvoyé en passant à ses côtés.
Lyly éclata de rire, ce que Théo ne tarda pas à faire, et remplit une seconde fois leur deux verres, ses jambes collées contre celles du jeune homme.
— Je te jure que mon père a vraiment dit ça à ma mère. Quand Angèle est descendue, elle ne comprenait absolument rien, et moi j'étais plié de rire avec mon père.
— Ta mère n'a rien dit ? rigola Lyly. Elle n'a vraiment rien dit du tout ?
— Qu'est-ce que tu veux qu'elle réponde ? Mon père est un gros comique, elle savait très bien que si elle répondait, on allait encore plus en rire.
Théo laissa un petit rire lui échapper, posa sa serviette sur la table et cala son dos contre le dossier de la chaise.
—Je n'arrive pas à croire que tu aies réussi à faire un Bánh bao en moins d'une heure. C'est ma mère qui serait étonnée.
— Tu en avais déjà mangé ?
— Il y a très longtemps, quand les parents de ma mère étaient passés à la maison pour un repas de famille. Il y avait des tas de plats vietnamiens et on se servait tous dans les assiettes quand on en avait envie. Mais depuis, ma mère n'en a jamais refait.
— Tu crois qu'elle aurait aimé mon repas ?
— Oh que oui, assura Théo en souriant. Elle aurait vraiment adoré.
— J'ai hésité à faire une entrée... avoua-t-elle. Tu as encore faim ?
Théo hocha la tête que non, et frissonna en sentant le bout du pied droit de Lyly lui effleurer le mollet. Il jeta un œil aux bougies qui avaient déjà pas mal fondu, et croisa le regard de biche de Lyly, qui le regardait timidement, un sourire au coin des lèvres.
Comment pouvait-il cerner la signification de ce sourire ? Et tout cette préparation, que voulait-elle dire ? C'était la première fois qu'ils mangeaient ensemble dans un environnement aussi romantique, ce qui ne déplaisait pas à Théo, loin de là. Mais désormais, il avait plus que tout envie de Lyly. L'ambiance, les caresses de Lyly sous la table, sa nuisette. Il avait envie de l'avoir contre lui, maintenant, et l'embrasser. L'embrasser comme il ne l'avait jamais fait. Lui prouver à quel point il n'était pas prêt de la laisser partir. Merde. Elle le rendait dingue.
Théo baissa les yeux, le cœur s'écrasant violemment contre sa poitrine et le bas ventre en feu, et se demanda ce que Lyly désirait, elle, de son côté. Le désirait-elle autant qu'il la désirait ? Ou était-ce seulement dans un sens ?
Lyly avala la fin de son verre et se leva de table, sûre d'elle. Elle entassa les deux assiettes l'une dans l'autre, rassembla les couverts, et se dirigea dans la cuisine pendant que Théo terminait son verre, légèrement déboussolé par tout ce qui était en train de se passer. John qui l'appelle pour rien. Lyly qui lui prépare un dîner romantique et l'accueille en nuisette. Et lui qui devait finaliser un dernier examen avant le lendemain soir. Théo ne savait plus où donner de la tête. Tout cela était insensé.
Il se leva de la chaise, observa une énième fois le salon plongé dans une semi obscurité, ébahi, et se pencha au-dessus de l'une des bougies parfumées posées sur le meuble en-dessous du grand miroir que son père lui avait offert il y a de cela trois ans.
— Théo, tu peux venir m'aider ?
— J'arrive.
Théo inspira une seconde fois l'odeur de la bougie, les paupières closes, et attrapa furtivement son verre en passant près de la table pour le déposer dans la cuisine. Lorsqu'il pénétra dans la pièce, il ne retrouva pas Lyly, comme espéré, et s'arrêta.
— Tu es où ?
Il déposa son verre dans l'évier, avança vers la chambre, et retrouva Lyly arrêtée devant le miroir de son armoire, en train d'essayer de régler l'une des bretelles de sa nuisette. Lorsqu'elle le vit arriver, elle lui sourit timidement et lui tourna entièrement le dos.
— Est-ce que tu peux régler la bretelle droite de la nuisette ? Je n'arrive pas à le faire quand je l'ai sur moi.
Théo avança délicatement ses mains vers le dos de Lyly, et attrapa soigneusement la bretelle entre ses doigts, pendant que la jeune femme dégageait ses cheveux de son dos et les ramenait devant.
Il avait déjà eu la chance de la voir en robe, et cela à deux reprises, mais cette nuisette était si fine, si légère, que ça le rendait littéralement hors de lui.
— Tu veux que je la serre ou la desserre ? demanda-t-il, la bouche asséchée.
— Que tu la serres.
Théo observa rapidement le mécanisme de la bretelle et tenta à plusieurs reprises de la serrer, mais le parfum que dégageait Lyly, et le haut de son dos nu ne lui permettaient pas de faire les choses correctement. Il n'arrivait pas à se concentrer, à comprendre comment il devait serrer cette maudite bretelle, et bordel, elle avait la peau si douce.
Théo n'avait jamais eu à en serrer de toute sa vie, à quel moment allait-il pouvoir lui dire qu'il ne parvenait pas à serrer cette foutue bretelle ? Alors qu'il essayait inlassablement de la resserrer, les sourcils froncés et la mâchoire contractée, il vit Lyly se débarrasser d'un mouvement brusque de ses bretelles. La nuisette glissa le long de son corps, et Lyly se retrouva brusquement en sous-vêtements devant le jeune homme, qui ne comprenait rien à ce qui venait de se passer.
Lorsque Lyly se retourna, les joues rougies de gène, elle se retrouva en face de Théo et le découvrit la bouche entrouverte, les yeux écarquillés. Quand son regard croisa celui de Lyly, il s'agenouilla aussitôt afin de reprendre la nuisette, qui avait peut-être glissé par mégarde, pour pouvoir revêtir Lyly, mais celle-ci se pencha rapidement, passa le bout de ses doigts sous le menton de Théo, et le fit se relever, avant de coller ses lèvres à celles du jeune homme, qui se retrouva bientôt le dos contre l'armoire de sa chambre.
Il glissa aussitôt sa main contre la peau du dos de la jeune femme, pivota habilement afin d'échanger les rôles, et cala son autre main contre la nuque de la jeune fille, qui laissa échapper un grognement lorsque Théo lui mordilla la lèvre.
Il se colla au corps embrasé de Lyly, releva légèrement le menton de la jeune femme pour avoir un meilleur accès à son cou, et y plaqua ses lèvres afin d'y déposer de légers baisers et descendit le long de ses épaules, comme il l'avait si bien imaginé le faire plus tôt dans la soirée.
Lorsqu'il releva le visage, Lyly le pris au dépourvu et colla brutalement ses lèvres contre les siennes, et lui attrapa la lèvre inférieure entre ses dents. Théo laissa échapper un petit rire rauque, parvint à dégager sa lèvre, et écarta légèrement son visage de celui de Lyly.
— Mais qu'est-ce que tu fais, Lyly, lâcha-t-il, amusé, le souffle court.
Théo croisa le regard embrasé de Lyly, et remarqua que son rouge à lèvres n'avait plus du tout la même couleur que lorsqu'elle l'avait accueilli. Leurs lèvres entremêlées avaient eu gain de cause.
Le jeune homme agrippa les hanches de Lyly, l'attira afin de la coller entièrement à lui, et frissonna en sentant les mains de la jeune femme se caler contre sa nuque. Elle rapprocha son visage du cou de Théo, et y déposa ses lèvres, parsemant de ci de là de petits baisers humides. Théo ferma les paupières, releva le menton afin de donner un meilleur accès aux lèvres de la jeune femme, se vénéra lui-même de s'être entièrement rasé la barbe, et lâcha un juron en la sentant lui suçoter un coin de la peau. Il lui agrippa aussitôt fermement les fesses de ses deux grandes mains, les fit glisser sous ses cuisses et releva brutalement la jeune femme, qui entoura ses hanches de ses jambes nues.
Il plaqua ses lèvres contre celles de Lyly, le bas ventre en feu, pivota sur ses talons, se dirigea vers son lit, y déposa Lyly, et se pencha sur elle avant de se retrouver au-dessus d'elle, son corps contre le sien.
— Tu me rends dingue, laissa-t-il échapper, le souffle saccadé.
Le regard que Théo renvoyait à Lyly était intense, empli de désir.
Elle lui sourit timidement, gênée de voir l'effet qu'elle lui faisait, et se demanda si quelqu'un l'avait déjà regardé de cette manière auparavant. Avec autant d'amour, de désir, d... d'excitation ?
Elle plaça l'une de ses mains contre l'arrière du crâne de Théo, et glissa ses doigts dans ses cheveux châtains avant que celui-ci ne plaque sa bouche contre celle de Lyly, et y introduise brutalement sa langue, son bas ventre en ébullition.
Elle défit maladroitement de ses mains tremblantes les deux boutons du polo du jeune homme, en attrapa aveuglément le bas, le lui ôta, et le jeta aveuglément par terre. Comme si elle le découvrait pour la première fois, elle laissa ses mains glisser sur les pectoraux de Théo, contourna leurs lignes et laissa ses doigts descendre le long des abdominaux du jeune homme, qui frissonna sous ces touchers. Lorsqu'il se pencha davantage sur elle et malmena ses lèvres, elle sentit le corps chaud de Théo contre le sien, et c'est à ce moment très précis qu'elle se rendit compte qu'ils n'avaient jamais été aussi proches l'un de l'autre. Leur deux corps bouillants se touchaient, se collaient, s'effleuraient, glissaient régulièrement l'un contre l'autre, à la découverte d'un inconnu, à la découverte d'un corps qu'ils ne connaissaient que couvert de vêtements.
Pendant que leurs langues se cherchaient, Lyly posa aveuglément ses mains tremblantes sur le bouton du jean de Théo, et le défit. Sentant la gène de Lyly, le jeune homme baissa lui-même habilement sa braguette et fit glisser son pantalon avant de le laisser tomber sur le sol de la chambre. Il écarta les cheveux de la jeune femme qui lui tombaient sur le visage, et tenta de reprendre son souffle, le cœur bombardant dans sa poitrine.
— Tu es sûre que tu...
Lyly posa instinctivement son index sur la bouche du jeune homme, qui acquiesça lentement, le regard plongé dans celui de la jeune femme, à la recherche du moindre doute, de la moindre frayeur, et déposa finalement un baiser sur le bout de son doigt.
— On va y aller doucement, ajouta-t-il d'un ton rassurant, essoufflé.
Quand il retrouva les douces lèvres anormalement colorées de Lyly, il passa sa main droite à l'arrière du dos de la jeune femme, suivit du bout de ses doigts le tissu de son soutien-gorge, et le décrocha.
La sonnerie du téléphone de Théo sortit brutalement Lyly de son sommeil. Elle ouvrit timidement les yeux, sous la voix lointaine du jeune homme, s'aperçut qu'elle était seule dans le lit, et se remémore soudainement de tout ce qui s'était passé dans la soirée. Son repas surprise, sa tenue qui avait réussi à désarmer Théo, son corps collant contre celui de Théo. Lui sur elle.
Lyly frissonna, ramena la couverture jusqu'à son cou, toucha le sommet de son crâne, et sentit ses joues cramoisir. Théo l'avait vu nue. Théo l'avait touché. Théo avait été sa première fois. Et voilà qu'elle était encore nue dans ce lit, alors que son petit ami devait être levé depuis longtemps. Elle s'appuya sur son coude pour regarder l'heure qu'affichait le réveil de Théo à sa droite, et se laissa retomber sur le matelas. Sept heures.
Son corps lui avait fait ressentir des sensations qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant, des sensations qu'elle n'aurait jamais pu imaginer vivre. Merde, son corps pouvait-il vraiment lui faire ressentir tout cela ? Comment était-ce possible, elle qui pensait pourtant bien se connaître ?
Lyly s'étira les jambes le plus loin possible dans le lit, et relâcha ses muscles. Depuis qu'elle avait ouvert les yeux, elle se sentait détendue. Incroyablement détendue. Pourtant, elle ressentait désormais une petite douleur au bas ventre, douleur qu'elle n'avait pas ressenti hier, en la présence de Théo. A quoi cela était-il dû ? Au stress ?
— Hey.
Lyly tourna la tête vers la porte de la chambre et vit Théo avancer vers elle, vêtu d'un simple pantalon de jogging. Il s'assit près des jambes de Lyly, lui tendit sa main afin que sa petite amie pose la sienne dans sa paume, et la regarda se redresser légèrement, la couette plaquée à son cou, gênée.
Théo semblait serein. Bien plus serein qu'elle d'ailleurs. Il lui adressa un sourire rassurant, et fut attendri de voir à quel point les joues de Lyly avaient viré au rouge depuis qu'il avait pénétré dans la chambre.
— Comment tu te sens ? Ça va ?
— Ça va. Je...
Lyly sembla hésiter, puis se ravisa et laissa sa phrase en suspend.
— Tu...? répéta Théo. Ça ne va pas ?
Lyly hocha la tête que si.
— C'est gênant, avoua-t-elle, je n'y connais tellement rien que je ne sais pas si c'est normal ou pas...
— De quoi tu parles ? demanda-t-il, légèrement inquiet. Qu'est-ce qui ne serait pas normal ? Qu'est-ce qui est gênant ?
— De parler de ça avec toi... Je n'ai pas l'habitude.
Théo se gratta les cheveux nerveusement et lui caressa lentement le dos de sa main avec pouce.
— Bébé, dis-moi ce qu'il y a.
— Tout va bien, j'ai juste un peu mal au bas du ventre. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas si je dois m'inquiéter, ou...
Théo hocha aussitôt la tête que non, et parut soudainement soulagé.
— Je ne pense pas que ce soit grave, surtout si ça passe dans la journée.
— Tu penses que c'est à cause de ce qu'on a fait ?
Théo lâcha un petit rire, attendri.
— Tu parles comme si on avait fait une énorme connerie, Lyly. Oui, c'était ta première fois, ton corps ne connaissait pas encore tout ça, c'est normal. Avec le temps, tu t'habitueras, et ton corps aussi. Ne t'inquiète pas.
Lyly acquiesça la tête, rassurée, et tenta d'assimiler toutes les informations. Pourquoi fallait-il que ce soit Théo qui lui apprenne tout ça ? Pourquoi n'avait-elle jamais posé de questions à sa mère quand elles étaient encore soudées et proches ?
Un petit sourire timide apparut soudainement sur le visage de Lyly lorsque ses yeux tombèrent sur la petite marque qu'elle lui avait faite dans le cou. Mince. Elle ne pensait pas que ça aurait autant marqué.
— A quoi tu penses ? demanda-t-il, intrigué.
— Qu'est-ce que tu as dans le cou ? l'interrogea-t-elle, innocemment.
Théo ricana.
— Et tu oses me demander ?
— Ça te va plutôt bien.
— Je vais surtout devoir cacher ça la semaine prochaine si je ne veux pas que les étudiants le remarquent et en fassent toute une histoire.
Lyly grimaça.
— Et... Tu es réveillé depuis longtemps ?
— Deux heures, mais je suis resté un peu avec toi. Tu dormais profondément, je ne voulais pas me lever tout de suite.
— Je crois que je dormirais encore si ton téléphone n'avait pas sonné.
— Merde, il t'a réveillé ? C'était mon père...
— Ils ont l'air de souvent t'appeler, remarqua Lyly. Ils t'aiment vraiment beaucoup.
— Je ne vais pas souvent les voir, alors ils compensent le temps qu'on ne passe pas ensemble en m'appelant.
Lyly hocha la tête de compréhension.
— Peut-être que tu devrais y aller plus souvent, ça leur ferait plaisir. Peut-être même qu'Angèle serait contente de te voir.
Théo soupira.
— Angèle s'en fout. Que je vienne ou non, c'est la même chose, tu sais.
— Ça se trouve elle ne le montre juste pas.
Théo parut un instant réfléchir, puis il haussa les épaules.
— Je ne crois pas.
— Vous avez déjà été proches ? Vous avez déjà passé de bons moments ensemble ? Vous promener ensemble, rire, parler...
— Pas vraiment. Les seules fois où on a échangé... Théo secoua la tête. Ça ne s'appelait même pas un vrai échange, en fait. On se criait dessus, elle claquait la porte de sa chambre, et ne me regardait plus pendant des jours.
— Vous vous êtes criés dessus ?
L'étonnement de Lyly fit culpabiliser Théo, qui grimaça légèrement.
— Oui... J'étais en fin d'adolescence, je voulais l'aider mais elle ne me laissait pas le faire. Je sentais que quelque chose m'échappait, mais elle ne voulait pas me le dire pour que je l'aide. Alors il m'arrivait de débarquer dans sa chambre pour lui demander de me parler, mais elle refusait, et ça finissait en cris.
— Tu ne peux pas t'en vouloir d'avoir voulu l'aider, Théo.
— Je sais... Mais ce n'était pas la meilleure solution. Je croyais qu'en la bougeant elle ferait des efforts, mais j'ai eu tort, et je n'ai fait que l'éloigner de moi.
Lyly plaqua la couette contre sa poitrine afin qu'elle ne redescende pas, s'assura qu'elle ne glissait pas, puis recouvrit la main de Théo des siennes.
— J'ai été tellement loin, reprit-il, plongé dans ses pensées. Je me suis même battu pour elle, ma mère en a été malade.
— Tu t'es battu ? répéta Lyly, surprise.
— Je voyais qu'elle n'allait pas bien, surtout quand elle revenait des cours. Je me suis dit qu'elle devait se faire embêter au collège, que des crétins s'en prenaient probablement à elle si elle ne parlait à personne.
— Et c'était le cas ?
Théo acquiesça.
— On pouvait prendre le même bus pour rentrer chez nos parents, et un jour comme je savais à quelle heure elle finissait, j'ai traîné pas loin de mon lycée. Quand l'heure est arrivée, je suis allé vers l'arrêt de bus qu'Angèle devait prendre. Lorsque je l'ai aperçu au loin, la tête baissée, enfoncée dans le coin de l'arrêt, les bras croisés et entourée de trois mecs, j'ai accéléré et je me suis arrêté pas loin d'eux pour entendre ce qu'ils disaient. Ils se foutaient d'elle, l'insultaient, et les gens autour n'intervenaient pas. Alors je me suis énervé et je suis intervenu.
— Oh mon dieu, laissa échapper Lyly.
— J'en ai attrapé un, je l'ai cogné, puis j'ai attrapé les deux autres. Je savais que ma mère ne cautionnait pas du tout la violence, et moi non plus, mais les entendre se moquer de ma sœur m'a mis les nerfs.
— Et après ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Ils avaient fait les malins devant ma sœur, mais pas devant moi. Même pas une minute après ils étaient par terre. Je crois que j'ai cassé le nez à un des gars, c'est pour ça que les parents du mec ont débarqué à la maison pour se plaindre à mes parents.
— Ils ont porté plainte ?
— Ils voulaient. Mais j'avais avoué à mes parents ce que j'avais fait en rentrant, le soir-même, alors ils étaient prévenus, et on avait réussi à recueillir des preuves contre les mecs avant qu'ils viennent, au cas où. Quand ils sont arrivés, ils se sont rendus compte qu'ils avaient plus à perdre que nous, et ils ont trouvé un accord.
— Et Angèle ? Elle a dit quelque chose ?
Théo réfléchit.
— Non, elle n'a pas dit grand chose, dit-il d'un ton lasse, mais j'ai bien vu dans son regard, quelques semaines plus tard, qu'elle me remerciait. Parce que les mecs n'ont plus osé l'embêter, je m'en suis assuré plusieurs fois en passant par le collège. Ils l'ont enfin tous laissé tranquille.
Lyly fixa Théo, attendrit. Elle ôta l'une de ses mains de celle de Théo, plaqua la couette sur sa poitrine, et s'avança lentement afin de poser ses lèvres sur celles du jeune homme.
Il ferma les paupières, répondit au baiser de Lyly, et rouvrit les yeux lorsqu'elle recula son visage du sien.
— Tu dis beaucoup de bien de moi, mais on ne parle pas assez de toi et de ce que tu fais pour les autres.
Théo reposa délicatement la main de Lyly sur le lit, et se redressa sur ses jambes.
— Il n'y a rien à dire de moi, je fais juste ce que j'ai à faire.
— Personne ne t'a dit que tu devais aider les autres, Théo. Et pourtant tu le fais.
— Il faut bien que quelqu'un le fasse.
Il observa la couette que maintenait la jeune femme plaquée contre sa poitrine, et eut un petit sourire.
— Tu as conscience que tu vas devoir lâcher cette couette ?
— Quand tu seras parti, oui.
Théo pouffa.
— Tu as aussi conscience que je t'ai vu nue cette nuit ?
Lyly plongea son visage dans la couette, les joues en feu, ce qui fit encore plus rire Théo, qui croisa ses bras sur son torse nu, amusé.
— Tu es incroyable, rajouta-t-il. Vraiment incroyable. De toute façon, on va devoir changer les draps aujourd'hui... ils sont tâchés.
Lyly jeta un œil à Théo, un sourcil levé de surprise, et l'interrogea du regard.
— Regarde par toi-même, dit-il en désignant d'un signe de tête le lit.
La jeune femme jaugea un instant Théo, puis souleva la couette et vit, comme l'avait si bien dit Théo, une petite tâche de couleur rouge, sèche, près de ses jambes. Elle releva aussitôt la tête vers Théo, horriblement gênée, et se couvrit la bouche de honte.
— Je suis désolée.
— Ne t'en fais pas... Tu en es où niveau révisions ?
Théo avait toujours ce don de changer de conversation, surtout lorsqu'elle se sentait gênée.
— J'ai terminé hier.
— Tu le sens comment ?
Lyly fit une légère moue.
— Ça devrait aller. Je vais un peu relire aujourd'hui au cas où.
Théo acquiesça.
— J'ai un appel dans un peu moins de dix minutes, si tu as besoin de moi, je serai dans mon bureau.
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