Chapitre 1

Mon insta: Missjopotter  😉

-Bon eh bien, c'est notre dernière séance... soupire Eleanor en tapotant son stylo contre son bloc-notes.

Assise sur son sofa mauve, j'acquiesce. Après cinq bonnes minutes à se regarder dans le blanc des yeux, il fallait bien qu'une de nous dise quelque chose.

-Tu voudrais me parler de certaines choses avant de partir?

J'arque un sourcil.

-De quoi devrais-je parler?

Je la vois retenir un nouveau soupire.  
Eleanor est une femme de la cinquantaine, elle est calme, sent toujours bon et dégage une sérénité qui me dépasse. 
Elle me donne l'impression que nous vivons dans deux mondes différents.

-La fille qui partage ton dortoir m'a à nouveau parlé de tes cauchemars

Je me tétanise. Cette peste ne sait vraiment pas tenir sa langue!

-Ils concernent ton père? Après un événement traumatisant il n'est pas rare d'en faire

-Il n'existait déjà plus pour moi avant...

Je me bloque. Je n'arrive pas à parler de ça.

-Avant quoi? Avant son décès?

- Je ne suis pas faible au point de rêver de lui, je finis par grogner.

Un silence s'instaure. Mon ton était peut être un peu trop sec. La blonde me scrute, je sens dans son regard qu'elle ne me croit pas.

-Pourquoi n'existait-il déjà plus pour toi, Charlie? 

-Vous avez vu les infos, vous savez quel genre d'homme il était, je râle, ne me faîtes pas croire que vous ne pensez pas qu'il le méritait, tout le monde le pense  

-Par tout le monde, tu inclus tous les autres et non toi, je me trompe?

 Je me relève. J'en ai marre de ces séances à la con. C'est mon dernier jour au foyer, je ne veux pas perdre mon temps ici.

-S'il n'existait plus pour toi, pourquoi avoir mentit pour lui? 

Mes yeux se plantent dans les siens mais elle soutient le regard. Cette femme n'est jamais perturbée par quoi que ce soit. En deux ans, elle ne lâche pas le morceau ce qui m'agace plus qu'autre chose.

-La séance est finie, je déclare.

Alors que je m'apprête à ouvrir la porte, elle m'interpelle.
Nous nous observons l'espace de quelques secondes. Je ressens une tension étrange.

-Il arrivera un jour où tu ne pourras plus te cacher derrière ta carapace, déclare t'elle soudain, tu exploseras, tu perdras le contrôle et ce jour là j'espère que tu penseras à appeler à l'aide. Contrairement à ce que tu crois ça ne te tueras pas Charlie

-En revoir Eleanor

Je referme la porte derrière moi et me mets en marche. Je dois boucler mes dernières valises.
Je n'ai rien contre les thérapies, ni contre Eleanor. Son travail peut servir aux personnes qui souhaitent réellement être aidées mais ce n'est pas mon cas.

Quand j'arrive aux dortoirs, mon exaspérante colocataire n'est pas là. Un grand sourire aux lèvres, je glisse mes écouteurs dans mes oreilles, je peux enfin me détendre. Je saisis mon ultime valise qui pèse déjà lourd et balaye du regard la chambre à la recherche d'un oublie de ma part. Mon attention s'abat sur le bureau. Les lettres de Rachel y sont joliment empilées.

 Mon arrivée ici a été compliquée.
Ils me manquaient tous mais je ne pouvais plus leur faire face.
Rachel n'a cessé de m'écrire. Elle me racontait sa petite vie et les ragots qui circulaient à la Push en évitant soigneusement d'évoquer le braquage ou son père. Je n'ai jamais osé répondre. Pourquoi? Tout simplement car Billy n'avait pas tord ce soir là. Si Rachel avait été à la banque durant l'incident, elle ne serait peut être plus là aujourd'hui. 

Jacob, quant à lui,a tenté de me rendre visite à plusieurs reprises. Mais comme les autres, je ne me sentais pas à même de l'affronter.

Cependant, j'ai tout de même gardé le contact avec quelqu'un. 

Mes trois imposantes valises en mains, je me démène pour sortir de l'énorme bâtisse. Il est tard mais comme en chaque mois de juin, il fait encore incroyablement chaud. Je me stoppe dans l'allée, m'assoies sur un bagage et sors mon téléphone. Celui-ci affiche 22 heures, ce petit con est encore en retard... 

Alors que je pianote un message, une camionnette se gare devant moi. 

-CHARLIE! hurle Jared. 

J'ai à peine le temps de me relever que celui-ci a déjà sauté dans mes bras. Il croise ses jambes autour de ma taille et me sert comme si sa vie en dépendait.  Je le porte tant bien que mal. 

-C'était pas moi qui était censé faire ça? Je pouffe. 

Il me lâche un regard offusqué. 

-Voyons Charlie, ce n'est pas beau de s'accrocher aux clichés! 

Je roule des yeux. Il n'est pas là depuis deux minutes qu'il me fatigue déjà. Il n'y a pas à dire, le Cameron n'a pas changé. Le petit Koala se décide à descendre. Il soulève mes bagages comme si ils ne pesaient rien et les dépose dans le coffre. 


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Nous nous garons devant un vielle immeuble qui a des faux airs d'auberge. 

-Bienvenue à la maison! Roucoule Jared.

J'observe un long moment le bâtiment. Une nouvelle vie s'annonce Charlie, c'est le cas de le dire. 

 En rentrant, je découvre un hall accueillant, j'adore vraiment cet endroit. 

-Au fait, 

Alors que nous rentrons dans l'ascenseur, je me tourne vers Jared. 

-Merci de m'accueillir, je ne sais pas où j'irais sinon

Le concerné affiche ce petit sourire qui me fait fondre. 

-La maison de tonton Jared te sera toujours ouverte, déclare t'il fièrement. 

-Tonton Jared? Je m'esclaffe. 

Nous nous arrêtons au bon étage. Les murs d'un marron crème et les portes en bois rendent le corridor chaleureux. Nous le traversons entièrement, alors que je me presse pour découvrir l'appartement, mon ami traine des pieds. Enfin arrivés au bon numéro, il ne peut plus retarder l'instant. Je le vois sortir ses clés avec une lenteur extrême et l'interroge du regard. A quoi joue t'il? 

-Il y'a un problème? 

Jared se gratte la nuque. 

-Ma précieuse petite Charlie, balbutie t'il,

Je fronce les sourcils. Je n'aime pas quand il commence comme ça. 

 -tu te rappelles quand je t'ai dit que j'avais déjà un coloc? 

J'approuve à contre cœur.

-Oui, et je t'ai dit que ça ne me dérangeait pas tant que je ne le connaissais pas... je complète.

Il fait vraiment une tête étrange.

-Disons que j'ai surtout retenue la première partie de ta phrase

Le garçon entrouvre la bouche pour poursuivre mais finit par soupirer et simplement ouvrir la porte. J'en reste bouche bée. 

-Ça faisait un bail... déclare Jacob. 

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