Chapitre 3

Hello, je mets régulièrement de nouveaux chapitres afin que vous puissiez suivre au mieux l'histoire de Lyly et Théo. Je ne sais pas si je vais garder ce rythme longtemps, en tout cas n'hésitez pas à commenter ou à voter, cela me ferait plaisir, autrement j'ai l'impression de n'avoir que des lecteurs fantômes ahah. Sur ce, j'espère que l'histoire vous plaît, bonne lecture ! :)

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Lyly se réveilla avec le moral au plus bas et posa inconsciemment sa main sur son crâne. Se rendre compte qu'elle était bel et bien chez sa cousine à son réveil et non chez sa mère lui inséra un nœud au bas du ventre. Tout cela n'était donc pas un rêve, elle allait donc devoir vivre ici pendant un temps totalement indéterminé...

Fatiguée après avoir passé une nuit pleine de doutes et d'angoisses, Lyly se leva du matelas et regarda la pendule. Ashley avait commencé les cours depuis déjà une heure, et la jolie nouvelle étudiante allait rapidement devoir se préparer si elle ne souhaitait pas arriver en retard en cours. Sans trop de conviction, elle enfila la tenue de la veille, passa un coup de brosse sur sa chevelure, se maquilla légèrement les yeux et enfila ses chaussures. Lorsqu'elle traversa la cuisine, le sac sur le dos, elle ignora inconsciemment le petit-déjeuner que sa cousine lui avait préparé, et sortit de la maison, encore toute retournée de la nuit qu'elle venait de vivre. Tout refaisait surface, absolument tout, et sa mère n'était pas là pour la rassurer.

Les cours l'ennuyaient, si ce n'est plus... Les professeurs avaient beau proposer des cours structurés, elle n'arrivait pas à s'y mettre. Elle tenta à plusieurs reprises de participer, mais échouant à deux reprises en provoquant l'hilarité de la classe, elle se cloitra dans le silence.

- Laisse tomber, ils sont cons, renchérit discrètement Antoine à Lyly. T'as essayé au moins.

La jeune fille haussa les épaules et tourna son regard par la fenêtre. Il faisait beau, le vent était quasi absent et la chaleur commençait déjà à se faire ressentir à onze heures du matin. Consciente de son égarement, elle reporta son regard sur le professeur, les pensées encore ailleurs. Habituellement c'était une élève plutôt douée, du moins très intéressée par tout ce qui l'entourait. Le fait d'apprendre lui permettait de ne pas se focaliser sur ses pensées envahissantes. Pourtant depuis quelques jours, rien n'allait, tout dérapait, une fois de plus. Elle allait devoir appeler sa mère si elle ne souhaitait pas déjà craquer.

Lyly passa la porte du cours aux côtés d'Antoine. Le point positif était qu'elle n'était pas seule pour ce deuxième jour de cours. Même si être seule en général ne la dérangeait pas, elle sentait avoir besoin d'une présence pour le moment, d'un acolyte en cas de gros craquage, en cas de dérive.

- Tu vas manger au restaurant universitaire ?

- Non, je dois rejoindre ma cousine en ville.

Antoine acquiesça la tête, l'air un peu déçu.

- Bon bah, on se voit après, alors.

- Ça marche.

Sans traîner, elle tourna les talons et se dirigea vers la sortie de l'université. Elle prit le premier bus et s'arrêta quelques arrêts plus loin afin de se retrouver seule. Allait-elle manger avec sa cousine en ville ? Non. Allait-elle manger dans son coin ? Non. Elle n'allait pas manger, avec ou sans compagnie. Elle n'avait pas faim. Lyly avait seulement besoin d'appeler sa mère, non pas pour lui faire part de ses crises d'angoisse les nuits dernières, mais pour savoir où elle en était elle de son côté, comment l'enquête parvenait à avancer. Le fait d'entendre sa voix allait peut-être lui permettre de la rassurer. Lyly prit place sur le premier banc en face d'un carré de pelouse, et sortit son téléphone portable de son sac à dos qu'elle posa sur ses cuisses. Bon, le deal était qu'il fallait qu'elle garde une voix sereine, elle ne devait surtout pas inquiéter sa mère à l'autre bout du fil.

Tut.

Tut.

Tut.

Elle n'allait pas répondre, Lyly en était maintenant certaine. Sa mère devait probablement avoir le nez dans les documents. Bordel, il fallait qu'elle décroche pourtant, elle avait besoin d'entendre sa voix, ne serait-ce que trente secondes. A son plus grand désespoir, elle tomba sur le répondeur, et ce n'est qu'une fois la messagerie vocale activée qu'elle raccrocha, blasée. Comment allait-elle pouvoir tenir si elle venait à faire une crise d'angoisse chaque nuit ? Comment allait-elle faire pour tenter de faire croire à Ashley que tout allait bien si elle ne parvenait même pas à esquisser un léger sourire ? Lyly soupira lentement. Le mensonge n'était pas ce qu'elle maniait le mieux, pourtant, si elle ne souhaitait pas éveiller les soupçons, elle allait devoir le dompter, et vite.

La jeune fille ne passa la porte d'entrée qu'à vingt heures, le téléphone portable déchargé. Sa cousine se rua aussitôt sur elle, inquiète, et l'enlaça pendant que Lyly resta immobile, fatiguée.

- T'étais passée où ? s'exclama Ashley. Je t'ai pas vu de la journée ! T'as même pas répondu à mes appels, j'étais morte d'inquiétude !

Lyly inspira lentement et tenta de lui renvoyer un sourire, qu'elle ne parvint même pas à faire.

- Lyly... Ça va ?

- Oui ça va, je suis juste fatiguée.

- Je comprends que tu sois fatiguée de ta journée et de ta récente arrivée ici... Mais si tu veux parler tu dois te rentrer dans la tête que je suis de ton côté. Je veux t'aider à te sentir bien ici. C'est chez toi ici, Lyly

- Ce n'est pas chez moi ici, rétorqua-t-elle sèchement.

Ashley la dévisagea, surprise. Lyly laissa tomber son visage vers le sol lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle avait osé répondre. Bordel, elle faisait tout de travers.

- Je... reprit-elle. Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça.

La jeune femme blonde l'observa en silence, le visage inquiet.

- Tu as raison, continua Lyly, tu es de mon côté, je n'ai pas à te faire subir ma mauvaise humeur.

- Tu me fais rien subir du tout Lyly, ça me fait plaisir que tu sois là, vraiment. Je veux juste profiter de ta présence ici, je veux qu'on profite des moments où tu seras ici pour qu'on puisse apprendre à se connaître. On a tant à découvrir l'une de l'autre.

- Tu as raison.

Ashley lança un merveilleux sourire à Lyly qu'elle tenta de lui renvoyer.

- Je veux qu'on soit sincères l'une envers l'autre.

- Je le souhaite aussi.

Ashley acquiesça la tête et se tourna vers la cuisine.

- J'ai vu que t'as pas touché à mon petit-déjeuner ce matin, j'espère que cette fois-ci tu viendras goûter mon repas. Je t'attendais pour manger.

- Je vais poser mon sac à l'étage et je te rejoins, d'accord ?

- Ça me va.

Lyly renvoya un léger sourire à sa cousine et tourna les talons afin de monter les escaliers un par un. Elle poussa la porte de sa chambre avec sa main droite et posa son sac près du lit. Son ventre était encore noué, mais Lyly allait devoir se forcer à manger, ne serait-ce que pour Ashley, pour sa mère... La jeune fille n'avait jamais été très bonne comédienne, pourtant, elle allait bien devoir assurer si sa cousine venait à lui poser des questions auxquelles elle ne souhaiterait pas répondre. Allait-elle lui dire qu'elle n'avait pas mangé depuis la veille ? Non. Allait-elle lui avouer qu'elle avait séché les cours pour la toute première fois de sa vie cet après-midi ? Absolument pas. Elle se dirigeait droit vers le précipice, et pourtant, elle ne trouvait pas la force de se reprendre en main comme elle avait si bien réussi à le faire il y a de cela quelques années. Aujourd'hui Lyly se devait de préserver son entourage et de ne pas les inquiéter, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour le moment. Et malheureusement, aujourd'hui, elle allait devoir gérer son angoisse seule, sans l'aide de personne.

Sur la pointe des pieds, les chaussures maintenues dans le vide de par les lacets tenus par la jeune fille, Lyly traversa la cuisine et passa la porte d'entrée le plus silencieusement possible. Elle appréciait Ashley, mais si elle l'avait attendu pour aller en cours, Lyly savait pertinemment bien qu'elle aurait eu le droit à un interrogatoire, et elle ne souhaitait pas vivre cela, pas encore. Elle s'était donc levée deux heures plus tôt et venait de passer la porte d'entrée à l'heure à laquelle elle était censée se réveiller. La jeune fille enfila sa paire de baskets sur un petit muret plus loin et passa dans un parc afin de se rafraîchir les idées. Elle avait fait une crise d'angoisse, une fois de plus. Cette fois-ci la crise avait été terrible et Lyly n'avait pu s'empêcher d'éclater en sanglots durant une bonne vingtaine de minutes. Les sueurs chaudes, les cauchemars, les sanglots, tout cela prenait bien trop de place dans la vie de Lyly et elle se sentait impuissante. Impuissante face à l'horreur qui se passait constamment dans son crâne, impuissante face à sa faiblesse. Elle se trouvait faible, il n'y avait pas d'autres mots. Comment allait-elle s'en sortir si loin de sa mère, seule ? Bien sûr que sa cousine était là, mais allait-elle pouvoir la protéger si quelque chose venait à se passer ? Lyly en doutait. De nouveau mal à l'aise face à ses pensées envahissantes, Lyly tourna les talons et reprit le chemin de l'université. Peut-être que le fait de se plonger dans les cours allait l'aider, peut-être devait-elle trouver un nouvel élément sur lequel se concentrer afin de faire fuir toutes ses pensées ?

Antoine prit place près de Lyly, comme à son habitude, et lui raconta sa soirée de la veille. Pourtant, la jeune fille n'en écouta pas la moitié, trop obnubilée par le professeur qui venait d'entrer dans la classe. Il semblait très âgé. Bien trop âgé pour être professeur d'ailleurs. Pourquoi enseignait-il encore ? Il manqua de se prendre les pieds dans un sac posé près d'une table et se dirigea à lente allure jusqu'à son bureau. Aimait-il tant son travail ? Antoine éclata de rire.

- J'en pouvais plus du tout, elle a carrément arraché mon téléphone pour y enregistrer son numéro.

Lyly tourna son regard vers le jeune homme qui se trouvait être encore plié de rire, et lui lança un sourire mécaniquement.

- Ça alors, répondit-elle, c'est fou ça.

- T'as vu ! Une vraie folle ! Heureusement que je l'ai poussé pour qu'elle lâche mon téléphone. Bon, elle s'est cassée la gueule, mais au moins j'ai pu récupérer mon téléphone.

Lyly leva discrètement les yeux en l'air et tenta d'écouter les quelques mots de l'enseignant. Si ça continuait comme ça, elle allait devoir lui offrir un micro, elle n'entendait pas la moitié de ce qu'il disait tant il avalait les moitiés de ses mots, et cela ne semblait choquer personne, comme d'habitude.

Lyly se leva brusquement du banc en voyant le nom de sa mère s'afficher sur son téléphone. Elle s'excusa auprès d'Antoine et ne décrocha qu'une fois bien éloignée du jeune homme.

-Maman ! J'ai essayé de t'appeler hier mais je n'ai pas réussi à t'avoir.

-Je sais, ma chérie. J'ai dû travailler, je n'ai pas arrêté de la journée. Tout se passe bien ?

-O-oui, ça va. Je fais connaissance avec de nouvelles personnes... Et toi, tu as du nouveau ?

Lyly entendit sa mère hésiter.

-C'est assez complexe comme situation, il y a encore beaucoup de travail à faire, beaucoup de recherches à mener...

-Maman...

-Lyly, on va réussir, d'accord ? Tout va bien se passer, ce n'est qu'une question de temps.

La jeune fille soupira.

-Tu es sûre que ça va ? Ma Lyly, j'ai toujours été transparente avec toi sur ça, je t'avais dit que ça allait sûrement prendre beaucoup de temps. Je te demande juste de faire attention à toi et d'être patiente, d'accord ?

-Maman...

-Tu peux faire ça pour moi ? S'il te plaît, fais-le pour moi, fais attention à ta santé.

Lyly observa Antoine au loin. Un groupe de garçons l'avait rejoint.

-Oui, maman.

-Je vais devoir y retourner, j'ai un rendez-vous.

-D'accord.

-S'il te plaît, Lyly, crois-moi. Je fais du mieux que je peux...

-Je ne doute pas de toi, je sais que tu vas y arriver, maman. Je suis désolée, ne t'inquiète pas pour moi, tout ira bien, répondit Lyly machinalement.

-Je crois en toi. Fais de ton mieux de ton côté, et je fais de même du mien, d'accord ? Je te laisse, je vais être en retard. Bonne journée, ma chérie !

-Bonne journée, maman.

Les amis d'Antoine avaient beau être sympas, ils étaient deux fois plus lourds que lui. Se moquer la première fois d'un groupe de filles avait été limite, mais continuer à agir de cette sorte pendant vingt bonnes minutes avait agacé Lyly, même si elle n'avait rien laissé paraître. A quoi bon cela servait-il ? Se sentaient-ils supérieurs à elles ? Se sentaient-ils mieux après les avoir lynché de critiques ?

La journée fut éprouvante. Antoine ramena l'un de ses amis dans l'un des cours en amphithéâtre et Lyly ne pu prendre une quelconque note des deux heures, trop agacée par les rires des deux jeunes hommes à sa droite. Ce ne fut qu'une fois seulement le cours terminé que Lyly pu relâcher la pression et passa rapidement le portail seule, tentant par tous les moyens de semer Antoine et son ami. Lorsqu'elle entendit quelqu'un accourir vers elle, la jeune fille ne pu relâcher qu'à moitié le stress qui montait en elle quand elle vit que ce n'était pas son nouvel ami mais Ashley.

- Je vais boire un coup avec Justin et Théo, tu viens ?

- Je...

Ashley l'assena de son regard le plus doux. Des yeux de chat. Elle avait des yeux de chat. L'étudiante capitula.

Lyly passa alors deux heures accompagnée de sa cousine, de Justin et de Théo dans un bar qu'elle n'avait encore jamais vu. Le côté branché ne lui plu pas trop, mais elle oublia bien assez vite l'environnement lorsqu'elle parvint enfin à prendre part à la conversation, ou plutôt à observer en retour Théo qui lui lança à plusieurs reprises de discrets et vifs regards pendant que Justin et Ashley se racontaient leur journée. Lyly avait peu échangé avec Théo, c'était un homme plutôt discret, du moins c'était ce qu'il laissait paraître, il était d'ailleurs le contraire de Justin, qui semblait donner son avis sur absolument tous les sujets de conversation.

- Et toi Lyly, ta journée a été ? demanda Ashley en tournant son regard vers sa cousine qui se trouvait assise à sa gauche.

La concernée quitta le regard de Théo et tourna le sien vers sa cousine.

- Oui, ça a été.

- T'as mangé ce midi ?

- Je... Oui, enfin tu sais, je n'avais pas trop faim, alors...

- Lyly, la coupa Ashley en soupirant. Ça fait deux jours que j'ai le pressentiment que tu manges pratiquement pas... dis-moi que je me trompe.

La jeune fille baissa le regard vers ses doigts entremêlés les uns aux autres. Comment pouvait-elle lui dire qu'elle avait tort tout en la regardant droit dans les yeux ?

- Tu as des nouvelles de ta mère ?

- Elle m'a rappelé ce midi, oui.

- Et tu as pu lui parler un peu ? Lui dire ce que tu ressentais depuis que tu es arrivée ?

- Je...

Ashley la coupa.

- Elle m'a dit que je devais l'appeler si je constatais le moindre problème te concernant... Tu crois que je devrais l'appeler ? Lui parler de ce qui se passe en ce moment ? Ou...

- Je crois pas que ce soit une bonne idée, renchérit Justin.

- Justin... soupira Théo.

- Non mais c'est vrai, quoi. Elle vient d'arriver, c'est normal qu'elle soit un peu déboussolée. Mais d'ici quelques jours je suis sûr qu'elle ira mieux. Elle a juste besoin de prendre ses repères. C'est comme ça que vous marchez, vous, les filles, non ? Vous avez besoin de repères, d'odeurs, de symbiose et...

Théo lâcha un petit rire.

- Bah quoi ? rétorqua Justin sérieux en se tournant vers Théo sur sa droite. J'ai vu ça dans une émission ! Les femmes disaient...

- Tu regardes toujours autant de conneries, reprit Théo en levant les yeux en l'air.

Ashley posa délicatement sa main sur celle de sa cousine.

- Lyly, je sais que Justin a raison, tu as juste besoin de temps, c'est certain. J'ai juste peur que tu te sentes mal à cause de moi... C'est le cas ?

- Non ! Pas du tout Ashley, tu es super avec moi, tu n'as rien à voir là-dedans.

Légèrement convaincue, la jolie blonde acquiesça lentement la tête et se tourna vers ses deux amis.

- Vous voulez boire quoi d'autre ? C'est ma tournée !

Tous semblèrent aussitôt avoir oublié la conversation qui venait d'avoir lieu, tous sauf Théo, qui regardait désormais Lyly d'un air sérieux, les yeux plissés. Lorsque celle-ci s'en rendit compte et tourna ses yeux vers lui, il maintenu son regard dans celui de la jeune fille, captivé, pendant que Justin commandait une boisson à la serveuse.

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