Chapitre 15 - partie 2

Elle serait incapable de dire combien de temps elle avait attendu là, seule, assise sur le béton froid, en chaussettes. Ce n'est que lorsqu'elle entendit le rire d'Ashley qu'elle osa enfin sortir son visage d'entre ses deux mains encore tremblantes. Malgré le temps passé à l'extérieur, elle n'avait pas réussi à se calmer. Le trio s'arrêta brusquement en face de Lyly, et Ashley s'accroupit en face de sa cousine, le visage inquiet.

— Ça va pas Lyly ? Qu'est-ce que tu fais dehors ?

Le ventre noué et une atroce douleur lui tambourinant le crâne, la jeune cousine ignora les deux hommes et se releva en même temps que sa cousine.

— Quelqu'un est entré dans ta maison, annonça-t-elle d'un ton paniqué. Nos chambres ont été fouillées, tout est détruit !

Les yeux d'Ashley s'écarquillèrent et celle-ci se rua aussitôt à l'intérieur de sa maison, suivit de près par John, qui montèrent aussitôt à l'étage. Théo s'approcha rapidement de Lyly et lui demanda si tout allait bien pour elle, si elle avait vu quelque chose.

— Non, non, répéta-t-elle d'une voix tremblante. Tout était déjà fait quand je suis arrivée.

Ashley les rejoignit en fureur un instant plus tard et déposa des chaussures à sa cousine.

— Putain mais ma chambre est foutue ! La décoration est morte !

Elle glissa ses mains dans ses cheveux blonds ondulés et inspira longuement. Théo les contourna habilement et rejoignit son ami à l'étage afin de constater les dégâts.

— Pourquoi tu m'as pas appelé, Lyly ? T'es là depuis combien de temps ?

— Ils ont volé mon téléphone, je ne le trouve nulle part. Et je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, une heure peut-être, je ne sais pas.

Lyly se rua dans les bras de sa cousine et la maintint fermement contre elle.

— Je suis désolée, Ashley. Je suis tellement désolée.

Surprise, la grande cousine lui caressa le dos afin de la consoler et la serra davantage contre elle.

— C'est pas de ta faute, tu m'entends ? Ça aurait pu être pire. T'aurais pu te trouver dans ta chambre lorsqu'ils sont venus. Grâce à Dieu tu étais sûrement encore en cours. Alors non, je veux pas t'entendre t'excuser, t'as absolument rien fait.

Les garçons rejoignirent les deux cousines à l'extérieur et Lyly recula lentement des bras de sa cousine, se sentant totalement fautive de tout ce qui était en train de se passer en ce moment. Tout cela ne serait jamais arrivé si elle n'avait pas mis les pieds chez Ashley, jamais.

— Je vais appeler la police, annonça Ashley. Je vais leur expliquer ce qui s'est passé et une fois qu'ils seront passés, on fera ce qu'on peut pour tout remettre en ordre.

— T'as l'air encore toute secouée, Lyly. Je pense que tu devrais aller faire un tour pendant ce temps. Ou même dormir autre part cette nuit, si c'est trop dur pour toi de voir ta chambre dans cet état.

— T'as raison, répondit Ashley tout en acquiesçant la tête. Tu as assez de problèmes comme ça, je veux pas que tu te prennes la tête à tout remettre en ordre. On s'en chargera. Je veux surtout que tu te reposes.

La jeune femme blonde tourna son regard vers Théo.

— Ça te dérangerait de l'héberger au moins une nuit ? Je sais pas combien de temps on va mettre pour tout ranger. Si ça t'embête, on trouvera une autre solution, mais là c'est...

— Il n'y a aucun problème, l'interrompit Théo sérieux. Il y a assez de place pour deux chez moi, donc ne t'en fais pas, elle va rentrer avec moi.

Ashley enlaça rapidement Théo et se retourna vers John.

— Je vais dire que c'est moi qui ai vu tout ça en rentrant. Autrement ils vont absolument vouloir avoir la déposition de Lyly, et je veux pas l'embêter avec ça pour l'instant. Pas maintenant.

Ashley reprit place face à sa cousine et posa ses mains sur ses épaules.

— Prend le temps de te reposer chez Théo. Tu seras en sécurité là-bas, bien plus qu'ici en tout cas. Quand il y aura du nouveau on passera chez lui ou on l'appellera. Ça te va ?

Lyly acquiesça.

— Je vais appeler la police. Théo, tu m'appelles s'il y a le moindre problème, d'accord ? Peu importe l'heure.

— Pas de problème.

Ashley leur fit une accolade et se précipita dans la maison afin de composer le numéro. Tenant à vouloir être aux côtés d'Ashley, John serra la main de son ami et regarda Lyly d'un air désolé.

— On aurait dû être là quand tu es rentrée. T'aurais jamais dû découvrir ça toute seule. Excuse-nous. Fais attention à toi et repose-toi bien.

Lyly le remercia et cinq minutes plus tard la jeune femme se retrouva dans la voiture de Théo, près du conducteur, incapable de lancer un sujet de conversation et bien trop plongés dans leurs pensées.


Arrivés chez Théo, Lyly l'aida à préparer quatre sandwichs et tous deux prirent place à la table du salon en silence. Théo se mura dans le silence, tout comme la jeune fille, et se contenta de l'observer du coin de l'œil. En réalité il aurait aimé parler, lui dire que tout irait bien, mais il ne savait pas véritablement quoi dire pour la rassurer. Dire que tout irait bien serait un mensonge, Théo n'avait aucune idée de comment tout allait se passer ces prochains jours ni ces prochaines semaines. Tout ce qu'il savait était qu'il allait faire au mieux pour protéger Lyly et Ashley, mais comment ? Comment allait-il faire?

Il releva avec lenteur son visage vers celui de Lyly et l'observa croquer l'un des bouts de son sandwich. Cela faisait cinq minutes qu'elle croquait dans le même côté du sandwich, cinq minutes qu'il ne diminuait pas. Il la sentait préoccupée, et il était incapable de trouver quoi dire afin de la rassurer. Théo soupira discrètement. Il se sentait tellement impuissant. Lui qui souhaitait passer plus de temps avec Lyly avait été servi par la proposition de John. Il allait enfin l'avoir à ses côtés, ne serait-ce que la soirée, et pourtant, il ne trouvait pas le moindre mot à dire, ce qui ne lui arrivait que très rarement.

— Je vais aller m'allonger, dit-elle enfin.

— A vingt heures trente ? s'étonna Théo.

Elle acquiesça légèrement de la tête et reposa son premier sandwich à demi mangé dans l'assiette.

— Je veux juste m'allonger, je ne me sens pas très bien, reprit-elle en se levant.

Théo se leva à son tour et l'accompagna jusque dans sa chambre.

— Tu peux dormir là, je vais dormir sur le canapé.

— Je peux aller sur le...

— Tu seras plus à l'aise ici, la coupa-t-il. Et si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas, je serai dans les parages. J'ai quelques copies à corriger.

Lyly lui répondit d'un léger sourire et se laissa tomber sur la couette du lit. Le matelas semblait bien plus confortable que celui sur lequel elle dormait chez Ashley.

— Tu veux que je te prête quelque chose pour dormir ?

— Non, ça ira. Merci.

Le jeune homme resta un instant à l'observer, et retourna dans le salon afin de finir son repas. Il fila ensuite dans la cuisine afin de laver les quelques couverts utilisés et s'installa sur la table du salon accompagné d'un tas de copies à corriger. La nuit promettait d'être longue, très longue.


L'homme écrasa la crosse de son arme sur le front de Théo et celui-ci s'effondra sur le sol, la tête en sang. Lyly, tétanisée sur le canapé, hurla, les cordes vocales en feu, avant que l'homme ne s'élance sur elle et ne lui compresse le cou de ses deux mains. Ses yeux bleus fixèrent ceux de la jeune fille et le visage de l'homme se fendit d'un petit rictus.

— Ta mère ne s'est même pas débattue, alors laisse-toi faire !

Lyly tenta de gigoter sur le canapé afin de se libérer de son empire, mais l'homme resserra ses doigts autour du cou avant de ricaner.

— Tu as toujours été faible, Lydie, toujours...

Théo ne bougeait pas, encore étendu sur le sol. Son teint devenait peu à peu livide, et c'est avec un haut les cœurs que Lyly perdit connaissance entre les mains de l'homme d'affaires.

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