Chapitre 1
La pluie s'écrasait frénétiquement contre la vitre de la voiture. Je ne distinguais plus le paysage, des traînées d'images floues voilaient ma vision. Je venais de quitter mon pays et les quelques amis qu'il me restait. J'ai perdu mes parents et mon frère lors d'un accident de voiture, j'avais dix ans à cette époque. Ce jour-là, la police était venue me chercher à l'école pour m'annoncer la tragique nouvelle. Je me souviens l'effondrement de tout un pan de ma vie.J'avais tout perdu, je n'avais plus de repères,sauf les tombes au cimetière. Lorsqu'on me demandait de raconter mon histoire, je préférais dire que j'avais été adoptée. Les gens avaient moins pitié, je n'en voulais pas de leur sympathie. Je m'étais forgée une carapace et à quelques occasions je laissais transparaître ma peine de les avoir perdu, de m'être perdue. Depuis ce jour, je me sens seule, terriblement seule.
Jusqu'à aujourd'hui, j'avais été confiée à ma grand-mère ,mais celle-ci vient de s'éteindre et rejoindre le reste de ma famille. Seule au monde, je n'ai plus aucune raison de rester dans ce pays qui m'a tout pris. Vivre dans cette maison où les souvenirs sont encore omniprésents ne me permettait pas d'avancer , pire que ça, j'étais devenue quelqu'un de mauvais. J'ai flirté avec la mort, joué avec l'amour, trinqué avec l'alcool et sombré dans la drogue. Que pouvais-je espérer de mieux en restant ici? Il fallait que je m'éloigne de cet endroit, sinon j'y laisserai ma peau.
J'ai donc pris mon courage à deux mains et décidais de partir avec mon meilleur ami, dans la ville de la lumière, là où tout est possible.
J'espère que Paris sauvera mon âme, qu'elle me guérira de mes maux et m'aidera à me reprendre en main. Je sais que si je n'y mets pas du mien, jamais, où que je sois ne sortirais de cet engrenage. Will Blake, mon meilleur ami, a tout quitté pour venir avec moi. Nous sommes inséparables et je le remercie du plus profond de mon cœur de m'avoir accompagné. Will mesure environ 1m80, il a les yeux bleus et les cheveux blonds. Il vient de terminer ses études pour devenir avocat et moi celle de professeur de danse.
- Ashley? Ça va? S'inquiéta mon ami.
- Oui,Will. J'ai juste la tête ailleurs.
- On est bientôt arrivés.
- Super,dis-je sans enthousiasme.
Les rues étaient bondées, c'était un véritable labyrinthe. Après plus d'une demi-heure à tourner en rond, nous trouvâmes enfin notre chez nous. C'était un immeuble distingué dans un quartier chic.
- C'est là? Dis-je surprise.
- Bah,oui pourquoi? Ça ne te plaît pas?
- Si,si, c'est juste que ça doit coûter cher...
Si Will est né dans une famille riche, moi je n'ai pas eu cette chance.J'appréhendais vraiment l'appartement qu'il avait déniché. Nous avions conclu que nous diviserions toutes les charges de notre nid douillet. Et là, l'appartement allait prendre toutes mes économies,si pas plus.
- Ne t'en fais pas, je connais bien celui qui nous le loue, c'est à un prix raisonnable.
- Si tu le dis, marmonnais-je.
Mon ami m'apprenait que l'appartement était situé près du célèbre Pont des Arts.
- Je pourrai aller faire mon jogging là-bas! Dis-je cette fois avec enthousiasme.
Mon ami me fit un clin d'œil. Il avait tout prévu comme d'habitude.Nous prîmes l'ascenseur et une fois devant la porte, il me tendit les clés.
- A toi l'honneur!
- Merci,jeune homme!
Je fus stupéfaite par la beauté de l'endroit. Il y avait une grande baie vitrée qui donnait sur une terrasse fleurie. L'endroit était ultra-moderne. Les tons étaient dans les blancs et gris clairs.
- Tu es fou, dis-je en me retournant sur mon ami. On ne pourra jamais assumer un endroit pareil!
- Tout est réglé, Ashley! Alors arrête de te prendre la tête et profite!
- Tu me connais, Will. C'est beaucoup de changement sur quelques jours pour moi. Dis-je en allant vers la cuisine.
- Au moins tu pourras me concocter de bon petits plats! Dit-il en s'installant sur une chaise haute.
Je lui souris tendrement. C'est un jeune homme tellement gentil,prévenant, parfait! A une époque, nous étions sortis ensemble,mais mes sentiments n'étaient pas réciproque. Nous avons alors décidé de rester amis. Je sais que malgré tout il a encore des sentiments. Je m'avançai vers l'énorme baie vitrée, ma vue était imprenable sur la ville. Je regardai les murs blancs décorés sombrement et l'énorme cheminée au bois dans le salon, en U gris souris. Nous avions eu beaucoup de chance que l'appartement soit meublé car mes maigres affaires n'allaient jamais remplir ce lieu idyllique. Will me montra ma chambre aux couleurs lavande pâle et gris.
- Alors tu aimes ? Me demanda-t-il.
- Je l'adore!
Je savais pertinemment qu'il m'avait laissé la plus belle chambre. Je m'avançai vers le balcon fleuri, je n'aurai pu espérer mieux, ce nouveau départ allait être prometteur. Néanmoins, je l'espérais. Mon ami proposa qu'on se commande quelque chose vu l'heure tardive. Nous nous étions mis d'accord pour manger une pizza.
- Vive les calories ! Dis-je en riant.
- Nous pouvons faire une exception, tu n'auras qu'à faire ton jogging plus longtemps pour éliminer.
- On voit que ce n'est pas toi qui cours.
En attendant le livreur, Will monta nos affaires et je décidai de ranger les miennes dans l'immense dressing. Une fois terminé, je m'éloignai et regardai mon travail. Il fallait bien avouer que mes vêtements faisaient tâche dans ce sublime dressing, j'occupais à peine un huitième de l'espace. Je soupirai, il me faudra du temps pour m'habituer à notre nouvel environnement.
- Ashley, tu viens ? Notre commande est arrivée.
- J'arrive !
Mon ami prit l'alléchante pizza que le livreur venait de nous apporter et l'installa sur la table basse qui était sur un tapis moelleux de couleur ocre et gris. Nous nous installèrent sur celui-ci, j'allumai la télévision et mit la première chaîne intéressante. Qu'il était agréable de passer un moment sans se prendre la tête. Après avoir mangé plus que de raison, mon ami bailla.
- Fatigué?Dis-je sans enthousiasme.
- Le trajet a été long, surtout quand on conduit.
- J'imagine.
- Bon,Ash. Je vais aller me reposer, tu devrais en faire autant.
- Bien,patron!
Il soupira, se leva puis m'embrassa doucement sur la joue. Ses lèvres chaudes s'attardèrent plus longtemps qu'il n'aurait fallut.
- Bonne nuit, princesse.
- Bonne nuit, charmant jeune homme.
Il s'éloigna d'un pas nonchalant puis entra dans sa chambre. Je soupirai. Sa gentillesse me brisait le cœur, il m'aimait et moi j'en étais incapable. Cet homme avait tout pour plaire, je n'étais pas faite pour lui. J'étais à la fois fatiguée et agitée ou pleine d'espoir peut-être? Je me dirigeai vers la baie vitrée, la vue était à couper le souffle. Je me mis à contempler le monde qui grouillait sous mes pieds. La nuit, Paris était agité, des couples se rendaient à des restaurants, s'embrassaient langoureusement,chantaient déjà ivres morts. Et si Paris était pire pour moi? Si la tentation était encore plus forte? Je soupirai de frustration et décidai d'aller me coucher.
J'entrouvris légèrement la porte-fenêtre de ma chambre, me mit en pyjama et m'installa dans mes draps frais. Les bras de Morphée m'enveloppèrent et je sombrai dans un sommeil agité.
Vers 3 heures du matin, je me réveillai en sursaut. Il fallait que je sorte,j'avais du mal à respirer et prendre l'air me ferait le plus grand bien. Il y avait un bout de temps que je n'avais plus eu de terreur nocturne. Je mis mon jogging noir, un t-shirt, mon sweat Superdry et mes baskets. Avant de sortir, je pris mon GSM et mon IPod,j'enclenchais Sia - Alive et partit me dépenser. Les premières foulées furent très difficiles, il y avait bien longtemps que je n'avais plus couru. Après quelques minutes, mon rythme cardiaque se calma et je pu prendre un rythme soutenu. Une fois arrivée sur le pont, je ralentis la cadence, je m'apprêtais à faire demi-tour lorsque je vis une personne enjamber la rambarde. Je me stoppai net.
- Hé!Criai-je en courant vers elle.
Plus je m'approchai, plus je la distinguai. C'était un homme proche de la trentaine, il portait un costume qui devait coûter cher et avait l'air désespéré.
- S'il vous plaît Monsieur, ne faites pas ça!
Il semblait ne pas m'écouter ni me voir. Il s'apprêtait à faire passer son autre jambe, je n'eus pas d'autre choix que de lui sauter dessus. On bascula sur le côté dans un roulé-boulé. J'étais allongée de tout mon poids sur son torse, sans m'en rendre compte j'avais protégé sa tête en la plaquant contre ma poitrine. Je me relevai à moitié.
- Monsieur,ça va? Dis-je inquiète.
J'examinai plus attentivement le jeune homme, il ne mesurait pas loin de 1m90, il avait un grain de beauté du côté droit non loin de sa narine, des cheveux bruns aux reflets cuivrés, de la barbe, une musculature impressionnante. Il était svelte et dur comme le roc. Quand il ouvrit les yeux, j'eus un choc. Ils étaient d'un vert à se perdre dedans.
Il me regardait comme si j'étais une énergumène.
- Monsieur?
- Appelez-moi, Aiden.... Aiden Stone.
- Ça va?
Ils'approcha de mon oreille, son souffle chaud était imbibé de cognac et de vanille. C'était enivrant.
- Ai-je rêvé ou j'étais bien entre vos seins? Dit-il le plus naturellement du monde.
Le feu me monta au joue. D'un bond, je me relevai et frottai mes habits comme si j'étais sale. J'étais furieuse que cet homme me parle ainsi.
- Vous plaisantez j'espère? Je viens de vous sauver la vie là.
- Heureusement que vous étiez là alors, grâce à vous ma chute a été amortie.
J'étais choquée du personnage auquel j'avais à faire.
- Si je n'avais pas été là vous seriez sûrement en train de vous noyez dans cette eau gelée.
- Possible.
- Plus que possible.
- Probablement.
Je soupirai. Il était exaspérant.
- Merci...Dit-il l'air sincère.
- Y a pas de quoi, vous voulez que j'appelle un taxi?
- Volontiers. Avant, vous pouvez m'aider à me relever?
- Bien sûr.
Tant bien que mal je réussis à le remettre sur pied, il s'agrippa à la rambarde.
- Vous êtes vraiment jolie.
- Pardon?
- Vous avez très bien entendu, me dit-il d'un air malicieux.
- Je vous sauve la vie et vous, vous vous montrez grossier.
- Ça ne vous plaît pas qu'on vous flatte?
- Si, bien sûr que si, mais dans d'autres circonstances.
- C'est noté.
Je le regardai ahurie. Il voulut me dire quelque chose mais je l'interrompu.
- Si c'est pour encore dire des conneries, abstenez-vous.
Et là, ce fut la douche froide. Il me vomit dessus.
- OH NON! Hurlai-je, vous êtes dégueulasse!
- Pardon...Dit-il visiblement gêné.
- J'espère bien!
Je me retournai et enlevai mon sweat que je posa sur la rampe. J'allais sûrement devoir le porter au pressing car il était hors de question que je mette ça dans la machine. Je me retrouvai en t-shirt à 3h30 du matin, il faisait vraiment froid. Il me détailla tel un animal, ses yeux s'arrêtèrent sur ma poitrine. Je suivis son regard et je vis que je pointais. Gênée, je croisai les bras et m'éloignai un peu pour appeler un taxi. En l'attendant, je pris appui sur la rampe. Il s'approcha de moi.
- Tenez prenez ça, vous allez attraper quelque chose. Dit-il en me tendant sa veste hors de prix.
- Merci, dis-je en la mettant.
Il y avait comme de l'électricité dans l'air quand j'étais en présence de ce garçon. Il m'excitait et m'agaçait à la fois.
- J'ai eu une sale journée, dit-il pour me sortir de ma rêverie.
- Ce n'est pas pour ça qu'il faut faire des choses pareilles.
- J'ai perdu quelqu'un qui m'était cher, finit-il par dire après un moment d'hésitation.
- Je sais que c'est dur mais vous suicider ne la fera pas revenir.
- C'est vrai, mais c'est tellement plus facile.
- Facile ou lâche ?
Il me regarda de nouveau intrigué. Ses yeux me scrutaient, son air fragile disparut et le visage de marbre réapparut.
- Vous me plaisez vraiment bien, mademoiselle...Je ne sais plus comment vous m'avez dit.
- Ça tombe bien je ne vous l'ai pas dit.
Un rictus découvrit ses dents parfaitement alignées et d'une blancheur éclatante.
- Et vous ne voulez pas me le dire?
- Je ne vois pas l'intérêt puisque que je ne vous reverrez pas. Dis-je d'un ton égal.
- Qui sait, nos routes se recroiseront peut être...Même plus vite que vous ne le pensez.
Je levais les yeux. J'essayais de garder une posture égale mais je devais avouer que cet homme mettait mes nerfs à vif. Si le taxi n'arrivait pas très rapidement, j'allais perdre pied. Au moment où il voulut me toucher la main et me dire quelque chose, je me reculai et lui signala que le taxi venait d'arriver. Nous nous dirigeâmes loin l'un de l'autre vers celui-ci. Il fallait que je m'éloigne de lui le plus vite possible.
- Au revoir! Dis-je en le voyant debout derrière la porte ouverte du taxi.
- A bientôt! Me dit-il une lueur malicieuse dans le regard.
- Si vous le dites.
Je me retournai et m'éloignai le plus rapidement possible, en passant je repris mon pull dégoûtant. Néanmoins, je me permis de jeter un dernier coup d'œil car je savais que je ne le reverrai plus. Malgré la distance, je pus voir son regard glacial et calculateur. Un frisson me parcouru la colonne vertébrale, à cet instant je sus qu'il fallait fuir et ne jamais plus regarder derrière moi ces yeux verts émeraude.
****
Aiden vu quelque chose de lumineux sur le sol près de la rambarde . Il s'approcha et prit l'objet entre ses doigts.
" Si vous trouvez mon IPod, veuillez me sonner au numéro indiqué.
Je m'appelle Ashley Lowe. Récompense à la clé!"
Les yeux d' Aiden se mirent à briller de désir quand il vit au loin la silhouette svelte s'éloigner.
- Mademoiselle Lowe, nous nous reverrons très bientôt soyez en sûr ! Dit-il à voix haute, plus pour lui-même.
Ensuite, il monta dans le taxi et partit comme si rien ne s'était passé.
****
Cet homme étrange et intimidant m'avait mis dans tous mes états. Je devais être totalement timbré d'avoir ainsi mis ma vie en danger,mais l'adrénaline ressentie était encore tellement présente que je n'avais pas les idées claires. Par je ne sais quel miracle, j'étais arrivée en un seul morceau devant ma porte d'entrée, je cherchais dans mes poches mes clés, mon GSM et...mon Ipod! Je décidai de faire demi-tour, malheureusement, je ne le retrouva pas.
J'abandonnai dans la salle de bain mon sweat dans un seau rempli de produit à lessive, le faire tremper toute la nuit me permettrait de le récupérer plus facilement. Je passai mon visage à l'eau, j'avais été inconsciente d'avoir mis ainsi ma vie en danger, Paris n'allait peut-être pas être mon meilleur allié dans mon combat contre l'inconscience.
De nouveau dans ma chambre, je m'avançai vers la vitre. Je repensais à ces yeux verts qui me dévoraient, à ce souffle chaud contre mon oreille et cette odeur de cognac grisante. Je me dirigeai vers mon lit, son visage fut la dernière chose que je vis . Et ce visage n'avait autre que le nom d'Aiden...Aiden Stone.
****
A bord du taxi, ma tête se mit à tourner. J'avais été con d'avoir bu autant. La perte d'Emy m'a totalement déboussolé, si seulement j'avais respecté ses choix...
Je payai gracieusement le chauffeur et rentrai dans mon luxueux hôtel le « Pavillon des Arts ». Le portier me salua comme à son habitude. En retour, je le saluai d'un bref geste de la main. J'appelai l'ascenseur, les gens à côté de moi me dévisageait. Je devais sûrement empesté l'alcool et le vomi, je n'avais que faire de leur désapprobation. Un mot de ma part et ils seraient mis à la porte. Pouvoir, contrôle, deux mots que j'affectionne particulièrement.
Une fois chez moi, je m'avançai tant bien que mal jusqu'à mon immense baie vitrée. Je fermai les yeux et inspirai profondément. Le visage de cette jeune fille aux cheveux bruns aux reflets roux et à la peau si blanche allumèrent un désir profond en moi. Son odeur de vanille-coco éveillait une envie encore inconnue. J'avais envie d'enfouir mon visage dans ses cheveux, son cou... Je voulais la posséder, la dominer, lui faire perdre pied. Ce que je voulais, je l'obtenais. Je massai mes tempes.
Bien sûr, elle ne le savait pas encore. Je pris l'Ipod entre mes doigts,l'écran s'alluma « Florent Mothe - Auprès d'un autre », c'est sûr, elle serait à moi et pas à un autre, je m'en assurerai. Très bientôt...
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