Chapitre 42
Hello,
J'avais vraiment hâte de vous poster ce nouveau chapitre, parce qu'il va vous permettre de comprendre davantage l'agissement de Lyly. Certes, tout n'est pas encore révélé, mais vous allez désormais mieux comprendre ce qu'a vécu Lyly, et ce qu'elle a ressenti tout au long des années.
J'espère sincèrement que ce chapitre va vous plaire.
Bonne lecture, et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. :)
-G
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Lyly immergea de son sommeil le lendemain matin au son des klaxons provenant de l'autre côté de l'hôtel. Elle garda un instant ses yeux fermés, les paupières lourdes, et se remémora les événements de la veille. Elle avait pleuré. Devant Théo.
Elle sortit ses bras du dessous de la couette et se frotta longuement les paupières, le crâne en compote. Pourquoi avait-elle si mal à la tête ? Pourquoi une douleur lui tambourinait-elle aussi violemment le crâne ? Et Théo, dormait-il encore ? Lyly ouvrit difficilement un œil, de peur d'être aveuglée par la lumière du jour, et tourna lentement son visage vers sa droite en grimaçant. Personne. Elle ouvrit son autre œil et aperçut une silhouette près de la porte de la chambre qui semblait lui tourner le dos. La jeune étudiante tourna alors sa tête et vit Théo, bel et bien de dos, vêtu d'un polo bleu et d'un jean noir. Il semblait regarder la télévision du salon depuis l'entrée de la chambre, sans chaussettes.
Lyly se frotta une seconde fois les yeux et était en train de se toucher le sommet du crâne lorsque Théo jeta un œil vers elle et se tourna aussitôt entièrement en remarquant qu'elle était réveillée. Il lui adressa un sourire attristé et avança afin de s'asseoir sur le rebord du bout du lit.
— Salut, toi, murmura-t-il doucement.
Elle se redressa légèrement afin d'appuyer son dos contre la tête de lit et cala l'un des coussins entre celle-ci et son dos, sous le regard de Théo, empli de douceur, attentif.
— Tu veux manger quelque chose ? reprit-il sur le même ton.
Lyly hocha lentement la tête que non.
— Et boire ?
— S'il te plaît.
Théo acquiesça la tête, se releva et disparut dans la cuisine, laissant Lyly en pleine réflexion avec elle-même. Elle avait pleuré. Douze ans après. Merde.
Le jeune homme pénétra de nouveau dans la chambre, un verre d'eau dans une main, et une boîte de petits gâteaux au chocolat dans l'autre. Il déposa le verre entre les mains de Lyly, posa la boîte sur la table de chevet, et tourna le dos à la jeune fille lorsqu'il entendit le téléphone de Lyly sonner dans la cuisine. Il eut le temps de faire quelques pas vers le couloir lorsqu'elle l'interpella timidement, entre deux gorgées d'eau. Il se retourna alors, un sourcil levé de surprise, et s'arrêta.
— Je suis désolée pour hier... marmonna-t-elle en fixant son verre d'eau entre ses mains. Je n'avais pas prévu que ça se passerait comme ça... J'ai... J'ai craqué.
— Tu n'as pas à t'excuser, Lyly.
Elle hocha rapidement la tête que si.
— Tu m'as vu dans un état pitoyable.
Théo fronça les sourcils et s'approcha du bout du lit.
— Ça veut dire que quand tu m'as vu pleurer chez moi, tu me trouvais pitoyable ?
— Non !
Elle releva les yeux, une once de stress lui traversant le corps, et relâcha la pression en remarquant que Théo ne semblait pas fâché. Au contraire.
— Tu n'étais donc pas pitoyable, conclut-il.
Lyly apporta le verre à ses lèvres, avala une gorgée, et observa inconsciemment le liquide incolore dans son verre, le visage baissé.
— Je dois t'expliquer, marmonna-t-elle.
Théo s'assit sur le bout du lit, une jambe pliée en dessous l'une de ses cuisses, et ignora cette fois-ci le téléphone de Lyly qui sonnait pour la seconde fois.
— Cette petite, commença-t-elle dans un murmure, je l'ai remarqué quand on est sortis de ta voiture. Elle... Lyly plissa les yeux afin de se remémorer au détail près le visage de la fillette. Elle avait les traits du visage tirés, elle était si fatiguée... Sa mère avait l'air elle aussi épuisée et complètement dépassée. Ça m'a choqué parce que ça m'a rappelé le visage de mes parents quand j'étais plus petite. Ils dormaient très peu et passaient le plus de temps possible avec moi quand je n'étais pas à la maison avec eux.
Théo acquiesça la tête, entièrement concentré sur le récit de Lyly, et vit les mains de celle-ci se mettre à légèrement trembler.
— Voir la petite dans cet état m'a rendu triste. J'ai eu envie de pleurer, mais je me suis retenue et je t'ai rejoins dans le magasin, parce que je ne voulais pas que tu remarques quoique ce soit. Mais quand on est arrivés dans l'allée principale, la seule idée que j'avais en tête était de lui trouver une peluche pour lui remonter le moral, lui montrer qu'elle était soutenue, et quand j'ai vu sa mère courir dans le magasin pour faire ses achats, j'ai compris que j'avais pris la bonne décision. Elle pencha la tête, dans ses pensées, et la hocha lentement. Tout concordait tellement... J'imaginais très bien mes parents courir dans le magasin comme la dame le faisait...
Elle releva les yeux vers Théo.
—Quand je suis allée parler avec la mère de la petite, j'ai compris que je ne m'étais pas trompée et que sa fille était bien atteinte d'une leucémie. Là où j'avais tort, c'était qu'elle n'était pas atteinte d'une leucémie lymphoblastique mais d'une leucémie myéloblastique. Je ne connais pas trop la deuxième, mais je sais qu'elle est plus violente que la première. J'en ai beaucoup entendu parler.
Lyly s'arrêta et prit une profonde inspiration afin d'éloigner son envie de pleurer.
— Si tu savais comme j'ai eu envie de pleurer quand j'ai vu la mère s'effondrer devant moi. J'ai... Je ne sais pas comment j'ai fait pour me retenir.
Théo observa de nouveau le verre trembler entre les mains de Lyly. Il se releva rapidement, prit place à gauche de Lyly, sur le rebord du matelas, et lui prit gentiment le verre des mains afin de le poser sur la table de chevet, près de la boîte remplie de gâteaux.
— Théo...
Lyly sentit son cœur se compresser et son souffle se couper.
— Tu ne dois pas comprendre pourquoi je te raconte tout ça, déclara-t-elle la voix tremblante. Tu dois te dire que je suis complètement folle d'agir comme ça, et...
Elle eut un léger sursaut et sentit brutalement des larmes lui dévaler les joues.
— Je suis désolée, lâcha-t-elle avant de plonger son visage entre ses mains.
— Oh non, bébé...
Théo glissa rapidement sa main contre la nuque de Lyly et l'attira vers lui pour qu'elle se réfugie dans ses bras. Mais elle hocha frénétiquement la tête que non, et éloigna la main de Théo.
— Laisse-moi terminer, je t'en prie, le supplia-t-elle en pleurs.
Théo prit malgré tout aveuglément l'une des mains de Lyly dans la sienne et la lui pressa, la mâchoire contractée.
— Si je connais aussi bien la leucémie lymphoblastique c'est parce que j'en ai été atteinte quand j'avais neuf ans, continua-t-elle en hoquetant dans un souffle.
Elle tenta de fermer ses paupières du plus fort qu'elle le pu afin de stopper ses pleurs, en vain, et se mit à pleurer de plus belle, le cœur compressé et la gorge complètement nouée.
Avant que le médecin ne révèle la raison de tous ses symptômes, ses parents avaient fait de multiples recherches et avaient contacté de nombreux professionnels afin de comprendre pourquoi l'état de Lyly s'était détérioré en l'espace de seulement quelques semaines. Des ecchymoses se logeaient sans raison apparente sur la peau de la petite Lydie, des montées de fièvre avaient fait leur apparition, suivi de grosses périodes de fatigue et d'une perte de poids inquiétante.
Lorsque le médecin avait enfin posé le diagnostic et que Lyly avait pu être prise en charge, elle avait enchaîné les trois traitements à suivre afin de combattre la maladie, et avait, dans un premier temps, suivi le traitement dit d'induction, considéré comme celui le plus puissant des deux, consistant à combattre et détruire les cellules cancéreuses. Lyly avait passé six semaines à l'hôpital, à l'écart de ses amis et avait commencé, dès cet instant, à se renfermer peu à peu sur elle-même. Même s'il était évident que ses parents faisaient de leur mieux pour ne pas la laisser seule avec ses pensées déjà intrusives et lui apporter leur soutien, elles les avait vu se déchirer dans les couloirs de l'hôpital, et s'était peu à peu enfoncée dans une profonde solitude, qu'elle ressentait encore parfois aujourd'hui.
Le premier traitement avait causé de nombreux effets secondaires à Lyly, qui avait vu sa peau s'assécher, une bonne partie de ses forces la quitter, et déglutir avait fait partie intégrante de ses journées à l'hôpital. Mais ce qui l'avait le plus profondément traumatisé à cette époque, traumatisme encore présent aujourd'hui, avait été sa perte de cheveux. Elle en avait perdu des touffes à vue d'œil, et n'avait eut d'autres choix que de laisser sa mère lui raser le crâne afin qu'elle ne réveille plus ses parents dans la nuit, en pleurs, à la vue de cheveux tombés sur son oreiller.
Lorsque les cellules cancéreuses avaient été totalement détruites, Lyly avait suivi le traitement dit de consolidation. Afin d'empêcher la maladie de revenir, la petite Lydie avait dû suivre un traitement par voie intraveineuse depuis l'hôpital, et cela pendant six mois.
— Je rentrais souvent chez moi, mais je ne supportais plus de voir des photos de moi avec mes longs cheveux. Quand mes parents me ramenaient à la maison, je m'enfermais dans ma chambre et n'en sortais pas. Je ne voulais pas que les voisins me voient sans cheveux. J'avais peur qu'on se moque de mon crâne rasé.
Lyly s'essuya le nez d'un revers de manche et renifla.
— Après ça, j'ai suivi le traitement d'entretien. Pendant trois ans.
Théo essuya du bout des doigts les joues de sa petite amie et glissa sa main contre sa nuque afin de lui caresser la joue du bout de son pouce.
— J'ai été voir le médecin et il a déclaré à ma mère et mon beau-père de l'époque que j'étais en pleine dépression. Je ne voulais plus voir personne. J'ai coupé contact avec tous mes amis, dont Chris. J'ai suivi des cours à distance, payés par le copain de ma mère, et j'ai pris deux ans de retard à l'école. Elle s'arrêta, prit son verre afin d'en boire une gorgée, et le reposa à sa place en tremblant, avant de relever les yeux vers Théo.
— J'ai eu de la chance dans mon malheur, parce que la maladie aurait pu revenir. Il faut attendre quelques années pour s'assurer que la maladie ne reviendra pas. J'ai dû faire des prises de sang tous les mois, mais aussi à chaque fois que j'attrapais un microbe et que je tombais malade.
Théo hocha la tête.
— C'est pour ça que je suis allée offrir la peluche à cette petite dans la voiture. Je savais ce qu'elle était en train de vivre. Elle s'arrêta et baissa la tête. Mais contrairement à moi, elle est bien entourée et est profondément aimée par sa mère et son frère. C'est une bonne chose pour elle.
— Toi aussi tu es aimée, L...
— Je ne me suis pas sentie aimée quand j'étais malade, Théo, le coupa-t-elle, la voix tremblante, en relevant les yeux. Mes parents se prenaient tous les jours la tête, ils pensaient que je ne voyais pas ce qui se passait, mais je le voyais très bien. C'était de pire en pire. Je n'avais même pas de frère ou de sœur avec qui parler. Je me sentais tellement seule... C'est pour ça que je suis tombée en dépression. Elle recouvrit la main de Théo calée contre sa nuque de la sienne. Je pensais déjà beaucoup trop quand j'étais petite, et je me demandais constamment pourquoi j'avais attrapé cette maladie, je me demandais ce que j'avais fait pour mériter ça, si j'avais été une mauvaise enfant.
— Tu as conscience aujourd'hui que rien n'était de ta faute ?
— Aujourd'hui oui, répondit-elle en acquiesçant la tête. Aujourd'hui je le sais. Mais quand j'étais petite je ne le savais pas. Je m'en voulais, je me demandais même parfois si mourir n'était pas la solution pour que mes parents arrêtent de se détruire comme ils le faisaient. J'avais l'impression d'être le problème, d'être la raison pour laquelle mes parents s'étaient séparés, et je l'ai cru jusqu'à ce que mon père réapparaisse et m'avoue ce que ma mère lui avait fait subir pendant que j'étais malade.
Théo apporta doucement la main de Lyly jusqu'à ses lèvres et y déposa un long baiser tout en fermant les yeux. Lyly frissonna et inspira profondément pour ne pas se remettre à pleurer.
— N'en parle à personne, je t'en prie, le supplia-t-elle la voix tremblante. Je ne veux pas qu'on me pose de questions, je ne veux pas revivre ça, je...
— Hey, bébé.
Il rouvrit ses paupières et laissa apparaître des yeux légèrement rougis.
— Pourquoi j'en parlerais ?
Théo se rapprocha et ne laissa pas le choix à Lyly. Il la serra contre lui, le cœur s'abattant violemment contre sa cage thoracique, et sentit la jeune femme grelotter contre lui.
Lyly se réveilla la tête posée sur le torse de Théo, complètement sonnée. Elle leva discrètement les yeux vers le jeune homme et le découvrit le regard planté vers le plafond, profondément plongé dans ses pensées. Tout ce qu'il venait d'apprendre sur sa petite amie devait encore le chambouler, c'était évident. Mais que pensait-il de tout cela ? Avait-il des questions sur cette maladie ? Allait-il désormais mieux comprendre les agissements de Lyly ? Sa profonde sa solitude ? Et sa tristesse ?
Théo était désormais la seule personne à qui Lyly avait eu le courage d'en parler. Rencontrer cette petite fille avait fait accélérer les choses, la jeune femme n'avait pas prévu d'en parler aussi tôt. Elle avait peu à peu ressenti le besoin de le lui dire, surtout lorsqu'elle avait remarqué les efforts que Théo faisait pour elle, mais elle n'avait pas eu le temps de se préparer mentalement à cette révélation. C'était aussi un choc pour elle. Un profond choc dont elle ne se remettait pas encore.
Lyly avait envie de parler, de casser ce profond silence dans lequel était plongée la chambre, mais comment ? Théo semblait si loin... Elle sentit le thorax du jeune homme se gonfler, rester un instant immobile, comme s'il retenait sa respiration, et il relâcha soudainement l'air, tel un gros soupir. Elle devait l'empêcher de cogiter autant. Il ne devait pas se rendre malade pour elle. Non.
— Merci.
Théo sortit brusquement de ses pensées et baissa la tête vers Lyly, qui faisait désormais glisser son index entre les pectoraux du jeune homme.
— Merci ? répéta-t-il.
Elle se redressa lentement et plia ses jambes en tailleur, avant de croiser le regard attristé de Théo.
— Tu n'as pas fui.
— Pourquoi j'aurais fui ? demanda-t-il, incrédule, en se redressant à son tour.
— J'avais peur que tu aies peur de ma maladie, que tu t'enfuies en sachant que j'avais eu une leucémie...
Théo hocha rapidement la tête que non, les sourcils légèrement froncés.
— Avant que je sache tout ça je te trouvais déjà très courageuse, Lyly. Mais maintenant, je n'arrive même pas à mettre de mots sur ce que je ressens en pensant à toi, à ce que tu as vécu. Tu...
Il fronça totalement les sourcils.
— Tu es immensément courageuse. Je ne connais pas parfaitement cette maladie, mais j'imagine que vivre tout ce que tu as vécu n'a pas dû être simple. Tu as vu tes parents s'éloigner, tu t'es sentie seule, tu n'avais pas grand monde près de toi pour te soutenir, et aujourd'hui tu es là, devant moi... Tu ne te rends pas compte à quel point je suis admiratif de toi.
— Il n'y a pas de quoi être admiratif, Théo... marmonna-t-elle.
— Tu plaisantes ?
— Je suis une personne faible, j'ai toujours peur de me réveiller le matin et de retrouver des cheveux sur mon oreiller. Je suis si souvent déprimée que j'ai peur de refaire une dépression, de retomber dans ce cercle vicieux où je vais couper contact avec les gens que j'aime pour au final me sentir encore plus seule et tomber dans une plus profonde dépression. J'ai peur de ne jamais réussir à être à la hauteur, à ne jamais suffire. Elle haussa les épaules et baissa les yeux sur ses jambes pliées en tailleur. Quand Antoine me fait des réflexions, je n'arrive pas toujours à trouver le courage de lui répondre. Et...
— Tu te mets une pression énorme, Lyly. Ce serait mentir que de dire que personne n'a peur. Tout le monde à peur. Ou les gens sont des malades. Le fait de savoir ce qui te fait peur et d'en parler montre justement à quel point tu es courageuse. Tout le monde n'est pas capable de le faire.
— Ce n'est pas parce que j'arrive aujourd'hui à t'en parler que ça changera quelque chose. Demain quand je me réveillerai j'aurai toujours autant de peurs. Et dans deux semaines aussi...
— Le but n'est pas de ne plus avoir de peurs du jour au lendemain, le but c'est de pouvoir les identifier et d'essayer d'y faire face, jusqu'à ce que tu sois assez à l'aise pour enfin pouvoir respirer et te laisser aller. Et tu parles de suffire, mais suffire à qui ? A quoi ? Qu'est-ce qu'on en a à foutre de ce que les gens veulent que tu fasses ? C'est ce que toi tu veux faire qui importe le plus. Ce guignol d'Antoine ne sera certainement plus dans ta classe l'année prochaine, tu ne le verras probablement plus, comme un bon nombre de gens. La société inculque des valeurs, des normes, mais ça ne veut pas dire qu'elles sont correctes. Tu as peur de ne pas être à la hauteur, mais sur quoi tu te bases pour savoir si tu es à la hauteur ou non ? En te comparant aux autres ? L'image que les gens renvoient d'eux est purement faussée, combien de gens que tu penses heureux pleurent le soir une fois chez eux et sont en vérité déprimés ? Combien de gens font croire qu'ils ont les moyens alors qu'ils sont criblés de dettes ?
Théo hocha la tête d'indignation.
— Je ne peux pas te laisser te dénigrer alors que tu vaux bien mieux que ça.
Lyly releva le visage vers Théo, sans voix. Théo parvenait toujours à toucher dans le mille. Que pouvait-elle répondre à cela ? Qu'il avait tort ? Bien sûr que non. Théo avait raison. Sur toute la ligne. Elle ne comprenait désormais que trop bien l'intérêt de Laure envers Théo.
— Comment tu te sens ? reprit-il doucement. Ça faisait longtemps que tu n'avais pas pleuré, ou je me trompe ?
— Depuis mes douze ans.
Théo parut étonné.
— Je m'étais promise de ne plus pleurer...
— Ce n'est pas une honte de pleurer, Lyly.
— Pleurer c'est manquer à ma promesse... Pleurer c'est ne pas tenir la promesse que je m'étais faite quand j'étais petite, se défendit-elle, triste. J'aurais dû pouvoir tenir.
— On évolue constamment, on grandit, on vit de nouvelles choses. On ne peut pas toujours tenir nos propres promesses, et encore moins quand il s'agit de nos émotions. Elles sont difficilement contrôlables, tu sais.
Lyly acquiesça la tête.
— On va bientôt devoir rendre la chambre, il va falloir qu'on rentre.
La jeune femme soupira.
— Je n'ai même pas envie de rentrer, avoua-t-elle d'un ton morne.
Théo l'interrogea du regard.
— Ashley va sûrement me poser des questions, reprit-elle, et je n'ai pas le courage de les affronter.
— Tu vas réviser à l'université ou tu vas rester chez ta cousine ?
Lyly haussa les épaules.
— Je ne sais pas...
— Tu veux venir réviser chez moi ?
La jeune étudiante le regarda, surprise.
— Tu ne vas pas te coltiner un boulet comme moi pendant une semaine...
— Si c'est toi le boulet, ça me va.
Lyly, laissa, malgré elle, échapper un petit rire, et s'essuya le bout du nez du dos de sa main gauche.
— Plus sérieusement, reprit-il, on passe chez ta cousine prendre tes affaires et on rentre chez moi. Tu seras plus tranquille.
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