3. les Statues

- Tu savais ! Gronda Laia. Tu savais et tu nous as laissé entrer dans cette salle.
- J ai essayé de te dire d'attendre, mais tu as foncé tête baissée. Répliqua Meredith, d'un ton froid.
- Tu n'as rien fait pour me retenir.
- Tu aurais voulu que je te stupéfixe ?
- Les filles. Intervint Regulus, on n'a pas le temps pour vos chamailleries. Pensez à Sirius.

Elles se turent aussitôt.

- Tu as raison. Admit Laia.

Elle se tourna aussitôt vers Meredith.

- Alors ? A quoi doit on s'attendre ?

Meredith haussa les épaules.

- Je n'en ai aucune idée.
- A quoi te sers d être Legillimens ?
- Ici ? A rien. Qu'est ce que tu imagines ? Cet endroit ne ressemble à rien de ce que tu connais, la magie est différente ici, elle est régie par des forces dont tu n' as aucune idée. Ces monstres viennent de la Grèce antique, les grottes ont été créées par Dédale. Alors oui, c'était un sorcier, mais il pratiquait une magie ancienne, à des années lumières de celle qu'on pratique aujourd'hui.
- Tu es en train de dire que nos pouvoirs ne fonctionnent pas ici ?
- Si ils fonctionnent, mais pas toujours comme on s'y attend.
- Bref, tu ne sais pas ce qu'on va trouver dans cette salle. Conclut Laia.
- Non. Répondit Meredith.
- Bien, dans ce cas, tu passes la première.
- Attends, coupa Regulus. On va déjà soigner ces blessures, si vous n'y voyez pas d'inconvénients.

Laia et Meredith approuvèrent, et ils se couvrirent d une crème à base de dictame et de digitaline.
Ils étaient couverts de blessures plus ou moins profondes. Les becs et les griffes avaient arrachés des lambeaux de peau, et la chair était à vif.
Quelques mouvements de baguettes et des incantations, refermèrent les plaies sanguinolentes, la crème soulagea leur douleur et accentua la cicatrisation.

- Ah, soupira Regulus, ça va mieux.

Laia approuva.

- Bon, on peut y aller ?

Laia hôcha la tête.

- Soyez prudent. Recommanda Meredith.
- Prudent c'est mon deuxième prénom affirma Regulus.

- Laia leva les yeux au ciel, et Meredith esquissa un légèr et bref sourire, qui n' atteignit pas ses yeux.

- Par contre, tu passes devant, cette fois. Dit Laia d un ton péremptoire.

- Comme tu veux. Soupira Meredith.
- Chat échaudé...répliqua Laia.

Meredith ne répondit pas et franchit prudemment l'arche qui les séparait de la nouvelle salle.

Dès qu'elle franchit l'entrée, elle sut à quoi elle avait à faire.
La salle était sombre. Des rochers plus ou moins grands, semblables aux dolmens, se dressaient ça et là.

Mais ce n' était pas cela, qui fit frémir Meredith.
Elle fixait, d'un regard sombre et inquiet, des statues représentant des humains terrifiés, ou des créatures de la Grèce antique. Des centaures, des satyres, dont les regards terrorisés étaient figés dans la pierre.

- Méduse. Murmura Meredith.

Elle se tourna vers Laia et Regulus.
- Soyez très très prudents, leur dit elle, d'une voix tendue. On a affaire à Meduse.
Elle peut être n'importe où.
- Méduse ? Demanda Laia. Celle qui transformait les hommes en pierre ?

Meredith hocha la tête.

- Elle ressemble à quoi ? Demanda Regulus.
- Un serpent immense, une tête de femme surmontée de serpents, d'après les reprensations antiques. Mais à vrai dire, personne n'a vu Méduse et s'en est sorti vivant, pour la décrire.
- Je ne prétends pas connaitre la Grèce Antique autant que toi, intervint Laia, mais il me semble bien que quelqu' un à vaincu Méduse. Hercule ? Il lui a coupé la tête, je crois.

Meredith soupira

- Ce n'était pas Hercule. C'était Persé. Précisa t'elle.
- Hercule, ou persé, peu importe. Répliqua Laia avec humeur. Comment l'a t'il tuée ?
- Il lui a renvoyé son reflet avec un bouclier en cuivre. Elle s'est elle même transformée en statue de pierre, et il lui a coupé la tête. Il s en est servi pour tuer le craken.
- Le Craken ?
- Oui, tu veux un cours d'histoire ou trouver un moyen d' abattre cette créature ?
- Ok, comment on s'y prend ?

Meredith réfléchit.

-Vous sauriez vous déplacer à l'aveugle ?
- Non, admit Regulus.
Mais je peux me métamorphoser, je pourrais passer inaperçu.
- Bonne idée, elle nous cherchera nous, pas un animal.
- Bon, renchérit Laia, et nous, on fait quoi ?
- Toi, tu vas servir d' appât.
- Quoi ? Non. Pourquoi c est pas toi qui sers d'appât ?
- Parce que moi, je peux me déplacer à l'aveugle. Pas toi.
Je pourrais la localiser, grâce à la légilimencie. Mais elle, elle ne me verra pas venir.
- Ça me paraît plutôt bancale ton plan. Et si ton don ne fonctionne pas ? Tu as dit toi même que la magie était différente ici.
- Ça marche, répliqua Meredith. J'entends ses pensées. Elle est en partie humaine après tout. Mais bon, si tu as un meilleur plan, vas y, je t'en prie.

Laia n'avait aucune confiance dans ce plan. Mais elle devait admettre à regret, qu'elle n'en avait pas d'autre. La Grèce et ses monstres n' étaient pas son domaine. Et elle devait reconnaître que Meredith connaissait son affaire. Elle savait qu elle devait lui faire confiance, mais tout son être se révoltait à cette idée.

- Pour toi, Sirius, murmura t'elle.

Oui, pour lui, elle était prête à affronter Méduse, et tous les monstres antiques. Elle était prête à traverser l'enfer. Après tout, si Meredith avait réussi, pourquoi pas elle ?

Et elle avança en tremblant dans la salle sombre, qu' éclairait faiblement sa baguette.

Regulus s'était métamorphosé, et passait de rochers en rochers. Il avançait silencieusement, prudemment, tous ses sens en alerte.
Ses yeux de loup perçaient l'obscurité.

Meredith se jeta un sortilège d' aveuglement. Ainsi la gorgone ne pourrait la changer en pierre.
Elle cherchait les pensées du monstre, et put ainsi la localiser.
Il lui était cependant difficile de lire en Méduse, tout était confus, mélange de fourchelang et d' idées plus ou moins cohérentes.

La seule pensée claire, qu elle avait réussi à percevoir, était Tuer ! Visiblement, Méduse était une psychopathe dont la seule raison d Être était le meurtre.

Rien de surprenant à cela, c'était le but de tous les monstres antiques ou non.

Elle se dirigea vers la gorgone, silencieuse, la démarche souple et féline.

Laia n en menait pas large. Le monstre pouvait surgir à tout moment, de n' importe coin sombre. Elle scrutait les amas rocheux qui offraient des cachettes idéales à Meduse.

C'est un sifflement prolongé, semblable à celui d'un serpent, qui attira son attention.
Elle se retourna d'un mouvement vif, et braqua sa lumière aveuglante de sa baguette, sur la silhouette qui se dressait à présent, à un mètre à peine d elle.

La gorgone poussa un cri et tenta de protéger ses yeux de la lumière.

- Éteint ça. Sale garce. Gronda Méduse, en tentant de saisir la baguette.

Laia recula mais maintint le sortilège.
Elle échappatoire de justesse à la queue du monstre, mais dut faire un bond de côté.
Elle heurta le rocher, poussa un cri de douleur lorsque son bras frappa durement la roche.
Elle perdit sa baguette, glissa au sol, et tâtonna pour la trouver.

Méduse poussa un cri de triomphe et se rua sur elle.
Regulus fondit sur la gorgone, et planta ses crocs acérés dans les écailles du monstre.
Elle poussa un nouveau cri de douleur et de rage, et tenta de se dégager.
Regulus affirma sa prise.
Elle avait beau se débattre le loup noir ne lâchait pas, et sa mâchoire puissante, pénétrait plus profondément encore dans la hanche de Méduse, folle de douleur.
Sa queue battait l'air, et tentait d'assommer la bête qui déchirait sa chair.
Elle saisit une pierre, et frappa la tête de Regulus.

Laia rampait, à la recherche de sa baguette.
C'est alors que Regulus poussa un gémissement, blessé, il lâcha prise, et s' affaissa lentement.

Meredith surgit alors. Elle tenait une épée qu'elle avait détaché à grand peine d'une statue.
Ses yeux clos ne pouvait voir la scène qui se déroulait devant elle, mais elle l'a voyait nettement, comme en infra rouge, dans son conscient.

Méduse se retourna pour faire face à son nouvel ennemi.

- Qui êtes vous ? Demanda t'elle. Et que faites vous sur mon territoire.
- Nous ne faisons que passer. Répondit Meredith. Laisse nous sortir, et il ne te sera fait aucun mal.

La gorgone éclata de rire.

- Peu importe qui vous êtes, vous ne sortirez pas vivantes d'ici.
Vous ferez de beaux ornements, pour mon royaume, lorsque vos statues iront rejoindre mes chefs d' œuvres.
- Vraiment ? Répliqua Meredith. Non, je ne pense pas que ça finira comme ça cette fois.
- Tu te crois plus maligne et plus forte que moi ?

Laia soupira
- Elle se croit plus intelligente et plus forte que tout le monde. Dit elle.

Méduse se tourna vers elle un fragment de secondes, avant de faire face de nouveau à Meredith.

- On ne t'a jamais dit que tu étais présomptueuse ?
- On m'a traitée de bien pire.
- Dommage que je doive te tuer, tu aurais fait un amusant animal de compagnie.
- ce sont vraiment tes derniers mots ? Demanda Meredith.
- Tu crois vraiment que tu peux me tuer ? Je ne peux pas te transformer en statue, mais j'
ai d'autres armes, en ma possession.

Elle sortit un sabre de sa ceinture.
Meredith lâcha son épée.

Et tout alla très vite.
Méduse poussa un cri de guerre, et brandit son sabre.
Meredith arqua le dos, sa tête bascula en arrière, et la lame tranchante comme un rasoir, passa a quelques centimètres de sa gorge.
Au même moment, Laia attrapa l'épée que Meredith avait lâché.
Elle se releva d'un bond souple, et trancha la tête du monstre qui roula quelques mètres plus loin.

Un silence pesant suivit la mort de Meduse.
Laia lâcha l'épée, qui heurta le sol dans un tintement de ferraille.

Meredith retira le sortilège qui lui otait la vue, et se pencha vers le corps inerte du loup.
Une blessure saignait sur sa tête. La plaie semblait profonde.
Meredith s'efforça de la refermer, mais les poils épaix compliquait la tâche.

- Laia ? Appela Meredith. Laia j'ai besoin de toi.

L'urgence dans la voix de Meredith sortit Laia de sa transe.
Elle releva la tête et la rejoignit.

- Qu'est ce que je dois faire ? Demanda t'elle d'un ton las.
- Il faut briser le sort d'animagus, pour qu'il redevienne humain. Moi je sais pas faire ça.

Laia hôcha la tête.
Ce n'était pas un contre sort facile à réaliser. Elle l'avait étudié, afin d'aider les malheureux qui n'avaient pas entièrement réussi le sortilège, et étaient restés coincés entre l'homme et l'animal.
Mais il était complexe, et prenait du temps, hors, Regulus n'avait plus énormément de temps devant lui.
Elle devait faire vite.
Une erreur, et il resterait dans la peau du loup, sans pouvoir se remétamorphosé en humain, si toutefois il survivait à sa blessure.

Elle se concentra, agita lentement sa baguette, en silence, décrivant des arcs de cercles, et des figures complexes.
Si Meredith lisait dans les pensées comme dans un livre ouvert, Laia voyait les fils des sortilèges qui se croisaient, se nouaient, comme s' ils étaient visibles à l'œil nu.
Elle suivaient leurs chemins, et les dénouaient, les uns après les autres.

Cependant, Meredith manifestait son empressement, un peu trop bruyamment, et l'empêchait de se concentrer.

- Bon sang Meredith ! Gronda Laia. Je sais que le temps presse, mais si tu m'interrompt toutes les cinq minutes, on n' est pas prêt d'y arriver. Tais toi, et laisse moi faire.

Meredith ouvrit la bouche pour protester, et la referma. Laia avait raison, bien sûr. Bien que briser des sorts ne soit pas dans ses cordes, elle comprenait le besoin de concentration que cela impliquait, et elle dut reconnaître, que son inquiétude pour le jeune homme, devait se manifester en silence.
Elle soupira, et se tut.

- Ça y est ! S exclama soudain Laia.

Meredith fronça les sourcils.
- Comment ça ça y est ? Tu vois bien qu' il ne se métamorphose pas.
- Je le vois oui, mais j ai brisé le sort. Insista Laia.

Meredith sentait monter en elle une colère noire, tandis que la panique la gagnait.
Elle ne pouvait pas perdre Regulus. Ce serait au dessus de ses forces. Elle s'en voulait d'avoir accepté qu'il les accompagne.

- Recommence ! Ordonna t'elle.
- Ça ne servirait à rien. Répliqua Laia d'une voix lasse.
- Recommence Laia. Repeta Meredith d'une voix angoissée.
- Mery, reprit Laia d' un ton qui se voulait calme, mais ou perçait une pointe d' exaspération. Ça ne servirait à rien. J'ai brisé le sortilège
- Mais...Tu es sûre ? Pourquoi il ne se transforme pas alors ?

Laia n'appelait jamais Meredith par le surnom que tous ses intimes lui donnait. Elle tenait à se démarquer. Après tout, elles n'étaient pas amies.

Elle redoutait, cependant, d'avoir à lui dire que le jeune homme était sûrement mourant, ce qui devait l'empêcher de redevenir humain.
Lorsqu'elle trouva le courage de le lui dire,
Le corps du loup fut agité de spasmes.
Meredith le lâcha.

- Qu'est ce qu'il a ? Demanda t'elle d'un ton affolé. Qu est ce que tu lui as fait ?

Laia connaissait la sorcière depuis toujours, et jamais elle ne l'avait vu perdre son sang froid. Mais à présent, Meredith semblait au bord de l'hystérie.
Mais Laia ne comprenait pas plus qu'elle ce qui arrivait à Regulus. Il aurait dû se métamorphoser. Peut être était il en train d'agoniser sous leurs yeux, sans qu'elles puisse y faire quoi que ce soit.

Mais le loup s'apaisa soudain, et se metamorphosa enfin.
Meredith approcha une main tremblante de la gorge du jeune homme, et prit son poul.

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