Chapitre 23

Je perdis toute notion de temps. Je luttai pour ne pas m'endormir, la rage au ventre je méditais sur ce qu'il venait de se passer. Je regrettais amèrement d'être tombée amoureuse d'un gros connard! Je ne savais pas exactement ce qu'il voulait ou ce qu'il attendait de moi. Mes relations n'ont jamais été aussi tordues.

J'ai toujours été quelqu'un qui riposte lorsqu'on l'attaque, Aiden ne le savait pas puisqu'il ne me connaissait pas assez pour le savoir. Je réalisais qu'en fait nous ne connaissions rien de l'autre, il n'y a que l'attirance sexuelle que nous maîtrisons à merveille. 

Il devait sûrement en savoir plus sur moi que moi sur lui grâce à ses gorilles. Il pouvait trouver tout ce qui me concerne en quelques coups de fil. Tandis que moi je galérais à trouver la moindre chose sur lui. Néanmoins, le visage de cette jolie rousse sur son bureau avait éveillé ma curiosité, je voulais en avoir le cœur net. S'il ne tenait pas à elle, il n'aurait jamais exposé sa photo à la vue de tous.

Mes paupières devinrent de plus en plus lourdes, penser ne m'aidait pas à rester éveillée. Je sombrai. Après je ne sais pas combien de temps, je sentis la pression se relâcher sur mes poignets et mes chevilles.

Ses deux mains me soulevèrent. J'avais envie de le repousser mais j'étais exténuée. Je me retrouvai rapidement dans de draps frais sentant la lavande. Ils étaient si doux, le coussin si moelleux qu'il me fallut à peine quelques secondes pour me rendormir.

Le lendemain matin, j'ouvris un œil balayant la pièce où je me trouvais. Ce n'était pas notre chambre mais la mienne. J'ouvris le second puis m'étirai. Des marques rouges sur mes poignets attirèrent mon attention. 

Hier, j'avais tiré sur mes liens d'où les marques sur ma peau meurtrie. Je n'avais pas décoléré de la veille, il fallait que nous ayons une bonne discussion. Ma robe en satin avait retrouvé sa place initiale. Je décidai de prendre une bonne douche. J'enfilai à la hâte un leggings noir, une blouse à voile blanche puis descendit.

Je fis le tour des pièces et aucune trace d'Aiden. Mais où Diable se cachait-il? J'entendis du bruit dans son bureau, je m'approchai à pas de loup. J'écoutai à la porte.


- Dean, j'ai vraiment déconné hier soir... J'étais si en colère contre elle que je l'ai laissée attacher nue pendant une heure.... Je sais, ça ne sert à rien de hurler, je comprends bien ce que tu dis... Quoi Emy? Dean, ne parle pas d'elle... Ça fait trop longtemps que je ne l'ai plus vue, il me faudrait une séance...

Mais c'est quoi ce délire?! C'est qui cette Emy? Je serai les dents, je montai à l'étage pour m'installer dans la bibliothèque. Je lui fis un texto pour qu'il me rejoigne. Quelques minutes plus tard, je l'entendis claquer sa porte. Il me rejoignit. Il s'installa dans le fauteuil en face de moi. Je le dévisageais.

Cette fois-ci, il ne souriait pas, il était contrarié. Tout comme moi. Personne n'osa prendre la parole le premier, on se jaugeait pour voir si la conversation pouvait être possible. C'était mal engagé. Je rompis le silence, le cœur lourd.


- J'aimerais bien qu'on parle d'hier, Aiden.


- Il n'y a rien à dire... Tu as été vilaine et lorsque tu l'es, tu es sanctionnée. 


Je fronçais les sourcils.


- Tu crois vraiment que je méritais une humiliation pareille? 


Il ne baissa pas les yeux bien au contraire il me sonda.


- Si tu l'as pris comme ça, c'est bien regrettable. Ce n'était en aucun cas mon but, je voulais que tu comprennes que dans cette pièce, je suis le maître et toi la soumise. Et que si tu enfreins les règles, tu es punie. Tu apprends où sont les limites à ne pas franchir, c'est juste une bonne leçon.


- Tu te moque de moi, j'espère? 


- Non.


- Il y a d'autres moyens avant d'utiliser pareil punition. Un coup de martinet et on n'en parlait plus.


- La punition varie en fonction du degré de désobéissance.


- Toi tu peux m'infliger une punition mais moi je n'ai pas le droit, tu trouves ça normal?


- Ashley, tu es une soumise. Il n'y a que le dominant qui peut infliger un châtiment.


- Donc, je dois fermer ma gueule et recevoir tes coups sans rien dire? En gros, tu es gagnant sur tous les plans. 


Il soupira exaspéré.


- Cette conversation devient ridicule.


- Non, c'est toi qui n'es pas logique! Tu ressens du plaisir à faire ça? 


Je vis sa mâchoire se contracter. J'avais touché un point sensible.


- Ashley, ça suffit maintenant. Dit-il en se relevant.


- Non, Aiden. Pourquoi ça devrait être finit? Parce que tu l'as décidé?


- Oui! Dit-il les yeux noirs de colère.


Il s'avança pour descendre les escaliers. Je n'en avais pas finis moi.


- Et Emy, qui est-ce?


Il se raidit. 


- J'aimerais bien savoir vu que tu voudrais la revoir! Dis-je amèrement.


Il se retourna lentement pour me faire face. L'expression de son visage me glaça le sang, je n'avais jamais vu un regard aussi sombre, aussi dur.


- Ne prononce plus jamais son nom! 


- Sinon quoi? Dis-je sur un air de défi.


Il me rejoignit en deux trois mouvements. Il prit ma mâchoire dans sa main m'obligeant à le regarder droit dans les yeux.


- Crois-moi, tu ne veux pas le savoir... Dit-il méprisant.


Les larmes me montèrent aux yeux. Est-ce cette vie-là que je veux? Sûrement pas, aucun homme ne m'obligera à me taire.


- Si tu l'as veux tellement, je ne te retiens pas. 


Son regard noir s'assombrissait encore un peu plus. Il me relâcha et partit. Il claqua la porte d'entrée. Je restai là sous le choc ne sachant plus quoi penser. Lorsque j'entendis le moteur de sa voiture s'éloigner, je m'effondrai. 


Je pleurai à chaude larmes, certes j'avais du répondant et un sale caractère mais je ne méritais pas tant de mépris. Un haut le cœur me souleva l'estomac, je couru jusqu'aux toilettes. 


Je rinçai ma bouche avec de l'eau. J'examinai mon visage dans le miroir, j'étais plus blanche que d'habitude. Des cernes sous mes yeux indiquaient un manque flagrant de sommeil. Qu'importe mon état, je voulais savoir qui était cette Emy et pourquoi il voulait la revoir.


Je tournai la poignée de la porte de son bureau. Il l'avait fermée à clef, l'enfoiré! Je m'installai dehors près de la cascade. Celle-ci étouffa les bruits du moteur quand il revint. Il s'enferma dans son bureau. 

J'avais faim mais je n'osais rien avaler. Rien que d'y penser, je sentis un haut le cœur. Aiden me rejoignit après un temps qui me sembla interminable. Nos pieds barbotaient dans l'eau, aucun de nous n'était décider à parler.

Malgré tout, sa présence me rassura.

- Excuse-moi Ashley...

Je le regardai étonné qu'il fasse le premier pas, lui si fier.

- Aiden, tu es si secret, tu ne veux rien dévoiler sur ta famille, ta vie. J'ai l'impression d'être une étrangère à ton cœur.

Il me prit la main et plongea son regard dans le mien.

- Ashley, tu comptes beaucoup pour moi. Je n'ai pas l'habitude de me dévoiler et les rare fois, j'ai tout perdu. 

- Tu ne me perdras pas.

Il soupira. Son regard se posa sur l'horizon.

- Mon père était dans les forces spéciales, il était très à cheval sur les règles, l'autorité. Il nous battait ma mère et moi lorsqu'on n'obéissait pas ou si ça n'était pas assez bien à son goût. Quand ma mère est tombée enceinte de ma sœur, il s'est fait plus doux. Cependant, les vieilles habitudes ne sont jamais très loin. Ma mère était enceinte de 5 mois quand il l'a battue presque à mort parce qu'elle s'était trompée de marque de cigarette. Je me souviens qu'elle est entrée à l'hôpital mais qu'elle n'en n'est jamais ressortie. Ce salopard les avaient tués! Il a écopé à peine de six mois d'enfermement ferme car c'était un agent exemplaire. Pendant ce temps, on m'a placé dans une famille d'accueil, les Mind. Ils ont été super avec moi. Quand mon père est sorti de prison, il a repris ma garde. Je ne voulais pas retourner près de lui, je savais pertinemment les mauvais traitements qu'il allait m'infliger. Personne ne voulait m'écouter ni les autorités ni les assistantes sociales, ils ont eu tort. Deux semaines après, il m'a tellement cogné que j'ai été deux mois dans le coma. Mon père est devenu ivrogne puis a mis fin à ses jours. Les Mind ont obtenu ma garde, ce sont eux qui m'ont tout appris. Ils avaient déjà un fils, Dean, qui aujourd'hui est mon meilleur ami. Cependant, certaines traces indélébiles m'ont affecté à jamais. Je ne peux pas t'expliquer pourquoi je suis comme ça même si on peut en déduire une évidence. Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été ainsi ce qui a posé pas mal de problème avec ma famille puisqu'ils étaient plus cool. 


- Comment en es-tu arrivé à devenir PDG?

- Mon succès, je ne le dois qu'à moi. J'ai fait beaucoup de petits boulots qui n'ont pas aboutis mais ça m'a permis d'économiser. Avec Dean on a décidé de jouer en bourse mes maigres économies puisque nous étions doués pour les chiffres. On a gagné beaucoup d'argent grâce à la spéculation. On a réinjecté notre gain dans diverses entreprises prometteuses. L'argent appelant l'argent, nous avons placé nos sous pour qu'ils fructifient. La gestion et le placement d'argent aux bons endroits au bon moment, voilà, le secret de ma réussite.


Son parcourt chaotique était impressionnant. Malgré son début de vie mal engagé, il a su en ressortir plus fort grâce à sa force de caractère. Il a eu plus de chance que moi. Je n'avais pas besoin de lui raconter mon histoire puisqu'il le savait déjà.

Je peux mieux comprendre maintenant pourquoi il est comme ça. Un tel passé laisse des séquelles. Il faut que je sois plus indulgente. J'avais envie de lui poser encore plein de questions mais je m'abstins, il avait déjà fait un effort.

Je pressai ma main contre la sienne, il me sourit. Ce visage angélique cachait une âme si sombre si triste qu'il me faudrait de la patience et de la super glue pour recoller le reste des morceaux de lui.






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