Chapitre 30 - partie 1
Hello,
Voici un chapitre où on entre un peu plus dans la vie de Théo. Je pense que le prochain chapitre (la partie 2) va énormément vous surprendre, il y aura de grosses révélations. J'ai hâte que vous puissiez m'en faire un retour.
Bonne lectuuuure et bon week-end,
-G
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Lyly se réveilla vers neuf heures, étendit lentement son bras droit sur la couette pour vérifier la présence de Théo à ses côtés, mais il manqua à l'appel. Elle ouvrit rapidement les yeux, analysa la pièce, mais elle était visiblement la seule personne présente dans la chambre.
Elle bailla, étira avec prudence ses bras au dessus de sa tête, et sortit du lit, reposée. Elle avait dormi avec lui, et n'avait fait qu'un cauchemar. Cela ne s'arrêtait jamais, certes, elle ne passait pas une nuit sans faire de cauchemars ou bien de crises de panique, mais elle n'avait pas fait de crise de panique. Pas cette nuit-là.
Lyly enfila ses chaussettes, jeta un oeil au miroir et sortit de la chambre en traînant les pieds. Elle passa dans la cuisine, ne le vit pas, et alla dans le salon, où il manquait également à l'appel. Désormais inquiète, elle se dirigea vers la salle de travail, et sentit son corps se détendre lorsqu'elle le vit assis, dos à elle, devant son énorme bureau en train de taper à l'ordinateur.
Elle avança silencieusement, s'arrêta derrière lui et posa délicatement ses mains sur les larges épaules du jeune homme avant de les glisser jusqu'à ses pectoraux. Elle le sentit sursauter mais son corps se détendit aussitôt lorsqu'il se souvint de sa présence, et il pencha la tête en arrière, pour croiser son regard.
— Hey, chuchota-t-il.
Elle répondit à son sourire et déposa un chaste baiser sur sa joue.
— Tu fais tes cours ?
Il acquiesça et se replaça convenablement devant son bureau. Théo fit tourner sa chaise à roulettes et s'arrêta en face de Lyly afin de la regarder.
— Tu vas faire quoi aujourd'hui ? demanda-t-elle, curieuse.
— Je dois aller voir mes parents.
— Oh ! C'est génial ça.
Il acquiesça de nouveau, mais cette fois-ci plus sérieux.
— Tu manges là-bas ?
— C'est un repas, oui. Ça fait des mois que c'est prévu. Et ils ne me voient pas souvent, alors...
— C'est génial, le coupa-t-elle en souriant. Vraiment. J'espère que tu vas bien t'amuser.
Il réfléchit tout en analysant la tenue de Lyly. Les vêtements qu'il lui prêtait quand elle venait dormir ici lui allaient toujours mieux qu'à lui.
— Amuser ne serait pas le mot que j'aurais employé. Mais ça va leur faire plaisir de me voir, alors je n'ai pas le choix. Mais...
Il s'arrêta et quitta le regard de la jeune fille.
— Mais ?
Théo semblait désormais réfléchir, hésitant. Mais qu'osait-il ne pas dire ? Pourquoi hésitait-il ? Il se gratta rapidement l'arcade sourcilière, preuve qu'il était mal à l'aise, et retrouva le regard de Lyly.
— Tu ne t'entends pas très bien avec eux ?
— Si, assura-t-il, bien sûr que si, mais... Il soupira. Quand mes parents m'ont parlé de ce repas, on parlait de plein de choses à la fois. Ma mère me demandait ce que je faisais ces temps-ci, si je voyais toujours John, enfin ils demandaient des nouvelles quoi, et... Il grimaça. Ton prénom m'a échappé. J'ai parlé d'une soirée avec John, Ashley et toi, et ils m'ont aussitôt demandé qui tu étais.
— Et ? demanda-t-elle, à la fois surprise et confuse.
— Et j'ai bafouillé. J'ai bafouillé comme un gamin, et ils ont compris. Ils ont aussitôt arrêté de me poser des questions sur toi, mais avant ça, ils m'ont dit que si je voulais t'amener avec moi, ce serait avec plaisir, qu'ils aimeraient bien te rencontrer.
Lyly resta muette. Elle tenta d'assimiler toutes les informations que venait de lui apprendre Théo, pendant que celui-ci la regardait, gêné.
— Je sais, se précipita-t-il, c'est n'importe quoi. J-je ne sais pas pourquoi ils ont demandé ça, pourquoi ils voulaient te voir alors que je n'avais pas dit grand chose sur toi, mais... Voilà, ils ont demandé à te voir.
—Pourquoi tu ne m'en parles que maintenant ? Tu ne voulais pas que je vienne ?
— Au début j'ai eu peur, avoua-t-il. J'ai eu peur, j'ai rarement présenté de femmes à mes parents. Puis j'y ai réfléchi et je me suis dit que je devais au moins t'en parler. Il s'arrêta et parut soudainement triste. Quand je t'ai rejoint chez ta mère j'avais prévu d'aborder ce sujet, mais... ça ne s'est pas passé comme prévu... et j'ai laissé tomber.
Il quitta ses yeux et laissa son visage lentement retomber. Lyly se précipita sur lui et passa ses mains de chaque côté du visage de jeune homme afin de le lui relever.
— Hey, Théo, rien n'est de ta faute.
Il croisa son regard et parut soulagé en la voyant l'observer avec attention, compréhensive.
— Je t'avoue que j'ai carrément la trouille à l'idée de rencontrer tes parents. Mais si tu veux que je les rencontre, je viens avec toi.
—Lyly...
— C'est toi qui vois, le coupa-t-elle gentiment, si tu veux que je vienne, je viens. Si tu ne veux pas, je ne viens pas.
Théo roulait depuis vingt bonnes minutes, un bonnet sur la tête. Lyly, assise sur le siège passager naviguait sur son téléphone, les mains légèrement moites. Elle avait été loin d'imaginer ce qui aurait pu se passer la veille et ce jour-ci. Théo avait accepté son baiser, lui avait permis de dormir avec lui, et voilà que maintenant elle allait rencontrer ses parents.
Ce qui rassura légèrement la jeune fille était de voir que Théo semblait autant anxieux qu'elle. Heureusement pour elle, il l'avait déposé chez Ashley avant de partir pour qu'elle puisse se changer et apporter quelques affaires, elle avait eu le temps d'appeler sa cousine pour lui expliquer brièvement la situation, et elle avait avalé un bon déjeuner.
Il était seize heures, l'air extérieur était assez frais, il y avait par moment de sacrés coups de vent qui faisaient sursauter Lyly, et de la musique résonnait dans la voiture. Du rock. Ce qu'adorait Théo.
Lyly jeta un coup d'œil vers Théo, et fut surprise de voir qu'il était bel et bien à ses côtés physiquement, mais non mentalement. Elle l'avait perdu. Il semblait réfléchir. Beaucoup trop. Bien plus qu'elle d'ailleurs, ce qui n'était pas normal.
Afin de le rassurer elle glissa sa main sur la cuisse du jeune homme, qui sursauta légèrement sur son siège. Il ne quitta pas la route des yeux, toujours sérieux, mais l'une de ses mains se détacha du volant et se posa sur celle de la jeune fille. Elle entrelaça ses doigts aux siens, lui caressa le dos de la main avec son pouce en y dessinant de petits halos, et reporta son regard sur la route afin de ne pas le troubler.
— Est-ce qu'il y a quelque chose que je suis censée savoir avant de rencontrer tes parents ?
Il fit la moue un instant, pensif.
— Ma mère adore le rouge. Ne sois pas étonnée si tu vois que la plupart des objets dans la maison sont de cette couleur. Et mon père adore l'enseignement, il ne parle que de ça. Quand je vais les voir il me pose toujours des questions sur ce qui se passe à l'université, sur les enseignants.
— Il est enseignant ?
Il hocha la tête que non.
— Mais il aurait aimé.
— Il t'a transmis sa passion, visiblement.
Théo haussa les épaules.
— Si je suis devenu enseignant c'est parce qu'il rêvait de l'être, je voulais lui faire honneur.
—Honneur ?
— Qu'il soit fier de moi.
— Oh.
Elle acquiesça lentement la tête.
— Mais tu aimes ton métier, non ?
—Aujourd'hui oui, beaucoup. Mais au départ je n'étais pas très très emballé. J'avais peur de ne pas être à la hauteur.
— Tu es un super enseignant, Théo. Et je ne le dis pas parce qu'on se connaît. Je te le dis parce que j'ai la chance de pouvoir suivre tes cours, et que tu m'apprends énormément de choses, tout en étant pédagogue et ouvert à la discussion.
Il ne répondit pas. Elle tourna alors son regard vers lui, curieuse, et se mit à sourire en remarquant le sien ancré sur son visage.
— J'ai d'autres choses à savoir ?
— J'ai une sœur.
— Elle habite chez tes parents ?
Il hocha la tête que oui, activa le clignotant et tourna le volant à gauche.
— Et elle est comment ? Elle est sympa ?
Une grimace passa furtivement sur son visage et il tourna à droite.
— Elle est relativement spéciale. Si elle te fait des réflexions étranges, ne les prend pas pour toi. Elle est comme ça avec tout le monde.
Lyly acquiesça et tourna son regard vers la fenêtre. Cela faisait beaucoup d'informations à assimiler, et elle n'était absolument pas prête à rencontrer les parents de Théo.
La première surprise à laquelle Lyly n'était pas prête fut de voir que la mère de Théo, qui se présenta sur le perron de la maison dès leur arrivée, était asiatique. Ses cheveux noirs coupés en un carré plongeant semblaient si soyeux.
Elle les avait accueilli les bras grands ouverts, avait observé Lyly de la tête aux pieds, émerveillée, avant de la saluer timidement. Le père du jeune homme n'était pas encore rentré de sa balade en forêt.
La mère de Théo, Tô Tâm, avait fait visiter la maison, comme si Lyly était sa propre fille, sortant parfois de petites anecdotes en passant près des escaliers, de la cuisine ou bien du couloir où se trouvait la porte d'entrée.
Comme l'avait si bien dit Théo, une bonne partie des éléments qui composaient le salon étaient rouges, Tô Tâm portait une élégante longue robe de la même couleur, et la plupart des tapis sur lesquels ils avaient marché étaient de couleur rouge. Mais ce qui impressionna le plus Lyly fut de voir le nombre de bonsaïs répartis dans la maison.
— Faites comme chez vous, annonça Tô Tâm sans une once d'accent asiatique dans la voix, une spatule rouge entre les mains. Je vais continuer de préparer le repas. À tout à l'heure.
Elle leur adressa un chaleureux sourire, déposa un baiser sur la joue de Théo, et disparut dans la cuisine, laissant Théo et Lyly au milieu du salon.
— Tu as donc grandi ici, lança Lyly en observant le salon. C'est si apaisant.
Théo se tourna vers elle et laissa un petit sourire mélancolique apparaître sur son visage.
—En effet. Ça n'a pas toujours été le bonheur absolu, mais j'ai passé de bons moments ici.
Il lui attrapa la main et lui fit un signe de la tête.
— Suis-moi.
Il l'entraîna à l'extérieur de la maison, ses doigts entrelacés à ceux de la jeune fille, et tous deux marchèrent en direction d'une forêt qui se situait à cinquante mètres d'eux.
Lyly observa les alentours, ébahie, heureuse de pouvoir en apprendre davantage sur Théo, de pouvoir voir où il avait grandi, et de pouvoir rencontrer sa famille, même si ce dernier élément continuait de la stresser. Tô Tâm avait su l'accueillir, mais qu'en serait-il de son mari ? Et de leur fille ?
Lyly analysa les maisons aux alentours, et s'arrêta devant un portail où un énorme bonsaï avait été planté de l'autre côté, dans la terre. Théo s'arrêta à son tour, et observa ce que Lyly fixait, ébahie.
— Il est si grand, marmonna-t-elle, impressionnée.
— C'est un ômono.
— Je pensais que les bonsaïs étaient petits.
Il acquiesça.
—C'est ce qu'on voit le plus, notamment dans les jardineries. Mais certains peuvent vraiment être énormes. Un ômono peut faire entre soixante centimètres et un mètre trente, ça dépend vraiment. Certains sont même bien plus grands que celui que tu vois.
Lyly hocha lentement la tête, surprise, avant de se tourner vers Théo, un sourire malicieux sur le visage.
— Depuis quand tu es un expert de bonsaï, toi.
Il rigola.
— Je ne pense pas que tu aies pu louper tous les bonsaïs présents chez mes parents.
— En effet, pouffa-t-elle, ce serait difficile de les louper.
Il reprit la main de Lyly et l'attira vers lui. Il passa soigneusement un bras autour de ses épaules afin de ne pas la blesser, Lyly passa l'un des siens autour des hanches du jeune homme, et ils reprirent leur marche en silence.
Ici il n'était plus question de devoir surveiller si des étudiants se trouvaient dans le coin, il n'était plus question de se cacher, mais de profiter pleinement de ce moment, ensemble, loin de leur ville et des regards indiscrets.
Ils arrivèrent enfin à ce qui semblait être l'une des entrées de la forêt. Théo observa les alentours, le cœur remplit de souvenirs.
— Ça fait une éternité que je ne suis pas revenu ici.
— Ça doit te faire bizarre.
Il hocha la tête que oui, le visage tourné vers les arbres à sa gauche, la bouche entrouverte, curieux. Il leva les yeux au ciel, analysa les feuillages qui recouvraient partiellement le ciel et jeta un vif regard vers Lyly, qui le regardait déjà. Il lui sourit, la serra davantage contre lui, et retrouva rapidement son sérieux en analysant ce qui les entourait.
Lyly le quitta enfin des yeux et regarda droit devant eux, perplexe. Théo passait par tant d'émotions contradictoires en si peu de temps qu'il lui était difficile de le suivre, de savoir s'il était heureux d'être ici. Il était certain que de nombreux souvenirs lui revenaient en mémoire, surtout s'il ne revenait pas souvent ici, mais peut-être que tous ces souvenirs n'étaient pas si joyeux qu'elle aurait pu le penser. Et elle ne se sentait pas légitime de l'interroger sur cela, pas maintenant.
Après dix minutes de marche, ils virent un homme légèrement costaud au bout du chemin, un panier plein de champignons dans la main gauche et un béret sur la tête. Lorsqu'il vit le jeune couple de loin, il ôta ce qu'il avait sur la tête, laissant un crâne chauve apparaître, et agita son béret dans les airs afin de leur faire signe. A cette vue, Théo lâcha un petit rire, amusé, et lui répondit d'un signe de la main.
Ils arrivèrent bien assez vite en face et l'homme s'arrêta en face d'eux, un grand sourire sur le visage. Il fixa Théo, des étoiles plein les yeux, et se décida enfin à l'enlacer. Lyly recula, Théo se laissa faire, et celui-ci recula quelques secondes après afin de chercher la main de Lyly derrière lui, à l'aveugle. Elle avança rapidement, glissa sa main dans la sienne, et répondit au sourire que lui adressait l'homme.
L'étreinte de Théo avec Tô Tâm avait duré bien plus longtemps que celle avec son père, peut-être parce que c'était entre deux hommes et non pas entre un fils et sa mère. Peut-être était-il plus proche de sa mère également.
L'homme tendit une main à Lyly, qu'elle serra, sans le quitter des yeux. Il avait de très beaux yeux bleus, d'un bleu si clair que Lyly se demanda si elle en avait déjà vu de cette teinte auparavant.
— Enchanté. Je suis Pascal.
— Lyly. Je suis aussi enchantée.
— Vous avez fait bonne route ?
Le jeune couple fit demi-tour et suivit l'homme sur le chemin terreux.
—Ça a été, répondit banalement Théo. Et toi, la cueillette a été bonne ?
Pascal leva son panier, triomphant, le sourire jusqu'aux oreilles.
— Plus que bonne. J'ai trouvé un nouveau coin que peu de gens connaissent. Il y avait des tas et des tas de champignons !
Thé opouffa.
— T'es équipé visiblement, lança Théo en observant les longues bottes que portaient son père.
— La cueillette c'est du sérieux, il faut être équipé.
Lyly rigola à son tour et observa du coin de l'œil les deux profils masculins qui se trouvaient à sa gauche. Théo ne ressemblait pas à son père. Pascal était bien plus petit que son fils, avait les yeux clairs et semblait bien plus poilu que Théo. Il avait également de plus grandes lèvres, un plus petit nez et les oreilles un peu plus longues d'où ressortaient quelques poils.
Pascal jeta un œil à sa montre.
— Vous devez être affamés, il est déjà dix-huit heures trente ! On va arriver pour le repas.
— Tu sais ce que maman nous a préparé ?
— Ton repas préféré, répondit Pascal, fier. On a pensé à tout. On voulait absolument que tu te sentes bien à la maison.
Théo ne répondit pas et tourna son visage vers Lyly, qui le tourna également vers lui.
—Tu as déjà mangé un bò bún ?
— Jamais. C'est ton repas préféré ?
— Oui. Ma mère m'en faisait beaucoup quand j'étais plus jeune. C'est typique du Vietnam.
— Je suis sûr que tu vas adorer ! s'exclama Pascal en souriant. Tô Tâm fait les meilleurs bò bún ! Sa mère était cuisinière, elle lui a enseigné tout ce qu'elle savait. Et maintenant, c'est nous qui profitons de ses talents !
Théo hocha la tête pendant que Lyly rigolait, et Pascal frotta un instant les manches de son gilet vert couvertes de terre avant d'arriver chez lui.
Théo prit place sur la chaise voisine à celle de Lyly, lui pressa rapidement la main afin de la rassurer, et Pascal s'assit en face de Théo. Il avait enfilé une chemise à carreaux gris et blancs, et avait visiblement ajouté quelques touches de parfum sur son cou.
Le salon était envahi d'une très bonne odeur de nourriture. Lyly tenta de s'en imprégner, renifla autant qu'elle le pu, subjuguée par cette superbe odeur, et vit Tô Tâm arriver prudemment dans le salon, trois bols dans les bras. Elle en déposa un devant Lyly, Théo, son mari, puis retourna dans la cuisine avant de réapparaître un instant après, deux autres bols dans les mains. Elle en déposa un à côté de celle de son mari, et un autre à la droite de Lyly.
Tô Tâm se déplaça jusqu'au bas des escaliers.
— Angèle !
Elle réapparut, prit place sur la chaise à droite de Lyly, et observa les personnes rassemblées autour de la table. Elle leur adressa à chacun un somptueux sourire, et resta immobile, droite, jusqu'à ce qu'elle entende des pas descendre les escaliers. Elle tourna la tête vers la porte du salon, et Angèle apparut, les cheveux blonds coupés courts, à la garçonne. Elle prit place près de son père, la tête baissée, l'air ronchon, et attrapa les baguettes près de son bol. Elle n'avait pas non plus de traits asiatiques.
Elle était sur le point de les jeter dans son plat lorsque Tô Tâm se racla fortement la gorge. Angèle soupira discrètement et releva les yeux vers sa mère.
— Tu pourrais saluer nos invités, dit-elle, légèrement agacée.
Angèle adressa un vif regard à son frère, lui marmonna un bref salut et baissa de nouveau le visage vers son bol. Tô Tâm la fixa un moment. Il sembla à Lyly qu'elle tenta de garder son calme comme elle le pu, notamment parce que des invités étaient aujourd'hui présents autour de leur table.
Tô Tâm soupira longuement, leva les yeux en l'air et reporta ses yeux sur Théo puis Lyly, un grand sourire sur le visage.
— Bon appétit. J'espère que le repas vous plaira.
Pascal, Théo et Lyly la remercièrent, et chacun prit naturellement ses baguettes. Chacun, sauf Lyly, qui les observa entre ses doigts, maladroite.
Elle observa la position des doigts de Théo, tenta de caler ses baguettes entre les siens, mais elles glissèrent aussitôt sur la table, ce qui fit lever les yeux à Tô Tâm. Théo tourna à son tour son visage vers Lyly et parut amusé.
— Oh ! J'avais oublié !
Elle se leva de table, et se rua dans la cuisine. Elle réapparut quelques secondes après avec des couverts en inox, et s'excusa une seconde fois, avant de déposer les couverts près du bol de la jeune fille.
— J'avais oublié que tout le monde ne savait pas manger avec des baguettes. Mais allez-y, Lyly, utilisez ces couverts, ce sera plus facile pour vous.
Lyly la remercia, gênée, les joues rougies, et baissa rapidement la tête vers son assiette.
Le repas était succulent. Pascal avait eu amplement raison de dire qu'ils profitaient des talents de Tô Tâm. Succulent, le mot était même faible.
— Alors, tu aimes ? demanda Théo.
— C'est délicieux. Vraiment. Vous êtes très douée, Tô Tâm.
La concernée la remercia chaleureusement et lui énuméra consciencieusement chacun des ingrédients présents dans le repas. Des nems, des bouts de carottes émincées, de l'ail, du bœuf, du curry en poudre, du soja, du glutamate, du vermicelle de riz, du sucre, de la salade, du sel ainsi que du poivre, mais également du nuoc mam, de la menthe, de la coriandre, du vinaigre, du soja frais, des bouts de cacahuètes, et Lyly avait perdu le fil.
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