Tulsei appela alors l'Implacable :

« Rancunier à Implacable, est-ce que vous recevez également des transmissions du croiseur ennemi ?

- Transmission reçues également.

- D'accord. J'accepte l'entrée de données »

Il lança alors la communication, et une capitaine de forte ossature, habillée dans l'uniforme rouge des généraux du Clan, apparut alors holographiquement au dessus de la console des deux capitaines. Elle parla d'une voix grave, l'air soucieuse :

« Je vous demande un cesser le feu.»

Tulsei fronça les sourcils, activant la communication avec Berius en même temps. Ce dernier semblait tout autant en pleine réflexion.

« Second TK-782, scan du vaisseau ennemi. Ciblez les systèmes d'armement »

Après un court instant, le robot indiqua :

« Canons non chargés, et aucun chargement en cours. Baisse régulière du niveau des boucliers. »

Tulsei communiqua ces résultats à Berius, qui se tourna vers Yorbun d'un air circonspect.

« Qu'en pensez vous ?

- Je ne sais pas vraiment. La fausse reddition est un crime de guerre, mais le Clan Cosmique est un habitué. »

Berius demanda alors à l'hollograme, qui semblait tendue, secouée par les nombreuses attaques de chasseurs, qui n'étaient toujours pas désengagés :

« Pourquoi ce cesser le feu ? 

- Deux croiseurs ont été détruits. La fin de ce combat est déjà connue de tous, et il serait inutile de le terminer avec d'avantages de morts.»

Son anxiété semblait augmenter alors que le temps passait. Tulsei demanda à Berius :

« Est-ce que je dois donner l'ordre de se replier à mes chasseurs selon toi ?

- Demande leur d'arrêter l'attaque uniquement. Mais fais les rester en stand by. Je fais pareil avec les miens.  »

Les ordres furent alors passés et l'attaque cessa contre le croiseur du Clan. La capitaine se remit à parler, le visage toujours plus tendu :

« Je me rend, et j'accepte de me constituer prisonnière avec mon équipage à condition qu'il ne nous soit pas fait de mal. »

Tulsei regarda alors Berius sur son écran, en pleine réflexion. Il suggéra :

« Je pense qu'elle est sincère. On devrait accepter. »

Berius approuva, et prit la parole pour le signifier :

« Nous acceptons votre reddition. Nous allons vous communiquer les coordonnées où nous nous rendons, et vous escorter jusqu'à notre arrivée, où votre vaisseau et équipage seront pris en charge par les forces de l'Union. Vous serez surveillée durant l'entièreté du trajet, avec un scan régulier de vos systèmes de navigation, d'énergie et d'armement  »

TK-782 dit alors :

«Les systèmes de calcul ont été mis en marche. Le vaisseau prépare un saut en vitesse subluminique.»

Tulsei fronça les sourcils et dit alors sur un ton autoritaire :

« Vous avez menti ! Vous allez fuir ! Votre vaisseau est déjà en train de préparer son saut, nos scans l'ont vu.»

Il se redressa, comme Berius dans son propre croiseur, et ordonna le chargement des canons. La capitaine affirma alors, l'air désespérée :

« Ce n'est pas moi qui en ait donné l'ordre ! Je crois que...»

La communication se brouilla un instant, alors que la capitaine s'interrompait en observant une chose qui venait d'arriver sur sa gauche. Quelques instant plus tard, c'est un autre officier qui apparut sur l'hollograme :

« Ici le second Demkel. Ce croiseur est dorénavant sous mon contrôle, et toute proposition entamée par la traitresse est désormais caduque. Pas de reddition. Elle sera jugée pour la perte de cette bataille, pour trahison et collaboration avec l'ennemi. Fin de la communication.  »

Avant que Berius et Tulsei n'aient le temps de répondre, l'hollograme s'éteignait, les laissant observer par la vitre le croiseur du Clan, dans lequel la mutinerie avait lieu. L'Implacable fit alors feu, envoyant une importante salve de tirs sur le bâtiment, dont les boucliers vacillèrent suite au choc. Cependant, ils ne furent pas désactivés, et avant que le Rancunier ne puisse à son tour tirer, le vaisseau du Clan avait disparu dans un vortex bleu. TK-782 demanda alors :

«Donc là, on continue le trajet comme s'il s'était rien passé entre temps ? C'est le projet ? »

Tulsei hocha la tête, encore un peu secoué par ce qui venait d'arriver. Il ordonna le retour des chasseurs dans les hangars, et attendit qu'ils reviennent. Berius dit alors :

« Implacable à Rancunier. Nous allons poursuivre le trajet. Rendez-vous au coordonnées convenues.»

Tulsei lui confirma la réception du message, puis ordonna le calcul du trajet. Après quelques temps, ils étaient repartis en direction de Zankdal. Dans l'Implacable, Berius demanda à son second :

« Yorbun... Pensez vous que si la mutinerie n'avait pas eu lieu, cette capitaine aurait tenu parole ?

- Je pense que oui. Mais la raison a rattrapé ses hommes, ils ont prit la bonne décision pour eux.

- Elle voulait peut-être échapper au Clan. Rejoindre l'Union, même comme prisonnière. Et elle voulait préserver ses hommes.

- Elle a trahit sa faction. Elle ne mérite que la honte. Les vies d'un équipage ne sont rien face à l'honneur de défendre ceux auxquels on doit tout. D'autant qu'ils ont pu fuir et préserver les vies également, sans se rendre.»

Berius observa Yorbun, indécis sur ce qu'il devait penser de ce qui était arrivé. Tulsei lui, avait des pensées bien plus claires. Il regrettait amèrement cette mutinerie, ayant espéré un instant que le calvaire de la guerre allait s'arrêter ici pour cet équipage, plutôt que de le faire se poursuivre à tout prix sur la base d'un code de l'honneur sans âme. Finalement, après une nouvelle douzaine d'heures de trajet, occupées en majorité par le sommeil, et le reste du temps par la réflexion sur cette bataille ainsi que l'estimation des pertes, ils finirent par arriver en orbite de la planète. Particulièrement jolie depuis l'espace, elle semblait illusoirement paisible. Ils avertirent les forces de l'Union de leur arrivée avant de descendre dans l'atmosphère en direction de la zone des combats. Ils survolèrent alors de grandes plaines d'herbe ainsi que de belles forêts. Régulièrement, ils voyaient une ville avec un croiseur de l'Union ou deux stationnés en peripherie. Finalement, l'Implacable et le Rancunier arrivèrent dans la plaine qui leur était destinée, et sortirent les trains d'atterrissage. Puis ils entamèrent leur lente descente avant de se poser au milieu des nombreux rochers qui couvraient également les lieux, déployant immédiatement les tentes et véhicules.