Chapitre 16 - partie 2

Hello,

Je vais devoir penser à ralentir sur les chapitres car il n'y a pas assez de lectures sur les derniers postés... J'espère tout de même qu'il reste des personnes à qui plaît cette histoire.
Prenez soin de vous,

-G

_____________________________________

Lyly sursauta et se redressa sur ses jambes en entendant la porte d'entrée s'ouvrir, une heure plus tard. Théo allait-il encore être froid avec elle ? Lui en voulait-il encore ? La jeune femme était sur le point de le rejoindre à l'entrée lorsqu'elle stoppa subitement son élan. La porte d'entrée était encore entrouverte et deux voix échangeaient dorénavant sur le seuil de l'entrée. Lorsque Lyly tendit l'oreille pour discerner les deux timbres de voix, c'est avec un pincement au cœur et une énorme déception qu'elle se rendit compte que Théo était désormais accompagné de la toute première psychologue qu'elle avait vu, de la femme qui avait cogné volontairement dans sa table lors de sa sortie avec Antoine. Théo parlait avec cette foutue femme.

— Je peux rentrer ? entendit Lyly, arrêtée à quelques mètres de la porte.

— Je n'ai pas vraiment le temps de discuter. J'ai quelques copies à corriger et après j'ai deux ou trois trucs à faire, répondit Théo.

— On peut juste boire un verre, ça prendra peu de temps, insista-t-elle d'une voix mielleuse. On a beaucoup de temps à rattraper toi et moi... Notre dernier rendez-vous a duré si peu de temps...

— Écoute... Je ne peux pas là. J'ai vraiment beaucoup de choses à finir.

— T'es pas seul chez toi ?

— Hey, qu'est-ce que tu fais là.

Il sembla à Lyly que la femme avait dû essayé de rentrer dans l'habitation de Théo, mais celui-ci lui avait sûrement barré la route puisqu'elle ne la vit pas entrer. Elle entendit Théo soupirer.

— Je suis seul, Laure, il n'y a personne chez moi. Mais comme je te le dis, j'ai beaucoup de trucs à faire. Tu viens au mauvais moment.

Un silence surplomba la maison et Lyly crut attendre dix ans avant d'entendre la femme capituler.

— D'accord... Je vois. En tout cas, t'as pas changé. Je vois que tu fais toujours autant de sport. Tu es toujours aussi bien foutu.

Théo lâcha un petit rire nerveux.

— C'est gentil.

— Je sais que je te l'ai déjà dit l'autre jour, mais depuis que je t'ai revu au bowling je me suis rendue compte à quel point tu me manquais. J'aimerais vraiment pouvoir repartir de zéro avec toi, qu'on se donne une chance.

« Repartir de zéro» ? Pourquoi ? Que s'était-il passé entre eux ? S'en voulait-elle d'avoir fait quelque chose ? Lyly se rendit soudainement compte que ce qu'elle était en train de faire était mal. Elle était en train d'épier ouvertement une discussion entre Théo et sa potentielle ex copine. C'était vicieux, et cela ne ressemblait pas à Lyly.

Le fait d'entendre cette discussion rendit la jeune fille à la fois mal à l'aise mais également jalouse. Cette femme semblait avoir vécu beaucoup de choses avec Théo, elle semblait avoir tant de choses à offrir à Théo alors que Lyly était une simple étudiante, pleine de pensées envahissantes. Théo côtoyait une étudiante victime de crises d'angoisse à quasiment chaque nuit alors qu'il aurait pu passer davantage de temps avec cette magnifique psychologue. Oui, elle était nunuche, mais elle était également d'une grande beauté.

— On en a déjà parlé, répondit Théo. C'est assez compliqué de mon côté. Mais si je trouve un moment je t'appellerai, d'accord ?

— Tu le feras ?

— Si je trouve un moment.

— Je te prends pas plus de temps aujourd'hui, alors.

Après un instant de silence, Lyly les entendit se faire la bise, et Théo apparut dans le couloir de sa maison quelques instants plus tard, torse-nu, son débardeur calé sur son épaule droite, avant de refermer la porte d'entrée derrière lui.

Quand le jeune homme aperçut Lyly à quelques mètres de la porte, il comprit rapidement qu'elle avait tout entendu et même écouté de la conversation. Totalement gênée d'avoir été prise en flagrant délit, Lyly baissa le regard et sentit Théo passer près d'elle sans que celui-ci ne lui accorde la moindre importance. Elle pivota aussitôt sur elle-même afin de voir ce qu'il allait faire et le jeune homme ouvrit la fenêtre du salon avant de passer la tête dehors.

— Théo...

Visiblement toujours contrarié, il ne répondit pas et elle le vit rentrer la tête à l'intérieur quelques secondes plus tard avant de passer dans la cuisine afin de boire un verre d'eau. Lorsqu'il réapparut dans le salon et passa de nouveau auprès de Lyly afin de rejoindre sa chambre, la jeune femme lui attrapa fermement le bras et Théo s'immobilisa aussitôt sur place, le corps crispé. Les muscles de son dos étaient anormalement contractés.

Il ne pouvait pas continuer de l'ignorer, de faire comme si elle n'existait pas. Après un moment de silence où tous deux restèrent immobiles, Lyly soupira.

— Pourquoi tu me fais ça...

— Fais quoi ? répondit-il sèchement après un instant de silence.

— Pourquoi tu m'ignores...

Lyly relâcha le bras de Théo mais celui-ci resta dos à elle, toujours immobile.

— Je ne t'ignore pas.

— Regarde-moi, alors.

Lyly n'était pas du genre à donner des ordres, elle détestait cela, c'était d'ailleurs la première fois que Théo l'entendait lui exiger quelque chose. Mais elle n'avait pas eu le choix. Comment pourraient-ils s'expliquer s'ils ne se faisaient pas face ?

Théo se retourna avec lenteur et fixa la jeune femme de ses yeux sombres, la mâchoire contractée. Elle avait raison. Il n'avait pas le droit de l'ignorer à ce point, et il ne pouvait pas lui tourner comme cela le dos, c'était lâche. Mais que pouvait-il lui dire ? Qu'il lui en voulait de douter de lui à ce point ?

— Je ne mérite pas ça, reprit-elle enfin, doucement.

— Moi non plus.

— Tu ne comprends pas... Elle s'arrêta un instant et réfléchit. En fait je crois que je mérite le fait que tu m'en veuilles et que tu m'ignores, je fais beaucoup de choses de travers, mais je ne mérite pas le fait que tu t'occupes autant de moi. Tu perds ton temps. Cette femme a sûrement beaucoup plus à t'apporter que moi.

Lyly le vit lentement froncer les sourcils.

— Tu viens me consoler quand ça ne va pas, tu viens m'aider à me calmer lorsque je fais des crises, mais où ça va te mener ça ? Où ? J'ai l'impression d'être une gamine à tes yeux. Ma vie est un gros bordel, Théo, je ne sais pas ce que tu fous dedans. Tu devrais accepter l'invitation de cette... femme. Tu devrais profiter et ne pas perdre autant de temps avec moi. Tu en as bien assez perdu.

— T'as fini ? répondit-il enfin, légèrement énervé. Comment tu peux oser te dénigrer autant ? Si j'avais eu envie de passer du temps avec elle je l'aurais laissé rentrer chez moi. Quand est-ce que tu vas comprendre que je me contrefous d'elle ? Quand est-ce que tu vas comprendre que la seule chose que je souhaite est que tu me parles ? Me fasses confiance ?

— Mais je ne peux pas ! s'écria-t-elle. Je ne peux pas, putain ! Je n'y arrive pas !

Théo secoua la tête, agacé.

— Ton « je te fais confiance » d'hier, c'était du vent en fait ! Tu t'es bien foutue de moi !

Il tourna subitement les talons et était sur le point de se diriger vers sa chambre lorsque Lyly lui empoigna la main de toutes ses forces, les larmes aux yeux.

— Putain Théo, tu ne comprends rien ! hurla-t-elle d'une voix tremblante. J'ai peur de mon passé, j'ai peur de moi, de ce qu'il m'a fait devenir ! Je voudrais du plus profond de mon cœur t'en parler, m'ouvrir, mais ça me fait mal, je n'y arrive pas !

Théo refit volte-face et découvrit une Lyly aux yeux rouges de fatigue, aux yeux rouges de douleur. La voir dans un tel état de faiblesse lui compressa le cœur. Elle venait de laisser tomber ses barrières. Elle venait de s'ouvrir à lui sans même le savoir. Elle secoua la tête et tenta de se calmer.

— Pour je ne sais quelle raison je te fais confiance, pour je ne sais quelle raison je n'aime pas me disputer avec toi. Et j'ai conscience que tu mérites beaucoup mieux, que tu pourrais avoir des tas de femmes à tes pieds, mais putain ça me fait mal de te voir traîner avec elle ! Ça me fait mal de voir qu'elle a autant d'assurance devant toi alors que moi je perds toujours tous mes moyens. Ça me fait mal de voir qu'elle tente sa chance alors que moi je n'en trouve pas le courage ! Mais bordel, je la comprends, elle a tout à offrir, tout, alors que moi je n'ai absolument rien !

La colère de Théo était retombée. Il ne ressentait dorénavant plus aucune once de déception ni de rancœur. Il se retrouvait enfin face à une Lyly qui s'était enfin ouverte et confiée à lui.

Les mains moites et le cœur battant à vive allure, Théo se mordilla l'intérieur de la bouche et fixa la bouche de Lyly. Il avait eu envie de répondre à la jeune fille, cela lui avait traversé l'esprit, mais la seule chose qui lui occupait dorénavant l'esprit étaient ses fameuses lèvres. Il avait terriblement envie d'y poser les siennes, il avait terriblement envie de mettre un terme à leur toute première dispute et de l'attirer vers lui, de l'enlacer de toutes ses forces afin de lui prouver qu'elle avait, bien au contraire, des tonnes de choses à lui offrir. Pourtant, il n'y arrivait pas, lui non plus. Il ne parvenait pas à faire le premier pas, à oser. C'était la première fois qu'il se retrouvait démuni face à une jeune femme. C'était la première fois qu'il avait autant peur de faire un pas de travers.

Lyly, toujours immobile, se rendit compte qu'elle avait lâché la main de Théo depuis un moment mais qu'elle ne s'en était pas rendue compte. Le fait de lui avoir avoué ne serait-ce qu'un minimum ses ressentis la soulagea. Mais qu'allaient-ils faire désormais ? Théo lui en voulait-il encore ? Pourquoi ne répondait-il toujours pas ?

Une boule au bas du ventre et la gorge sèche, Lyly se rendit compte que le fait de voir Théo torse-nu aussi près d'elle lui donnait chaud. Très chaud. Et il n'arrêtait pas de fixer ses lèvres. Et si elle tentait et il la repoussait ? Et si en fait elle se faisait des idées depuis le début ? Et si elle ne parvenait pas à bien l'embrasser ? Et si... Eh merde. Lyly brisa ses barrières, laissa s'envoler ses pensées et ses peurs, ne serait-ce qu'un instant, et se rua sur les lèvres de Théo en calant sa main contre sa nuque collante. Celui-ci intercepta aussitôt les lèvres de la jeune fille entre les siennes et sentit la respiration de Lyly s'abattre contre sa peau. Sentant l'anxiété disparaître et son bas ventre exploser, la jeune femme laissa Théo contrôler la situation et suivit le doux mouvement de ses lèvres, prise de frissons incontrôlables. Peu importe les conséquences, sentir la bouche du jeune homme contre la sienne était ce qu'elle souhaitait le plus sur le moment. Son toucher était doux, ses mouvements contrôlés. Tout ce qu'entreprenait Théo était juste, mesuré et appliqué avec douceur. Le jeune homme était sur le point de coller son torse à celui de Lyly afin de prolonger leur baiser lorsque son téléphone portable se mit à sonner. Il l'ignora une première fois, mais lorsque son cellulaire se mit à sonner une seconde fois, Lyly s'écarta mécaniquement de Théo, apeurée.

Légèrement agacé et essoufflé, il sortit son téléphone de sa poche et vit le nom « Ashley » affiché sur l'écran. Il suivit des yeux Lyly se diriger vers le canapé et prendre place sur le rebord de celui-ci, le visage baissé, et décrocha, les sourcils légèrement froncés de par la réaction de la jeune femme.

Lyly resta immobile sur le canapé et entendit Théo échanger avec son interlocuteur. Elle n'avait aucune idée de qui cela pouvait être, et c'est bien ce qui l'inquiétait. Elle espérait désormais au plus profond d'elle que ce n'était pas son ancien beau père, qui s'était procuré le numéro de Théo... Mais ce n'était pas la seule chose qui lui occupait l'esprit, malheureusement. L'interlocuteur avait coupé court à leur court échange, à leur court moment à eux. Qu'allait en penser Théo ? Allait-il regretter son geste ?

Lyly se sentait dorénavant terriblement gênée. Elle avait apprécié leur baiser, elle ne pouvait pas dire le contraire, mais qu'allait-il se passer désormais ? Qu'allait-il dire ?

— Lyly ?

La jeune fille sortit brutalement de ses pensées et vit Théo s'accroupir face à elle, le visage inquiet. Il n'était plus au téléphone.

— Tout va bien ?

Elle acquiesça lentement la tête et s'efforça de ne pas croiser son regard. Pourtant, Théo n'était pas dupe, il avait déjà vu ce regard. Elle était apeurée, et cela depuis l'appel. Le jeune homme posa délicatement sa main sur l'une des cuisses de la jeune fille et tenta d'intercepter son regard. En vain.

— C'était Ashley. Elle va passer avec John.

Lyly sentit soudainement un poids s'ôter de sa poitrine et elle soupira lentement avant de relever le regard vers Théo. Il avait le visage inquiet. À cause d'elle.

— Ça va, ne t'en fais pas... Quand arrivent-ils ?

— Ils ne vont pas tarder. C'est pour ça que je ne dois pas traîner, il faut que je passe à la douche avant leur venue.

— D'accord.

Théo se releva délicatement et passa sa main de la cuisse au visage de la jeune fille.

— Je ne vais pas traîner. S'il y a un problème tu m'appelles, d'accord ?

Lyly hocha la tête et vit Théo contourner rapidement le canapé afin de rejoindre la salle de bain. Il devait bien y avoir quinze minutes entre la maison d'Ashley et la sienne, il ne devait pas traîner s'il souhaitait être sorti de la douche avant leur arrivée.


Ashley et John arrivèrent un peu après midi et résumèrent la situation du mieux qu'ils le purent. Après avoir échangé avec le jeune duo durant une bonne vingtaine de minutes, Lyly se répéta les éléments dans sa tête et porta le verre de jus de fruits jusqu'à ses lèvres. Elle était restée silencieuse, Théo l'avait bien remarqué, pourtant il ne pouvait pas faire de réflexions devant sa cousine, il ne souhaitait pas la mettre dans l'embarras, alors il se cloîtra lui aussi dans le silence pendant qu'Ashley continuait d'échanger sérieusement avec John.

— Au moins on a réussi à inverser les rôles et à faire croire que j'étais la première sur les lieux, reprit Ashley. Ça te rassure, Lyly ? Tu n'auras pas besoin d'aller voir la police.

— Mhhh mhhh.

— Et ça a été hier ? Je veux dire, tout s'est bien passé ? demanda John.

— Oui, répondit Théo. Ça a été.

— Pas de crise d'angoisse ? ajouta Ashley.

— Une sorte de cauchemar, reprit Théo, conscient que Lyly n'était présente que physiquement. Mais la situation a été gérée, ça a été.

— On a rangé toute la nuit, on a dû jeter quelques trucs, et John a terminé ce matin. Je pense que Lyly peut rentrer, si elle le souhaite.

Les trois regards se dirigèrent vers Lyly, mais celle-ci ne s'en rendit pas compte, totalement plongée dans ses pensées. Ce n'est que lorsque sa cousine posa sa main sur celle de Lyly qu'elle reprit possession de son esprit et porta ses yeux sur Ashley, sonnée.

— Tu disais ?

— Lyly..., soupira Ashley. Je disais que tu peux rentrer avec nous si tu le souhaites. On a tout remis en ordre. A moins que tu aies besoin de plus de temps, ce que je comprendrais.

— Non non, ça va, je vais rentrer avec vous. Je pense que ce sera mieux pour tout le monde.

Lyly ignora le regard interrogateur que lui lança Théo et laissa retomber son regard sur la table. Elle lui avait fait perdre bien assez de temps, elle ne pouvait pas rester ici, pas en la présence de Théo. Il méritait mieux qu'elle. Beaucoup mieux.


À peine après avoir franchi la porte d'entrée, Lyly monta à l'étage et s'arrêta sur le seuil de sa chambre, le cœur lourd. Tout avait été remis en place, absolument tout. Pourtant, elle n'avait plus l'impression de retrouver sa chambre. Des personnes étaient venues ici et avaient tout retourné, comment allait-elle bien pouvoir faire pour de nouveau apprécier cette pièce ?

Intimidée, elle pénétra dans sa chambre, fit attention à ne rien toucher, et s'assit en tailleur sur son matelas. Elle connaissait absolument tous les objets et meubles de cette pièce, pourtant, rien n'y faisait, tout lui semblait désormais étranger. Mal à l'aise, elle sortit le téléphone portable qu'elle avait emprunté à sa cousine, activa le Wi-Fi et appela sa mère. Elle devait à tout prix accepter, elle était sa dernière chance.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top