Chapitre 13

Je rassemblais les dernières forces qu'il me restait et nageais vers la berge. Je hurlai. Un passant appela le 911. Tiens bon, me répétais-je sans cesse. Après de longues et interminables minutes, j'entendis enfin les sirènes. J'y étais presque...

Un homme plongea et nagea jusqu'à moi. Je claquai des dents, j'avais si froid.

- Courage, tenez-bon. Me dit-il d'une voix calme et claire.

Je hochais vivement la tête. J'avais du mal à parler, je me laissais ramener sur la terre ferme. On m'allongea sur un brancard, une couverture chauffante se posa directement sur moi. J'étais à deux doigts de perdre connaissance. Je balbutiais tant bien que mal.

- Appelez Aiden, Aiden Stone.

Après le trou noir.

Si un jour on m'avait dit que la malchance me collerait à la peau, j'aurais réfléchis à deux fois avant d'entreprendre quoi que ce soit. Je me demandais pourquoi j'avais demandé qu'on appelle Aiden plutôt que Will. J'espérais peut-être qu'au moins lui me revienne... Stupide, sûrement. Pathétique, complètement. Optimiste, clairement! En bref, naïve.

Je suis une incorrigible romantique. Je pleure devant un film à l'eau de rose, je m'identifie à l'héroïne d'un roman d'amour, je fais des petits cœurs sur des feuilles, j'adore écrire des déclarations d'amour dans des cartes pour la St Valentin. J'aimerais avoir ce côté détaché que certaines ont, je m'éviterais bien des souffrances mais je suis comme ça.



Un léger bip m'extirpa lentement du brouillard qui m'entourait. J'avais du mal à ouvrir mes paupières. Elles étaient si lourdes. Je me sentais si vide. Une voix retint particulièrement mon attention. Est-ce lui?

- Tenez-moi au courant lorsqu'elle se réveillera...

Je forçais pour revenir à moi, mais mon corps refusa le moindre de mes ordres. Encore quelques heures me feront le plus grand bien.



C'est la voix de Will qui me réveilla. Son ton transpirait l'anxiété.

- Va-t-elle bientôt se réveiller?

- Écoutez, votre amie a subi un traumatisme crânien et une grosse hypothermie. Elle doit se reposer.

- Je sais Docteur mais elle va s'en sortir, n'est-ce pas?

- Bien sûr! Il n'y a aucune raison pour qu'elle ne se réveille pas.

Je pus apercevoir l'impatience dans la voix du docteur. Will devait sûrement le bombarder de questions, le pauvre! Si c'était lui sur ce lit d'hôpital, j'en aurais fais de même. Je repris le contrôle de mon corps, et j'ouvris enfin les yeux.

- Elle se réveille Docteur! Annonce Will en tirant sur la manche dumédecin.

Celui-ci le repoussa gentiment puis s'approcha de moi. Il demanda à Will de sortir, il fit sa moue d'enfant mécontent néanmoins il obtempéra. Le docteur me fit un examen et me questionna. J'avais envie de lui répondre qu'il arrête de me prendre pour une conne avec ses bêtes questions. C'était du style à comment vous appelez-vous? Quel âge avez-vous? Etc.

Je sais qu'il fait son travail mais bon, je n'ai pas spécialement envie de lui donner des détails sur ma vie qui ne lui regarde pas. Mon côté pudique ressort dans certains moments. Lorsqu'il sortit, Will se précipita d'entrer. Il se jeta sur moi les larmes aux yeux.

- Ashley tu m'as fais si peur!

Il m'avait terriblement manqué. Sa présence me réconfortait. Une époque pas si lointaine, nous étions deux contre le reste du monde, cette période me laissait un goût amer puis qu'aujourd'hui nous nous étions éloignés. Je sentis un mal de tête s'immiscer dans mon crâne.

- Ne cris pas si fort, s'il te plaît.

- Oh oui, désolé.

Je lui serrai la main. Quelque chose de rugueux m'interpella. Il enleva rapidement sa main.

- Qu'est-ce que tu as fais?

- Rien, t'inquiètes pas... Dit-il en se frottant les mains.

Après toutes ces années, je pouvais voir quand Will mentait et il était en train de le faire. Je fronçais les sourcils.

- Will, pas de mensonge.

- Si je te dis que c'est rien, ce n'est rien! Dit-il en s'énervant.

Will est vraiment louche. Quelqu'un vint frapper à ma porte, on entra.

- Bonjour Mademoiselle Lowe, je suis l'agent Lacy. Je viens prendre votre déposition concernant votre agression.

Je vis Will blêmir, il se cramponna au lit.

- Bien entendu mais je ne serai pas d'une grande utilité je n'ai rien vu.

- Ce n'est rien, nous allons quand même prendre votre déposition. Monsieur, pouvez-vous sortir quelques instants le temps que je m'entretienne avec Mademoiselle?

- Bien sûr.

Will se précipita vers la sortie. Il est vraiment étrange aujourd'hui.

- Bon, racontez-moi ce que vous vous souvenez.

J'essayais de me remémorer cette nuit-là, mon mal de crâne s'intensifia.

- Après mon entraînement, j'avais décidé de faire mon jogging. Je suis arrivée sur le Pont des Arts, je me suis étirée. Quelqu'un habillé tout en noir m'a imité. Ensuite, j'ai voulu repartir mais il m'a immobilisé. Je me suis débattue, il m'a hissé au-dessus de la rampe, je l'ai mordu puis je suis tombée.

- Vous l'avez mordu?

- Oui pour pouvoir crier vu que sa main était sur ma bouche.

- Était-il grand?

- Oui, je dirais dans les 1m80.

- Avez-vous vu ses cheveux? Ses yeux? Un détail que vous vous rappelleriez?

- Non, il faisait sombre et tout s'est passé si vite...

- Bien, je vais vous laisser vous reposer. Si le moindre détail vous reviens n'hésitez-pas à m'appeler. Me dit-il en me tendant sa carte.

- Bien, merci.

L'agent sortit refermant la porte derrière lui. J'attendis mais Will n'entra pas. Je décidai de me lever tant bien que mal. Je regardai dans le couloir, personne. Où était-il donc passé? Je l'appelai et tomba directement sur le répondeur.

Je me rallongeais sur mon lit inconfortable. Je pris l'anti-douleur qui traînait sur ma table de nuit. Mes paupières devinrent lourdes, un peu de calme faisait du bien. Je m'endormis.

Où suis-je? On dirait le Pont des Arts... Mais c'est moi? Me dis-je en me voyant passer. C'est quoi ce bordel? Je me vis m'étirer, un homme se positionna à côté de moi. J'ai l'étrange impression de le connaître. J'essaie de le regarder mais son visage est flou. Allez,un petit effort je vais y arriver.

Il m'attrape. Mon cœur bat à tout rompre, ce n'est qu'un rêve réveille-toi! En vain, il m'empêcha de crier. Il souleva avec aisance mon corps. Il est musclé mais pas trop. Mords-le, hurlais-je pour moi-même. Ce que je fis. Je tombai me retournant dans ma chute. Mon Dieu, ces yeux bleus, ce parfum boisé, la main tendue vers moi regrettant son geste...Pourquoi m'as-tu fais ça?



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